Le royaume d’Elarion était un petit bourg tranquille perché sur le flanc d’une montagne et entouré de la forêt maudite.
Bénie par les dieux, cette forêt entourait la quasi-totalité du royaume. Vue tout d’abord comme une fatalité empêchant le royaume de prospérer, elle fut lors des grandes guerres, considérée comme une bénédiction car personne ne pouvait s’aventurer dans cette forêt avec des intentions belliqueuses. Cela ne laissait aux assaillants qu’une seule et unique route par laquelle passer et permettait au royaume de ne jamais être prit. Ainsi le royaume d’Elarion prospérait, son jeune mais ambitieux roi Elarion kajin’ à sa tête.
Elarion était très jeune, mais il avait acquis son nom et sa richesse grâce à ses prouesses dans la chasse aux dragons. Certes considérées comme des créatures des dieux, les dragons n’en étaient pas moins perçus comme une nuisance. Leur régime alimentaire principalement composé de viande les mettaient en concurrence avec les humains peuplant la planète. Chaque jour, leur nombre se réduisaient tout comme leur territoire et ils finissaient, poussés par la faim à manger des humains. C’est sûrement cela qui poussa alors les gens fortunés à se cacher derrière Elarion en payant ses services afin que sur lui seul retombe la malédiction promise lors de la destruction d’un être béni.
Elarion se riait des croyances et ne voyait alors que par le pouvoir que lui apportaient son courage et sa dextérité. Il avait fondé son propre royaume où tout homme et femme désireux d’augmenter son niveau de vie pouvait venir vivre à condition de ne pas craindre une quelconque malédiction. Ainsi, sans qu’il s’en rendit compte, Elarion avait peuplé son royaume de gens irrespectueux et vaniteux.
Il épousa une première femme à un jeune âge. Et bien que celle-ci fût belle et noble, elle ne lui donna pas d’enfant. Il finit par en choisir une seconde qui lui réserva le même sort. Puis une troisième. Il décida donc d’épouser une femme ayant fait preuve de sa fertilité en épousant une mère. Mais là encore, une fois épousée par Elarion la femme fit plusieurs fausses couches avant de ne plus tomber enceinte.
Elarion commençait à sentir le poids d’une quelconque malédiction et redoubla pourtant dans la chasse aux dragons comme pour conjurer la fatalité. Il refusait de s’avouer vaincu.
Lors d’une chasse mouvementé, Elarion dut faire halte dans une forêt à la tombé de la nuit. La dragonne l’avait conduit si loin de tout royaume qu’il fut contraint de passer la nuit à la belle étoile.
Les deux gardes qui l’accompagnaient étaient terrorisés par cette forêt qui leur rappelait la forêt maudite. Elarion lui-même n’était guère plus rassuré. L’endroit était sombre, ses arbres décharnés semblaient morts et vivants tout à la fois, épiant les gestes des intrus qui y logeait pour la nuit. Le plus inquiétant au sens d’Elarion, fut le manque de bruit total qui occupait cette forêt, laissant là une atmosphère lourde et angoissante. Ils ne purent allumer de feu, le bois refusant de prendre et les couvertures n’arrivaient pas à calmer la froideur du vent, imperceptible pourtant, qui soufflait sur eux les glaçant jusqu’aux os. C’est alors que dans cette nuit noire sans lune dans ce pays désolé, une torche apparue se dirigeant vers eux.
Les deux gardes terrorisés de cette apparition qu’ils prirent pour un démon partirent en courant, pris de panique. Elarion resta là, cloué au sol fixant la lumière.
Une femme d’une beauté sans pareil surgit derrière cette lampe, regardant dans la direction des fuyards.
