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     Après avoir visionné le premier volet du Seigneur des Anneaux dans sa version longue sur le DVD édition spéciale (peut être pour une future critique car cette nouvelle mouture de " La Communauté " apporte beaucoup à l’équilibre du film), j’attendais avec impatience l’arrivée de ce deuxième opus. Imaginez un peu : Gollum, les Ents, le Gouffre de Helm, autant de gros morceaux qui ont de quoi vous mettre en appétit ! Sachant que les trois films ont été tournés en même temps lors d’un tournage marathon, il ne se posait pas le problème habituel d’une suite, à savoir si oui ou non l’équipe du premier opus allait revenir pour le deuxième. C’est là tout le génie de Peter Jackson que d’avoir mené ce projet en gardant ses acteurs et tout le reste de l’équipe pour 15 mois de tournage en Nouvelle Zélande, terre natale du réalisateur.

 

Entrons dans le vif du sujet :

 

     Comme l’annonce le trailer du film, la Communauté est dissoute. D’un côté, Frodon, accompagné de son fidèle Sam, arpente les sombres terres qui vont le mener au Mordor, jusqu’à la Montagne du Destin. De l’autre, Merry et Pippin, enlevés par les orques, sont conduits en Isengard, demeure du magicien Saroumane. Sur leurs traces, les trois chasseurs : l’elfe Legolas, le nain Gimli et l’homme, Aragorn. Trois groupes se sont formés, trois groupes qui vont chacun suivre leur propre histoire. Bref, de quoi poser pas mal de problème de narration pour le réalisateur neo zélandais, Peter Jackson., qui tout au long du film, jongle d’une histoire à l’autre. Pourtant, le rythme du film n’en souffre pas trop même si durant la première heure, on saute un peu rapidement d’un groupe à l’autre, sans que le spectateur puisse se raccrocher à une histoire en particulier. Néanmoins, les raccords qui lient les différentes histoires sont l’objet d’un montage astucieux. En témoigne cette scène où Aragorn mime à ses compagnons l’évasion de Pippin et Merry lors de l’affrontement entre Uruk-Haï et cavaliers du Rohan. Ainsi, les scènes d’évasion des deux hobbits renvoient directement aux déductions de Aragorn qui observent les indices laissés sur le sol. Cette mise en scène est d’autant plus adéquate qu’elle découle directement du livre où les trois chasseurs se livraient à une véritable enquête pour résoudre l’énigme de l’évasion de Pipin et Merry.

 

     Un seul passage ralentit trop le film, il s’agit des flashbacks à Fondcombe et des scènes mettant en scène Arwen et son père Elrond. Non pas que les flashbacks soient inintéressants, au contraire, mais ils sont tous groupés au même moment du film. Alors que les héros quittent Edoras, la demeure du roi Theoden, pour se rendre à la bataille du Gouffre de Helm, on se retrouve avec ces scènes entre Arwen et Aragorn qui ralentissent trop le rythme alors qu’il ne tarde qu’une chose au spectateur : voir enfin le gouffre de Helm ! A ce titre, le monologue de Galadriel semble un peu inutile, exposant au milieu du film les enjeux de la quête de Frodon et l’importance de l’Anneau unique. On comprend bien la volonté de Peter Jackson de ne pas perdre le spectateur mais en voyant ces scènes, j’ai eu l’impression de revoir le prologue de la Communauté. C’est d’autant plus dommage que le réalisateur se défendait de vouloir imposer une séquence de rattrapage au spectateur qui n’aurait pas vu le premier film.

 

     Ce qui m’amène directement à la controverse sur le personnage d’Arwen (Liv Tyler). Sachez qu’elle a été un temps pressenti pour participer à la bataille du Gouffre de Helm ! Mais, ces scènes ont finalement été coupées du montage final, Jackson et les siens réalisant que la place d’Arwen n’était pas sur un champ de bataille (au contraire d’Eowyn...). Sa romance avec Aragorn est plutôt bien vue, notamment la mise en image des prédictions d’Elrond si jamais a fille venait à renoncer à se rendre aux Havres Gris. On peut ainsi avoir un aperçu de la majesté de Aragorn, vêtu de ses habits de monarque du Gondor, qui renvoie directement au " Retour du Roi ", ou Arwen, pleurant sur la mort de son bien-aimé...

