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Nous avons eu, au mois d'août, le profil parfait du chroniqueur, et cela répond définitivement à une question.

      Les chroniqueurs sont rares, qui sont prêts à commenter un texte -- déjà, à le lire, mais aussi à prendre le temps de dire ce qu'ils en pensent et, même, à discuter dessus. Que demander de plus qu'une plume motivée, pleine de passion et d'efforts, présente pour partager et qui écoute autant qu'elle répond ? C'était un profil qu'avec les années on croyait presque disparu, réduit à des cercles d'amis s'encourageant les uns les autres sur leurs textes sans grand recul. Sous quelque facette qu'on le décrive, au final, Leagend a répondu à ce profil. Il a tout du chroniqueur et c'est donc d'autant plus dur de voir que les Chroniques sont incapables, de leur côté, de suivre.

      Chroniqueurs, nous sommes vieux : vieillards grognards un peu usés, préoccupés par mille choses et pour qui l'écriture est devenue une pierre de Sisyphe. Nous avions l'habitude de voir passer les visiteurs en quête d'une vitrine et non d'un forum, et si le Zara' s'en désolait, pour le renard ce n'était que la routine pantouflarde de notre bibliothèque. Mais si Leagend n'est pas fait pour les Chroniques, alors qui peut l'être ? Il y en a peu qui vont jusqu'à commenter en conseils d'écriture, quand ils arrivent, et c'est alors un premier crime du renard de ne pas lui avoir répondu. Un nouveau a au final mieux respecté le contrat des Chroniques que les chroniqueurs eux-mêmes, il y a de quoi s'inquiéter.

      L'ombre : l'enfant perdu

      Nous sommes, avec le texte de Leagend, au coeur des Chroniques des Jours Anciens. Plus proche de nos origines, il faudrait parler de Warhammer ou de Libra. Ce récit de fantasy nous fournit un héros, un univers et des enjeux qui, simples sur l'instant -- une compétition, l'attaque d'un ours -- nous promettent à terme de tout changer. Le texte est travaillé, constant et les chapitres assez courts ne donnent aucune excuse pour ne pas les lire.

      Les chroniqueurs, bien sûr, ont répondu présent, et l'empereur dragon notamment est passé donner son avis, plusieurs fois. Mais c'est là que ça devient étrange, et le renard est interpellé. Alors même qu'il se passionnait pour cette histoire, à l'instant où Leagend a parlé de réécriture il s'est braqué et méfié. Normal, en soi, puisque le renard voulait la suite et non relire ce qu'il connaissait déjà ; commenter une réécriture, c'est comme un exercice scolaire, c'est bien moins agréable. La découverte n'y est pas. Or au lieu de le dire à Leagend, le renard s'est tu, si bien que le sujet est retombé dans le silence.

      Et, de même, avec les conseils d'écriture, Leagend propose quelques conseils pour écrire, et ce partage d'expérience est parmi ce qu'un auteur a de plus précieux à partager, plus, peut-être, que ses textes eux-mêmes. Encore ce matin, une jeune plume ailleurs demandait des conseils pour débuter... mais le renard, à nouveau, est resté silencieux, effrayé d'aborder des questions qui, pour lui, sont devenues si complexes. Et ce n'est pas le manque d'entrain ou de temps qui est en question, mais le manque de réaction. Pourquoi n'avoir pas simplement dit à Leagend "ne réécris pas, on veut la suite" ou bien "je n'ose pas m'engager dans la discussion, mais continue, c'est important", au lieu de cet étrange silence ? C'est ce même silence qui a retardé l'éditorial d'un jour, le renard sachant parfaitement, devant son écran, le matin du premier septembre, ce dont il devait parler, sans vraiment s'y résoudre.

      Mais, en y pensant, le renard ne lui a même pas répondu pour Coral...

      Si le monde est ce qu'il est, faute d'activité, Leagend sera poussé à chercher ailleurs, et qu'il parte ou qu'il reste le renard le remercie déjà pour deux choses : pour avoir prouvé qu'il y a toujours des chroniqueurs là-dehors, des passionnés ; et pour avoir partagé cette histoire dont, vraiment, les chroniqueurs aimeraient connaître la suite. Et le renard veut aussi s'excuser pour ce silence sans excuse. Enfin qui lui reprochera, avec deux personnes pour le commenter, si lentement, de ne pas continuer sa quête de l'écriture ailleurs ?

      Ce serait dire que les Chroniques ne sont plus à même d'accueillir ceux pour lesquels justement elles existent.

      L'éditorial est comme le feu d'un phare, un rappel que ce lieu est en vie, une invitation à entrer. Mais ensuite le phare semble bien vide. Au final, semble-t-il, c'est nous-mêmes qui avons abandonné, faute de temps, faute d'entrain, ou par trop de nostalgie. Sommes-nous vraiment encore des chroniqueurs ? Et que signifie encore cet appel répété encore coup après coup comme la cloche d'un tocsin, chroniqueurs,

à vos plumes ?

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