Tout commence dans un seau rempli d’un liquide vaseux. Il n’y a rien d’étrange à ce spectacle : des seaux de ce type, il y en a dix au mètre carré. Seulement, la bestiole qui utilise cet objet, elle, vous est sûrement inconnue (enfin je l’espère pour vous).
Commençons par le bas...des pieds enfermés dans de longs mocassins, dont on arriverait presque à sentir l’odeur rien qu’en les voyant (d’ailleurs je suis dans l’obligation de vous informer que c’est bel et bien la leur...) Puis, un tibia osseux, dont on plaint la peau qui l’entoure, relié à une cuisse maigre comme un pinceau par un genou cagneux et déformé.
Vous frémissez déjà de dégoût ? Alors accrochez-vous car le pire reste à venir...
Un bout de toile déchiquetée et malodorante tient, par miracle, sur ses hanches squelettiques - surmontées par un ventre bombé - grâce à une ceinture transparente, qui fait presque irréelle au milieu de ce tas d’ordures.* Les plus timides se couvriront le torse et les bras par un quelconque manteau, ou une chemise rapiécée. Pourtant, leur peau n’inflige pas de dégoût profond : elle est juste d’un jaune huileux ou d’un rouge brique, en passant par un orange assez peu ragoûtant...c’est plutôt le fait qu’elle glisse sur des os et non de la peau qui peut rendre ce spectacle affligeant... La seule partie du corps qui puisse les mettre en valeur sont leurs yeux - qui varient du jaune citron à l’argenté en passant par rouge sang -, noyés au milieu d’une chevelure graisseuse et d’un nez omniprésent, nonobstant sa taille journalière.** On notera également une hygiène plus que douteuse pour la plupart de la population... Ainsi, certains adopteront la solution de se couvrir d’un bandana ou d’un chapeau, pour éviter que poux et autres insectes galopent de tête en tête(ou bien cacher leurs yeux parfois d’une couleur insuportables). Enfin, dépassant de quelques décimètres au dessus de leurs cheveux en bataille, deux longues oreilles pointues souvent percées par de nombreux objets se dressent de chaque coté de leur crâne comme pour équilibrer cette masse informe...
Ces êtres, ni bons ni mauvais au demeurant, peuvent en rebuter plus d’un ou se lier d’une amitié fidèle et infinie : ce sont des gobelins après tout...****
*D’ailleurs, cette ceinture symbolise le statut de cet être : Maître. J’imagine que ce retournement de situation vous laisse perplexe, mais si ce sujet vous intéresse, rendez-vous à la fin du chapitre où les différents grades seront détaillés précisément...
** Car, petite particularité de ces bestioles : leur nez pousse tout le long de leur vie, et c’est donc tout à fait normal de les voir se couper le nez comme on se raserait. ***
*** Ah oui et au passage : leurs doigts aussi poussent sans cesse...
**** Si vous voulez savoir à quoi ressemblent précisément les gobelins, étudiez de près le portrait potentiel de Glux (réalisé d’après description gobeline, autant dire que l’erreur est humaine...)
bOnUx
Hiérarchie gobeline :
La hiérarchie de la société gobeline est uniquement basée sur l’écœurement de son statut : ainsi, on gravit plus vite les échelons... c’est tout du moins ce qu’a pensé son inventeur. Car, et c’est bien connu, les gobelins ont une sainte horreur de bon nombre de choses - et en particulier de créatures - telles que les gnômes, les nains et les halflings (en ordre décroissant d’horreur). C’est pour cela que vous comprendrez très rapidement l’étude psychologique qui a été menée lors de l’attribution de ses grades (honteux pour la plupart). Combiné à la nomination du statut, une ceinture de différentes colories est scellée dans l’habillement du travailleur : ainsi, pas moyen de s’en débarrasser. De toute manière, les gobelins ont tant d’honneur qu’ils ne l’ôteraient pas : ne pas avoir de travail est encore pire que de porter une ceinture de leur couleur maudite.