 

     Aragorn, Gimli et Legolas vont peu à peu accaparer l’écran, surtout à partir de leur arrivée à la demeure de Theoden, le roi du Rohan. A ce propos, il faut noter que pour une suite, les Deux Tours introduisent leur lot de nouveaux personnages : outre Theoden (Bernard Hill aperçu dans Titanic), on découvre sa nièce Eowyn ( Miranda Otto), Eomer (Karl Urban), Grima (Brad Dourif), Faramir ; tous des personnages humains car, contrairement à la Communauté de l’Anneau, les Deux Tours introduisent vraiment la race des hommes au sein des Terres du Milieu...

 

     Mention spéciale à Bernard Hill, impressionnant en roi Theoden et qui apporte beaucoup à la crédibilité du personnage. Plusieurs de ses scènes sont vraiment géniales : le désenvoûtement par Gandalf où on voit un vieillard rabougri aux portes de la mort se métamorphoser en un monarque guerrier plein de majesté, et d’autorité, ou bien la préparation à la bataille du Gouffre de Helm quand le roi se pare de son armure magnifiquement ouvragée en récitant quelques vers directement tirés du livre (" Où sont passés le cheval et son cavalier ?... ".

 

     Certains critiquent le fait qu’il y ait peu de personnages féminins dans la trilogie du Seigneur des Anneaux. S’il est vrai que dans ce second épisode, Arwen (Liv Tyler) tient le rôle de demoiselle en détresse, il en est tout autrement pour Eowyn. L’interprétation de Miranda Otto est formidable, en quelques regards très expressifs en gros plan, elle transmet au spectateur toute la tristesse de ce personnage et le conflit interne qui habite la nièce du roi, son tiraillement entre son sens de l’honneur et ses sentiments naissants pour Aragorn, ses instincts guerriers et sa condition de vierge du Rohan. Une véritable révélation !

 

     Eomer est assez peu présent finalement mais il est interprété avec conviction par Karl Urban. Sa toute première rencontre avec Aragorn, Gimli et Legolas nous laisse entrevoir sa droiture et son attachement au Rohan et à son monarque.

 

Grima :

 

     Le personnage est assez caricatural dans le livre car impossible d’ignorer son allégeance à Saroumane (quand on est surnommé " Langue de serpent ", on s’attend pas vraiment à tomber sur un brave gars ;-) ). Le visage émacié, la voix geignarde et tout de noir vêtu, il apparaît fourbe et cruel mais on devine parfois l’homme qu’il a été, sa passion secrète pour Eowyn, même quand Saroumane se tient sur son balcon, surplombant les innombrables orques qui vont livrer bataille au Gouffre de Helm, Grima ne peut s’empêcher de verser une larme quand il réalise l’horreur qui se prépare. Ce qui ne l’empêche pas d’être fourbe, quand il dévoile les faiblesses des remparts du gouffre de Helm, et il est aussi en partie responsable de l’attaque des wargs durant la fuite d’Edoras vers Helm. Brad Dourif a réussi à dresser de Grima un portrait tout en demi-teintes, haïssable pour sa faiblesse et sa fourberie mais en même temps, on ne peut ressentir parfois que de la pitié pour cette âme damnée.

 

     Faramir, frère de Boromir, est sensiblement différent du personnage décrit dans le livre. Dans la version papier, Faramir rejetait plus facilement les attraits maléfiques de l’Anneau alors que dans le film, il semble prêt à céder, comme son frère avant lui. Tout comme Boromir, Faramir est tiraillé entre ses devoirs envers son peuple en proie aux flammes du Mordor et la mission du porteur. Il a en lui ce besoin de reconnaissance de la part de son père Denethor, l’intendant du Gondor. Le conflit entre père et fils sera d’ailleurs plus amplement exposé dans le " Retour du Roi ". Le film s’éloigne encore un peu du livre avec la scène à Osgiliath où Frodon est à deux doigts d’échouer dans sa quête. Pourtant, cette scène apporte beaucoup, puisque c’est ainsi que Faramir prend vraiment conscience de la dangerosité de l’Anneau et des terribles conséquences pour son porteur.

