La créature rôde dans la nuit. Elle est là. Elle est la peur.
Qui pourra l’arrêter ?
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Dvzk
Ce n’est que quand la mort le prit qu’il s’éveilla enfin à la vraie compréhension du monde. Il n’avait plus aucun doute sur le sens du monde et celui dans lequel il devait le faire tourner.
Il n’avait plus que faire des commandements chevaleresques de son ancienne vie...
Il était à présent.
Il existait.
Il savait.
Plus jamais il ne douterait, car il était vampire et les vampires ne doutent pas...
Torhil
Hergor se sentait enfin en phase avec ce qui l’entourait.
Ils étaient lui.
Il était eux.
Il n’avait plus cette peur du noir qui le rendait malade lorsqu’il était petit.
Il pouvait être et il n’allait pas s’en priver.
Garaz
Il n’avait aucune peur, aucune souffrance. Il était la peur elle-même et allait en faire profiter les mortels.
Par ce temps de soleil, nul vampire ne pouvait sortir, car leur peau bouillonnait sous les rayons brûlants de cette boule de feu...
Alcien
Fredrik tenait son arbalète à la main. Il respirait l’air glacial du petit bourg. Le froid transperçait ses vêtements, mais il n’y pas prenait garde. Il rentra dans l’auberge sombre, tout juste éclairée par quelques chandelles qui ne procuraient qu’une lumière diffuse. Le Répurgateur s’approcha du comptoir où se tenait l’aubergiste, une homme massif d’une trentaine d’année. Malgré sa taille et sa carrure, l’aubergiste dut lever les yeux pour voir la tête de Frédrik. Il était impressionné par ce géant à la barbe rousse, aux habits noirs et aussi par les deux pistolets qui pendaient à sa ceinture. Il avait aussi un sabre, pour le moment au fourreau. Et surtout une énorme arbalète qui tenait de la baliste. L’aubergiste bredouilla à Fredrik : "Qu’est-ce... Qu’est-ce que je vous sert ?"
Garaz
Après une longue journée de repos dans son cercueil, le vampire se réveilla, puis ouvrit d’un coup sec le cercueil et mit une cape noire. Il mit un pied dehors, puis deux et marcha dans les coins les plus sombres de la ville. Puis il avisva au loin une auberge où de jeunes gens passaient leur soirée...
Elendil
Il poussa la porte de l’auberge distraitement, le visage assombri par ses yeux plissé ; des rictus de cruauté fusaient sur ses lèvres... Il choisissait sa victime.
Il fixa la serveuse, une pulpeuse brune aux milles atours. Il s’approcha d’elle sans la quitter des yeux. La peur était en elle. En elle était le froid. En lui était la soif. Il la mordit au cou de ses canines gracieuse, laissant le sang s’engager en sa bouche. Laissant suinter le liquide dans sa gorge. Le sang qui fut en elle était en lui.
Alcien
Fredrik qui dormait dans sa chambre fut réveillé par un cri aigu. Le Vampire, il est là ! Il le sentait. Fredrik se mit un manteau sur les épaules, prit son arbalète et arma ses deux pistolets. Il descendit les escaliers quatre à quatre et arriva dans la salle commune où le Vampire était en train de se délecter du sang de sa victime. Fredrick pointa son arbalète vers le Vampire et hurla :
"Rends-toi, monstre !"
Dude
La créature se retourna vers l’impudent qui le tenait en joue. La bouche étirée en un rictus haineux, Hergor dévoila des crocs dégouttant de sang. Il laissa tomber le corps de la jeune fille sans aucun ménagement, comme on se débarrasse d’un poids mort. La faim qui le tourmentait sans cesse depuis sa seconde naissance ne lui laissait aucun répit. Toutes les fibres de son corps vibraient à l’unisson dans un unique but : l’appel du sang était plus fort que tout. Cette soif inextinguible le poussait à tous les risques et il se jeta sans crier gare sur le Répurgateur, évitant à une vitesse surhumaine les carreaux d’arbalète qui fusaient à ses oreilles. Le vampire s’approchait dangereusement de sa nouvelle proie, faisant valser le mobilier dans sa course, tout comme les malheureux pas assez prompts à s’écarter qui finirent projetés au loin tels des pantins désarticulés.
