Toi qui écoute encore ma voix, toi qui ouïes encore mes paroles tardives, entends alors la triste histoire d’Estel-Melian Ela Windshare
Ma voix portera ainsi les mots à toi et j’espère que tes oreilles délicates daigneront écouter mes lèvres s’ébrouer.
Chapitre premier
Un galop léger s’élevait derrière les haies des tilleuls qui borde les sombres forets de conifère entrecoupé d’arbuste aux milles arômes enivrants, une silhouette se dessine, comme un oiseau qui apparaît peu à peu, une ombre fine se découpe, puis tel le soleil caché derrière un nuage apparaît une elfe rayonnante en osmose avec sa monture. Ses chevilles fines mais leste marquent le rythme de la cadence rapide du coursier ; ses jambes gracieuses accompagnent les flans du cheval à chaque foulée ; ses hanches, ou une ceinture de cuir solide accroche un fourreau dans lequel siège une dague, suivent chaque mouvement du noble étalon alezan à la longue et clair crinière frisant légèrement. Son buste se tient avec rigueur et transporte une subtile lame aux mille éclats, une lame terminée par un manche en or taillé minutieusement, accrochée à son dos elle dort dans son fourreau ; ses épaules légères suivent le mouvement du buste en faisant flotter la cape verte sombre derrière son dos ; Son visage fier et triste, tracé d’une mélancolie alanguie, orné de deux yeux bleus profond, exprime l’inquiétude, le nez que l’on aurait dit presque aquilin vient peaufiner ce visage de princesse, et, en ultime décor, les lèvres exprimant tant de malice et de moquerie figée sur un rictus rieur pousse encore la beauté fragile des traits de cette dame au sublime. Comme pour accentuer l’immense grâce de l’elfe, ses cheveux noirs flottent dans la brise légère.
Ainsi avançait cette magnifique créature nommée Estel-Melian sous le ciel sirupeux du printemps comblé par des nuages d’une blancheur elfique. Elfe galope armée pareillement vers le village d’Astice. Le soleil a déjà commencé sa descente sur l’horizon, il fallait qu’elle soit dans une auberge avant la nuit. Dans le lointain se dessinent des maisonnettes en bois et en pierres grossièrement taillées, elle dévale la dernière pente qui la sépare du village promptement, et l’arc qui pend à la lanière de cuir accrochée à l’encolure du cheval balance encore d’avantage.
Arrivée devant une petite taverne nommée « A la bonne chope », elle arrêtait Aafel son étalon saute à terre vivement, caresse sa monture à l’encolure, et l’attache dans l’écurie à l’arrière ou un écuyer grand aux traits fins attend.
1 pièce pour moi, 1 pièce pour l’avoine et 1 pièce pour la paille…
Elle jeta trois pièces d’or en grommelant, remercia l’écuyer et poussa la porte de l’auberge. « A la bonne chope » était presque vide, 5 hommes seulement buvaient au coin et le barman sommeillait au bar.
Au moment où sa botte gauche claqua dur le plancher de l’auberge, les regards se tournèrent vers elle, quand elle s’assit à la table la plus proche, tous la dévisagèrent. L’auberge sentait une odeur très désagréable, le mélange de poisson et de légume frais d’une ou deux semaines dégageait une pestilence toute particulière. Le barman, petit et chauve, posa sa main sur le comptoir et interpella :
- Hey je vous sers quoi ?
L’elfe le regarda tranquillement et répondit :
- Un hydromel.
Le petit homme chauve eut tôt fait de porter la boisson.
- Ca f’ra un p’tit sesterce ma p’tite dame.
Elle posa la somme demandée sur la table.
A l’instant ou elle commença à boire et qu’elle respirait le fumet de la boisson, retentit dans la taverne :
- Alors, que fait une elfe, armée à pourfendre cieux et mers, si loin de ses terres ?
L’homme qui avait parlé de sa voix virile était assis, il jouait aux cartes avec une bande de brigand.
Son voisin de table rajouta
- Ouais parce que nous on aime pas les elfes, mais si tu fais un effort on appréciera.
Un autre dit encore d’une voix entrecoupée de hoquet :
- Si t’es gentille
Et ils éclatèrent en un rire tonitruant qui fusait dans la salle.
Alors Ela cria d’une voix forte et autoritaire :
- Humains mortels, je suis ici, non pour amusez les tierces personnes que vous êtes, mais pour une chose qui dépasse vos petites tête écervelées.
L’homme qui avait parlé en premier et qui était visiblement le chef rétorqua :
- O elfe pulpeuse et immortel, puisse votre courroux épargner nos vies pitoyables.
Et ils repartirent tous dans un rire affreusement inquiétant.
Elle porta à nouveau la chope à ses lèvres, elle partit dans des songes lointains, repensant à son ami, Lor-Wë Aëlen, à ses terres natales déjà si lointaines, aux arbres et aux fragrances du Loren. Au senteur enivrantes des asters, et des chardons, au saveur parfumée de toute ses choses si lointaine aujourd’hui.
Mais la froideur sèche d’une lame de couteau posée sur sa gorge la secoua aussitôt.
-Alors beauté, on se dérobe, viens donc faire mumuse avec nous, il dit cela d’une voix doucereuse puis il ajouta sèchement :
-Lève-toi !
Ela se leva calmement, recula, se posta derrière sa chaise. A son dos se tenait Rufus, le chef de la bande, sentant le poignard sur le cartilage de son cou, elle fut pri de détresse. Elle posa lentement ses mains sur le dossier de la chaise.
-Voila c’est bien...dit-il encore.
Brusquement, tel un faucon tombe sur sa proie, elle pris la chaise par le dossier et frappa avec violence l’homme. Le premier pied se brisa sur sa joue. Le second lui cassa une côte dans un affreux craquement, Rufus tomba. Le sang qui sortait de sa bouche et de ses narines coula sur le plancher. Le voisin de table de l’assommé se leva et cria :
-La garce, Fango, Tarped, avec moi ; on va lui montrer qui c’est les mâles ici.
Les deux hommes concernés suivirent aussitôt chacun dégainant une dague. Puis l’un deux ajouta :
-Oh non la casse pas trop.
