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Il faisait froid dans cette taverne. Bien trop froid.

 

Assis à une table près du feu, je tentais vainement de me réchauffer.

 

Brrr, mais qu’est ce que nous faisions dans un coin aussi paumé que celui là !!

 

La taverne n’était même pas aux normes...La bière y était fade, la nourriture infecte, la serveuse peu ragoûtante...et de plus j’étais seul. Dorian était parti un quart d’heure auparavant en compagnie du nain afin " d’aller voir ce que donnait la forge ". Grand bien lui fasse !!

 

J’aurais peut-être dû les accompagner ; certes, les forges ne m’avaient jamais vraiment passionné, mais....J’examinais une nouvelle fois le décor qui m’entourait : lorsque mon regard se posa sur la serveuse, elle me décocha un sourire qui aurait fait fuir un démon...

 

Par dépit, je laissais tomber mollement ma cuiller dans l’assiette. Le son glauque qui en suivit ne plaidait pas en faveur de la cuisine du chef. Par dégoût, je repoussais mon auge à un mètre de moi. Par fatigue et par ennui, je fermai les paupières et tentai de rejoindre le royaume des rêves afin d’y trouver chaleur et réconfort...

 

- GLEN !!!

 

Avec la délicatesse et la tendresse bien connue des barbares, Dorian m’invitait gentiment à me réveiller au plus vite. (Imaginez Conan préparant un milk-shake et vous ne serez pas loin de la vérité !!).

 

- GLEN !!! Réveille-toi !!

 

Mon esprit encore en partie plongé dans les méandres du royaume de Morphée, j’esquissai un faible " quoi...qu’est ce qu’il y a ? "

 

- Mais tu as la tête dans le cul ma parole ??? ( Ah ! Ces barbares, toujours le mot juste.. ). Allez bouges toi, on a un cadavre sur les bras !!

 

- Un cadavre ? Tu as écrasé le nain par mégarde ?

 

- Cessez donc vos simagrées monseigneur, le temps n’est point à la plaisanterie !!

 

Le ton étonnant et le vocabulaire châtié du barbare mirent un point final à mon état de somnolence. Je regardais le nordique d’un air interrogateur.

 

- Vas y raconte : qui est mort ?

 

L’inquiétude et l’appréhension se lisaient sur son visage harassé par notre long périple. Pour la première fois, je sentais que Dorian avait peur. Et ce n’était pas pour me rassurer.

 

- L’homme qui a failli se battre avec Chtulhu. On l’a retrouvé derrière la forge. Il était étendu à terre, vidé complètement de son sang...

 

Dorian prit alors le temps de me raconter en détail ce qu’ils avaient fait et comment ils avaient fini par découvrir le cadavre du villageois. Ce n’était pas le meurtre en lui-même qui m’inquiétait, mais plutôt la rapidité et l’efficacité avec lesquelles il avait été mis en œuvre.

 

- Je ne sais pas ce qui se passe ici, mais...

 

- ...mais il faut faire quelque chose !!

 

L’être qui venait de pénétrer dans l’auberge arborait une visage décidé. La main droite s’appuyant sur le manche de sa hache double, la poing gauche dressé en signe de puissance, il émanait de lui une force de caractère quasi inébranlable.

 

- Ces histoires sordides de crimes et autres malédictions vont nuire à mon commerce ! Je m’en vais y mettre un terme immédiatement, foi de Rompap !

 

Note pour plus tard : les nains sont avares, chose communément admise. Rompap est un nain avare...

 

Loin de moi l’idée de critiquer notre forgeron plein d’entrain, mais mon peu d’expérience m’avait appris que les têtes brûlées ne survivaient jamais très longtemps.

 

- Rompap, Rompap... ta vaillance te fait honneur ! Mais peut être vaudrait-il mieux... (après quelques hésitations je lâchais le mot)... réfléchir... quelque peu au problème qui est....

 

- QU’ON LE BRULE SUR-LE-CHAMP ! IL A TUE LE JEUNE TYNDAL !!

 

Rhaaaa, mes efforts pour calmer l’esprit agité du nain venait subitement d’être réduit à néant par le cri de colère et plein d’entrain d’un paysan certainement trop sûr de lui. Bon, je décidai de remettre à plus tard mon discours sur l’utilité d’une stratégie et accompagnait le nain et le barbare qui étaient rapidement sortis de l’auberge.

 

La place était désormais occupé par une dizaine de villageois. D’autres attirés comme nous par la violence des propos du paysan s’aggloméraient vers le centre de la commune.

 

Tous les regards en tout cas convergeaient vers une seule et même personne.

 

Chtulhu, livide comme jamais, était entouré par cinq paysans menaçant armés de fourches.

Lorsque nos yeux se rencontrèrent, je lus sur son visage plus que de l’incompréhension.

 

- Laissez-le ! m’écriais-je, cet homme n’a certainement rien à se reprocher

 

J’avais discuté plus tôt avec lui, et rien ne le prédisposait à l’acte dont on l’accusait. C’était donc sûr de moi que je le défendais avec véhémence.

 

C’est alors que mes yeux se posèrent sur son arme. Elle était souillée, pleine d’un sang dont tous devinaient aisément l’origine...

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