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La lampe incorporée dans le Heaume Scorpion de Fiolas balayait les alentours. Tandis qu’ils marchaient, le guerrier se tenait en tête, scrutant les moindres recoins du Vaisseau-Ruche, par peur que l’un d’eux ne cache un rôdeur tyranide. Depuis quelques minutes, ils avançaient dans un étroit dédale formé de tuyaux intestinaux vides, de veines et d’artères inutilisées ou d’immenses cellules mortes en décompositions, parfois même, ils franchissaient d’étroits corridors aux murs solides et rouges. Au bout d’un moment, Therver sortit un petit objet rectangulaire de son sac et le tendit à bout de bras. Il annonça après quelques instants :

-L’air est sain : 28 % d’oxygène, 62 % d’aazote, 8 % de gaz carbonique et 2 % de gaz non déterminé mais non toxiques.

Pendant qu’il parlait, il ôta avec un soulagement visible son casque bien qu’il fut alors assailli par une myriade d’odeurs les plus diverses. De la chair calcinée à la senteur acide des sucs intestinaux, en passant par l’effluve indéfinissable émanant des petites créatures semblables à un globe, qui pendaient au plafond, synthétisant une lumière chimique à l’intérieur de leurs corps, fournissant ainsi une pâle lueur verte.

-Il est très semblable à celui d’Ysgramil,, notre monde d’origine. Cette même diminution d’azote ; cette senteur caractéristique de la vie, très différente de l’odeur subtile de la Moelle d’Iyanden. C’est l’odeur de la vie contre l’odeur de la pensée...

Amgear enleva lui aussi son casque mais Fiolas conserva son heaume en raison de la protection qu’il offrait et de la lumière plus vive qui émanait de la lampe. Ils reprirent leur marche, silencieusement tout en restant aux aguets. Soudain, au détour d’une veine, ils découvrirent une pièce d’une taille disproportionnée.

De l’entrée où ils se tenaient, ils ne pouvaient voir l’autre coté de la salle. Celle-ci, de forme circulaire, se courbait à mesure qu’elle montait, formant ainsi une immense voûte parcourue des sillions violacés dont les pulsations résonnaient avec un bruit répétitif. Mais le plus aberrant était son contenu, partout, s’élevait de longues formes ovales aux contours indistincts, qui étaient rattachés au plafond et au sol par deux minces muscles avant de se fondre dans le corps sous la forme d’une pyramide irrégulière. Parfois, avant que le plafond et le sol ne soient rejoints, il y avait une dizaine, une vingtaine, de ces formes ovales. Lentement, Amgear se rapprocha d’une des formes. Au fur et à mesure qu’il approchait l’intérieur de la chose se précisait. Et ce qu’il redoutait apparu. Sous la couche de matière verdâtre, il vit un homme au visage hurlant de douleur, un énorme trou au niveau du ventre indiquait ce qui était la cause de cette souffrance. Ce dont Amgear doutait depuis qu’il était entré dans la salle venait de se confirmer.

-Nous sommes dans la Salle des Corps. Fit-il par l’intermédiaire de la radio pour que Fiolas puisse aussi entendre.

Répondant à la question muette de ses compagnons, il continua.

-Après la première invasion tyranide, la Flotte-Ruche Behemoth, il y a environ deux cent cinquante ans, les Impériaux on put retrouver quelques épaves de Vaisseaux-Ruches. Durant leur exploration, les escouades de Marines sont tombées sur des salles semblables à celle-ci. Leurs technoprêtres et scientifiques sont arrivés à la conclusion que ces salles servaient " d’entrepôts " pour toute forme de vie assez complexe pour intéresser les Reines-Norn dans leurs expériences ou conservait les corps pour que les parasites tyranides puissent s’y intégrer. Bien que les mor hur n’en sont qu’à un stade primaire de leur intellectuel, ils ont certainement raison. Mais, en fait, il est plus probable que les cadavres ici présents ai étés sélectionnés en raison d’une certaine résonance psychique compatible avec celle de l’Esprit de la Ruche. La décomposition des corps d’arrête donc dès qu’ils entrent en contact avec cette matière ; qui est en fait composés d’un assemblage de fils translucides. Certains morts datant de Behemoth sont donc encore en parfait état et très bien conservés dans des labos où on les étudie. Les Spaces Marines ont compté une dizaine de Salles des Corps par Vaisseau-Ruche. Ces informations, c’est Macragge qui nous les a fournies lors des premiers rapports relatant l’arrivée d’une nouvelle invasion, en échange de notre promesse de paix avec eux toute la durée de la guerre. Même sans ces informations, nous ne les aurions pas attaqués.