-Ouais, mais faut venger l’honneur du patron...y s’ra fier de nous !
-Lavons cet affront !
-Par le sang elfique !
Ils hurlèrent tout cela en avançant alors qu’Estel-Melian reculait.
-Trois contre une ! ? , dit-elle moqueuse, sereine.
-Beuh t’as bien pris not’ chef au dépourvu mais enfin vas-y toi Croupio, mais garde la chaude...
-Les gars assurez mes arrières j’y vais la matez cette... femme ! ! !
Il cassa le pied d’une table et pris sa ceinture, d’un revers il envoya la ceinture s’enrouler autour des chevilles de l’elfe, claquant et fouettant ses jambes au passage. Puis il empoigna le pied de la table à deux mains et frappa vers la tête de l’elfe, cette dernière esquiva. Ela, habile, dégaina vivement sa longue épée qu’elle portait à son dos, trancha la ceinture enroulée à ses pieds, para le pied de table qui volait vers sa poitrine, roula à terrer, passa derrière Fango et plaça sa lame sur sa gorge, elle dégaina ensuite son poignard et l’appuya contre le ventre rebondi de l’homme apeuré. Croupio était consterné.
L’elfe prit parole :
-Je n’hésiterai pas !
Puis elle recula vers la paroi afin de protéger ses arrières. Elle claironna encore :
-C’est même avec plaisir que je l’étriperai ; lâchez vos armes !
Croupio hésita, son esprit se scindait en deux... devait-il continuer ce duel avec l’elfe et pour cela sacrifier son ami... il s’interrogeait... Son cortex se disputait la vie de Fango. Mais soudain, le brouillard se dissipa en lui :
-C’est bon !
Cria-t-il d’une voix rauque et tout les hommes lâchèrent leurs armes. Elle envoya son captif sur Croupio d’un coup de pied, retourna à sa place, but d’une traite le reste de son hydromel, se rapprocha du bar et s’adressa au barman
- Barman, dit-elle à voix basse, ou puis-je quérir des informations ?
Il se rapprocha, et lui souffla :
-Le village et désert, y’a qu’la bande à Jo et 2-3 vieux, va interroger l’écuyer, il parle peut mais il sait beaucoup...
Elle rangea ses armes, et se dirigea en trombe vers la sortie. Elle entra dans les écuries qui bordent la taverne et trouva l’écuyer en train de parler à son étalon.
Chapitre second
Dans la pénombre, il était tard, elle s’approcha prudemment et l’interpella :
-Ecuyer, toi qui parle au chevaux, parle moi des gens qui passent en ce lieu.
-Mmh, il y en a peu.
Elle s’assit à ses coté.
-Parle, dit-elle encore
-Que veux tu savoir ?
-As-tu vu un elfe, un elfe blond qui chevauche un coursier d’une étincelante blancheur qui se dirigeait vers Sel-Valor ?
Le vent se leva et remua les branches du pin qui poussait au côté de l’écurie.
-Non, décréta-t-il, non... sur le peu d’elfe qui passe, il y e a bien peu qui ne sont blond et encore moins qui ne chevauche guère vers Sel-Valor mais...
-Mais quoi, dit-elle avec force, quoi ? ? ?
L’écuyer regarda l’étalon et son visage luit sous la lune, celui-ci dit nonchalamment :
-Il est beau, c’est un coursier elfique
-Je le sais bien...Mais quoi ? ? ?hurla-t-elle.
-Son crin est bien brossé, il caressa l’encolure de la bête et poursuivit, son chanfrein très recourbé est très séduisant.
Estel dégaina son épée, l’appuya sur le cou de l’écuyer.
-Je n’ai que faire de tes bavardages intempestifs, parle.
L’écuyer restait muet comme une tombe. Elle pressa la lame, alors l’informateur parla :
-Tue moi, elfe cruelle, alors tu perdras l’ami que tu cherche, car tu cherche un ami n’est-ce pas ?
Ela se tut. Il regarda fixement la bourse elfique qui pendait à la ceinture de la cavalière.
-Rapace ! dit elle en lui donnant un sesterce.
-Sel-Valor est...tombée, il y a 5 jours ...
Elle lui tendit une seconde pièce.
-Ton ami, s’il se dirigeait vers Sel-Valor, est mort. Il n’y a aucun survivant.
Elle se leva d’un bond, rangea sa lame elfique et déclara :
-Tu mens ta langue fourche... tu...
-Non, dit-il calmement
Elle monta sur son cheval, regardant l’écuyer dans les yeux et questionna :
-La route pour Sel-Valor la plus direct ?
-Plein ouest, belle elfe intrépide, à 3 jours d’ici, la ville borde une forêt, il ricana et il ajouta, quand tu ne verras que désolation et mort tu y seras. C’est un bon cheval.
Mais elle n’entendit que le début de la phrase car en moins de temps qu’il ne faut pour le dire elle était dans l’horizon. Toute la nuit elle galopa insensée, dans les hululement et sous la lune sinistre. Elle ne freina point l’allure, elle tint bon, elle traversa les plaines froides et les collines desséchée, mais au petit matin, alors que le soleil commençait à montrer sa face, elle s’arrêta essoufflée au bord d’un ruisseau, laissa Aafel se reposer, mangea toute la nourriture qui lui restait, se coucha et s’endormit.
Elle rêva du lointain, de sa rencontre avec Lor-Wë, du jour de son départ, de son chagrin, des chevaux splendides du Loren,...
Elle fut tirée brusquement de son sommeil car elle plongea sa tête dans le ruisseau d’eau clair à coté duquel elle dormait. Ela s’assit, se frotta les yeux, ses yeux de reine bordé de cerne bleuté. Son étalon dormait encore. Le soleil était au zénith, au milieu du ciel tel un bijou décorant le front d’une femme. Elle s’assoupit encore auprès de son cheval et se réveilla à nouveau mais cette fois ce fut Aafel qui vint lui lécher amicalement le visage. Elle se hissa sur la selle, avec à peine la force de porter ses armes, elle le remit au galop et vola sur la verdure infinie et variée des prairies somptueuses qui conduisent au Haut Lieu de Sel-Valor. Elle fit une pause le crépuscule venu et dormi immédiatement, encore une fois elle ne pris pas la peine de retirer ses armes. Elle dormit immédiatement et profondément, proche d’un gros rocher de granit, lardé de feldspath et de schiste. L’elfe se leva à l’aube, elle réveilla sa courageuse monture qui faiblissait visiblement, et repartit à vive allure.
