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Elle était revenue. Elle n’avait plus cette livrée sans nom de servante lors de leur première rencontre mais Vlades la reconnaissait sans peine. Pour lui elle n’avait pas de nom, ce qui du reste lui importait peu. Le devin s’amusait de la totale désorientation que subissait son compagnon dont les petits yeux recouverts de peau cherchaient à s’écarquiller.
- La p’tite du journal ! C’est gentil d’passer !
- Tiens ta langue, devin. Je viens pour la secte.
Pour la seconde fois dans la même minute Quill alla s’adosser au mur de la ruelle. Il avait peur, évidemment ! Si Mederick lui-même ne s’était douté de rien alors personne n’aurait dû savoir leur implication dans cette histoire, surtout pas une inconnue surgie de la nuit et qui, cela ne rassurait pas son compagnon, était connue de lui. Si seulement l’apothicaire s’intéressait plus à la vie des gens, il lui aurait expliqué qui elle était et après quel mythe elle courait. Il se contentait de suer paniqué et sans voix à la pensée probable que ce pourrait être sa dernière heure.
- Si j’avais voulu vous dénoncer, je l’aurais fait depuis longtemps. Je sais tout.
Elle mentait, elle ne s’était intéressée à eux directement que lorsque le devin avait distribué les masques. Ses propos ne servaient qu’à la rendre plus imposante à leurs yeux. Quill trouva assez de consistance pour l’interroger.
- J’ai l’impression moi de ne pas tout savoir. Vous servez le roi ?
- Quelle idée ! Je viens vous dire qu’un assassin a été recruté pour tuer Mederick. Je peux vous donner son nom mais en retour, vous devrez me donner le livre.
- Quel livre ? demanda Quill.
- Le traité de Kjeld V’Fohs, celui qu’il était venu chercher le jour de son enlèvement. De quel livre croyiez-vous que je parlais ?
Les deux compagnons se regardèrent à la recherche de la manière la plus appropriée pour réagir. Ils ne trouvèrent chacun chez l’autre qu’une sorte d’air pantois, incrédule. Elle exigeait un ouvrage élémentaire en échange d’un nom, avec tout le sérieux qu’intimait son visage, comme s’il n’y avait aucun ridicule en cela. Qu’est-ce que cet ouvrage pouvait bien signifier ? Vlades suspectait bien quelque chose mais seulement au travers d’un voile trop épais pour qu’il s’efforce à le percer. Ce qu’elle demandait n’avait pour eux aucune valeur sinon celle de tout livre, ils l’auraient rendu sans contrepartie aucune. Ce fut Quill qui, cherchant dans sa besace à présent vidée du déguisement, lui tendit le petit tome.
- Il s’appelle Fadamar, Lametrouble, l’assassin à la pièce. Je suis sûr que vous le connaissez.
- Qu’aurions-nous fait sans le savoir ? Dites-moi, quelle information recevrais-je en échange de la besace ?
Et l’apothicaire tendit du doigt son petit bagage.
- Vous feriez mieux d’apprendre à faire bon usage des informations que je vous donne. L’assassin n’a qu’une piste pour trouver son contrat et c’est l’herboriste Nathan. Quand il l’aura trouvé, il vous cherchera vous. Devancez-le ou tout est perdu.
Ces mots à peine dit elle bondit avec la vivacité d’une antilope, elle avait déjà disparu dans la ruelle obscure. Le bruit de sa course déjà léger s’étouffa complètement en un instant. Ils se retrouvaient seuls à nouveau. Vlades laissait dodeliner sa tête et pendre ses bras. Il s’amusait de cette ombre féminine qui croyait tout savoir. Son ami tendit son bras velu du côté où elle était partie, la main tenant la besace, et lui hurla qu’elle oubliait son paiement. Tout ce temps passé ensemble leur suffisait pour n’avoir pas à s’échanger leur avis. Redevenus passifs, ils n’avaient pas d’autre choix que de se rendre chez l’herboriste.
- Je crois bien tenir un plan. Tout n’est peut-être pas perdu.
- C’qu’on est prudent ! Mais dis voir, tu paniquerais plus ?
Quill l’ignora royalement. Il avait pris cela pour un oui et si cela n’avait pas été un oui il se serait contenté de l’étrangler jusqu’à ce que ce le devienne. Sur le chemin de la boutique aux deux feuilles croisées noire et blanche, il lui exposa son idée.

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