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           Quand on frappa à sa porte, Alrick N’Drof était conscient. Il avait dormi, ou cru dormir, pendant bien plus d’une journée, et malgré cela il avait l’impression de n’avoir pris aucun repos. Les images pâles du monde de la Perception ne cessaient de le harceler, de tournoyer au-dessus de lit et de l’aveugler. Son esprit embrumé avait désormais du mal à faire la différence entre magie et réalité, et Alrick craignait d’avoir définitivement franchi le chemin de non retour. A cause du meurtre qu’il avait commis.

            Le devin grimaça douloureusement. Le moindre mouvement le faisait souffrir et il pensait avoir des bâtons de bois au lieu de doigts. Cela faisait longtemps qu’il n’avait plus provoqué la mort de quiconque, depuis qu’il s’était retiré de la lutte pour le pouvoir afin de se concentrer à l’étude de son art – ou de tout simplement savourer les promenades dans le monde que la Perception lui offrait. Il devrait y renoncer à jamais s’il voulait survivre. La magie l’avait trop imprégné, elle le possédait. Mais c’est lui qui, de son plein gré, avait assassiné grâce à elle.

            Il se fustigea. Il n’avait fait que se défendre. Certes, son adversaire n’était pas à sa hauteur, mais cela restait un duel à mort : c’était lui ou P’Ytès. Pourtant, il y aurait peut-être eu un autre moyen. Il lui aurait été possible de quitter le monde de la Perception, une fois qu’il avait percé le stratagème de P’Ytès. Il ne l’avait pas fait, préférant la solution de facilité. Mais était-ce vraiment lui qui avait fait ce choix ?

            Bien sûr. Depuis le début, c’est lui qui décidait. Qui d’autre ? La Perception ? Allons, il avait toujours réussi à la maîtriser, même sil ne déniait pas qu’elle l’inquiétait au moins autant qu’elle le fascinait. Non, c’est bel et bien lui qui avait choisi le meurtre.

Il ne s’était jamais servi de la Perception pour tuer.

            Il n’avait jamais considéré la magie blanche comme une magie dangereuse pour les autres. C’est son manipulateur qui courait tous les risques, et seul lui pouvait en retirer un profit – ou en subir les affres. Pas un tiers. Or, P’Ytès et lui s’étaient livré un duel par et dans la Perception. Ce n’était pas l’objet de cette magie. Elle devait mener au savoir, à la connaissance, à la sagesse, jamais au combat – rien n’était plus antithétique que les termes Perception et guerre. Pourtant, Alrick avait tué aussi sûrement que s’il avait fait usage de la Destruction.

 

On frappa de nouveau à la porte.

 

Ce n’était pas de sa faute. C’était P’Ytès qui l’avait provoqué. Il connaissait les risques et devait savoir qu’il ne s’en sortirait de toute façon pas. Mais il ne s’attendait peut-être pas à une telle riposte, puisque qu’Alrick ne s’était jamais montré agressif, vindicatif, ou même rancunier. Une magie de connaissance… Il n’aurait jamais dû s’en servir ainsi. C’était aller à l’encontre de tous ses principes, et surtout des dizaines d’années qu’il avait passées à explorer la Perception, à déterminer sa portée et ses limites, jusqu’à la maîtriser parfaitement. Lui qui se targuait d’être le devin le plus doué, le plus puissant du royaume, avait failli de la plus pitoyable façon qu’il soit. Il avait failli à l’essence même de la Perception.

Alors, il entendit les coups sur la porte se faire plus violents. Il ouvrit avec difficulté sa bouche pâteuse, sentit des énergies s’opacifier et s’engouffrer à l’intérieur, toussa et cracha un peu de sang. Au prix d’un énorme effort, il parvint finalement à articuler.

« Entrez.