Arrivant au sommet d’une colline, alors que le soleil n’était pas encore au paroxysme de sa courbe, elle vit de la fumée monter en colonne dans le ciel.
-Sel-Valor, murmura-t-elle
Elle ne voyait guère les bâtiments, mais elle se délectait de la fumée, car si il y a fumée il y a vie. Elle accéléra encore l’allure. Quand le soleil luisait en plain centre du ciel, elle fut accueillie à Sel-Valor par un affreux spectacle.
Des ruines de bâtisses brûlées, des cendres, des bibliothèques détruites, les haut donjon renversé, les rempart écroulés, des corps de gardes humains et elfes mais aussi d’enfants et de femmes gisaient partout. La fumée venait du rempart Sud, le seul qui était encore presque intact, mais c’était des gobelins qui en avait pris possession et qui entretenait le feu.
A sa droite une douzaine de corps étaient pendu à des chênes de la forêt, certains arbres avaient été complètement calcinés.
-Par tous les démons qui hantent cette terre c’était donc vrai, chuchota-t-elle.
Elle continua en direction des remparts, le cœur serré. Puis elle eut une vision encore plus affreuse, un tas, un immense monticule de corps d’elfe et de soldats, tous mutilés, tous défigurés, comme torturé soigneusement l’un après l’autre. Au dessus de ce funèbre monticule trônait un pieu avec un écriteau : « ELFES VOUS ETES PREVENUS » Des sueurs froides parcoururent son corps, son esprit se brouilla, elle sentit venir en elle le néant tortueux ; ses yeux n’avaient que trop souffert de ce morbide tableau, son nez ne respirait que des effluves mauvaise de l’affreuse putréfaction des corps jonché, sa langue crispée ne goûtait alors que sans et haine, et ses oreilles entendaient résonner les cris déchirant que les elfes avaient du pousser. Peut-être son ami était là, dans ce tas de guerriers qui n’avait point droit à une sépulture. Elle se laissa glissé de son cheval, elle pleurait beaucoup et fut prise de spasme en sanglotant bruyamment, que d’horreur indicible avait elle vue, Estel-Melian retourna cadavre après cadavre, mort après mort, corps après corps, pour examiner la tête de chacun des elfes que l’ont aurait dit mis dans un sac et piétiné par des hordes de chevaux sauvages. Leurs visages tant brûlés et mutilés qu’elle aurait du mal à reconnaître son ami perdu, leurs expressions ne reflétaient que douleur et terreur. Elle vit un jeune elfe blond mais on aurait dit que quelqu’un aurais tenu sa tête au dessus de flamme ardente pendant des heures. Elle aperçu aussi un beau soldat en armure, mais son visage partait en lambeaux et ses yeux était, comme trempé de torpeur glacée, complètement blanc, sans pupille. Elle vit aussi un bras qui semblait avoir été jeté par dessus les remparts à plusieurs reprises. Devant tant de choses aussi immondes elle remonta sur Aafel.
L’abîme s’installait en son cœur, la lueur de haine dans ses yeux, et dans sa tête une sel idée résonnée, tuer, tuer les assassins de toutes ces vies perdues, tuer ceux qui avaient tuer, tuer ceux qui immolèrent tant des siens. Une larmes coula sur sa joue brûlante, elle scinda la surface pour tracer un torrent sur lequel d’autre larme vinrent pleurer.
L’elfe fixa les gobelins, là-bas, sur le rempart, elle prit son épée talonna son coursier, et hurla au nom de la vengeance.
Les gobelins avaient déjà préparé leur défense, et ils brandissaient des arcs. L’une des petites peaux vertes monta sur une grosse brique qui formait auparavant une partie du mur et cria d’une voix nasillarde :
-Abattez cette elfe.
Les onze gobelins qui siégeaient sur l’enceinte firent feu. Une des flèches atteint la croupe du cheval une autre le grasset. Le pauvre animal s’affala sur le sol lourdement, mais Estel avait sauté déjà et courait, presque aussi vite que son étalon, vers les remparts.
-Elle va prendre les escaliers, paré à tirer ! ! !s’égosilla encore le petit gobelin
L’elfe préféra escalader directement le mur de l’enceinte afin de les surprendre.
-Mais elle devrait déjà être là cette sale elfe !
Ela sauta rapidement sur le sol du rempart, se coucha pour éviter la volée de flèches imprécises qui filait en sa direction. Bondit sur le gobelin chef.
-Je suis là..., dit-elle en le décapitant ainsi que deux de ses congénères. Le sang rouge épais coula sur la poignée de l’épée puis se coagula sur les doigts si fins de l’elfe. Melian sentit alors une douloureuse plaie sur son flan gauche, un des gob’s venait de lui enfoncer un pic dans les côtes. Elle resta un instant à suffoquer puis repartit de plus belle, volant sur les rempart, comme l’oiseau va de proie en proie, le commencement de ses mouvement terminaient la fins des autres, et chaque esquisse de frappe engendrait de la mort d’une peau verte, chaque courbe de sa lame ouvrait la peau rigide d’un gobelin, mais quand ses force virent à lui manquer et que ses ennemis eurent fui, elle dégringola les marches.
Chapitre troisième
Ela fut prise d’une hémoptysie, s’assit sur les marches en se tenant au mur, regarda le pic planté dans son coté, mais comme prise de fatigue imminente, d’asthénie, elle se leva tant bien que mal et sortit des remparts. Elle se dirigea dans cette démarche ataxique vers son cheval, tout défilait dans son cœur, les fleurs, les arbres, les elfes, les étoiles, les gobelins, Lor-wë, ...
Quand elle arriva au côté de Aafel, elle s’écroula et pleura à nouveau, son coursier avait succombé à ses blessures, puis elle sombra dans un sommeil tourmenté de soubresauts.