« Ils courent vers leur fin. »
Elarion ne s’en souciait déjà plus. Les couards n’avaient rien à faire au sein de son armée et pour lui cette femme seule comptait désormais. Elle avait la peau blanche comme le lait et semblait douce comme la peau d’un nourrisson. Ses longs cheveux noirs de geai renvoyaient comme des reflets mauves et faisait ressortir ses yeux jaunes ocre. Son visage était celui d’un ange descendu des cieux et sa ample tunique beige ne suffisait pas à cacher les somptueuses formes qu’Elarion devinait aux mouvement de la tunique. Elle lui tendit la main l’intimant de la suivre et sans plus réfléchir il le fit.
Sa demeure était plus que pittoresque quoique agréable. Il s’y abandonna trois jours durant, aidant la demoiselle à cultiver son potager, à rentrer ses poules, et s’adonnant à des plaisirs charnels comme il lui semblait n’en avoir jamais connu.
Mais rappelé par le poids de ses responsabilité il ne pu se résoudre à l’abandonner ainsi dans la forêt.
- cher Maeve. Je possède un royaume qui m’appelle et que je me dois de retrouver. Mais ne pouvant accepter de te perdre je te demande de m’y accompagner pour y devenir ma femme. Je ne te cache pas que j’en ai déjà quatre mais elles ne peuvent me donner d’enfants et je ne les aime pas. Toi en revanche… accompagnes moi.
Elle lui résista légèrement attendant des mots d’amour puis lui déclara sa joie à le suivre.
Le lendemain ils étaient sur la route et le soir, arrivèrent à la forêt maudite.
Maeve hésita à y entrer. Elarion la rassura, cette forêt n’était dangereuse que pour les gens aux intentions mauvaises. Elle fit une moue boudeuse et pressa son cheval qui refusait d’avancer. Plus ils avançaient dans la forêt plus Maeve respirait mal. Puis son cheval se cabra et mourut instantanément. Bouleversé par cet étrange phénomène Elarion, plein d’amour et d’effroi tout à la fois, fit monter Maeve sur sa selle et pressa le pas afin d’aider sa compagne à respirer en sortant de cette maudite forêt. Peut avant d’arriver au bourg, il croisèrent une étrange femme. Rousse et belle aux formes généreuses et attirantes son regard plus que tout autre leur dit à quelle race elle appartenait. Une succube ! Ses yeux de félins roses, ses oreilles de chat sur sa tête, son déhanché significatif et sa queue de scorpion ne laissaient pas place au doute. D’ordinaire il aurait chassé puis tué la vile créature mais elle entrait dans la forêt maudite, celle-ci se chargerait sûrement d’elle. Et l’air de pitié qu’il lu dans les yeux de la succube ne pu pas le contraindre à ce qu’il jugeait comme du bon sens. Il fit abstraction de la créature et ne songea plus qu’à l’état de santé de Maeve. Enfin sorti de la forêt celle-ci sembla retrouver sa vigueur mais lorsqu’elle tenta de remercier Elarion, ils remarquèrent qu’elle avait perdu sa voix. Après avoir présenter Maeve à son peuple et à ses autres femmes, Elarion fit appeler ses médecins afin de tabler sur son cas. Et trois jour plus tard n’ayant aucun résultat ni même un début de piste quant à l’origine de ce mal dont elle souffrait, il déclara la forêt comme maudite et ordonna que plus personne n’y entra. Ainsi il prit Maeve pour femme au grand dam de ses autres femmes et de ses ministres et conseiller, ainsi que des hommes saints. Tous jugeaient Maeve comme une sorcière que la forêt avait punie. Elle avait probablement envoûté Elarion pour qu’il en tombe ainsi amoureux, lui, homme sans cœur que seul la richesse intéressait ! Il ne pouvait en être autrement. Maeve gardait toujours la tête haute fasse à ses accusations et Elarion ne l’en admirait que plus encore. Avec le temps les médisants ne protestèrent plus, voyant que leurs propos faisaient l’effet contraire de ce qu’ils souhaitaient et finirent par rabattre leurs fourberies sur la succube qui logeait dans la forêt.
