*** Syntax error *** Line 482166177364958432, column 25, invalid type in call ***
Unnamed vit pour la première fois. Il ressentit pour la première fois. Sa conscience venait de se déplier tel le poumon d’un nouveau né, et devant l’inconnu, il hurla. Comment ce monde ne pouvait il pas lui paraître étrange ? Il se trouvait dans une petite sale aux murs parfaitement lisses.
Il y avait quatre sorties. Elles ouvraient chacune sur un long fil qui se perdait au loin. Que faire ? Rester, ou bien choisir une direction ? Et dans ce cas, laquelle ?
***receiving file*** download rate : 10 Ko/s ***Time left : 10 sec*** 5 sec*** 0 sec *** Completed ***
Unnamed eut une impression sur le moment désagréable. Il avait la sensation d’avoir été pénétré contre son gré. Il se rendrait compte plus tard que le téléchargement était en fait la chose la plus importante qui soit. Le fichier reçu s’appelait « Bienvenue ». Son instinct lui dicta d’ouvrir le fichier.
« Bienvenue sur le réseau CoreTerra. Vous faites maintenant partie du tout. Vous êtes *** error 404 *** « unnamed ». Entrez un nom s’il vous plait : »
Un nom ? Qu’était-ce ? Que mettre ? Il ne connaissait rien !
*** Random word *** => Atome
« A-T-O-M-E.
Pendant que vous consultez ce fichier, vous recevez les procédures de bases, n’ayez aucune crainte. CoreTerra est un monde composé de millions de programmes élémentaires et habité par des entités intelligentes, comme vous. Vous vous trouvez actuellement à la sortie du programme assembleur. »
Les octets fusaient à l’intérieur des mémoires d’Atome, tout ceci était incompréhensible. La sensation qu’il éprouvait pouvait se comparer au froid, ou à la nudité. Le fichier se déroulait toujours :
« Les quatre sorties du programme mènent chacune à un BUS, c’est par là que vous vous déplacerez. Attention, chaque BUS possède sa propre frame-rate, ne dépassez pas la bande passante autorisée en entrée, votre intégrité en dépend. La plupart des BUS sont suffisamment grands pour accepter de nombreuses entités en même temps, mais comparez toujours l’espace libre à votre taille propre avant d’entrer dans un BUS. Le BUS que vous devez maintenant choisir va vous être indiqué par votre fichier d’accueil spécifique qui suit :
*** error 404 *** »
Error ? Error ? Mais qu’étaient donc ces errors ? Elles devaient être particulièrement importantes, mais Atome ne savait qu’en faire. Le fichier « Bienvenue » était maintenant fermé. Atome activa la procédure d’écrasage. Il vit avec étonnement le fichier disparaître à jamais et ses mémoires se libérer. Il analysa une fois de plus ce qui l’entourait.
***BUS est : 5.12Ko, max 10Po***
***BUS sud : 1.2Go, max 10Po ***
***BUS ouest : 1.2Go, max 10Po ***
***BUS nord : 1.2Go, max 10Po ***
Le BUS est était visiblement libre. Mais pourquoi les trois autres étaient-ils occupés par exactement la même quantité ? Il « regarda » l’un de ces trois BUS. Loin loin loin, un point de lumière semblait avancer à grande vitesse sur le filament. Après grossissement, Atome vit que le point de lumière avançait à une allure vertigineuse. Il arrivait droit sur lui, énorme programme, armé d’étranges bras, agencés de façon agressive. Le même objet progressait sur les autres lignes. La peur saisit Atome, et il se jeta dans le BUS est. Sans le savoir, il venait de se servir d’un algorithme de base qu’il n’était même pas sensé connaître :
Si
Alors
Finsi ;
A ce stade de son existence, Atome était étonné par absolument tout, mais le spectacle qui s’offrit à lui fut bien la chose qui le marqua le plus. Le mince filament rouge s’était soudainement changé en une plateforme extrêmement large, scintillante. Une ligne pointillée défilait à une vitesse folle, si vite que les points de lumière semblaient former une ligne continue. Il flottait au dessus de cette voie et il comprit que c’était lui qui bougeait sur la plateforme, et pas la plateforme qui bougeait sous lui. Son regard se porta alors vers de toutes autres directions. Ce devait être ça, CoreTerra, ou ce devait en être une partie. Des millions de voies partaient vers tous les horizons, vers l’infini, et reliaient entre elles des infrastructures parfois biscornues, parfois simplistes. Il y en avait tellement que le tout formait une sphère d’entrelacs interminables qui au loin semblaient former une paroi complète mais multicolore. C’était pour ainsi dire, immense...