Il se tourna vers la porte, où se dressait un jeune serviteur qui visiblement hésitait à rentrer et observait le vieux devin avec curiosité. Oui, Alrick était devenu un mort en sursis, un animal que l’on regardait agoniser dans son sang, perdant son énergie vitale – les rubans blancs de la Perception qui s’enroulaient autour de lui. La vision devait être pathétique. ‘Oh, cesse de t’apitoyer sur ton sort. Tu as déjà vécu pire.’ Vraiment ? Il ne se souvenait pas d’avoir été aussi près de franchir à jamais l’océan infini de la Perception. Peut-être était-ce finalement la mort qui lui conviendrait. Le jeune homme mit un terme à ses pensées en récitant son message.

-         Sa majesté, le roi K’Rhasco, convie votre personne au dîner qu’il donnera ce soir, Messire. Elle vous informe qu’il s’agira d’un dîner particulier, où ne seront conviés que les nobles qui l’avaient été le soir où le Roi précédant – paix à son âme – a été assassiné. Sa majesté compte sur votre présence, et ne saura vous tenir rigueur de votre fatigue. Elle vous souhaite de plus un prompt rétablissement. »

Alrick congédia le serviteur d’un signe douloureux de la tête. Railler la mémoire du Roi était typique de K’Rhasco, qui ne ratait pas la moindre occasion de le faire. Un dîner particulier répondait à un dîner particulier, et le nouveau monarque ne craignait pas, semblait-il, de subir le même sort que le Roi.

            Ou celui qu’avait apparemment, de prime abord, subi le Roi. Car il était désormais évident que celui-ci n’avait pas péri mais simulé sa mort. Ses raisons étaient incompréhensibles pour Alrick, et il n’était pas en état de les chercher. En revanche, cette survie n’annonçait rien de bon quant à la suite des événements, car il se doutait que le Roi n’allait pas abandonner le trône si facilement – il l’avait vu. Et K’Rhasco n’était toujours pas au courant ! Le devin avait pourtant voulu le prévenir, mais l’attaque de P’Ytès l’en avait empêché. Et il voulait conserver des forces pour le dîner, qu’il n’aurait raté pour rien au monde. De toute façon, ce n’était pas si urgent.

            C’est en tout cas ce que susurra la Perception aux oreilles du devin.

 

* * *

 

            Lorsque Jari B’Rauts et l’Arme de chair passèrent côte à côte la large porte de la salle de banquer, tenue par deux Gardes sombres, seuls K’Rhasco et son garde du corps étaient présent. Les lustres et les chandeliers éclairaient de lueurs fantomatiques la multitude de plats sous laquelle croulait la table. Ils avancèrent parmi les ombres, dépassant sculptures et tableaux, en direction du roi. L’Arme de chair appréciait l’atmosphère sinistre, dans laquelle elle se sentait bien plus à son aise que dans les chambres luxueuses qu’elle avait occupées récemment. Si K’Rhasco comptait l’intimider ou l’impressionner, il en serait pour ses frais. Par ce clair-obscur, il ne faisait que creuser un peu plus sa propre tombe.

            Leurs pas résonnaient sur les lattes de bois du parquet, seul son venant inquiéter le silence qui régnait dans la vaste salle. Au fur et à mesure qu’ils s’approchaient du roi, l’Arme tenta de distinguer les traits de Markvart K’Thraus, dissimulés dans la pénombre. Accoutumée à la nuit, elle remarqua immédiatement le contraste entre la peau presque blanche du garde et ses cheveux noirs, comme si, à l’image de la salle, lui aussi possédait une part d’ombre et de lumière. Elle ne le connaissait que de réputation, mais ce visage inhabituel confirmait son caractère exceptionnel. Elle y lisait une menace implicite.     

Finalement, ils s’arrêtèrent à quelques mètres du roi et le saluèrent. L’Arme sentit les regards de K’Rhasco et de K’Thraus se poser sur elle, et un instant elle crut qu’ils la reconnaîtraient. Elle eut le sentiment que si l’ancien capitaine l’avait vue la première fois, il l’aurait percée à jour. Heureusement, ce n’était pas le cas, et la voix du roi s’éleva.

« Bonsoir, et soyez les bienvenus, belle dame, Jari.

Elle entendit Jari répondre.