Elle avait visiblement survécue et s’y était installée. Comme toute succube elle charmait les hommes saints afin de les détourner du chemin de la pieuse té mais la disparition de ceux-ci les uns après les autres la rendait coupable et démoniaque aux yeux des habitants qui ne cessaient de s’en plaindre.
Elarion lui, était tout amour et n’avait que faire de ces histoires. Mais au bout de trois années d’idylle, il dut bien reconnaître que Maeve non plus ne lui donnait pas d’enfant. Et pas d’enfant signifiait pas d’héritier à son royaume battit selon lui à la sueur de son front. Il se voyait vieillir, Maeve était colérique et changeante, rageant contre elle-même de ne pouvoir tomber enceinte. Chaque jour elle lui disait qu’elle s’en savait capable et il la consolait comme il le pouvait la croyant en proie à la folie. Mais plus elle rageait de ne pas pouvoir lui prouver ses dires plus Elarion se sentait à bout de nerf.
L’ambiance entière du royaume devint morose et querelleuse. Des intrigues se mettaient en place complétant la colère d’Elarion. Ainsi quand un de ses ministres eu l’audace de lui rappeler qu’il n’avait toujours pas de fils, il ragea, tempêta, fit chasser ce ministre de son royaume et parti rageusement en direction des écuries. Il y prit son cheval sans prendre le temps de le seller, tout juste le temps de lui mettre un filet et parti à brides abattues de ce château maudit. Il fonça droit sur la forêt maudite qu’il considérait comme la source de ses malheurs. Peut être même qu’il tuerait la succube ! Oui ! Tout cela ne pouvait être que de son fait ! Il avait permis au démon de s’installer sur ses terres il en payait le prix ! Maeve était sûrement de bonne fois et victime de la malédiction de la succube ! Il ne pouvait en être autrement !
Mais son cheval refusa d’entrer dans la forêt. Il se cabra à sa frontière, mettant Elarion à bas de sa monture et s’enfuit au grand galop, retrouvant le chemin de ses écuries.
Indifférent à son peuple qui le regardait de travers Elarion hurla des propos diffamatoires et insultant envers la forêt et les dieux et entra complètement hors de lui et toute raison l’ayant abandonné, dans la forêt maudite.
Comme toute personne entrant dans cette forêt dont l’intention est de faire du mal, il se perdit irrémédiablement dans cet enchevêtrement d’arbres, de feuilles et de branches, de chemins sans fin ou sans but. Arrivé à une clairière il s’assit sur un rochet, mit son visage dans ses mains comme pour pleurer et releva la tête haut vers le ciel en un mouvement brusque pour hurler son désespoir.
Quand son cri fut achevé, un cri le fit sursauter en retour et toute colère l’abandonna laissant place à la surprise et à l’incompréhension. Suivant ce petit cri, ces pleurs autant qu’il put en juger, il découvrit là, derrière le rocher sur lequel il s’était assit, un nourrisson, savamment emmailloté, qui pleurait à gorge déployée. Sûrement que le cri d’Elarion avait réveillé le bambin en sursaut provoquant sa frénésie. Il s’approcha de l’enfant, gauche et maladroit, l’attrapa dans ses bras et l’inspecta. Ses yeux d’un rouge sang lui intimèrent un mouvement de recul et la pensée de détruire cet autre démon lui vint naturellement. Mais détruire un enfant est autre chose que de détruire un dragon…face au regard doux du petit qui c’était arrêté de pleurer dès qu’il fut dans les bras d’Elarion, celui-ci s’attendri et repoussa l’échéance se prétextant à lui-même qu’il ne l’avait pas rencontré par hasard. Cette unique pensée le dirigea à regarder de quel sexe était l’enfant et à sa grande surprise c’était un garçon. Fou de désespoir une minute auparavant, Elarion se retrouvait balancé entre la décision de tuer cet enfant aux yeux anormaux et la conviction qu’il n’avait pas été mis un petit garçon par hasard sur la route de ce roi sans héritier qu’il était. Et plus il y pensait plus il s’en persuadait. Jusqu’à ce qu’il en oublie les yeux rouge de l’enfant et considéra ce dernier comme un présent des dieux.