Le lendemain matin l’infection de sa plaie ne faisait guère plus de doute, le pic avait fait fleurir des marques rouges tout autour de lui et la douleur devint plus aiguë. Elle caressa Aafel, son Aafel une dernière fois, l’embrassa sur le museau, lui caressa le chanfrein, lui tapa l’encolure en sanglotant et partit vers la forêt titubant légèrement.
Elle pénétra dans la forêt. Après une dizaine de pas elle s’arrêta, leva sa senestre et s’écria solennellement :
-Homme des forets, je viens en paix
Et elle s’assit au pied d’un bouleau, prise de fatigue, elle resta là, comme en ataraxie, tel un oiseau se perche sur une branche pour y rester. La forêt se composait principalement de feuillu, orme, bouleau, chêne et un petit nombre de noisetier. Parsemé ci et la il y avait de magnifique mélèze, plus haut et plus vigoureux que les autres arbres. Au loin elle vit le mont de Bronze et le pic d’Aval, les nuages avaient recouvert son sommet, le col d’Achille était complètement enneigé et un vent glacial devait y soufflait.
Elle entendit bientôt :
-O belle elfe, si la paix vous porte, soyez accueillie comme il se doit, mais vos blessures douloureuses ont l’air grave et profondes.
L’homme qui avait pris parole portait un astrakan et une longue cape vert tilleul, il était accompagné de neuf hommes, tous habillés de façon à se mouvoir discrètement parmi les bois et tous dans un piteux état. Il rajouta :
-Nous, hommes des forets, admirons votre race sylvestre, ainsi vous être la bienvenue.
Comme si elle ne prêtait pas attention à ses paroles bienveillantes, elle cria :
-Que c’est- il passé, pourquoi la ville est-elle tombée, qui a fait tant d’horreur ? ? ? ?
-Belle elfe aux yeux de cristal, il faut vous reposer.
-Non, qui a fait cela ?
-Je vous répondrai quand nous vous aurons soigné, répliqua-t-il sèchement.
Estel-Melian soupira longuement
-Je m’appelle Su-tal, je suis le fils du roi Astal ; soldat transportez la en douceur au village.
Les soldats prirent rapidement leur cape et s’en servirent de brancard pour porter l’elfe, et ils commencèrent à avancer dans les bois.
Estel dit alors à Su-tal :
-Pourquoi cette forêt qui regorgeait de vie et de fragrances ne dégage désormais que des odeurs de cendres et de mort...
-Pour la même raison que Sel-Valor est tombée, répondit-il calmement.
Elle passa proche d’un cyprès et ce fut la dernière vision qu’elle eut, elle perdit connaissance immédiatement après.
Quand elle se réveilla, le soleil avait déjà plongé dans l’horizon et commençait à disparaître petit à petit. Elle était couchée sur une paillasse, à même le sol, à coté d’elle se trouvait quelques hommes brûlés, sans sourcils des bandages sur les mains et sur les pieds, la peau craquelée et desséchée. Son pic avait été retiré, et deux femmes s’affairait autour d’elle pour lui panser sa blessure. Les deux femmes étaient vêtues comme des hommes et elles portaient aussi des armes, elles semblaient âgées de bien 40 printemps et leurs visages étaient marqués par les années. Elle se trouvait sous un abri de branchage, sans murs, avec seulement le tronc des arbres comme pilier et des branches comme toit. Autour d’elle elle voyait des soldats qui patrouillaient, armé d’arc, des jeunes garçons et filles qui apprenait lancer le javelot en visant une cible. Des garçons plus âgé et plus fort qui perfectionnaient leur frappe à l’épée, tout semblait être un campement aménagé rapidement.
Elle entendit un bruit de pas sur le sol venant derrière elle, c’était Su-Tal et son escorte qui revenait de leur ronde de garde.
-Comment se remet l’elfe de ses blessures ?
-Bien, mais lentement, elle vient de se réveiller, répondit la femme, en prenant des plantes de sa sacoche et en commençant à les lui appliquer sur la plaie, Ela serrait les dents, la douleur était vive.
-Elfe, Séna et Tina soignent tes plaies, ce sont les deux femmes médecines du village, elles te guériront vite.
Estel desserra les dents, respira longuement et dit doucement :
-Merci pour tout
Elle rajouta ensuite :
-Pourquoi… ? Pourquoi et comment Sel-Valor est tombée… ?
Su-Tal s’assit à ses cotés et lui répondit :
-Je te dirais comment si tu me dis les raisons de ta venue…
-Soit…
-Il y a 8 jour, avant l’aube, le vent se leva et souffla sur la plaine, les drapeau la cité de Sel-Valor cette haute et belle cité, flottèrent dans l’azur du ciel, les motifs or et bleuté des étendards éclataient la haut sur les remparts. Mais le vent qui se levait ne portait que le Mal et l’horreur car avant que le soleil n’ait montré le quart son cercle, au dessus du col d’Achille se dessina, six, six monstrueuses formes d’après les elfes habitués à regarder sur les distances décrétèrent que c’étaient des dragons, mais quand ils se rapprochèrent encore, les elfes se corrigèrent et dirent que c’étaient des chimères, des dragons que l’ont auraient métamorphosés par divines manières. On s’agita alors, nos archers se formèrent pour accueillir les bêtes volantes, les balistes se chargèrent rapidement, les trois seuls canons s’armèrent. Les arquebusiers se cachèrent dans les remparts, prêt à descendre les féroces monstres. Quand ils furent à portée, les balistes et les canons tirèrent en concert dans un vacarme assourdissant. Les traits des balistes se figèrent dans le corps de cinq dragons, mais aucun, aucun ne succomba à ses blessures, comme si un oiseau les avait frôlé ils continuaient à voler insouciant. Les boulets des canons touchèrent un animal au corps de dragon mais à la tête d’aigle, il perdit de l’altitude, puis s’écrasa dans les remparts en faisant s’écrouler le donjon du centre, puis il s’envola à nouveau, et alla s’écraser plus loin dans les collines, la bas. Les arquebusiers et nos archers, lâchèrent leurs projectiles vers les chimères mais les flèches et les balles ne pouvaient rien contre l’épaisse cuirasse qui recouvrait le corps des volatiles. Notre fléau, ces monstres, cognèrent les remparts de leur ventre, crachèrent leurs flammes affreuses contre nos murs, détruirent à coup de queue nos fortifications, dévorèrent nos soldats, et le vacarme et les cris résonnaient jusque dans les plaines éloignée proche d’Astice, dans nos forets tout les animaux prirent peur. La terreur introduit nos cœurs tremblants, et nous nous repliâmes dans la forêt, au plus profond des chemins et des sentiers. Nous voulions survivre, vous comprenez…
Il soupira et reprit :
-Avant midi, les dragons n’étaient déjà plus là, ils avaient continué leur route là-bas vers l’Ulthuan, ou ils se briseront certainement. Mais avant la nuit, les peaux vertes revinrent, nous étions trop faible pour intervenir, ils torturèrent les elfes survivants, et les gobelins s’amusèrent à piétiner et à griffer violemment cadavres. Puis les orques les entassèrent, un chaman qui apparemment connaissait le langage commun afficha ce panneau et ils repartirent, laissant les gobelins sur place. Voilà, voilà comment cette ville est tombée…ce jour là, où j’ai vu ces dragons, je pensais les repousser, l’arc au poing, mais en réalité, c’était notre perte qui volait, la dans le ciel si beau désormais.