1) Le premier statut (et de loin le plus honteux) est celui d’ « apprenti ». J’imagine que vous ne saisissez pas la subtilité de ce choix, mais il est en fait hautement calculé : les gobelins ont Horreur qu’on les traite d’apprenti. Pour eux, ça serait comme si on vous prenait pour un minable gosse à peine capable de lacer ses chaussures... évidemment la comparaison avec les gobelins serait vaine étant donné qu’ils en sont démunis. La première de leurs magnifiques ceintures est multicolore... mais pas de n’importe quel multicolore !! Il allie contrastes ignobles des couleurs et fluorescence incongrue.*
2) Après un bref séjour au statut d’apprenti (en général du moins... car certains sont assez intelligents pour ne pas trouver en ce statut une injure terrifiante), l’heureux laveur aura le privilège d’être nommé « nain ». Non pas que cette appellation soit gentillette - les gobelins détestent les nains - mais ce grade les honore d’un iota. La ceinture de ce statut est autrement plus gobeline (dans le sens de l’humanité) : elle est d’un rose fluo certes horrible et déplacé, mais si vous avez la peau jaunâtre les couleurs s’allient assez bien...
3) En général, les gobelins restent le plus longtemps possible au statut de nain, car même s’ils les détestent, ce qui suit est bien pire... « Gnôme ». Ce mot fait frémir, ce mot fait rugir... Enfin bref, les gobelins les détestent d’une manière si intense qu’ils passent presque directement au stade suivant (le dirigeant est sadique, mais pas idiot au point de courir le risque d’une émeute - si tant est que ses sujets soient assez intelligents pour tenter ça). Heureusement, (preuve que l’inventeur de cette hiérarchie a pensé à tout) les ceintures sont jaunes. Pas jaunes fluo hein ! Jaunes ! Aussi jaunes que le liquide aisselle ! Vive le roi !!
4) On passe aux choses sérieuses là ! (si si !!) Après humiliation sur humiliation, voici notre modèle promu « Halfing ». Pas mal hein ? Même si ces créatures ne sont pas appréciées par les gobelins, on pourrait appeler leurs relations : dédaigneuses. Ainsi, c’est un fantôme, un être qui n’existe pas. C’est comme si on vous appelait brosse à dent : vous avez une vague idée de l’utilité de cette chose, mais vous ne la connaissez pas, ne lui trouvez pas de bons ou mauvais points.... Et puis, Ô beauté de la nature, ils obtiennent une ceinture fine d’un orange halé qui s’allie très bien avec beaucoup de styles de peaux ! Merci qui ?
5)*roulements de tambour* La fin du mandat de laveur approche à grands pas... A présent, l’initié est vénéré comme un dieu de la propreté, une fée du logis... Le peuple le vénère, il devient une icône de sainteté. Bon p’têtre que j’exagère un tant soit peu... Mais en tout cas, il devient un « maître ». Dans cette nomination, aucune moquerie, aucune allusion à une horreur... Juste un profond gonflement de ses chevilles et de sa boîte crânienne... En cadeau de ses loyaux services, une ceinture transparente et confortable est offerte aux rares élus qui aboutiront à cette fonction... Certains feront une crise de bien-être, d’autres trouveront ça tellement bien qu’ils voudront rester maître toute leur vie... et donc ne plus rien faire. Mais dommage, on ne peut faire ni l’un ni l’autre !
[1] * En effet, les gobelins ont un sens des couleurs qui dépasse l’entendement humain : quoiqu’on s’en balance étant donné qu’il n’y a pas d’humain dans cette histoire.... Les principaux points de bienséance dans ce domaine sont : - De ne pas dénaturer les couleurs en les rendant aveuglantes ou ternes (remarquez l’utilisation forcée du fluo dans les ceintures des grades inférieurs...) - De ne pas utiliser ensemble deux couleurs ne s’alliant pas parfaitement l’une à l’autre.