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Une douce chaleur émanait du feu dans l’âtre tandis que la lueur des bougies animait des ombres dansantes sur la table succulemment garnie. L’épouse de Grazzt avait préparé un festin digne des jours de fête : pigeon rôti à la broche accompagné de patates douces, navet cuit à la sauce aux champignons sans oublier en guise d’entrée, une soupe aux escargots dont le fumet délicieusement épicé arrachait des grondements sourds au ventre affamé de Xyrf mettant ce dernier qui n’y pouvait rien dans un embarras profond. L’air penaud, Leste-Plume évitait soigneusement de lever les yeux vers Dixa assise en face de lui. A sa droite, le jeune Mizfellt commençait à s’agiter avec impatience car il avait lui aussi hâte de faire honneur à cet alléchant repas. La quatrième chaise était pour l’instant vide.

-On pourrait peut-être commencer, suggéra Dixa de sa voix douce et chaleureuse. Ton frère ne tardera pas à nous rejoindre.

Leste-Plume tendit l’oreille et capta des éclats de voix colériques provenant du dehors où la nuit était tombée depuis peu. Il reconnut aisément les timbres de Grazzt et de Souffle-flûte. Même s’il ne parvenait pas à saisir tous les mots, il se doutait bien que leur dispute concernait la récente « capture » de Tête-de-loup. Sur ce dernier point, Xyrf partageait entièrement les inquiétudes exprimées par le chef du village.

- Nous avons attendu son retour pendant une semaine, répondit-il sans lever les yeux ; on peut encore patienter quelques minutes. Ils finiront bien par se lasser, termina-t-il avec un sourire.

Leste-Plume était fort gêné et ce n’était pas uniquement dû aux sons inconvenants émanant de son estomac. C’était à cause de Dixa. Tant d’années s’étaient écoulées mais il ne parvenait pas à oublier combien il en avait été épris jusqu’à oser lui demander sa main. Gnome idiot ! Comment avait-il pu nourrir l’espoir que la plus jolie fille du village puisse épouser un chétif gratte-parchemin qui ne savait manier ni bêche, ni arbalète. Quel foyer aurait-il pu lui offrir ? Dixa l’avait alors gentiment éconduit lui assurant qu’elle le considérait depuis toujours comme un grand frère ; pour accepter peu après la demande de son frère à lui, le grand et fort Grazzt qui, il est vrai, était le meilleur parti qu’une gnomette puisse rêver. Avec le temps, la blessure avait fini par se refermer et seule subsistait une certaine gêne lorsqu’il se trouvait en présence de celle qui était devenue sa belle-sœur. Il ne pouvait s’empêcher d’imaginer ce que serait leur vie à tous deux si ses sentiments avaient été réciproques.

L’épaisse porte en bois du logis s’ouvrit violemment et se referma avec fracas. Le déplacement d’air fit vaciller les flammes des bougies et manqua de les souffler. Grazzt, les joues empourprées par la colère se laissa lourdement tomber sur sa chaise en bougonnant. Sa patte vigoureuse se posa sur le pigeon rôti et en arracha rageusement une aile. Ce fut le signal de la curée pour Mizfellt qui se jeta avidement sur l’autre aile tout en aspirant goulûment la soupe brûlante.

- Il ne…comprend…rien, lâcha Tête-de-loup tout en mastiquant avec hargne. Zibnarf… humph…a du vent entre les oreilles !

Xyrf lui jeta un regard surpris. Il ne se rappelait pas avoir déjà vu son frère aussi irrité. Le géant était connu pour se montrer en toute occasion doux dans ses manières et chaleureux dans ses relations avec autrui. Cette dernière chasse éprouvante, la fin tragique de Munkark et cette histoire de louveteau avaient sûrement fini par entamer son tempérament habituellement placide. Même Mizfellt, interloqué et la bouche pleine, en oubliait de mâcher. Dixa qui s’était donnée bien du mal pour préparer le dîner familial et qui ne voulait pas voir gâcher cette soirée de retrouvailles sut trouver les mots apaisants qui ramenèrent le sourire sur le visage de son époux. Ce dernier plus détendu la complimenta chaudement pour les délicieuses victuailles qu’elle avait disposées devant eux. Leste-Plume lança à Dixa un regard à la dérobée et vit les joues de la gnome rosir de plaisir.