Il pleura, s’excusa et se retira.
Ela était bouleversée…des dragons, … Elle appela la femme qui avait pensé ses plaies :
-Y a-t-il des survivants à cet innommable massacre ?
-Sur les dix mille homme qui combattirent, un dixième survit, et sur les survivants, un dixième furent tué par les orques, ces charognards. Et sur le dixième restant qui vint ici pour se faire penser, douze hommes seulement respire l’air libre. Ils sont la, à tes cotés.
Elle se tourna et désigna les hommes endormis proche d’elle. Ela se leva, et examina chacun des visages, mais aucun ne correspondait à son ami.
Elle se rassit sur sa paille, en tint sa tête dans ses mains.
-Tenez mangez-en dit la femme médecine en lui tendant une grande assiette de bouillie d’orge et de légumes ainsi qu’une chope d’eau clair.
-Vous êtes partiellement guérie, elfe, vous pouvez vous lever et rejoindre Su-Tal, dit l’autre soignante.
-Je suis guéri, mais mon cœur ne le sera sûrement jamais…, ajouta-t-elle avec tristesse.
Elle prit ses armes, son arc récupéré sur son cheval avant de le quitter, et raccrocha sa cape, puis se dirigea pressée vers Su-Tal. Ce dernier lui demanda :
-Alors, gente dame, pourquoi donc êtes vous venu ici ?
-Je cherche, mon ami, un elfe, qui s’en alla par ici.
-Je suis désolé…
-Vous m’avez dit que la chimère est allée se tuer là bas dans les collines ? Je veux y aller
-C’est loin et dans ces collines les gobelins sur loup chevauchent jour et nuit. C’est trop dangereux.
-Indiquez-moi le chemin.
-Je ne peux vous laisser partir, seule, blessée, et fatiguée.
-Vous ne m’en empêcheriez pas, que vous le vouliez ou non.
-Bien, je vois que votre volonté et plus grande que la mienne.
Il appela l’un de ses hommes :
-Malufel apporte un cheval pour notre hôte.
Puis se tourna vers l’elfe et lui dit :
-Si nos chemins se croisent un jour, alors vous serez la bienvenue…
Elle le regarda dans les yeux et lui souffla :
-Mon nom est Estel-Melian Windshare
-Le nom de celui-ci est Ménas, dit Malufel en lui tendant les rennes du cheval qu’elle prit en remerciant.
-Adieu homme des forets, Adieu Su-tal fils de Astal, cria-t-elle dignement en inclinant la tête.
Elle tambourina doucement les flans du cheval qui partait aussitôt. Et s’en alla vers les remparts de Sel-Valor. Elle les regarda encore une fois, visionna encore ce dessin sombre et triste, et chuchota à Ménél quelques douces paroles elfiques. Ménas était un étalon comme Aafel, mais il était plus petit, sa robe isabelle était soignée et lustrée, elle brillait sous le soleil de plomb, sa crinière dans laquelle quelques fillettes avaient du s’amuser à faire des tresses, était longue et drue tout comme sa queue. Ses salières très creusées et sa tête fine donnaient une inquiétante impression que le cheval souffrait de la faim. Ses pattes avançaient par petite foulée régulière, et ses yeux brillaient d’une lueur de courage. Sa noble monture avançait à grande vitesse à travers les collines. Les collines s’agrandissaient à mesure qu’ils progressaient, elles étaient de plus en plus délavée et dépourvu de plantes, au loin la foret rétrécissait rapidement, le décor devint plus sec, les montagnes semblaient se mouvoir, la galopade légère du coursier rassurait l’elfe, elle se sentait bien, fusionnant avec les corps du cheval.
Chapitre quatrième
Soudain elle entendit un ricanement presque puerpéral derrière elle et des grognements bestiaux inquiétants. Les gobelins sur loup étaient là, derrière elle à une centaine de pas d’elle, en se retournant, elle vit pour la dernière fois la foret dans laquelle elle fut si amicalement accueillie. Les poursuivants étaient une douzaine, une bonne poignée et ils se rapprochaient extrêmement rapidement, plus ils avançaient plus elle voyait leur rictus cruels qui se dessinait sur leurs traits.
Aussi rapidement que lui permettait son allure elle banda son arc, se concentra, lâcha sa flèche fine et précise qui alla perforer la tête d’un gobelin. Celui-ci tomba de sa monture et fit trébucher un autre loup qui le suivait.
Elle tira une deuxième flèche, mais cette fois dans la gueule d’un loup, qui s’écroula bruyamment. Les gobelins se tenaient désormais juste à un ou deux pieds d’elle, elle tira un dernier trait qui alla se figer dans la gorge d’un gobelin.