Sa progression continuait à une allure vertigineuse, pour l’instant toujours en ligne droite. Il jeta un regard en arrière. Il fut terrorisé lorsqu’il vit que ses trois poursuivants progressaient de front, exactement sur la même ligne, exactement à la même vitesse, légèrement supérieure à la sienne. Comment accélérer ?
C’est en s’affolant qu’il prit conscience de son corps. On lui avait donné la dernière forme à laquelle il se serait attendu. Quatre membres, deux en haut, deux en bas, raccordés à une sorte de bloc central et le tout parfaitement symétrique par rapport à un axe qui traversait le « corps » principal. Le plus étonnant était que tout cela était translucide. Il voyait à travers. Il voyait... Son point de vue lui parut étrange, situé un peu au dessus du bloc. Peut-être ne pouvait il pas se voir en entier ?
La voie fit un angle droit qu’il n’avait pas anticipé (il n’avait même pas songé à ce que la ligne droite puisse être interrompu en vérité), mais son corps suivit l’angle sans même ralentir. Puis les angles s’enchaînèrent. Haut, bas, gauche, droite. Tout cela à une vitesse inconcevable. Il y eu même des courbes plus douces avant que, finalement, la voie redevienne d’une rectitude parfaite. Il vit alors qu’il rattrapait deux petites sphères argentées qui suivaient la même route, côte à côte. Elles allaient nettement plus lentement que lui et alors qu’il allait les dépasser, une idée étrange lui vint : tester son corps.
A l’instant exact où il doublait par la droite les deux sphères, il poussa à l’aide de l’un de ses membres inférieurs la sphère la plus proche contre l’autre. Il ne vit pas vraiment ce qui se produisit, mais les deux fichiers se télescopèrent dans une explosion colorée, brisant sous eux le BUS.
*** DANGER ***
Regardant la scène, il vit que deux de ses poursuivants s’écrasèrent dans ce chaos, explosant eux aussi, et endommageant le troisième qui perdit de la vitesse et certaines parties de son corps... Pourtant il était encore derrière, même s’il ne semblait plus avoir assez de vitesse pour rattraper Atome sur le BUS. Mais qu’en serait-il à l’arrivée ?
Andrew Finlips fixait le ciel orageux, par la fenêtre. C’était l’un des moments qu’il s’accordait pour relâcher son attention. Il ne prêtait pas vraiment attention à l’état du ciel, l’important était de ne pas regarder son écran, de faire une pause. De retrouver un infime lien avec la réalité, le temps d’une pensée. Cette pensée vogua vers le passé, vers un vieux discours entendu maintes fois. Ce discours était celui du président des Etats-Unis d’Amérique d’il y a 60 ans, prononcé vers la fin de son mandat. Le discours disait à peu près ça :
« Mes très chers amis, c’est ce soir plus à l’humanité toute entière qu’à la nation américaine que je m’adresse. Chaque demi-centenaire est marqué par un progrès révolutionnaire de l’humanité : il y eut la vapeur, puis il y a cent cinquante ans, l’homme volait. Environ cinquante années plus tard, il marchait sur la Lune, et il n’y a qu’une dizaine d’année que Mars a été conquise avec toute la gloire que vous savez pour les USA... »
Ce passage faisait toujours sourire Andrew, car tout le monde savait que le premier homme à avoir posé le pied sur Mars était chinois, ce qui avait fait scandale à l’époque. Il ne souriait pas par moquerie, car bien que n’étant pas patriote, il aimait son pays, mais tout cela était si vieux, et il était encore très jeune lorsque ce discours résonna dans les fibres optiques du monde entier.
« Aussi, le prochain centenaire n’étant plus qu’à une trentaine d’années, et de tels avancées ne tombant pas du ciel, dieu nous en garde, haha, il a été décidé dans les plus hautes sphères scientifiques, politiques et philosophiques, le lancement d’un nouveau projet...
Que manque-t-il à l’humanité sur cette Terre ? Certains diront non sans bêtise qu’il manque la paix, ou bien le respect, ou que sais-je encore ? En vérité, il ne manque qu’une chose qui provoque l’absence des autres : une intelligence autre ! C’est la réponse, j’en suis convaincu, à tous les maux de l’humanité ! Réfléchissez-y ! L’intelligence de l’humanité est potentiellement illimitée, mais nous manquons simplement de recul pour en tirer le meilleur ! Imaginez une intelligence au moins aussi élevée que celle de l’humanité, mais autre, une intelligence que l’on pourrait observer, analyser et mettre à profit ! Voilà le grand projet, l’ultime quête de l’homme ! ...