Oubliant la malédiction dont il se croyait auparavant la cible, oubliant l’affront qu’il avait fait aux dieux en tuant des dragons et les injures qu’il avait proféré à leur encontre, oubliant la succube et la stérilité de ses femmes, Elarion parti, son cœur battant de joie, persuadé d’avoir entre les mains la réponse à ses problèmes : un enfant bénit.
Sa joie retrouvée et toute animosité disparue de son âme, Elarion retrouva sans même y penser le chemin de son château. Il ne prit pas garde non plus des étranges regards que les gens posaient sur lui et le paquet qu’il tenait et regardait admiratif.
Il emmena le jeune enfant droit chez une sage femme qui, apeuré par le regard perçant du bambin, dut être menacé par Elarion pour reprendre ses esprits.
- Roi Elarion, le jeune enfant que tu tiens n’est pas âgé de plus de 6 lunes. Il a encore besoin de lait et de l’amour d’une mère. Mais je doute que tu trouves dans ton royaume et même au sein de tes femmes une bonne âme qui acceptera de nourrir le fils d’un dragon.
Il transperça la vieille du regard et celle-ci lui rendit sûre de ses dires. Il lui ordonna que tout cela devait rester secret, sorti de la tente la prenant pour folle et oublia bien vite ses propos. Le jeune Tiamat était son fils, il était bénit des dieux et il lui avait été remit en cadeau pour répondre à son problème. Plus tard il chercherait la source du dit problème, mais aujourd’hui il devait trouver une nourrice à son fils !
Comme l’avait prédit la vieille, aucune femme n’accepta de partager le lait de son enfant avec cet enfant aux yeux rouges. Aucune de ses femmes n’accepta de nourrir cette immonde créature par peur qu’il ne finisse par les dévorer. Aucune sauf Maeve. Et de son sourire en coin et de son regard froid, elle prit l’enfant, le cajola sous le regard dédaigneux et presque ravi des autres femmes, puis sous le regard charmé d’Elarion. Elle partie tout de go chercher de quoi le nourrir, échappant ainsi aux regards des uns et des autres.
Elarion n’était que plus proche de Maeve depuis ce jour, mais plus que suivre Maeve il suivait son fils et l’évolution de son fils. Maeve en nourrissait secrètement une amère jalousie. Elle avait prit l’enfant dans le but de montrer à Elarion qu’elle était digne d’être sa femme, pas dans celui de se forger un concurrent dans l’amour et le cœur de son roi. Elle ne laissa rien remarquer cependant, laissant Elarion à ses illusions, mais hors du regard de son roi, elle força une jeune servante à s’occuper du bambin. Il grandit vite et 5 étés passèrent dans la joie et le calme, l’amour du père pour son fils se développant un peu plus chaque jour, la jalousie de Maeve se nourrissant aussi. Elarion avait renvoyé ses autres femmes en les mariant à d’autres nobles hors de son royaume. Elles avaient toutes eu la joie de devenir mère alors. Maeve rageait de plus belle. Elle s’enfermait de plus en plus souvent dans sa chambre et ne laissait plus personne y entrer. Elle allait elle-même dans la chambre du roi afin qu’il ne lui prenne pas l’envie de la retrouver dans la sienne. Mais Elarion, ses ministres ou son peuple ne s’en rendait pas vraiment compte, l’ambiance était à la fête de l’été, tout le monde avait rapidement oublié les yeux rouge de Tiamat, ne voyant plus en lui que leur futur roi et celui-ci était aussi doux et respectueux qu’un envoyé des dieux. Tous finirent par se dire que le roi avait peut être et même sûrement raison, tous sauf Maeve et la vieille femme.