Ensuite elle rangea soigneusement son arc et fit faire volt face à son cheval, comme le sanglier se retourne pour tuer les chasseurs qui le suivent. Elle décapita d’un revers de lame un gobelin excité, planta sa dague dans le dos d’un loup qui s’étala sur le sol lourdement, para un lance gobelin qui risqua de lui percer le cœur mais sentit une pointe s’enfoncer dans son bras gauche, une dague rouillée d’un gobelin sournois. Immédiatement elle remit son cheval au galop dans le sens contraire de celui de ses poursuivants. Ces derniers furent si surpris de la manœuvre de l’elfe qu’ils ne réagirent pas tout de suite, ils se remirent à sa poursuite avec une distance un peu plus importante. L’elfe ne pris pas cela comme un répit, elle dégaina son arc et le banda et tua un gobelin. A nouveau elle se retourna brusquement, décapita un gobelin dans sa course en sectionna les deux pattes droites d’un loup qui s’affala douloureusement. Puis elle sauta à terre, passa entre les pattes d’un animal si féroce, l’éventra d’un coup de lame, puis para les morsures des loups géant.
Son cheval avait pris la fuite, il restait deux gobelins et les deux poursuivaient sa monture. Elle banda son arc, la flèche fendit l’air en un sifflement atroce puis alla perforer l’omoplate d’un gobelin, déjà elle avait repris une flèche, elle siffla à nouveau mais n’atteignit que le sol. Elle se mis à courir derrière les deux animaux bien que trop rapide et trop lointain pour elle. Le gobelin touché à l’omoplate tomba, Estel couru en sa direction et l’acheva en lui planta son sabre dans la gorge. Elle continua son parcours, complètement essoufflée, hurlant pour tenter de faire revenir son mustang.
Bientôt elle ne vit que deux points dans l’horizon, deux points qui disparurent aussitôt. Elle qu’elle devrait continuer sa route à pied. Estel-Melian se mit à marcher à vive allure.
Brusquement, une odeur poignante saisit ses narines, un mélange de musc et de pourriture.
La bête était la, à la droite de l’elfe, dégageant dans les collines qui respirait encore la fraîcheur, une odeur fétides. La chimère était étalée, presque déchiquetée par les boulets, et surtout par sa lourde chute. Le monstre était recouvert d’une épaisse couche d’écaille jusque au cou, car celui-ci, ainsi que la tête était recouverte de plume drue. Il avait un énorme bec d’aigle et ses yeux déchiquetaient par les flèches trop précises.
Ela détourna son regard, et repartit préférant ne pas s’attarder dans cette morne ambiance. Elle se remit au pas de course et ne ralenti pas sa cadence jusque à la tombée de la nuit, arrivé ce moment elle s’allongea au pied sur le sol, pris la peine de manger quelque biscuits secs, Elle s’enroula ensuite dans sa cape et se laissa fondre dans ses rêve tourmenté.
Elle fut réveillée par le bruit d’arme qui s’entrechoquaient, le bruit de râle d’agonie guerrière et de hurlement de souffrance, le bruit de la guerre, du feu et du sang.
Elle se leva d’un bond, et courut en direction du vacarme incessant. Elle sentit alors qu’elle était juste derrière une colline, si elle la franchissait, les combats qui se déroulaient seraient découverts. Elle rampa rapidement jusqu’au sommet de la collines. Elle vit une dizaine d’elfes noirs morts. Et un seul, qui chevauchait hautainement et avec dédain un sang froid furieux.
Sa lame était rouge de sang.
Ela sauta en silence, et dégringola la pente en hurlant un cri perçant, elle tourna son épée au dessus de sa tête et aussi vive que jamais, frappa contre le cou découvert de l’elfe. Mais au lieu de sentir la chair puis les os craquer sous la lame, elle eut l’impression d’avoir frapper une pierre, une secousse parcourut son bras, et elle tomba sur le sol. Le Druchii tourna la tête, regarda tranquillement en sa direction, empoigna fermement son épée dans sa main droite et s’apprêta à frapper Ela. Son visage blafard ne reflétait aucun sentiment autre que la haine, la vengeance et l’horreur. Ses yeux brillait, sinistre, et la dévisageait. Son nez formait un petit pli qui n’exprimait que du mépris. Ce n’était pas un Druchii comme les autres, ce devait être un elfe plus perfide encore que ceux de sa race qui avait décidé de tous les assassiner. Elle le regarda droit dans les yeux et lui déclara en articulant, plus malicieuse que jamais :
- Druchii, tu n’oserais pas frapper une elfe depuis ta monture alors qu’elle est à terre.
Il partit dans un rire guttural qui déchira le silence qui régnait. Et il ajouta :
- A tes vêtements j’aurais pu croire que tu était une Druchii solitaire, mais ta parole me fait rire, quel age as-tu, jeune et intrépide guerrière...
Il marqua un temps de silence puis dit encore avec un large sourire :
- De Loren
- 198 ans...
Lui répondit-elle essoufflée.
Il la regarda encore et repartit, amusé :
- Je peux alors comprendre ton ignorance jeune elfe, un Druchii n’épargne ni les femmes veuves soumises qui les supplient avec un enfant dans les bras, ta tête aurait déjà roulé sur le sol...
Il marqua encore un temps de pause.
- Si...j’étais Druchii d’âme
A ses paroles, Ela l’observa longtemps et lui cria :
- Tu chevauches un sang froid, tu es si perfide que tu tues les tiens, tu vas me tuer, tes traits n’émanent que d’horreur passée...Mais tu n’es pas un Druchii ? ? Pff, je suis jeune mais pas si naïve et comment voulez vous me décapiter alors que vous n’êtes pas capable de me toucher.
- Je suis Asur de naissance et de cœur. Mais j’ai été élevé comme un Druchii Je hais ce peuple autant que tu le hais... Je le hais. Mais nous n’avons pas de temps à perdre, si tu es aussi habile que tu le dis, monte en croupe, ces elfes noirs ne sont pas la par hasard.
Il désigna le Sud de sa main, là bas s’élevait une petite colonne de fumée.
- Une bataille ?
- Oui, allons tuer ces elfes damnés !
Il dit cette dernière phrase avec un sourire presque torturé...
D’un signe de menton, il indiqua à Ela de monter en croupe. Celle ci, malgré la répugnante bête n’hésita pas, elle sauta et se tint à l’elfe rebelle.
Ils partirent rapidement, le galop de la lourde monture était plus qu’inconfortable pour Ela qui ne montait guère que des coursiers, et les grognements qu’il poussait ne donnait pas envie de s’approchait trop de sa gueule béante. Ils chevauchèrent ainsi vers le Sud, voyant les montagnes défiler à leur gauche.