 

     Par rapport aux personnages déjà présents dans le premier volet, Gimli est celui qui voit son temps à l’écran fortement augmenté. Son caractère comique est indispensable à l’histoire qui est empreinte de désespoir et de violence. Ainsi, Gimli se retrouve dans tous les bons coups, avec une mention particulière pour la bataille du Gouffre de Helm durant laquelle Aragorn le projette sur les innombrables assaillants avant de le suivre dans une terrible mêlée. Aragorn est toujours aussi impeccable, Viggo Mortensen livre une prestation remarquable et l’on voit se dessiner son ascendance royale et ses qualités de meneur d’homme qui éclateront dans "le Retour du Roi". Legolas a peut être un peu moins de présence à l’écran mais ses interventions sont toujours très justes et emplis de cette noblesse elfique et cette grâce naturelle. Orlando Bloom est une véritable révélation et je pense qu’il n’a pas fini de faire entendre parler de lui.

 

     Gandalf est toujours aussi bien interprété par Ian McKellen. Depuis sa transformation en Cavalier Blanc, le magicien se montre plus distant envers ses anciens compagnons mais au détour d’une scène ou deux, il redevient Gandalf le Gris, plus souriant et chaleureux. A noter la formidable séquence d’ouverture avec le Balrog, cette lutte entre deux puissances qui échangent coups pour coups alors qu’ils sont projetés à toute vitesse dans les abîmes de la Moria. Fidèle à sa vision des choses, Peter Jackson a décidé de tout nous montrer, même les passages simplement mentionnés par un personnage dans le livre.

 

Les Ents :

 

     Pour éviter que le film ne soit trop décousu, Jackson a beaucoup coupé de scènes concernant le périple de Merry et Pippin face à Sylvebarbe. Leur présence à l’écran se traduit surtout par des plans des deux hobbits juchés sur l’Ent traversant la forêt de Fangorn. Un peu dommage car le livre fourmille de scènes amusantes comme la boisson des Ents ou l’ajout de la race des hobbits dans la chanson de Sylvebarbe. Peut-être pour la future version longue des Deux Tours en DVD ? La fin du film leur rend quand même un vibrant hommage. En effet, la prise d’Isengard par les hommes-arbres n’est raconté qu’en flashback dans le livre et heureusement pour nous, Peter Jackson a décidé de tout nous montrer ! Servi par des effets spéciaux hallucinants, on découvre une forêt entière qui part en guerre sous nos yeux. D’une démarche saccadée, les Ents se jettent à l’assaut de la tour d’Orthanc, le royaume de Saroumane. A coups de blocs de pierre et de branches, les Ents mettent en pièces de l’orque qui sont tantôt piétinés, broyés par d’énormes blocs de pierres et finalement noyés sous les flots qui se déversent suite à la destruction du barrage, sous le regard incrédule de Saroumane, impuissant devant cette démonstration de puissance d’une Nature depuis trop longtemps bafouée. Une scène magique servie par la musique envoûtante d’Howard Shore qui n’est pas sans rappeler les films de Tim Burton avec ces créatures au design hallucinant et ces décors irréels (surtout la sombre forêt de Fangorn et ses arbres biscornus).

 

Gollum :

 

     Jamais une créature en image de synthèse ne m’a autant impressionné ! Les gars de Weta ont créé un véritable personnage à part entière. Les expressions de son visage, sa démarche, son regard, sa peau blafarde, tout est parfaitement réalisé au point d’en oublier parfois qu’il s’agit d’une image de synthèse ! Bien sûr, les performances d’Andy Serkis ne sont pas indifférentes à cette réussite : sa gestuelle, son jeu, sa voix, autant d’éléments qu’il a su mettre au service de la crédibilité de Gollum. Un parfait mélange d’effets spéciaux et de performance d’acteur ! A la différence d’un Jar Jar Bink de sinistre mémoire (pas drôle en plus et inutile), Gollum possède une véritable personnalité : tour à tour drôle (" stupide hobbit joufflu ! " crie-t-il à Sam), inquiétant, méprisable mais pourtant parfois attendrissant (notamment au moment où Frodon l’appelle pour la première fois " Sméagol ", véritable nom de Gollum, qui semble resurgir d’un passé plus heureux) . Une scène clé du film est celle de la dispute entre le gentil Sméagol et le vil Gollum alors que les deux hobbits sont assoupis. En quelques échanges, on comprend parfaitement le personnage, son dilemme entre son avidité pour le " précieux " et sa reconnaissance envers Frodon. C’est ce mélange de répulsion et de pitié pour cette créature qui fait que le spectateur se prend au jeu et considère Gollum comme l’égal de Frodon ou de Sam. Gollum n’est pas un personnage superflu car à travers lui, le spectateur a en permanence sous les yeux le terrible destin qui attend Frodon s’il venait à succomber aux attraits de l’Anneau... Un Oscar, un Oscar !