-         C’est un honneur, votre majesté. Je vous présente ma cousine, dame Alwyne, qui est de passage dans la capitale, avant de poursuivre son voyage vers le sud.

-         Je suis enchanté de faire sa connaissance. Ma dame, votre beauté est inversement proportionnelle à votre taille !

L’Arme ouvrit la bouche pour lancer une repartie cinglante à cette raillerie gratuite, avant de se rendre compte qu’elle était tout de même mêlée d’un compliment inattendu. Et qu’elle devait garder profil bas jusqu’au moment de l’acte. Elle referma la bouche et tergiversa suffisamment longtemps pour que B’Rauts se sente obligé de venir à son secours.

-         Excusez sa timidité. Je crois pouvoir répondre à sa place qu’elle vous retourne le compliment.

Une répartie à la pauvreté nécessaire. Il ne fallait surtout pas se mettre à dos K’Rhasco d’entrée de jeu, sinon toute son agressivité serait tournée vers eux – et l’effet de surprise serait d’autant moins efficace. Quand elle tourna les yeux vers K’Thraus, elle se rendit compte qu’il la détaillait du regard d’un air méfiant. Elle crut avoir commis une erreur.

            Plus tôt, B’Rauts avait insisté pour qu’elle mît une robe, condition essentielle selon lui pour endormir totalement la suspicion du roi à son égard. Toutes les dames, lors de réceptions, en portaient, et il serait incongru que l’une d’entre elles ne le fasse pas à l’occasion d’un dîner aussi important. L’Arme avait argué qu’elle ne pourrait jamais se battre de cette façon, surtout face à un homme aussi doué que K’Thraus, parce que non seulement elle ne pourrait se déplacer aussi facilement qu’en temps normal, mais en plus elle ne pourrait dissimuler suffisamment d’armes dans ses vêtements. B’Rauts avait cédé, et elle avait pu se vêtir d’un corset – parce qu’il fallait bien se montrer élégante –, d’un pantalon en lin et d’une pèlerine, sans oublier les inévitables bottes en cuir souple et la ceinture en soie. Une tenue bien plus pratique pour se mouvoir, et elle pourrait toujours arguer que venant du nord, où il faisait excessivement froid, elle avait coutume de s’habiller chaudement.

Finalement, K’Thraus ne dit rien, se cantonnant à son rôle silencieux de garde du corps. Mais elle savait qu’il la surveillerait tout autant que les autres convives. Toute à ses pensées, l’Arme n’entendit pas l’échange entre le roi et B’Rauts, et elle fut surprise lorsque le noble lui fit signe de s’installer non loin du roi, lui s’asseyant en face d’elle. La première fois qu’elle était venue, les nobles étaient répartis dans toute la salle, ayant chacun une place réservée à laquelle ils devaient inconditionnellement se tenir. Aujourd’hui, K’Rhasco avait fait en sorte que tous les invités se trouvent proches les uns des autres, en bout de table, comme s’il voulait abolir la tradition précédente. Sans ôter son manteau, elle s’assit, satisfaite de cette situation, et entendit vaguement le roi parler.

-         Nous n’avons plus qu’à attendre Kjeld et Alrick, qui ne sauraient tarder.

Oui, décidément, tout souriait ce soir au projet de B’Rauts. L’atmosphère, la distance réduite entre sa proie et elle, le peu de convives – donc d’intervenants potentiels, tout concourait à améliorer les chances de succès. Ils avaient la bénédiction de la chance…

Du hasard

Elle tressauta à cette pensée et secoua la tête, avant de se rendre compte que tout le monde l’observait. Elle espéra qu’ils avaient pris cette attitude pour un frissonnement de froid. Elle sourit pauvrement, puis entendit le roi demander à un serviteur de rapprocher quelques bougies d’Alwyne. K’Rhasco reprit.

-         Je comprends mieux la raison de ce manteau, et je suppose qu’en vous vêtant d’un corset, qui met admirablement en valeur votre délicate silhouette, vous avez déjà fait preuve d’un certain sacrifice.

