Il fallut peu de temps à Karl pour rassembler ses anciens compagnons d’armes. Ils étaient tous là , réunis sous le porche de la taverne. Face à lui se trouvait Bork , son compagnon de toujours. Bork était bûcheron avant de rentrer dans l’armée , de cette activité découlait l’impressionnante masse musculaire dont il était doté. Un seul de ses poings aurait suffit pour terrasser un bœuf et un caractère d’homme du nord , à la fois bourru et amicale venait compléter le personnage. Il était accompagné de son fils , surnommé l’imberbe car il était le seul de la bande à ne pas porter la barbe abondante des guerriers du froid, tels qu’on les surnommait dans l’armée, rapport à leur provenance des régions glacées de l’extrême nord de l’empire. L’imberbe avait était l’un des meilleurs compagnons des fils de Karl avant leur disparition, il s’était donc naturellement porté volontaire.
Karl reconnu aussi Vic Von Krichton , un marginal ayant tout quitté pour vivre en véritable ermite dans la montagne, qui se prétendait fils de trappeur , bien que tous connaissent ses illustres origines .D’un naturel discret, il était toujours d¹un grand secours en cas de coup dur,et personne ne pouvait égaler ses prouesses à l’arc ou au javelot. Bien que tous fussent des chasseurs et des tireurs de première ordre, il les rendait ridicules en la matière.
En tout , près d’une vingtaine de rudes gaillards avaient répondus à son appel. C’était un bon début , et la traque des pillards verts allait pouvoir commencer. Un messager fut envoyé quérir des renforts auprès de l’empereur car il ne faisait aucun doute que la bande à laquelle ils avaient affaire n’était que l’avant garde d’une force beaucoup plus importante.
La première escarmouche eut lieu peu de temps après cette réunion, par un matin brumeux ,alors que la bande patrouillait dans les sous-bois. Karl mourrait d’envie d’aller chercher les orcs dans leurs repères, mais ils ne pouvaient laisser le village sans défense avant l’arrivée des troupes régulières, et leur activité se limitait pour lors à de simples patrouilles. Un matin donc , les farouches guerriers tombèrent sur quelques orcs égaré qui déjeunaient dans une clairière .
Sans un son , chacun se mis en position , accroupi dans les bosquets , attendant le signal . Karl saisit une flèche dans son dos , encocha la plume sur la corde et arma son bras ; La corde se détendit brusquement , libérant un sifflement strident. Le trait alla tout droit se ficher dans la gorge du premier peau-verte. Seul un " ARGGh " étranglé put sortir de la bouche de se dernier , tellement stupéfait du changement de goût de la brebis qu’il dévorait goulûment. A quelques secondes d’ intervalles, ses compagnons lâchèrent également leur cordes , abattirent environ cinq brutes , et se précipitèrent en hurlants à la suite de leur chef qui brandissait déjà son énorme hache à double tranchant.
En effet , Karl s’était jeté sur le premier orc à sa porté , et ivre de rage ,le terrassa d’un puissant revers de son arme dans les dents . L’orc , encore stupéfait , vit avec surprise sa mâchoire se dissocier de son crâne avec un bruit atroce d’os brisés. Se ressaisissant , les autres orcs entamèrent le combat. L’un d’eux , une bête immense de chair et de muscles ; saisit son kikoup et trancha comme dans du bois la jambe d’un des chasseurs , puis , apercevant Karl ,se rua sur lui avec un hurlement bestial. Soudain , ses traits se relâchèrent , et ses yeux surpris ,peu à peu recouvert par un voile rouge , se fermèrent sur cette vision de massacre et de sang qu’était devenue la clairière.
Avec un petit rictus, Vic retira d’un coup sec son javelot d’entre les oreilles du monstre , et fit un petit signe de tête significatif à son chef couvert de sang. Il l’observa un peu ;C’ était un homme plutôt petit , bien équilibré , avec des épaules larges et puissantes. Rien sur son visage ne laissait supposer un tempérament de fer , excepté peut-être son front plissé et ses petits yeux durs . Karl était de ces hommes que l’on ne remarque pas au premier abord , mais dont il est difficile de se détacher après les avoirs plus longuement examinés. Tout en lui rappelait l’homme du nord , la longue cape en peau d’ours , la hache ensanglantée , la stature imposante , la barbe foisonnante...
Enfin il reporta son attention sur la clairière , ou les cadavres démembrés avaient pris la place de l’insouciante bande de peaux -vertes . Hormis les blessés qui avaient pris la fuite et ceux que l’on achevait , près d’une douzaine avaient mordus la poussière et dégageaient déjà une odeur putride. Il contempla ses compagnons , quelques-uns étaient assez gravement blessés , et il rencontra les dépouilles de deux d’entre eux. Mais il ne trouva pas Révélus ;
_ " hé , les gens ! Z’auriez pas vu Révélus par hasard ?
_ Non, aucune idée .. "
Puis , après quelques temps , :
" Ca y est , j’ai retrouvé sa tête ! pas joli à voir ! le corps ne dois pas être loin ! "
Ainsi la bande rentra t-elle au village , épuisée , en piteux état , allégée de trois compères , mais ravie d’avoir pu en découdre .
Un quatrième mourra dans la nuit d’une vilaine plaie à la poitrine. Exténué, Karl tomba sur son lit , se jurant de très vite reprendre le combat, les pillards ne pouvaient que se faire du soucis.