 

Le Gouffre de Helm :

 

     Peter Jackson prépare bien la bataille à venir, en insistant sur le caractère désespéré de cette lutte entre le bien et le mal. Les femmes et les plus jeunes enfants sont mis à l’abri dans les grottes, nous rappelant le terrible sort qui les attend si les hommes venaient à être vaincu. Enfants et vieillards se voient même forcés de prendre les armes, et se retrouvent arrachés à leur famille dans des scènes chargées d’émotions (même si durant la bataille, Peter Jackson n’insistera pas trop sur leur présence et leur chance infime de sortir vivant du conflit). L’arrivée surprise des elfes d’Haldir est des plus réussies, voir les elfes engoncés dans leurs armures scintillantes, marchant dans un pas cadencé, accompagnés d’une musique martiale, renforce le côté épique de ce siège et renvoie directement à la bataille de l’Ultime Alliance présentée au tout début de " La Communauté de l’Anneau ". La bataille du Gouffre de Helm est des plus impressionnantes ! Quel spectacle de voir la multitude d’orques et d’Uruk Haï qui s’avancent, torches à la main, en scandant leur chant de guerre, en direction de la forteresse. Dans la salle, on pouvait entendre les exclamations du public devant l’armée ainsi déployée dans toute sa splendeur. Tout le monde retient son souffle avant le signal de l’assaut... Et quand ça démarre, c’est parti pour une séquence d’anthologie ! Les échelles s’abattent sur les murs dans des mouvements de caméras aériens qui nous donnent de suite l’ampleur de l’affrontement. Cette bataille n’a pas d’équivalent dans n’importe quel autre film. Les combats sont féroces, même si pour des raisons de censures, ils n’atteignent pas la violence viscérale d’un " BraveHeart ". La multitude grouillante des orques rappelle les insectes belliqueux de Starship Troopers lors de l’assaut sur la base de la planète désertique. Une nuée d’assaillants et une infime chance de s’en sortir... Legolas et Gimli se livrent à leur concours d’ennemis tués, comme dans le livre. L’elfe a même droit à une descente des escaliers en équilibre sur un bouclier, tout en décochant flèches sur flèches ! Et si vous êtes assez attentifs, vous pourrez voir apparaître à l’écran Peter Jackson lui-même, revêtu d’une cotte de maille, qui projette une lance sur un Uruk Haï ! La bataille se conclut en apothéose, par le déferlement des cavaliers du Rohan menés conjointement par Gandalf et Eomer. Avec un jeu de lumière qui se reflète sur l’armure des cavaliers, on croirait à une vague lumineuse qui s’abat sur la masse compacte des orques où sont englués les rares survivants du Gouffre de Helm, alors que retentit le puissant Cor de Helm.

 

     Le film est toujours aussi fourmillant de détails qui sont autant de clins d’œil aux livres et qui en plus, contribuent à rendre l’univers des Terres du Milieu plus "réel". Ainsi, Aragorn fume sa pipe à Edoras, comme il le faisait dans le premier volet, ce qui montre bien que ce n’est pas une simple référence " gadget " au livre mais une véritable habitude de ce personnage. Autre scène inoubliable : Legolas sautant prestement à cheval dans une figure acrobatique servie par des effets spéciaux irréprochables. Ou encore Gollum brûlé par la corde elfique, l’apparition des Oliphants, gigantesques créatures éléphantesques, transportant d’innombrables guerriers... Les paysages et décors sont toujours aussi soignés, notamment, le périple dans le Marais des Morts, ou celui de le Lac Interdit. On a même droit à des extras, avec l’apparition surprise des terribles Nazguls, juchés sur leurs montures démoniaques, qui emplissent d’effroi le cœur des hommes. Vivement le prochain et hélas dernier film de cette trilogie qui contient son lot de bonnes choses : Arachne (exclue de ce second volet), le Chemin des Morts, la bataille des Champs de Pelennor, et bien sûr le sort de l’Anneau Unique ! A dans un an donc, pour :

 

Le retour du Roi !

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