Amgear se tut finalement. Tout au long de son monologue, il avait vagabondé parmi les corps lorsqu’il s’arrêta soudainement devant l’un d’eux. C’était le cadavre d’un nourrisson humain dont on avait percé le cœur d’un coup de griffe. Pourtant, les yeux du chérubin étaient emplis de joie et de bonheur. Amgear plongea son regard dans ses pupilles et lentement laissa son psychique pénétrer l’esprit du mort, il se sentit emporter loin, loin de ses tourments...loin de la mort, loin de tout...

Un rayon de soleil vint caresser la joue du bambin, qui s’éveilla en douceur. Resserrant son étreinte autour de la couverture avec laquelle il dormait toujours, il poussa un petit cri. À peine un petit gémissement, qui s’éteignit après quelques instants mais qui réussit à réveiller sa mère, couchée près de lui. D’un geste protecteur elle l’enlaça et, d’un geste devenu quasi-automatique mais qui lui procurait toujours un sentiment de joie intense, lui fit téter son sein. La douceur des lèvres du bambin, l’enthousiasme dont il faisait preuve et le bonheur qui illuminait son visage grassouillet la réjouissait toujours. Et, comme à chaque fois elle laissait son esprit vagabonder. L’enfant, lui ne désirait que continuer à se nourrir, aucun des problèmes qui accaparaient sa génitrice ne l’embêtait. Quelques minutes plus tard, une sonnerie retentit dans la pièce obscure. La femme se leva, ouvrit les rideaux, laissant la lumière, jusqu’ici contenue, pénétrer à flot. Elle vint récupérer son fils qui s’était assis au milieu du lit et l’emmena dan le séjour. C’était une vaste pièce triangulaire, qui formait une partie de la base du tétraèdre qu’était la maison. Le long d’un mur, en diagonale à la porte, se tenait une sorte de comptoir derrière lequel était aménagée une cuisinière, un poste de télévision encastré dans le mur, un four, un congélateur et un évier. Le coté de la porte était composé de baies vitrées qui donnait sur une ville érigée sur une dizaine de petites collines. En temps normal, le paysage aurait été idyllique mais là des vaisseaux passaient en trombe par-dessus la maison, au loin on entendait des tirs, des cris et des explosions, amplifiées par l’écho du relief. Se saisissant d’une télécommande, la femme appuya fébrilement sur le bouton. Le poste s’alluma et un homme à l’air découragé apparut.

-...l’instant où nous parlons, la défense sud est déjà peut-être tombée sous l’assaut des tyranides. Ces bio-envahisseurs, débarqués depuis trois jours sur notre planète, ils ont déjà réduis de moitié la population mondiale. La situation est désespérée, nous demandons encore une fois à tous les hommes en état de porter une arme de se rendre à la caserne la plus proche. Maintenant, laissons place à Eilim Ideliv, spécialiste en Warpologie...

La femme baissa le son, décidant de plutôt s’occuper de son enfant, la seule chose capable de le réjouir encore.

-Toi, au moins tu n’iras pas au front comme ton père. Lui dit-elle avec une pointe de tristesse qui perçait dans sa voie.

