Rappel :

Ildaëres, accompagné de Kialo, Tylraven, Engel et l’Ancien du village, traverse la vallée abyssale jusqu’au palais d’Emeraude. Pour y entrer, il doit se battre seul face à Kaos, qui le met hors combat en deux attaques.

C’est l’éveil de Mionder qui change le cours du combat et qui permet au groupe d’entrer voir Bahamut. Le dieu des dragons est en fait une magnifique déesse que Mionder a quitté à cause de l’enfant qu’elle portait, fils qui s’avère être Kaos. Maintenant, Ildaëres doit devenir à son tour chevalier de Bahamut...

 

     La déesse des dragons explique brièvement à Ild ce qu’elle compte lui faire. Pour devenir chevalier de Bahamut, il devra abattre un dragon à lui seul, sans l’aide même de Mionder. Ildaëres comprend la difficulté du défi, mais accepte quand même, un dragon n’étant qu’un obstacle de plus sur sa route. Il est donc conduit jusqu’à une énorme porte à double battant. Celle-ci s’ouvre et Ild constate qu’il se battra dans une sorte d’arène, une fois encore. Il peut voir les autres assister à son combat en haut. A l’autre bout du terrain se trouve un nuage de vapeurs noires qui semble se condenser. Apparaît alors un grand dragon d’une demi douzaine de mètres de haut. Sa carapace est indigo. Il a de grandes ailes puissantes, plus grandes que son corps. Sa tête est ornée de trois grandes cornes partant vers l’arrière, son museau étant très allongé. Il se tient sur ses deux pattes arrière, avec de longues griffes, les autres lui faisant office de bras. Enfin sa queue est cornée elle aussi et se termine par une pointe d’écailles. En voyant Ild le dragon s’exclame.

« C’est toi le nouveau prétendant ? Je ne m’attendais pas à avoir affaire au sosie du héros...

     Bahamut explique à Ild :

-Ildaëres, bats-toi maintenant.

     Il murmure :

-Facile à dire pour une déesse... »

     Le dragon se jette sur lui la gueule ouverte, mais Ild se décale sur sa gauche et se prend un violent coup de queue qui le projette. Il réussit à se stabiliser et à avoir le dragon à distance suffisante pour lui lancer une incantation. Celle-ci le percute au torse et le fait légèrement reculer. Ild décide de passer à l’assaut en réutilisant ce que lui a appris Jaba et en profitant de la différence de gabarit. Il passe en vitesse entre les pattes du reptile géant pour le frapper par derrière. Il réussit son attaque et envoie un violent coup de lance entre les ailes du dragon, qui hurle. Celui-ci réplique par une violente rotation et Ild se prend l’aile droite du dragon. Il se réceptionne mal et se heurte l’épaule gauche contre le sol rocheux. Le dragon entre en rage et attaque sans relâche avec ses griffes et sa gueule que Ildaëres tente d’éviter tant bien que mal en sautant le plus rapidement possible. Il se voit à un moment obligé de passer au-dessus du dragon qui prend son envol et le plaque au plafond de l’arène. Il se pose et Ild retombe lourdement au sol.

     Heureusement pour lui, son corps est de plus en plus robuste grâce à Kaos, mais l’absence de Mionder provoque un grave déficit de puissance. Néanmoins, l’énergie émanant du palais d’Emeraude lui-même donne un sursaut de vigueur à Ild qui continue le combat. Le dragon charge à nouveau et Ild en fait de même. Les deux adversaires se battent à distance très rapprochée, le dragon utilisant ses poings et Ild le fer de sa lance. Le chevalier dragon apprend au cours de cet affrontement le combat aérien, mais n’est pas vraiment de taille à lutter. Il finit par briser sa lance sur les écailles du dragon. Sans arme, il se retrouve propulsé dans le mur et son adversaire l’y presse avec une charge de l’épaule. Tout le monde croit Ild mort écrasé, mais lorsque le dragon sort des ruines, il voit Ildaëres de l’autre côté de l’arène, celui-ci ayant provoqué une illusion très réussie. Il utilise maintenant le peu de magie qu’il connaisse, qui a grandement gagné en puissance depuis peu. Ainsi, le dragon, en essayant de s’approcher, se prend des décharges de feu, de froid et de foudre. Cependant, Ild n’est pas suffisamment endurent à de telles dépenses d’énergie magique et se retrouve rapidement de nouveau sous les assauts du dragon, qu’il ne peut contenir à la seule force de ses mains.