- Vous ne m’avez pas dit votre nom
Souffla Ela à l’oreille de l’elfe noir
- Vous ne l’avez pas dit non plus.
- Je suis Estel-Melian...
- Alcimir... mon nom est Alcimir
Il ajouta ensuite brusquement :
- Nous approchons, je crois qu’il vaut mieux que vous descendiez afin mieux vous mouvoir.
Elle entendit d’affreux cri, bien pire que dans la matinée. Ses oreilles n’ouïssait que violence et hurlement. Elle gravit une petite colline et devant elle se déroula une immense plaine, dans laquelle des Elfes noirs se battait furieusement contre des Nains et des Hauts Elfes. Au loin un régiment de furie s’éloignait en laissant derrière lui une traînée de poussière.
Les combats avaient déjà commencé depuis longtemps. Les troupes s’affrontaient violemment dans un duel prolongé. Mais la tuerie touchait probablement à sa fin... Le nombre de soldats, dans les deux camps, diminuait très rapidement.
La pente herbeuse qui s’étendait devant elle n’était pas souillée par les combats, en face se découvrait une falaise de marbre laiteux et le reflet du soleil lui donnait une apparence mouillée. Dans la vallée passait d’écho en écho porté par le vent les cris des mourants qui souffraient et qui ne se relèverait plus.
Le tumulte agressait les oreilles de l’elfe...
- Bonne chance !
Lui cria Alcimir avant de partir sur son sang froid
Chapitre cinquième
Il n’y avait pas de temps à perdre, elle banda son arc, dévala la pente d’herbe fraîche, décocha la flèche qui partit se planter net dans la gorge d’un Druchii. Puis lâcha son arc, dégaina son épée en hurlant à plein poumon.
Les elfes noirs virent la guerrière, abaissèrent leur lance en sa direction, alors que le premier rang tentait de contenir l’ardeur d’une horde de Nains surexcités. Arrivée à quelque pas de la pointe des lances elle sauta, la tête en avant, écarta deux lance de l’épée, entendit se déchirer son pantalon au niveau de la cuisse par une lame de lance, puis hurla de douleur en la sentant pénétrer dans sa cuisse, elle atterri au milieu des soldats, tournoya son épée au dessus de sa tête, tua deux elfe, frissonna à la froideur d’une lame qui s’engagea dans son épaule, puis immédiatement après, dans sa hanches. Elle se s’accroupit, et entra dans une danse rapide, fauchant les jambes mal protégées des guerriers, dans des craquements de rotules, de tibia suivit de cris de douleur. Elle entrait dans une transe terrible mais elle en fut tirée très vite, une main forte l’empoigna du bras et la tira violemment hors du centre des guerriers, c’était un nain d’apparence très robuste, une barbe très longue et clair, un visage potelé au teint rougeâtre, marqué par les blessures et les coups.
- Tarki il faut la calmer, sinon elle va mourir dans peu de temps...
Cria le nain à l’un de ses compatriotes, il avait raison, le sang qui coulait de l’épaule d’Ela tachait vilainement son corset et sa cape, et celui de sa hanche dégoulinait sur sa cuisse gauche, l’autre cuisse aussi était mouillée de sang mais à cause de sa première blessure. Le visage d’Ela avait pâlit, des larmes de douleur coulait sur ses joues, ses mains tremblait, mais empoignait plus que jamais ses armes. Tarki s’empara d’elle, s’éloigna du lieu des combats, l’allongea et lui dit avec le plus de douceur possible :
- Reste là gentille elfe... Je vais combattre après on ira chercher un soigneur...
Il s’éloigna et repartit dans les violents affrontements. Mais ses paroles furent vaines, malgré toute l’éloquence qu’il avait tenté d’y mettre, quelques secondes après Ela était sur ses pieds et courrait vers les résistants. Quelques instants après elle entendit un cri de guerre, Alcimir chargeait en hurlant Khaela, terrorisé les Elfes qui s’opposait au nain fuirent... Le nain qui avait ordonnait à Tarki d’aller sauver Ela cria :
- Allez aider les oreilles pointues là-bas.
Le nain chercha alors des yeux l’elfe qu’il avait tiré de la mort, mais ne la vis point, il couru alors combattre avec ses guerriers, et retrouva sa protégée en train de décapiter un de ses pires ennemis. Le nain commençait sérieusement à s’inquiéter pour la folle furieuse qui immolait et annihilait presque les hordes de Druchii.
Il courut difficilement jusqu’a elle, dans sa lourde et solide armure recouverte de rune
- Puisse qu’elle ne veut cesser les combats... A la grande chope la bonne bière...
Il prit délicatement Ela par la taille, comme on cueille une fleur de muguet qui persiste en automne, la posa aussi doucement que se pose un pétale de rose après une brise légère, il la repris dans ses bras, et la posa sur le sol. Il fit cela avec quelque peu de difficulté car l’elfe avait failli lui arracher la barbe. Une fois à terre Estel se releva et le regarda dans les yeux d’un air de défi. Le nain la dévisagea à son tour... Elle brandit bien haut l’épée qu’elle tenait toujours fermement, cria, nul ne sait si c’était un cri de douleur ou de rage et comment elle eut la force de courir jusque au combat, mais elle le fit.
Le nain comprt alors que la volonté de l’oreille pointue était plus grande que la sienne. Il dégaina sa hache dont la grandeur dépassait le nain, il la souleva vers le ciel en hurlant d’une voix rauque, puis couru aussi bien qu’il le put vers la fusion des combats, vers les cris et vers la peur, il couru aussi vite qu’il le put, malgré la tumulte effrayante.
Quand sa hache fendit en deux la tête d’un elfe noir et le buste d’un autre, et que sa main protégée d’un gant de fer cassa les vertèbres d’un elfe qui portait une immense bannière, les rangs elfe noirs furent secoué de terreur. Ne se suffisant pas de cela, le nain attrapa deux druchii par les cheveux, et les cogna violemment sur son armure, faisant craquer leur crâne et les tuant sur le coup, puis les renvoyant dans les rangs ennemis, complètement pantelant et inertes.
