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- Combien ?

- 100 pièces d’or, pas moins !

- COMBIEN ?

 

Je commençais à perdre patience et la perte de patience est aisément remarquable chez un nain, il caresse doucement sa hache... Le marchand l’avait remarqué, tout observateur qu’il était...

 

- Bon, bon, 75 pièces d’........

 

La perte totale de patience se remarque également simplement, la dite hache voletant maintenant au-dessus de ma tête... Le marchand poussant toujours plus loin sa perspicacité l’avait remarqué aussi...

 

- Heu... non, heu, vous énervez pas... heu... 50 pièces d’or...

- Hum... je vous en donne 40 pièces et la chance de ne pas finir avec une hache en travers de la bouche...

- Très bien, très bien, d’toute manière plus personne n’veut aller là bas...

 

Le marchand griffonna sur un parchemin, tandis que je déposais les 40 pièces d’or avec amertume sur son comptoir... Mes dernières pièces me dis-je... Le marchand, tout en gribouillant continuait de grommeler.

 

- personne....maledic... . pff... 40 pièces... personnes d’autre d’manière....

- Bon ???? C’est fait ???

 

Une signature vint parachever le gribouillage et le marchand me tendis le parchemin de la main gauche tout en ramenant vers lui les pièces de la main droite, du moins , du moignon droit... Bien, c’était fait....

Depuis que Garko m’avait laissé afin de partir faire "ses derniers adieux" à ses camarades, mon argent n’avait eu de cesse de diminuer dans ma bourse... Mauvaise habitude qu’avait cet argent de filer comme çà en dehors de ma poche. Garko m’avait promis qu’il me rejoindrait au plus vite à l’Union en espérant qu’ils nous acceptent. Nous accepter, oui, soit, mais fallait-il encore les trouver pour leur demander et dans ce coin perdu, tout le monde connaissait leur nom, mais personne ne savait où les trouver...

Ainsi, à force de chercher et demander à des gens qui ne trouveraient pas même leur main gauche avec la droite si on leur bandait les yeux, je m’étais retrouvé là, devant ce marchand avec 40 pièces d’or en poche. C’est alors que, voyant que j’étais un nain (très perspicace, je l’ai dit) et donc, pensant que j’étais attiré par l’argent, le marchand m’avait fait cette étrange proposition.

Une forge !!!

Oui, il voulait me vendre une forge afin de remplir mes caisses personnelles pour survivre et avoir un point d’attache pour continuer mes recherches de cette guilde invisible et pourtant connue de tous... Etant maître de forge et alchimiste , il est certain qu’avoir un chez soi promettait de bonne rentrées d’argent et me permettrait ainsi de mettre enfin la main sur l’Union fantôme.

Mais cette forge appartenant à ce marchand semblait avoir un problème, en effet, une forge est en général accompagnée d’un forgeron, deux espèces assez peu dissociables s’il en est , ayant posé la question, j’obtins pour seule réponse que le forgeron actuel souhaitait laisser son affaire pour des raisons de santé...

Hum... A part être tombé malencontreusement dans son propre four, je voyais mal ce qui, dans la santé, pouvait pousser un forgeron à quitter son établissement. Il est déjà assez rare de trouver un forgeron mourrant pour prendre sa place ( notez que mourrant n’est pas le terme exact, mort est plus approprié. La mort d’un forgeron étant rarement accidentelle, l’apprenti, bien souvent derrière le maître au moment où celui ci enfourne le métal dans son four , trouve parfois à ce moment judicieux d’accompagner ce métal d’un forgeron en chair pour "augmenter la solidité du fer", dit-on ... ), alors pensez, un forgeron qui part ...

Une bien curieuse aubaine...

Mais un nain n’est rien si le tintement de l’or dans sa bourse ne le pousse pas à chaque pas d’en refaire un autre pour le ré-entendre (Voilà pourquoi les nains marchent si vite) Je m’étais donc décidé à l’acquérir.

Ainsi ma route se poursuivrait-elle jusqu’à Providence, petit village tranquille aux dires du marchand, en espérant bien trouver là bas quelqu’un qui puisse me dire où trouver cette maudite Union qui avait le mérite de savoir se cacher.

Ittyn, m’avait dit mon oncle... Tu dois trouver Ittyn et tu auras trouvé l’Union, eh bien, soit ce Ittyn était mort, soit je le verrais quand il mettra des bandelettes, un chapeau et des lunettes de soleil...

Il avait été tard dans la nuit quand j’avais enfin trouvé ce village, la petite pancarte de 10 cm sur 15 à l’entrée du hameau n’augurait pas, il fallait le dire, d’une cité moderne et tentaculaire, mais plutôt du bon vieux hameau où tout le monde se connaît...

Trois jours s’étaient déjà écoulés depuis mon installation à la forge et l’ancien commerçant m’avait quitté quelques heures auparavant, emportant avec lui autant d’objets et nourritures que deux malheureux bœufs pouvaient en traîner. Un vague signe de la main avait été son adieu et il s’était mis à frapper les bœufs comme pour les faire galoper, sans jamais se retourner d’ailleurs...

Sans jamais se retourner... Pas une seule fois ... Hum ... Quand on quitte un lieu que l’on a si bien connu, on lui jette un dernier au revoir, un dernier regard.... hum... Mais pas lui ... non... Bref, les affaires n’avait pas été merveilleuses dans ces deux jours... Une seule vente, une dague affûtée et quelques poisons... C’était bien maigre pour remplir une bourse...

De plus , l’action et l’animation n’était pas le maître mot de ce village... Loin de là même... Seule Giltha la tavernière ( qui si elle avait eu de la barbe aurait pu être mon oncle ) m’adressait la parole quand j’allais boire un verre ou deux à "la Balanboche". La bière y était piteuse mais bon marché. Giltha me parlait sans cesse de ses affaires qui tournaient mal, du village qui se désemplissait et du fait qu’elle fermerait boutique bientôt si çà continuait. Elle non plus ne savait pas où était l’Union...

Je ne souhaitais qu’une chose simple, de l’action, depuis la rencontre avec Garko, rien n’était venu bousculer ma petite vie et cela me manquait. En attendant que le dieu de l’action daigne jeter un oeil dans ce trou, je décidais de me forger une hache pour mon plaisir, et surtout pour ne pas perdre la main...

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