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Il est des chemins agréables à suivre, quand le soleil illumine de son éclat les feuillages des arbres mille fois centenaires... le doux parfum des roses sauvages exalte alors vos sens, et vous pourriez vous allonger sous un chêne pour écouter le chant des oiseaux, vous laisser aller à des rêveries inspirées par quelques dryades cachées parmi les branches...

 

Il est des chemins comme ceux là...

 

Mais à la vérité le sentier que j’arpentais n’avait rien à voir avec cette description idyllique... le paysage non plus d’ailleurs...


La pluie n’avait cessé de tomber depuis plusieurs heures et même les arbres bordant la route n’offraient guère de protection. Ils étaient morts pour la plupart, les feuilles jonchant le sol tel un amas de cendre après un incendie...

Le ciel noir de nuages donnait l’impression qu’il faisait nuit en plein jour, cela donnait au paysage un aspect encore plus macabre que de naturel...

 

Et par-dessus tout on pouvait deviner un silence oppressant malgré le bruit de la pluie heurtant le sol...

 

Le sentier était détrempé, à peu près autant que moi d’ailleurs... mais je n’avais pas d’autre choix que de continuer à marcher, si les indications du voyageur que j’avais croisé étaient justes, et si je maintenais mon allure, je devais arriver en vue du village d’ici une petite heure environ.

 

Il y a des jours où l’on devrait passer son chemin sans réfléchir...

 


 

J’avais séjourné plusieurs jours durant dans un petit hameau près de Stone Hill. J’ai pour habitude de vendre mes services de chasseur de morts vivants à des chefs de villages ou à des particuliers parfois, souhaitant être débarrassés de morts n’ayant pas compris le sens du mot repos éternel... Cela n’est guère gratifiant mais c’est ma seule façon de subvenir à mes besoins...

Mais ces derniers temps les offres s’étaient montrées rares et je commençais à manquer cruellement d’argent. Alors pour résoudre le problème j’avais monté une petite arnaque, avec l’aide d’un illusionniste de passage comme moi, dans ce petit village de fermiers...

Mon associé fit apparaître plusieurs soirs durant des morts aux vitres des fenêtres ou à l’orée du bois, les pauvres gens étaient à ce point crédules qu’ils ne leur fallut pas plus de 2 jours pour faire appel à mes services que je louais à prix d’or évidemment...

 

L’arnaque fonctionnait bien, mon collègue simulait des attaques de revenants que je m’empressais de repousser, mais ceux ci revenaient constamment... Je leur avais assuré que tant que je serais parmis eux ils ne risquaient rien... et cela a duré pendant un certain temps.

Malheureusement toutes les choses ont une fin, et celle ci prit fin brutalement... lorsque je me réveillais un matin, en comprenant aux cris et aux martèlements derrière ma porte, que mon associé venait de me doubler en racontant aux villageois que je n’étais qu’un escroc...

 

Ma présence d’esprit me conseillait de foutre le camp de cet endroit au plus vite car à ce que l’on disait les gens de la région ne faisaient que peu de cas des voleurs... leur cadavre allant tout simplement servir de fertilisant pour leurs champs. Et cette perspective ne m’engageait guère...

 

Aussi j’eus à peine le temps de prendre mes affaires et de sauter par la fenêtre que les enragés enfoncèrent la porte et, me voyant prendre le large, se lancèrent à mes trousses, avec à leur tête mon ancien associé...

Heureusement pour moi la chance me fit croiser le chemin d’un troll visiblement égaré... Je le dépassais sans faiblir dans ma course, en lui laissant le soin de s’occuper de mes poursuivants...

Quand celui ci vit le groupe se ruer vers lui il poussa un cri rauque et se jeta sur eux avec férocité... Les paysans affolés firent volte face et se mirent à courir dans l’autre sens, certains pas assez vite...

L’illusionniste parvint pour sa part à s’échapper mais de toute façon il faudrait bien qu’il me paye sa trahison un jour...

 

Je repris mon chemin sans m’attarder, les poches aussi vides que quand j’étais arrivé, et sans savoir où aller... Un ami m’avait parlé un jour du métier qu’il exerçait dans la ville d’Arkham, j’avais espoir que celui ci pourrait m’héberger pendant quelques jours le temps de trouver un travail valable...

 

Je ne savais pas dans quelle direction me diriger mais je rencontrerai tôt ou tard un voyageur qui pourrait m’indiquer mon chemin...

L’occasion se présenta moins de 2 heures plus tard, un homme d’une trentaine d’année, un peu grassouillet et conduisant un attelage de bœufs. Lorsqu’il arriva à ma hauteur je lui fit signe de s’arrêter, celui ci calma ses animaux et me demanda ce que je lui voulais.

Il transportait avec lui tous ses biens visiblement, et semblait pressé de quitter la région au plus vite.

 

- Dites-moi mon brave, savez vous quelle est la route la plus courte pour se rendre à Arkham ? lui demandais-je.

- Vous marchez dessus... continuez tout droit et une fois arrivé à un croisement suivez le chemin de droite.

- Savez vous s’il y a un village pas loin où je pourrais m’arrêter pour la nuit ?

- En allant vers Arkham vous passerez à côté d’un vieux sentier si vous le suivez vous trouverez ce que vous cherchez... c’est de là que je viens et je vous déconseille de vous y arrêter pour la nuit. Passez votre chemin cela vaut mieux pour vous !!

- Pourquoi donc ?

- Ce village est maudit des dieux ! Les mauvais présages abondent depuis plusieurs jours et un grand malheur ne va pas tarder à arriver ! Certains sont encore assez fous pour rester mais moi je m’en vais, je tiens à ma vie !! Si vous y allez il vous arrivera malheur à vous aussi !

- Allons donc ! De toute façon je n’ai pas le choix, un orage approche et je n’ai pas envie de passer la nuit dehors !

- Un fou ! Vous êtes un fou ! dit-il en s’éloignant...

 

Il y a des jours où l’on devrait passer son chemin sans réfléchir...

 


 

La pluie ne semblait pas vouloir s’arrêter et je commençais à douter de la bonne foi de l’homme que j’avais croisé... De plus j’avais la désagréable impression de me sentir épié par des yeux invisibles, cachés quelque part dans les bois bordant le chemin...

J’avais le mauvais pressentiment que cette forêt environnante aller m’engloutir et... à moins que l’histoire du voyageur ne m’ait fait imaginer toutes ces choses... oui cela devait être sûrement ça...

 

Et là je le vis se dresser devant moi...

Au bout de la route...

Le village maudit de Providence...

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