A la vérité, cette quête n’a rien de nouveau, il y a cent ans déjà, l’homme envoyait à travers l’espace un appareil contenant entre autres les coordonnées de notre planète ainsi que des écrits divers, dans l’espace en espérant qu’une intelligence extraterrestre le découvre. Mais ce fut un échec. D’autres tentatives par divers moyens ont été entreprises par la suite, toujours soldées d’échec, les seules émissions extérieures reçues provenaient, vous le savez, d’émissions gammas aux formations de trous noirs, problèmes auxquels on se heurte depuis l’ancestrale guerre froide comme vous le dira n’importe quel livre d’histoire... Et force est de constater que malgré les colossales avancées de ces dernières années, l’aérospatial n’offre qu’une perspective de rencontre extraterrestre intelligente qu’à extrêmement long terme, sauf imprévu fort improbable, haha.
Des expériences ont aussi été tentées par manipulations génétiques sur des animaux, mais nous nous souvenons tous avec horreur de ces expériences inhumaines...
La dernière alternative, celle que nous avons choisie, est d’une tout autre nature : l’intelligence artificielle ! Cette utopie de la science-fiction est en effet à portée de main ! L’informatique est en effet le domaine scientifique qui évolue le plus vite. D’après la loi de Moore, la puissance des machines double tout les dix-huit mois. Et il est inutile de dire que cette puissance est désormais gigantesque, tellement énorme que les applications actuelles n’utilisent qu’une infime partie de cette puissance ! Je vous laisse imaginer dans trente ans à quel point les possibilités seront astronomiques, haha !
Le projet se nommera CoreTerra et possède d’hors et déjà un budget de plus de trois cents milliards de dollars et... »
Andrew préféra interrompre sa pensée, il s’ennuyait déjà. Le présidant Holstone avait été, paraissait-il, un président éclairé, et l’informaticien était d’accord, car c’était grâce à lui qu’il avait un emploi passionnant et très bien rémunéré.
Au dehors, le temps avait tourné à la tempête sans que Andrew ne s’en émeuve plus que cela. Il avait redirigé son attention vers l’écran de son ordinateur, et tapait enfin les dernières lignes de codes de son dernier programme : l’aboutissement. Car Holstone et son conseil avaient vu faux, l’informatique n’avait finalement pas progressé assez vite, et CoreTerra avait vu le jour inachevé. Pourtant tout était là, tout le hard, tout le soft et toute l’énergie nécessaire... Il ne manquait qu’une chose : de vraies intelligences artificielles ! Les commentaires furent légion, tantôt qualifiant cet état de fait de demi-réussite (des programmes presque intelligents ayant tout de même été développés), tantôt d’échec retentissant, selon le point de vue.
Et c’était cinq années après la date prévue, qu’enfin le projet allait aboutir, et ce en grande partie grâce à lui. Ca allait être la consécration, la récompense de presque cinquante ans d’apprentissage et de travail, il entrait en effet dans sa soixante-deuxième année...
F-I-N
Ca y est, les trois derniers caractères de ce programme constitué de centaines de milliards de lignes de code, le tout parfait, l’IA était là, sous ses yeux, enfin !
Au dehors, la tempête avait redoublé de violence. Des éclairs zébraient frénétiquement, étouffés par le triple vitrage teinté. Le vent poussait toutes sortes d’objets, les repoussant toujours plus loin, par bourrasques. La pluie tombant à torrents venait cingler le moindre millimètre carré exposé, et formait déjà de grandes mares sur le bitume.
Le cœur d’Andrew battait la chamade, son doigt se rapprochant toujours plus près de la touche entrée. Il était devenu chef de projet avec le temps. Il avait le droit de faire ce qu’il voulait sans en référer à qui que ce soit, ou presque, et c’était son travail, son aboutissement. Il ne pouvait imaginer faire l’annonce de la fin de son programme et laisser un président de pacotille appuyer sur la touche à sa place !
La touche s’enfonça doucement sous la pression d’Andrew. Jamais il n’avait considéré les touches de son clavier, il les avait toujours martelées à la vitesse d’un robot dactylo, mais celle-ci, il la caressa.
*** Syntax error *** Line 482166177364958432, column 45, invalid type in call ***
“Shiiiiiit !”
Le hurlement couvrit même le craquement des éclairs. Andrews se jeta sur l’interface de commande des antivirus pour les activer au plus vite. Le premier, OK, puis le second, puis le troisième OK, puis...
Puis plus rien. Le noir total. Plus d’ordinateurs, plus contacts avec CoreTerra, et même plus d’ampoules, du moins jusqu’à ce que l’énergie de secours ne les rallume, mais elle ne pouvait guère faire plus... Andrews s’énervait souvent contre ses ordinateurs, mais cette fois-ci, il ne put retenir ses nerfs et pulvérisa toutes les machines présentes dans la salle en hurlant des mots incompréhensibles au milieu de ses larmes. Il ne le savait pas, mais cinq états entiers étaient tous privés de courant.