Du haut de la colline, le monde paraissait éveillé. Son et lumière. Les hommes, dans leur infini sagesse, bâtissaient, construisaient, planifiaient. Tout ça pour rien.
« A bien y regarder, mon frère, il y a quelque chose qui cloche.
_Hum…
_Tu ne vois rien ?
_Je vois tout ce qu’il y a à voir. La ville, son aura qui efface les étoiles, les voitures qui filent, rouges et blanches, des hommes qui marchent, qui parlent et qui vivent… »
François lança la canette de bière qu’il venait de finir. Un cours instant s’écoula avant que les deux garçons entendent le bruit du verre éclatant contre la roche en contrebas.
« Je ne vois rien qui cloche…
_Cherche bien !
_Que voudrais-tu que je voie !?
_Imagine une fourmilière, à quoi cela te fait-il penser ?
_A des fourmis ! Pleins de fourmis qui courent sous terre et une reine qui pond !
_Ne fais pas l’idiot…
_Passe moi une autre bière… »
Jonathan fit passer une bière de sa main à celle de François. Du gaz fut expulsé lorsque que celui-ci fit sauter la capsule.
« Tu veux dire que la ville, là en bas, est comme une fourmilière ? Excuse moi, mais c’est un cliché. Les Hommes ne sont pas des fourmis, certes, ils sont laborieux, comme elles, mais tu oublis que l’Homme ne fait pas que ça ! Il pense, et en ceci, il est à des lieux de cette primitive forme de vie ! L’art, l’amour, la raison. Tout cela donne cent fois plus de sens à l’existence que le basique instinct de survie.
_Ce n’est pas là que je veux en venir, enfin, pas tout à fait. Peut importe de quoi est faite l’existence. Qu’est ce qui te prouve que dans l’univers, d’autres êtres ont des « choses » qui donnent infiniment plus de sens à leur vie quotidienne ? Mais ce n’est pas là non plus que je veux en venir. Que voix-tu derrière nous ? »
François jeta un coup d’œil derrière lui, simplement en inclinant le coup.
« C’est la nuit. C’est noir, silencieux, rien ne bouge. C’est calme. Il semble que rien n’y vit. C’est le contraire.
_Ca dépend. Réfléchi. A cet instant présent, c’est effectivement l’exact contraire. Maintenant, essaye de faire abstraction de la notion de présent, pense à la finalité, et regarde mieux ! »
François posa d’abord son regard sur la ville, la fixant d’un regard à demi présent, puis, courbant à nouveau l’échine, observa l’obscurité dans son dos.
« Tu as l’alcool triste ce soir Jonathan ? C’est le jour et la nuit ! Il y a deux finalités ! D’un côté, la lente évolution, quasi immobile de la nature, de l’autre la prospérité, le développement à grande échelle, la conquête.
_Tu n’écoutes pas attentivement !
_Mais cesse donc de parler par énigmes et tes histoires de fourmis !
_Ok, oublions les fourmis… Bon, tu vois ces étoiles.
_Ouaip…
_Sais-tu que la lumière qu’elles émettent met tellement de temps à nous arriver qu’une grande partie de ces astres étaient morts avant que l’humanité ne vienne au monde ?
_Oui, c’est scientifiquement prouvé, mais ça m’empêchera jamais de les trouver belles ! Où veux-tu en venir à la fin !?
_Mais c’est pourtant évidant ! L’étoile, la fourmilière, la ville… Tout est pareil ! Lorsque que la reine des fourmis vient à mourir, elle entraîne son royaume avec elle, et une société florissante devient alors inanimée, silencieuse, vide ! Qu’est ce qui te prouve que les lumières de la ville ne sont pas déjà éteinte alors qu’on les voit briller de mille feux ? L’obscurité derrière nous n’est pas le contraire de l’activité des hommes ! Elle en est le miroir qui nous renvois le but final de toutes choses ! Disparaître ! Tout à une fin ! Un jour, les lumières s’éteindront, les murs seront vides, les voitures à l’arrêt, les Hommes aux abonnés absents ! Et tout sera calme. Comme les jours naissent et vivent, comme les être vivant et leur œuvres, ils finissent par mourir. Tout ça pour rien ! Des briques pour construire le néant ! Quelle ironie ! »
Les deux jeunes hommes regardaient encore la ville. Elle avait changée aux yeux de François, et ressemblait étrangement à la nuit qui se terrait dans son dos. Tout y bougeait encore, les lumières dansaient, les sons vibraient, mais par flash, il voyait tout ça prendre fin. Sans artifice, pas de bombes, pas de maladies. Simplement l’obscurité, et le silence tombant lentement, comme un drap sur le corps d’un défunt. Il but une gorgée puis reprit la parole.
« Si tu crois que je t’ai attendu pour avoir peur de la mort, tu te…
_je ne te parle pas de la mort ! Je…
_C’est la même chose ! A quoi bon la vie si elle n’est que passagère ? C’est ça que tu veux dire ! Je gage que tu n’as même pas tenté de répondre à cette question par une autre réponse qu’un « rien » ! Je te les ai donné les réponses, idiot ! L‘art, l’amour, la raison, que sais-je encore ? Tout ce qui a un début à une fin, mais après toutes fins, il y a un autre début ! Autre chose ! Et ce cycle n’a pas de fin ! Après notre univers, il y en aura un autre, tout comme la reine, avant de mourir, a prit soin de donner naissance à d’autres reines ! Des mondes, par milliard ! Que dis-je ? Une infinité de monde ! La vie sera éternelle, sans spectateur pour la voir peut être, mais nous pour l’imaginer ! Nous pour rêver, nous pour y figurer et l’inventer ! Le potentiel de l’inconnu et de l’inconnaissable est infini Jonathan ! Tu te bases sur ce que tu vois ! Mais tu te trompes dés le premier instant puisque tu ne voix rien, pire, tu vois faut, comme tout le monde ! »
Ils descendirent la colline et rentrèrent chez eux, et la bière continua à se boire, les fourmis à courir et les étoiles restèrent belles.
La morale de cette histoire, c’est que s’il y a bien des choses qui sont légitimes, c’est le rêve, et l’imagination ! Alors, cher lecteur, internaute égaré, entité pensante condamnée à prendre fin un jour où l’autre, rêve avec nous.