Puis, elle éclata en sanglots au souvenir de son aimé. L’enfant, qui n’avait reconnu aucun de mots qu’il connaissait dans cette phrase, ne broncha pas. Mais lorsque sa mère s’effondra sur le sol, il se dirigea vers elle à quatre pattes et l’enlaça dans ses petits bras. Lentement, la femme releva la tête et lui souri. L’enfant lui sourit en retour. Elle l’attira contre son corps doux, lui fessant respirer l’odeur qu’il aimait tant. Elle se tourna vers le téléviseur qui débitait toujours un flot d’images et de paroles. Soudain, elle faillit lâcher l’enfant en apercevant une créature à six membres, dont deux bras semblables à des faux surgir de nul part pour atterrir sur la table de métal qui séparait le présentateur de son invité. D’un mouvement vif comme l’éclair, la griffe de la créature sectionna la gorge du présentateur et sauta ensuite sur la caméra, laissant l’invité à la merci d’un de ses semblables. Lorsque le tyranide atterrit sur la caméra, celle-ci vacilla avant de tomber. L’image du faciès inhumain de la créature se brouilla puis l’image disparut complètement laissant place à un écran noir inquiétant. Bien qu’effrayée par la vue de ce meurtre, la femme ne paniqua pas pour autant et se dirigea d’abord vers un interrupteur pour descendre les volets de fer qu’elle avait eu l’imprudence de laisser ouvert pendant la nuit. Le bourdonnement régulier se fit entendre et elle entreprit de remettre en place ses idées. Alors que les baies vitrées étaient protégées, par une bien maigre défense elle le savait, elle alla faire la même chose dans sa chambre et dans la salle de bain. Puis, elle verrouilla les portes menant à la salle principale. Entassant derrière un tas d’objets les plus divers elle ne put s’empêcher de frissonner en voyant le fusil que lui avait laissé son mari. Jamais elle n’aurait cru en avoir besoin dans cette partie de l’univers réputée si sure. Finalement, elle s’assit au milieu de la pièce, sur un petit cousin avec son fils, le fils et la télécommande permettant de contrôler l’éclairage. D’un mouvement elle éteint les lumières et attendit. Dehors, il lui semblait entendre des cris terrifiants qui se rapprochaient de plus en plus. Ce suspense était devenu insoutenable. Fort heureusement, le bébé s’était assoupi et ronflait, serré contre le ventre protecteur de sa mère. Cette dernière faillie hurler lorsqu’en relevant la tête, elle aperçut une gigantesque silhouette insectoïde qui se découpait sur le rideau baissé. La créature s’attarda, fouillant, sentant, inspectant. Mais elle se décida à partir, la femme le comprit lorsque l’ombre diminua avant de disparaître complètement. Elle s’autorisa un soupir de soulagement. Hélas le bébé, bien qu’endormi sentit ce changement d’atmosphère et, bien qu’il fut bénéfique, se réveilla. En voyant les ténèbres qui l’entouraient son premier réflexe fut de pousser un cri. Un gémissement à peine plus fort que celui qu’il avait poussé au matin. Mais suffisant pour causer sa perte. En quelques instants, la maigre protection vola en éclats, la lumière entra de nouveau et, avec elle, les tyranides. La femme tout en plaçant l’enfant derrière son dos, se saisit de son fusil. Elle fut arrêtée par une faux qui la sectionna en deux au niveau de la poitrine avant que le cadavre s’effondre sur le sol. L’enfant éclata de rire. Car pour lui, tout ce-ci n’était qu’un jeu. Ces monstres verts avec de longues griffes ne lui inspiraient qu’une irrésistible envie de rire. Même le sang chaud de sa mère qui glissait sur ces joues le faisait sourire. Même lorsque la griffe du tyranide transperça son cœur, il ne cessa de rire.

Amgear se réveilla face à la tête de l’enfant. Il se sentait mélangé, comme s’il revenait d’un long voyage à travers le Warp. Pourtant, il n’avait quitté le vaisseau. Tout ce qu’il avait fait c’était observer les derniers instants du bébé. Même lorsque le bambin dormait, Amgear avait pu voir ce qui se passait dans les environs immédiats. Il avait assisté à la scène en témoin muet et invisible. Il ressentait une impression morbide après cette pseudo-mort. Quand le sang s’était arrêté dans les veines, Amgear l’avait senti, lorsque les poumons s’étaient figés, il avait vécu cette longue mais pourtant douce agonie jusqu’à ce qu’il perde connaissance et qu’il sombre dans les abîmes de son psychique avant de revenir à la réalité. Se souvenant de l’endroit dans lequel il se trouvait, Amgear se retourna brusquement à la recherche de ses deux compagnons. À son grand soulagement, il les trouva tous deux derrière lui assis sur le sol, tenant leurs armes dans leurs mains.