     Cela fait plus d’une heure que Ildaëres se bat avec le dragon et il est à bout de forces. Il peine à se relever et son adversaire veut en finir. Le dragon envoie son terrible souffle dévastateur qui balaye les roches en face de lui. Ildaëres ne peut rien faire d’autre que de se laisser emporter. Il chute à nouveau, mais ne se relève pas. Engel, Kialo et Tylraven se précipitent et sont prêts à sauter dans l’arène, mais Kaos et Mionder les en empêchent. Bahamut voyant Ild en grosse difficultés s’adresse à lui par l’intermédiaire de ses pensées.

« Ildaëres... Dis-moi, n’as-tu pas oublié le but de ton combat ? Si tu ne t’en rappelles pas, tu ne seras jamais un chevalier de Bahamut...

-Je sais... Mais je ne pourrais pas arrêter la Cité des Anges dans mon état... Et celui-là, je ne l’aurai pas sans ma lance...

- C’est bien ce que je pensais, tu as oublié ton vrai combat... »

     Ildaëres entends la voix de sa sœur qui lui dit de se relever. Il la revoit mettre le ruban autour de sa lance et sa main dépasser du bloc de pierre sous lequel elle a été ensevelie.

« Léo... ! Eléonore... !!

-Rappelle-toi du jour où Mionder à fait surface !

-Léo... Je dois... venger ta mort... !! »

     Sans que personne ne comprenne pourquoi, Ildaëres se relève, ses blessures ne semblant plus l’affecter. Kialo demande à Bahamut ce qu’il lui arrive. Elle lui répond

« Ca y est, il est devenu l’un des nôtres... ! »

     Ildaëres peut de nouveau faire face au dragon. Celui-ci s’énerve et essaye de lancer le plus puissant souffle dont il est capable. La puissance dégagée est telle qu’un nuage de poussière se lève en face du reptile et plus personne ne peut voir ce qu’il se passe. Pour s’assurer de sa victoire, le dragon bat des ailes et dissipe la poussière. La roche est complètement polie au sol, mais Ildaëres tient toujours debout, les bras en croix pour se protéger. Kialo observe une lumière qui s’échappe de son poing droit. Ild pointe justement cette main vers le bas et la lumière jaillit, formant une lance d’énergie qui se dissipe en peu de temps. Ild semble immobile, mais disparaît en un instant et se retrouve aussitôt en train de frapper le dragon de toutes ses forces, la lumière jaillissant à chacun de ses coups et disparaissant immédiatement. Ild se retrouve alors avec un rayon dans chaque main et entame une série de coups à une vitesse telle que même les autres chevaliers de Bahamut ont du mal à suivre. Le cri du dragon mordant la poussière marque la fin du combat. Toute sa masse s’écroule au sol, Ildaëres ayant des crépitements d’énergie le long des bras. La double porte s’ouvre derrière lui. Il la franchit. Tout le monde l’attend. Bahamut lui sourit et Mionder vient lui soigner ses blessures.

     Ildaëres est ensuite conduit dans une salle de cérémonie où, au nom de la déesse des dragons, il devient un chevalier de Bahamut. Ild se retrouve torse nu et Bahamut le marque de runes magiques en lui effleurant la peau de la pointe de son ancienne lance, faisant apparaître un tatouage noir en forme de dragon sur tout son dos, une partie de son thorax, glissant le long de son bras droit et redescendant jusqu’à sa jambe gauche. Ce dragon doit montrer vers quelle force va se tourner le chevalier de Bahamut. On peut voir des dragons rouges, dorés, argentés... Mais celui de Ildaëres est différent de toutes les espèces de dragons existant dans ce monde. Même l’Ancien n’arrive pas à lui donner de nom. Mais c’est Bahamut qui est la plus étonné car elle semble reconnaître le reptile qui peu à peu prend une couleur grise mais qui vire au jaune et au bleu à certains endroits.