Il ne put continuer à massacrer ces derniers car ils fuirent devant tant de rage et de puissance. Les rangs se dispersèrent, les armes tombèrent sur le sol, les dos se tournèrent prompt à la fuite, les têtes ne regardaient plus où frapper, mais plutôt où courir. Les nains qui se battaient coururent aussitôt derrière les lâches pour les disperser et pour abattre les derniers, seul le plus fort d’entre eux resta debout digne. Il dégaina avec une rapidité extrême deux petites haches accrochées à ses épaules, la première hache alla directement se planter dans le dos d’un fuyard. Ce dernier tomba à genoux, crachant du sang sur ses habits noirs de jais, puis se fit tuer par Torki qui lui ouvrit le crâne d’un coup de poing. La deuxième hache qui tournait très rapidement trancha d’abords le poignet d’un Druchii en le brisant demi lunaire, puis alla fendre violemment la hanche de ce même elfe.
Le nain responsable de ce massacre, Barhil, s’empara alors d’une arbalète apparemment déjà chargée, il visa un Elfe noirs malheureusement bien loin déjà. Le carreau, comme guidé par des vents magiques, se planta immédiatement dans la nuque découverte de celui-ci qui mourut immédiatement. Barhil hurla ensuite à ses hommes :
- Aaaaaaaarqueeeebuuuuuse
Chaque nain entendant cela décrocha de son dos une arquebuse, la remplit de poudre, en se mit en position de tir.
- FEUUUUUUU
Cria encore le seigneur nain.
Les tirs résonnèrent dans la plaine, tuant jusqu’au dernier Druchii qui fuyait. Il n’y avait plus qu’une trentaine de résistant qui tenait tête au double d’Asur. Ela était déjà au cœur de ce combat rempli de haine, Barhil indiqua à ses guerriers d’aller aider les Hauts Elfes. Malgré la charge qui aurait put mettre en fuite n’importe quel elfe, les Druchii ne cédèrent pas, ils combattait encore plus violemment qu’avant, immolant plusieurs Asur et plusieurs nains, ils ne semblaient pas se rendre compte que le combat était perdu d’avance, ils se battaient inlassablement, comme si la fougue de Khaine s’était emparé de leur esprit, mais bientôt il ne resta que une poignée de Druchii qui soit encore dans la possibilité de se mouvoir. Barhil cria :
- Rendez vous, vous êtes perdu ! !
Mais immédiatement après, un Druchii lui ouvrit le ventre d’un revers de lame, ce Druchii, paix ait son âme, car en blessant un nain aussi déterminé que celui ci, il venait d’entamer la résistance des siens car le nain immédiatement le tua d’un coup de casque en faisant éclater sa tête.
Ela et Barhil, animés de la même ardeur grandissante, tuèrent à eux seuls les survivants.
Ela était au seuil de « l’île » de la mort, dans l’embrun de la « presqu’île » qu’est celle de la douleur et du comas. Elle tomba et sombra dans la noirceur de la mort et du chaos, elle s’évanouit.
Son esprit flotte dans les vagues de l’océan brumeux des morts. Son âme se balade aux confins dans le ciel tourmenté de la vie finissante.
Chapitre sixième
Le doux son de la harpe retentit aux oreilles attendries de la dormeuse aux airs lassé d’alanguissement infini. Les notes rapides se chevauchent, les sons subtils s’enlacent enrobés des gammes aux veloutés du miel et aux enchantements elfiques.
Les paupières fermées, les pupilles baignant dans l’opaque, les poings sérés, les muscles tendus, tout s’ouvraient à cette musique doucereuse.
L’elfe qui jouait de la harpe était de grande taille et ses doigts fins dansaient sur les cordes fines de l’instrument. Estel ouvrit les yeux et l’aperçu, là à son chevet, propageant sa douce mélopée dans toute la pièce. Quand ce dernier vit qu’elle ouvrit les yeux il se leva, posa avec délicatesse l’instrument et se retira rapidement.
Quelque seconde plus tard, il était de retour, mais cette fois ci un nain, Barhil, et un elfe l’accompagnait. Le nain s’écria
- Rakordiou de rakordiou, par mes ancêtres, j’ai jamais vu une elfe aussi folle, fallait la voir sur le champs de bataille, ça relevait plus de la folie que du courage, ça oui par ma barbe !
Le nain se caressa la barbe et dit en se tournant vers les deux elfes qui le suivaient, presque à voix basse :
- Elle va s’en sortir...n’est-ce pas.
L’elfe le plus grand et dont le visage était le plus marqué par les âges et les années répondit :
- Je ne sais pas... Nul ici présent ne le sait.
Le joueur de harpe pris alors parole :
- Elle s’en sortira, père, elle s’en sortira ! ! !
- Puisse les dieux t’entendre.
- Ils m’ont déjà entendu, père...
Le nain reprit à son tour :
- Tout cas, Rakordiou de Rakordiou, elle vit...
- Mais cela durera-t-il ?
- Je n’en doute guère !
Estel-Melian dévisagea le nain de ses yeux ternes pendant longtemps, celui ci gêné quelque peu par l’elfe qui le fixait sans vergogne préféra se retirer discrètement, plaidant à l’appel de la bière. Barhil était un nain de taille moyenne, large d’épaule, très costaud, avec un léger embonpoint et une petite bedaine dépassant au dessus de sa ceinture. Son nez presque toujours rouge était l’une des seules parties du visage bien visible. Sa bouche était complètement dissimulée par une barbe épaisse qu’il tressait et attachait et qui pendait presque jusqu’à ses genoux. Ses yeux étaient cachés sous une haies drues de sourcils laissant a peine voir leur couleur brune. Il avait vu bien des guerres, bien des combats, Barhil fils de Thono était le Seigneur de la citée Karak-Barh, l’une des seules citées naines qui est hospitalière aux humains bien sûr, mais aussi à bien des elfes... Mais les rancunes mémorables gardées au fond de son cœur restent gravées comme dans la pierre, et il ne manque pas de faire rejaillir le sujet.
Barhil quitta donc la pièce, descendit les escaliers, empli de condescendance, pour aller vers le bar et payer la tournée.