Fredrik, nullement impressionné, mit en joue la créature avec ses deux pistolets. La détonation retentit, et un nuage de fumée obscurcit momentanément la scène. Quand tout redevint clair, le vampire s’était volatilisé. Le Répurgateur rengaina ses armes et inspecta les lieux. Des traces de sang toutes fraîches maculaient le sol à quelques mètres de lui. La créature avait été touchée, mais il en fallait plus pour en venir à bout, Fredrik le savait. Il caressa machinalement la fine cicatrice qui courait le long de sa joue, l’air pensif.
"Tu en as peut-être réchappé ce soir, mais ce n’est qu’une question de temps. Tôt ou tard, toi et les tiens, vous paierez."
Le Répurgateur regagna sa chambre pour chercher ses affaires. Il régla son dû et sortit dans la froidure de cette nuit glacée. Fredrik, le pas assuré, se dirigea vers les bas quartier. La traque pouvait commencer.
Elendil
Les traces de sang qui séchaient lentement sur le sol de la rue indiquèrent indéniablement à Fredrik que sa proie serais bientôt à lui. Il suivit les traces et arriva dans un ruelle sombre.
"Montre-toi, Vampire !!"
Il prononca ce dernier mot avec un dégoût non dissimulé. Puis il sentit, après la froideur du soir qui l’avait mordu, la fraîcheur d’une lame affûtée qui pénétra dans son dos. La lame avait tranché. Elle était en lui, et la froideur et la lame. Fredrik se retint de lâcher un cri de douleur aigu. Non, la mort ne le prendrait pas aujourd’hui. Il se retourna vivement.
Dude
En face de lui, à demi dissimulés dans la pénombre, les yeux du vampire dardaient sur sa proie des éclairs de rage. L’odeur du sang frais avait attisé chez Hergor une folie bestiale. Et cette rage était encore amplifiée par l’épisode de l’auberge où le mort-vivant en avait réchappé de justesse.
Le Répurgateur tentait d’ignorer la douleur. Pourtant, le poignard restait fermement planté dans son épaule et Fredrik pouvait sentir sa chemise lui coller à la peau, toute poisseuse du sang qui continuait à s’écouler.
Soudain, la créature de la nuit bondit hors de son refuge, son ombre démesurée engloutissant son adversaire. Le Répurgateur esquiva la charge de justesse mais les griffes du vampire l’atteignirent à la jambe. Grimaçant de douleur, Fredrik se releva aussi vite qu’il le put et battit en retraite. Bien que cela lui en coûtait, il n’avait pas le choix. Il perdait trop de sang et avec de telles blessures, impossible de continuer le combat. Il sentait l’engourdissement gagner peu à peu ses membres, mais il parvint à forcer l’allure, s’aventurant dans un dédale d’habitations délabrées. Il pouvait voir sur le sol pavé l’ombre de la mort planer au-dessus de lui. Fredrik défonça la porte d’une grande bâtisse abandonnée et se réfugia au cœur de l’édifice.
Profitant de ce moment de répit, le Répurgateur se saisit du manche de l’arme plongée dans son corps. Serrant les dents pour étouffer un cri, il tira d’un coup sec. Un jet de sang aspergea le mur derrière lui. Il vacilla sous la douleur, les yeux baignés de larmes. Reprenant son souffle, il s’administra un bandage de fortune. Mais son repos fut de courte durée quand le bruit d’une fenêtre brisée se fit entendre à l’étage au-dessus de lui ?.
Dvzk
Les nerfs tendus dans l’obscurité.
La main crispée sur la garde de son épée. Le fier Répurgateur avait peur.
De cette peur qui brisent les esprits.
De celle qui défait les méandres de la pensée. Alors, lentement, Fredrik se releva. Ses profondes blessures crachaient abondamment du sang, mais il ne ressentais plus la douleur.
Il avança à tâtons vers la fenêtre...
Il n’entendait rien...
Il allait bientôt partir...
Le Vampire reposa lentement son verre sur sa table de bois vernie et essuya avec délicatesse son menton à l’aide d’un mouchoir en flanelle.
Le Crieur avait annoncé la mort d’un Répurgateur, retrouvé fou par les hommes de Sigmar. Il reçut les derniers sacrements.
Un sourire découvrit les longues canines d’Hergor.
Il y en a eu d’autres et encore il y en aura.
Mais il s’en moque.
Il a tout son temps...
Fin