« Astral... Tu... Tu n’es même pas un chevalier de Bahamut... Tu es un chevalier d’Astral... Le dragon Ephémère... C’est à son image que j’ai créé les dragons il y a plus de cinq cent mille ans et on ne le voit apparaître qu’une fois tout les millions d’années, peut être moins. Il est au-dessus des dieux et c’est la première fois que je vois un de mes chevalier à son image...

-Lui aussi va prendre mon contrôle, comme Mionder ?

-Non, c’est juste que tu vas tirer ta puissance des mêmes sources que lui et tu as sa manière de combattre...

-Et quelles sont elles ?

-Je n’en sais rien... C’est le seul dragon que je n’ai pas créé et je ne l’ai vu qu’une seule fois. »

     La cérémonie se conclut lorsque Bahamut donne son casque à Ildaëres, représentant la tête d’Astral, c’est-à-dire un crâne fin et élancé se terminant par une pointe et ayant deux cornes droites partant vers l’arrière. Bahamut dit à Ild qu’elle sait qu’il ne veut pas revêtir d’armure, mais qu’il verra ses habits devenir aussi résistants que la carapace d’un dragon adulte.

     Maintenant que Ildaëres est devenu un chevalier de Bahamut, il doit empêcher Janken de s’emparer du Jade Rouge. Il est prêt à repartir, mais Kialo et l’Ancien lui demandent de retarder leur départ, car ils souhaiteraient consulter la bibliothèque du sanctuaire pour en extraire de nouveaux sorts puissants. Le groupe étant en possession de deux des parties de la statue, ils peuvent se permettre de stationner pendant une dizaine de jours, durant lesquels Ild se voit remettre une nouvelle lance venant d’un autre plan, qu’il peut faire apparaître comme il le souhaite et qui lui facilite le passage de l’énergie. Tylraven et Engel en profitent, eux, pour perfectionner leur art du combat auprès de Kaiser.

     A l’heure du départ, le groupe doit se diviser en deux : Tylraven, Engel et l’Ancien vont aller au Sud pour récupérer un autre fragment, tandis que Ild et Kialo retournent à Cardam pour faire un passage en force chez Janken.

     Tylraven, Engel et l’Ancien prennent les devants et partent un jour avant Kialo et Ild, qui franchissent la vallée Abyssale, cette fois sans se faire attaquer. Ils reprennent le chemin de la frontière ouest et repassent l’archipel des Assimèrs ; les gardes du côtés oriental sont toujours aussi indifférents, mais ceux de Palna les stoppent arrivés de l’autre côté. Ild ne porte pas son casque pour être plus discret, mais sans lui, il s’est fait reconnaître. Néanmoins, il se laisse faire et pousse Kialo à se rendre. Considérés comme des fugitifs et des traîtres, ils seront transférés à Cardam le plus vite possible pour être jugés. Arrivés au palais, on les conduit dans une cellule séparée des autres opposants au pouvoir. Ils ont l’air d’être mieux traités par le roi, probablement parce que Kialo est avec Ild. Cinq heures après leur arrivée, ils reçoivent la visite du roi, accompagné de Destan et Ciférius. Janken ordonne aux gardes de les détacher.

« Kialo, mon enfant, quel tour m’as-tu joué ? Je commençais à m’inquiéter...

     Ild lui répond violemment.

-Laisse-la ! Tu as tué son grand-père, cela ne te suffit pas ?

     Destan s’en prend alors à lui.

-Hé, toi ! Tu n’es pas en position de parler comme ça à sa majesté !

-Calme toi Destan... C’est vrai, je me suis accroché à ton grand-père, mais il refusait de faire les sacrifices nécessaires pour offrir un monde meilleur à notre peuple. C’est pour cela que j’ai besoin de la pierre qu’il t’a remise... Tu m’as déjà dit que tu voulais voir les gens heureux, non ?