L’Arme de chair bredouilla des remerciements, peu accoutumée à recevoir de tels compliments – même hypocrites.

-         Puisque nous avons du temps, parlez-moi de vous, madame. Je dois avouer connaître assez peu le nord du royaume, et je crains en savoir encore moins sur la branche de la famille de Jari à laquelle vous appartenez. »

Elle simula un sourire et s’apprêta à réciter la liste que lui avait fournie B’Rauts la veille.

 

* * *

 

            Lametrouble attendait non loin de l’escalier, tapi dans l’ombre d’une immense statue. Il jouait nonchalamment avec sa pièce, la faisant voler de main en main pour dissiper son ennui. Puis il la figea dans le creux de sa main droite, pensif. Il tenta d’y distinguer des motifs, mais le temps et les intempéries avaient fini par les rendre illisibles. Le temps qui avait coulé, et pendant lequel il n’avait cessé de courir après cette pièce, après la signification qu’elle représentait. Elle était toute sa vie. Elle avait pris le pas sur tout le reste.

‘Tu as lancé la pièce, mon ami. Et qu’aurais-tu fait si elle m’avait condamné ?’ Les paroles de Nathan avaient envahi son esprit. Il essayait de se rassurer en supposant que, s’il n’avait pas oublié qu’il était venu dans ce cachot pour le libérer, il n’aurait pas joué le sort de l’herboriste sur un jet de pièce. Mais comment avait-il pu oublier cela ? Il ne se convainquait pas lui-même. Il avait axé toute sa philosophie sur le hasard, à un point tel qu’il avait fait de celui-ci une entité supérieure, comme s’il avait abandonné sa volonté et ses choix à quelqu’un d’autre. Oui, c’est ce qu’il avait fait.

            Après tout, qui était-il pour décider du bien ou du mal, de ce qu’il fallait faire et ne pas faire ? Tout jugement humain était nécessairement partial, et il avait suffisamment souffert de cette injustice pour refuser de la propager. Tous avaient tort. Il l’avait compris. Et la vie ne recelait rien de plus précieux que la transparence et la probité. Celles-ci se dissimulaient derrière des voiles d’illusion que personne n’était en mesure de percer, et tous les sentiments n’étaient qu’obstacles supplémentaires à sa conquête. Ils ne faisaient que déformer un peu plus le jugement de celui qui en était la victime, et devaient s’effacer devant des intérêts supérieurs. C’est ce qu’il avait cru, et il avait confronté sa philosophie aux plus rudes épreuves que pouvait lui opposer la vie. Il les avait toutes surmontées.

C’est ce qu’il avait cru, et maintenant…

 

            Soudain, il rattacha sa pièce à sa chaîne, la fit glisser dans son cou et posa la main sur la garde de sa dague, attentif. Il entendait le bruit de pas qui s’approchaient, incertains, hésitants. Peut-être étaient-ce les bons, cette fois-ci. Le noble nommé Alrick N’Drof n’était pas sorti de sa chambre depuis plus d’une journée. Fadamar avait appris qu’il était en piteux état, qu’il avait des difficultés à ne serait-ce que parler et se mouvoir, mais également qu’il avait été convié à dîner en compagnie du roi. Une occasion qu’un noble aussi important ne pouvait pas manquer. Des éclats de voix parvinrent aux oreilles de Fadamar.

            Il se ramassa encore un peu plus dans l’ombre. Il n’était pas particulièrement inquiet d’être découvert, puisque qu’il se trouverait dans le dos de ceux qui descendraient l’escalier – et dans l’ombre épaisse que lui procurait la statue. Il ralentit son souffle pour étouffer tout son, et il essaya de déterminer le nombre de personnes qui approchaient. Il y avait la démarche traînante, qui semblait racler le sol à chaque pas, qu’il avait repérée la première. Il y avait aussi le bruit de pas lourds et nonchalants, ceux d’un homme en armure qui se sentirait en sécurité – dans un tel château ? Le fou ! Au moins deux. Puis il remarqua les pas qui se couplaient à la démarche traînante, presque dissimulés par celle-ci. Un peu plus assurés. Enfin, il entendit le cliquetis des armures, et il sut qu’ils étaient trois.