Un soir de pleine lune, Maeve rejoignit son roi dans sa chambre. Rien d’anormal à cela sinon que la lune qui normalement ne donne pas sur la chambre du roi semblait s’être déplacée afin de les regarder et qu’un halo bleu entourait sa face visible et grise. Elarion, tout à sa compagne, ne s’en rendit pas compte. Seule Maeve et une créature tapit dans la forêt savaient.
Suite à cette nuit Maeve se porta malade 4 semaines de suite. Inquiet pour la santé de son épouse, Elarion rageait qu’elle ne le laissa jamais entrer dans sa chambre. Et comme elle ne parlait pas, coincé derrière cette porte il ne savait qu’elle était en vie que parce qu’elle mangeait ce que lui apportait les servantes.
Au terme de ces 4 semaines, Maeve sorti tout sourire courant vers son roi et annonça fièrement qu’elle était enceinte. Elarion la félicita mais n’y croyait pas. Maeve sentant le malaise retourna dans sa chambre, son éternelle moue provocatrice aux lèvres. 4 mois plus tard, son ventre commença à s’arrondir et Elarion commença à y croire. Partagé entre la joie d’avoir un enfant né de son sang et le cruel dilemme qui se donnerai à lui si cet enfant était un fils, car alors que ferait-il de Tiamat ?
Les mois passèrent et au neuvième mois, le soir de la nouvelle lune, le travail commença.
Elarion fit appelé la sage femme qu’il avait vu pour Tiamat. Pas vraiment heureuse de rentrer dans cette demeure, elle entra épiant du coin de l’oeil le gamin de cinq étés, puis lui interdisant l’accès à la mère.
Le travail commençait mal annonça-t-elle pensant au fond d’elle que la malédiction que portait Tiamat sur cette maison en était sûrement la cause. Des heures durant Tiamat resta seul à jouer devant le trône de son père.
Elarion était au chevet de Maeve.
Finalement le bébé se décida et montra le bout de sa tête. La vieille eu alors un mouvement de recul et une expression d’effroi mais elle finit par se reprendre entendant les cris gutturaux de la mère qui souffrait. Elle finit par mettre au monde l’enfant, le lava rapidement et l’emmaillota, le mit dans les bras de sa mère s’attendant à une réaction de surprise, mais Maeve semblait ravie à la vue de son enfant.
- Mon roi je sais que ta maison est déjà maudite mille fois et que tu ne m’écoutera pas plus cette fois ci que lorsque tu m’as amené le garçon, mais la créature qui vient de sortir du ventre de ton épouse et qui est le fruit de tes entrailles, n’est pas naturelle et devrait être noyée.
Il la regarda de travers, elle parti sans un mot ni un regard de plus. Il s’approcha alors de sa femme et de son enfant.
- c’est une fille, prononça alors Maeve avec un sourire radieux.
A peine remis du choc de la naissance de son enfant et des paroles étranges de la vieille, voilà que Maeve, sa radieuse Maeve retrouvait l’usage de sa voix.
Et bien qu’il remarqua ce qui avait effrayé la vieille, qu’il vit que le nourrisson avait les cheveux gris et les yeux quasi noirs, il était heureux.
- tu ne suivras pas les conseils de cette vieille folle pas vrai ? Tu ne noieras pas le fruit de notre amour ?
- bien sûr que non ! répondit-il sans même y penser.
En sortant de la chambre de Maeve, il se rendit pourtant compte que la vieille avait raison qu’il devrait noyer cette chose. Mais il avait promit à Maeve, et Tiamat avait bien réussi à vaincre les ragots de part sa gentillesse. Sa fille en ferait bien autant.
