La nausée me revient, comme un bonbon fané
Dont la liqueur embrume un esprit de discorde,
Et mes notes brisées remontent dans les cordes,
Et le vent qui s’enfuit me moque de son nez.
Jour après jour, j’effeuille une fleur mordorée,
Et sème un chemin noir de pétales de sable.
Les nuages, là-haut, s’assoient près d’une fable
Et meuglent leur mémoire aux passants égarés.
La couleur du temps, bleue, ruisselle vers la mer,
Et son parfum salé s’écoule dans tes hanches.
Las, le passé s’épuise, en une écume blanche,
Sur des grèves de brume. Et je pense éphémère.
C’est l’avis de l’Amour. Qu’est-ce donc, éphémère ?
C’est dire le présent avec l’œil de demain,
Et c’est voir le futur comme un passé. Chemins
Qui s’enroulent au fil des souvenirs amers.
Mais c’est aussi la vie. La vie qui farandole,
S’esquive au cache-cache et bondit sur l’instant.
C’est une éclipse pâle et amusée. Qui tend
L’élastique des cœurs, qui le lâche et rigole.