Elle est toujours aussi belle, soupira-t-il en son for intérieur tout en admirant ses yeux rieurs, son visage rond et généreux et ses cheveux roux séparés soigneusement en deux longues tresses.

- C’est moi qui ai descendu le pigeon, pa ! lança Mizfellt en sortant brusquement de sa poche les lanières de son inséparable fronde.

- Félicitations fiston ! Celui-ci était bien gros héhé.

L’adolescent avait raison d’être fier de son habileté. Les volatiles qui avaient le malheur de survoler le village d’un peu trop bas venaient souvent agrémenter la table de la famille Grazzt. Ces prises étaient bienvenues surtout lorsque le père devait s’absenter à la chasse pour une longue période et que la viande, même séchée, venait à manquer.

Le repas touchait à sa fin et Mizfellt harcelait son père pour qu’il lui racontât l’épisode de la louve pour l’énième fois. Grazzt s’y prêta de bonne grâce. Leste-Plume nota avec amusement que dans la version destinée à son rejeton, Tête-de-loup minimisait grandement le rôle de Brise-roc et Fleztikirr tout en rajoutant une couche de bravoure dans son face-à-face avec la louve, le transformant en corps à corps féroce au dénouement longuement indécis. Nul ne pouvait blâmer le père de gonfler son mérite auprès de son fils unique ; et l’émerveillement qui se lisait sur le visage de l’adolescent valait bien une petite entorse à la réalité des faits.

Lorsque la nappe ne fut plus jonchée que d’os de pigeon épars et de coquilles d’escargot soigneusement vidées, la maîtresse de maison se leva pour débarrasser la table aussitôt aidée par son fils qui d’habitude faisait rarement preuve d’autant de serviabilité. Il s’empressa même d’apporter à son père et son oncle de quoi fumer car rien n’était plus agréable aux gnomes que de poursuivre un bon repas par un bon cigare. En fait le garçon espérait que ses parents l’autoriseraient à aller rejoindre d’autres jeunes du village qui frustrés de l’annulation des festivités, s’étaient malgré tout donnés rendez-vous au pied du grand chêne pour chanter et s’amuser entre eux.

Xyrf et son frère étaient à présent seuls. Ils avaient déplacé leurs chaises pour s’asseoir face au feu de la cheminée que Mizfellt avait alimenté de belles bûches avant de disparaître discrètement pour sans aucun doute aller s’encanailler avec ses camarades. Dixa quant à elle avait rejoint sa chambre à l’étage pour prendre quelque repos après une journée bien remplie. Le silence n’était rythmé que par le crépitement sec du bois qui se consumait dans l’âtre. Les deux frères tiraient de grosses bouffées de leurs cigares constitués de tabac sauvage broyé et roulé dans des feuilles de saule séchées et se laissaient distraire par la danse chaleureuse des flammes. Ils savouraient cette délicieuse atmosphère de sérénité. Ce fut Grazzt qui finit par rompre ce moment de quiétude.

- J’ai peur, laissa-t-il tomber d’une voix presque inaudible.

Leste-Plume ajusta ses lunettes et considéra avec étonnement le visage de son frère dont les traits généralement doux trahissaient à présent une vive inquiétude. Grazzt le géant, Grazzt le tueur de loups pouvait-il être effrayé par quoi que ce soit ? Le petit gnome trouvait cette idée incongrue et pourtant…

- C’est à cause de ta dispute tout à l’heure avec Souffle-flûte ?

- Qu’ai-je à faire du louveteau ! s’emporta brusquement Grazzt. Si cela peut faire plaisir à Zibnarf j’irai trouer la peau à cet animal demain à la première heure.

Xyrf qui n’avait jamais fait de mal au moindre être vivant, frémit en imaginant la mise à mort du petit canidé. Il espéra que Tête-de-loup avait parlé sur le coup de l’amertume et que l’animal serait finalement relâché dans les bois.

- Qu’est-ce qui te tourmente petit frère ?

Il était toujours cocasse d’entendre Leste-Plume appeler ainsi son colosse de frère mais le fait est qu’il était bel et bien l’aîné. Grazzt jeta le reste fumant de son cigare dans le foyer et épousseta la cendre qui était tombée sur ses cuisses.