Il se souvint alors que son fils l’attendait et alla de ce pas le rejoindre. Quand il arriva il vit une scène bien étrange. Une femme d’une grande beauté, à la chevelure rousse, était allongée au pied du trône, repliée sur elle-même, Tiamat lui caressant les cheveux.
Il courut attraper son fils et pesta sur ses gardes qui n’avaient pas protégé son fils, puis remarqua que la femme était morte. Et cette femme n’était autre que la succube.
- Tiamat raconte moi ce qui s’est passé.
Du haut de ses 5 étés le jeune Tiamat était vif d’esprit et plein de bonté. Il raconta que cette femme était entrée tremblante et faible. Qu’il avait eu peur de son regard car il n’en avait jamais vu de pareil mis à part dans les yeux d’un chat en chasse. Il s’était alors caché derrière le trône. Les gardes avaient tentés d’arrêter cette femme mais elle les avait griffés et mordus vociférant qu’elle voulait parler au roi. Elle était alors tombé au pied du trône et n’avait plus bougé. Quand il s’était approché, il avait ordonné aux gardes de ne pas bouger. Il avait senti qu’elle ne respirait plus et avait consoler son âme lui jurant de la protéger.
- Mais de protéger qui ?
Tiamat souleva alors le bras de la succube et Elarion y vit un enfant, encore un.
- elle est née le même jour que ma sœur, dit Tiamat, c’est elle qui me l’a dit.
- Comment a-t-elle pu te le dire si elle était morte ?
- Son âme me l’a dit avant de partir. Elles ont été créées le même jour, le jour de la lune pleine aux rayons bleus. Elle a dit aussi que si ma sœur avait les cheveux bleus c’était à cause de ces rayons et que si ses yeux étaient si sombres c’est qu’il fallait se méfier de la face froide de son cœur, de la lune de sa naissance.
- Mais comment… ?
Regardant son fils de travers il préféra oublier ces propos et se pencher sur l’enfant qui restait là, sagement, sans pleurer ni protester, malgré le corps refroidissant de sa mère, et regardant Elarion d’un regard tendre et n’étant pas avare de sourire.
Il regarda la créature avec pitié. Cette petite fille avait la marque de la succube sur son visage. Elle avait un œil de chat rose comme ceux de sa mère. Peiné, il se tourna vers son fils.
- Je crois qu’hélas tu ne pourras pas tenir ta promesse.
Tiamat le regardait droit dans les yeux.
- Si tu m’as sauvé moi, enfant aux yeux rouge du démon, et que tu sauves ma sœur née avec les cheveux gris et les yeux noirs, pourquoi tu ne me permets pas de tenir ma promesse en sauvant cette enfant qui n’a qu’un œil d’anormal ?
L’implacable logique de son fils mit fin à toutes les protestations qu’aurait pu émettre Elarion. Il prit la jeune enfant dans ses bras, ordonna qu’on fasse brûler le corps de sa mère et amena Tiamat et l’enfant dans la chambre de Maeve.
Celle-ci releva la tête tout d’abord un immense sourire aux lèvres, puis le perdit, voyant d’abord Tiamat et l’étrange paquet que tenait Elarion.
- Ma douce, lui dit-il, je vais te demander de sauver un autre enfant.
Déjà peu ravie, lorsqu’elle vit l’enfant elle refusa net.
- Je suis désolée Elarion mais j’ai déjà eu du mal à avoir cette enfant. J’ai peur de ne pouvoir en nourrir deux.
Voyant la détresse de son mari qu’elle aimait quoi qu’en disent les autres, elle lui conseilla d’aller trouver sa servante qui l’avait « aider » à nourrir Tiamat. Elle saurait parfaitement comment s’y prendre et accepterai sûrement de s’occuper d’un second petit démon s’il lui promettait de la marier à un bon parti.
Il suivit ses conseils et dans la perspective de se voir enfin partir d’ici, libérée de son rôle de servante et de mère adoptive de démon, elle accepta.