            Bientôt, des ombres dansèrent dans la lumière du couloir, deux ombres distinctes – l’une plus large et irrégulière que l’autre, celle des deux personnes qui marchaient côte à côte. De sa position, Fadamar ne pouvait distinguer les gardes et le devin eux-mêmes, mais devait se contenter, dans son renflement de mur, d’observer les formes qui s’approchaient. Le meurtre serait aisé. Quelques secondes plus tard, elles furent tout à côté.

            Alors il vit les ombres s’arrêter et entendit le devin parler.

« Vous savez, mon décès n’est… qu’une question… de temps.

Le vieil homme ahanait, faisant mille efforts pour parler.

-         Allons, messire, économisez vos forces.

-         Non, je dois… lui dire.

-         Mais oui, vous le lui direz. Mais nous devons d’abord vous conduire.

-         Non, maintenant. A… lui.

Fadamar put presque deviner les gardes hausser les épaules et attendre la suite.

-         J’ai étudié toute ma v-vie… la magie perceptive. Je croyais… Je croyais la connaître par cœur. Toutes… ses propriétés. C’était ma science… à moi. La voie que… que je suivais.

Il toussa. L’assassin vit un glaviot de sang s’écraser sous ses yeux. Ils étaient tout proches.

-         Et je… j’y ai trouvé des… satisfactions. Ma vie était… parfaite, je pensais que… c’était le bon chemin. Et je me suis… trompé.

Sans s’en rendre compte, Fadamar se relâcha et prêta une oreille plus attentive aux propos du devin. Etrangement, ils acquéraient une résonnance particulière à ses oreilles.

-         J’avais choisi la… commodité. La fuite. J-je fuyais la cour, les… difficultés. Je ne causais de… tort à personne, et j’espérais… Mais la magie m’a t-trompé. Et je…

Il respira en sifflant et toussa de nouveau, mais lorsqu’il reprit, sa voix avait retrouvé une vigueur étonnante.

-         Ne commet pas la même erreur que moi. »

Il y eut un long silence, puis le bruit des pas reprit et Fadamar vit surgir les deux gardes, l’un soutenant le devin et l’autre ouvrant la marche. Ce dernier mit le pied sur la première marche de l’escalier, aussi long que raide, et se mit à descendre. Puis ce fut au tour du devin de s’engager, aidé par l’autre garde.

            Fadamar jaillit silencieusement de l’ombre et déséquilibra le devin d’une poussée dans le dos, avant de s’éclipser le plus discrètement possible pendant que des cris de panique et un grand fracas résonnaient dans l’escalier rugueux. Dans son état, il était impossible que le devin survécût à une succession de chocs contre les murs et les marches et, avec un peu de chance, cette chute serait prise pour un accident – le devin était réellement dans un état désastreux. De cette façon, la Lumière de cendres ne se mettrait pas en alerte et Fadamar pourrait en sortir relativement aisément. Il croisa plusieurs serviteurs et gardes, attirés par le bruit, mais s’arrangea pour les esquiver à chaque fois et descendit un autre escalier, moins fréquenté – il avait eu tout le temps nécessaire pour repérer les lieux avant de commettre le meurtre.

            Il s’arrêta deux étages plus bas. Dans une petite pièce obscure, des cadavres de gardes gisaient dans leur sang. Aucun d’entre eux n’avait dégainé. Surpris, Fadamar se pencha sur les corps et examina leur tabard. Il s’agissait bien de gardes du château. Se relevant, il promena son regard autour de lui. Quels qu’aient été ceux qui avaient tué ces hommes, ils n’étaient plus là, et c’était heureux. Il était évident que quelque chose de grave allait se passer dans le château ce soir, mais cela ne le concernait pas.

            Faisant taire sa curiosité, Fadamar se remit à courir vers la sortie.

 

* * *

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