- J’ai peur pour nous Leste-Plume, finit-il par répondre. Il y a comme une…menace.

Tout autre gnome qui n’eut aussi bien connu Grazzt aurait éclaté de rire. Une menace ? La belle affaire ! Les membres de la Tribu vivaient génération après génération avec et sous la menace de la Forêt. Mais Leste-Plume sentait que son frère voulait lui faire part de quelque chose de différent, d’un événement nouveau et suffisamment préoccupant pour avoir ébranlé son caractère de granit. Il posa sa main menue sur la robuste épaule du chasseur pour l’encourager à exprimer ses craintes.

Alors Tête-de-loup se mit à raconter. Il raconta comment les premiers jours de la dernière expédition, ses compagnons et lui avaient suivi la rivière vers l’amont. Les pêcheurs du village s’inquiétaient de ce que le niveau de la rivière semblait baisser de jour en jour, ce qui n’était guère normal pour la saison. Grazzt avait espéré pouvoir découvrir la raison de cet inquiétant phénomène qui, s’il ne s’inversait pas, menacerait à terme la survie même de la Tribu. Quelle n’avait pas été la surprise des chasseurs lorsqu’ils étaient tombés sur un clan de castors dont les huttes à demi immergées étaient adossées à un immense barrage que les rongeurs s’affairaient à consolider ! C’était sans aucun doute le nouveau stratagème que la Forêt avait imaginé pour se débarrasser des gnomes. Les chasseurs s’étaient montrés sans pitié. Les voies de retraites avaient été coupées puis les castors avaient été enfumés dans leur fortin. Très peu avaient pu échapper au massacre. Il avait fallu aux gnomes une demi-journée entière pour détruire l’ouvrage des rongeurs et rendre à la rivière son cours d’antan.

Xyrf ne put retenir un sifflement admiratif. Les gnomes malgré leur petitesse faisaient preuve d’une aptitude à la survie en tant que peuple proprement stupéfiante. Leur vitalité leur avait toujours permis de triompher de leur environnement extrêmement hostile.

- Ce n’est que partie remise, reprit Tête-de-loup sans se départir de sa mine inquiète. Elle aura retenu la leçon et la prochaine fois les castors construiront leur barrage encore plus en amont.

Leste-Plume n’avait pas besoin de demander à son frère à qui il faisait allusion lorsqu’il évoquait “elle” ; il s’agissait bien évidemment de la Forêt, cette entité malveillante qui n’avait de cesse de rendre leur vie infernale.

- Cette fois on a perdu Munkark mais qui sait ce qu’elle nous réserve si on s’aventure plus loin au nord. Elle fera tout pour nous attirer encore plus profondément en son sein alors je pense que ce n’est qu’une question de temps avant qu’un autre barrage ne soit construit. Avec le puits qui commence à se tarir, l’assèchement ou le détournement de la rivière signifierait la fin.

Ainsi dépeinte, la situation était effectivement fort préoccupante. Mais Leste-Plume craignait que son frère n’ait d’autres révélations encore plus inquiétantes.

- Et puis j’ai vu quelque chose, dit le chasseur comme pour confirmer les craintes du scribe. C’était la nuit qui suivit la mort de Munkark. Les gars étaient épuisés alors j’ai proposé de prendre le premier tour de garde. De toute façon je n’aurais pas pu trouver le sommeil tant j’étais en colère contre moi-même. Si seulement j’avais pas laissé le petit s’éloigner du campement…

Grazzt saisit brusquement le tisonnier et se mit à attiser les flammes avec véhémence. Lorsque la douleur provoquée par la remémoration de ces souvenirs pénibles fut évacuée, il reprit son récit.

- La nuit était calme. Mère Lune éclairait le ciel et un bon feu protégeait notre campement. J’étais assis à écouter le murmure nocturne de la forêt quand soudain ce fut le silence total. Un silence comme je n’en avais jamais connu jusque là ; surnaturel et terrifiant. Pas le moindre bruissement de feuille, de rongeur ou même d’insecte. J’avais l’irrépressible sentiment que la Forêt retenait son souffle avant de lancer quelque terrible attaque. J’ai essayé de me lever pour réveiller mes compagnons mais j’étais complètement paralysé par la panique. C’est alors que cette…chose est apparue.