     Kialo détourne son regard et murmure.

-Un monde meilleur... En déclanchant une nouvelle guerre des Célestes ? En s’appropriant de nouvelles armes ?

     Janken est très étonné que Kialo en sache autant.

-Alors tu es au courrant... ? Très bien ! Tu vas me donner la pierre !

     Il saisit Kialo par le bras, mais celle-ci se débat. Ild s’approche et Destan intervient à son tour.

-Hé ! Au fait notre combat n’est pas terminé, tu te souviens ? »

     Destan réussit à calmer tout le monde et Janken donne l’ordre de préparer l’arène à la minute pour la fin de la rencontre. Des crieurs annoncent le combat de dernière minute en pleine ville. Ildaëres est de nouveau conduit aux quartiers des gladiateurs, où séjournent toujours quelques combattants de la dernière fois. Ceux-ci reconnaissent tout de suite celui qui se faisait appeler « Izanagi » et qui avait combattu Destan. Les gardes escortant Ild le pousse vers l’escalier qui conduit à l’arène. Ildaëres, mécontent, les assomme tous les deux, sous les yeux des autres combattants, mais se dirige quand même au combat. La porte s’ouvre et Destan l’attend déjà au milieu de l’arène. Janken se trouve dans la loge royale, accompagné de Kialo et Ciférius. Il prend la parole.

« Voici le combat qui n’a pas pu être achevé il y a quelques semaines, rappelez-vous... Mon cher neveu, grand chevalier de Bahamut va éliminer celui qui s’oppose au royaume et qui essaye d’attenter à notre défi du monde meilleur ! »

La foule siffle l’entrée de Ildaëres. Janken se rassoit et se retourne vers Kialo.

« Je t’offre une deuxième chance, mais celui-ci est irrattrapable... Ne t’en fais pas, Destan a fait d’énormes progrès avec Ciférius, il ne va pas souffrir !

     Kialo lui rétorque :

-Ne pas souffrir... ? C’est plutôt ce que je souhaiterais à Destan...

     Janken ne s’attendait pas à une telle réponse de la gentille Kialo mais reste persuadé de la victoire de son neveu. Celui-ci parle à Ild avant le combat.

« Alors, Ildaëres, cette fois ci tu vas comprendre l’étendue des pouvoirs d’un chevalier de Bahamut... Petit dragon... ! »

     Il fait apparaître sa lance de mithril et dégage une partie de son énergie. Ildaëres ne semble pas réagir mais il lui répond :

« Ne mélange pas le bon grain et l’ivraie ! J’ai rencontré pas mal de monde depuis la dernière fois... Et je ne suis pas si sur que tu sois des nôtres... Je pense plutôt que tu prétends seulement l’être... »

     Ildaëres fait apparaître son casque et sa lance de lumière. Lui aussi dégage une partie de son énergie, mais celle-ci provoque comme un violent coup de tonnerre qui fait trembler le stade. Destan ne comprend pas.

« Tu n’es tout de même pas... ?! »

     Cette fois c’est Ildaëres qui attaque en premier, n’ayant pas de temps à perdre. Il se jette sur Destan et provoque un déplacement d’air avec sa lance. Destan n’est même pas touché par la lame qu’il est expédié au loin. Ildaëres l’écrase contre le mur et lui enfonce le bâton de sa lance dans l’abdomen, de telle manière à ce qu’il provoque une violente douleur sans pour autant y pénétrer. Destan tombe à genoux et Ild se retourne vers la sortie. Il lui dit :

« Tu me déçois Destan... Je te traque depuis le début... Parce que tu as lâchement tué ma sœur de huit ans... Mais ta faiblesse ne me donne même plus envie de te tuer... Alors deviens plus fort... Et nous règlerons vraiment ça ! Jusque là, ne te mets pas en travers de me route ! »

     Il se remet en route et fait exploser la porte en métal.