-Therver ! Fiolas !

-Ah ! Qu’Asuryan soit remercié ! L’avenir est-t-il sombre ou semblable à la beauté d’une mort de soleil ? Demanda Fiolas en sursautant.

-Je n’étais pas en transe psychique si c’eest le sens que tu donnais à ta question. J’étais...mourant...Mais qu’importe. Nous n’avons pas beaucoup de solutions pour survivre, encore si nous avions pu voler un vaisseau ! Mais ces chasseurs on l’air d’être des créatures à part entière. Bizarre non, cette tendance à créer tout être indépendant mais en même dépendant de l’Esprit de la Ruche ?

- Peut-être ne s’agit-il que d’un mode de vie ; tous dépendent l’un de l’autre. Il s’agit du dilemme du Vice, comme l’a si bien décrit un lointain archonte : Est que nous avons créés Slaanesh ou est-ce Slaanesh qui nous a créer pour que nous le rendons possible. Le syndrome que d’aucuns nomment de la poule en plus complexe. L’un dépendant de l’autre, mais l’autre vient du premier...le cercle vicieux. Déclara Therver

-Nous pouvons toujours rester ici, nous auurons moins de chances de tomber sur un tyranide en vadrouille. Cependant on risque de tourner en rond si on continue à marcher. Alors...Fit Amgear, ramenant la conversation sur des chemins plus concrets.

-Attention. Murmura Therver. Il y a une crréature juste derrière vous. Ne bougez pas.

Le pilote, qui était caché par un cocon aux yeux du termagant, saisi son arme sans un bruit. Tout semblait figé, la créature les observait, les eldars n’osaient esquisser un geste.

-Surtout ne la tuez...Commença le Capitaine en marmonnant entre ses dents crispées sous l’effet d’une peur compréhensible.

Soudainement, Therver sortit de sa cachette et d’un tir aussi rapide que précis abattit le tyranide avec son pistolet shuriken.

-Non ! Hurla Amgear. Il ne fallait pas l’aabattre ! L’Esprit de la Ruche contrôle chacune de ses créatures, elle remarquera certainement la disparition de l’une d’elles dans le Vaisseau-Ruche.

Comme pour confirmer leurs suppositions, ils entendirent un lointain bruit, qui annonçait l’arrivée des tyranides. Amgear s’éloigna de l’endroit où ils se trouvaient, les deux eldars le suivant. Quelques instants plus tard, il s’arrêtait devant une veine sèche qui débouchait à un demi-mètre du sol.

-Fiolas. Paralyse cette zone dans un rayonn de cinq mètres.

Le tireur s’exécuta et, après quelques réglages sur sa Lance-Ardente, piqua le Vaisseau-Ruche.

-Je n’ai aucune idée du temps nécessaire. Seul l’analyse de cette matière aurait pu le prévoir si nous avions le temps... Lança-t-il à la cantonade.

-Peut importe. Montez dedans et priez Asurryan. Ordonna Amgear.

Une fois à l’intérieur, il se saisit de son canon plasma et découpa dans la veine une entrée circulaire assez grande pour le laisser passer. Puis, il retira la " porte " en la découpant de profil avant de creuser dans son lance-flammes léger une cavité de taille moyenne. Il s’y faufila et invita les deux autres à l’imiter. Fiolas referma ensuite l’ouverture et ils attendirent. Apparemment, le paralysant avait fonctionné car le Vaisseau-Ruche ne broncha pas pendant que les eldars sectionnaient et brûlaient des parties de son anatomie. Le bruit se faisait de plus en plus fort lorsque enfin il s’arrêta. Les tyranides avaient retrouvé leurs traces laissées dans la Salle des Corps. Les trois rescapés étaient découverts...mais pas encore pris...

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