Ainsi Fanny, fille de Maeve et Elarion, et Yura, fille de succube et déjà orpheline, grandirent dans leurs foyers respectifs.
Maeve, curieuse des prophéties de la vieille femme alla la trouver. Elle lui demanda ce qui lui permettait d’affirmer que Tiamat était un démon, que sa fille était froide comme la lune et l’impacte qu’aurait le sauvetage de cette demi-succube.
- Ma chère je crois que vous savez déjà tout. Tous les ragots que l’on a pu dire sur vous ont une base de vérité pas vrai ? Je pense sincèrement que vous aimez Elarion, mais dans les premiers temps vous l’avez envoûté. Puis, prisonnière comme les autres de la malédiction qui pesait sur ce royaume, vous avez eu recours à la magie noire pour la vaincre et avoir un enfant pas vrai ?
- Quand bien même tout cela serait vrai vous ne répondez pas à mes questions.
- très bien. (Elle s’assit devant Maeve) Je n’ai jamais dis que Tiamat était le fils d’un démon mais le fils d’un dragon. (Les yeux interloqués de Maeve confirma ce que pensait la vieille) il a préféré l’oublier. Lui, le grand chasseur de dragon a été puni et condamné à élever un fils de la créature céleste qu’il tue pour son profit. Il élève sa perte et bien que Tiamat soit un garçon adorable, gentil et respectueux, à l’esprit vif, il n’en est pas moins le fils des créatures que Elarion veut lui apprendre à tuer. Elle s’arrêta un temps, laissant à Maeve le temps de comprendre l’impact et l’ironie morbide de la situation.
- Mais alors ?
- Oui profite de ton mari. Mais ne touche pas à l’enfant tu perdrais. Quand à ta fille elle est née les cheveux bleus mais les yeux sombres. Par amour, tu as voulu déjouer la malédiction mais tes manigances se sont retournées contre toi. Elève ta fille du mieux que tu pourras. Les rayons bleus de la lune sont néfastes et tu as usée de magie noire pour l’avoir. La magie noire se paye toujours. Ta fille est née belle comme le jour et envoûtante comme les étoiles. Ses cheveux bleutés te rappelleront toujours que tu l’a créée un soir de pleine lune maudite et ses yeux noirs te montre le côté froid de son cœur dut à la lune noire de sa naissance. Elle peut rapidement déraper dans le côté du mal et des démons, à toi de faire en sorte qu’elle n’en devienne pas un.
- Mais comment… ?
- Tu as créé cette enfant. A toi de trouver. Quand à la demi succube enfin, c’est peut être la créature la plus innocente de ce château. Les nuits de lune maudite seulement les succubes peuvent tomber enceinte. La lune que tu as invoqué lui a permis à elle aussi de connaître la joie d’être mère. Mais une succube ne survit pas à sa progéniture. Cette succube quoi qu’en disent les uns et les autres, n’était pas un démon. Elle agissait selon les principes de sa race mais c’est honteux que les hommes saints un à un, ont quitté en secret le pays pour la faire accuser de meurtre, cherchant vengeance pour avoir eux même succombé aux charmes de la belle. Cette enfant elle l’a créée dans l’amour et l’humilité. C’est ce qui ressortira de la petite.
- Comment peux-tu l’affirmer ?
- Ne crache pas ton venin et ta haine sur moi, c’est toi qui l’as créée. En créant une fille dont le cœur est froid comme une lune d’hiver, tu as fait naître au même moment au même endroit son opposé direct. La jeune Yura sera aussi discrète que ta fille sera exubérante, aussi sage que la tienne sera peste, aussi douce que la tienne sera froide, aussi respectueuse que la tienne sera perfide mais aussi amoureuse que la tienne sera volage. Mes mots ne te plaisent pas et pourtant…tu ne peux t’en prendre qu’à toi.
Maeve sorti de la maison de la vieille, rageuse.
Et alla retrouver son enfant.