 

- …quelle chose ? demanda Tagzokt qui tortillait nerveusement une de ses boucles grises.

Leste-Plume remarqua que le maître tanneur n’était pas le seul à être nerveux. Les trois autres membres du conseil des Anciens s’agitaient sur leur banc sous le grand chêne et s’échangeaient des regards inquiets comme s’ils regrettaient déjà ce qu’ils allaient entendre de la bouche de Tête-de-Loup. Le scribe, alarmé par le récit de son frère, avait dès l’aube pris l’initiative de convoquer les Anciens afin que le conseil de la Tribu puisse sans délai prendre connaissance des derniers évènements. Il avait d’abord fallu convaincre Grazzt d’accepter de venir faire part de ses craintes à leurs aînés car le chasseur s’était montré extrêmement réticent. Il était persuadé que cela ne servirait à rien et que son histoire ne serait pas prise au sérieux. Les Anciens n’avaient d’ailleurs pas le moins du monde semblé partager son pessimisme au sujet du problème des castors. Souffle-Flûte avait balayé avec dédain les craintes de Grazzt, arguant que les gnomes feraient face à chaque fois que nécessaire. Tagzokt n’avait semblé intéressé que par le nombre de fourrures de castors que les chasseurs avaient ramenées de leur raid. Zilaknn le père du malheureux Munkark gardait le silence et l’on devinait à son visage crispé que le récit de l’expédition ne faisait que raviver la douloureuse perte de son fils unique. Pioche-Matin le vieux mineur du village n’avait quant à lui prêté qu’une oreille distraite à ces problèmes du monde d’en-haut, son esprit n’accordant que peu d’intérêt à tout ce qui ne concernait pas directement le dur labeur des profondeurs.

- En fait je ne sais pas, répondit Grazzt après un court moment d’hésitation. Je n’avais encore jamais croisé pareille bête. C’était un animal énorme et je me demande encore comment il a pu s’approcher de notre camp sans que je ne détecte sa présence. La fatigue sans doute, conclut-il sans conviction.

Le jeune homme se mit alors à décrire le monstre qui s’était faufilé dans le camp des trappeurs sans manifester la moindre crainte du feu allumé. Deux fois plus haut qu’un loup adulte et aussi large que le tronc du vieux chêne, le fauve au pelage brun s’avançait sur ses quatre pattes en se dandinant d’une manière qui aurait parue grotesque à un œil non averti. Mais Grazzt, pétrifié par une crainte irrépressible, avait ressenti jusqu’au tréfonds de son être la terrifiante puissance contenue dans ces membres musclés se terminant par de redoutables pattes griffues. Le cœur du valeureux chasseur avait failli s’arrêter de battre lorsque la bête s’était dressée sur ses pattes antérieures.

- Croyez-moi ou pas mais ainsi dressé, le monstre était plus haut que nos remparts !

Le chasseur observa une pause pour laisser à ses auditeurs le temps de visualiser mentalement la scène.

- Ensuite il s’est remis sur ses quatre pattes, s’est retourné et a disparu dans le sous-bois.

Un silence stupéfait accueillit la fin du récit. Leste-Plume sentit que chacun commençait à réaliser le terrible danger qui menaçait la sécurité du village. Même Souffle-Flûte qui n’avait eu de cesse de minimiser le récit alarmiste de Grazzt semblait figé, bras ballants et regard perdu dans le vague. Ce ne fut pas le chef du village mais le vieux Zilaknn qui se reprit le premier.

- Il faudrait renforcer la garde aux remparts et aux tours, proposa-t-il. Et même doubler l’effectif à la tombée de la nuit.

Grazzt tenta vainement de les convaincre que leur système de défense même renforcé ne les protègerait pas longtemp face à une créature d’une telle puissance. Pioche-Matin l’interrompit brusquement pour exposer le plan génial qui venait de germer dans son esprit : creuser un tunnel qui déboucherait hors des remparts permettant aux chasseurs de prendre à revers tout monstre qui assaillerait le village. L’idée fut reprise par les autres membres du conseil qui s’enfermèrent dans un débat animé où chacun rivalisait d’ingéniosité pour trouver les moyens d’assurer la sécurité de la communauté. Tête-de-Loup ne disait plus rien et contemplait le groupe des Anciens d’un œil effaré. Soudain il leur tourna le dos et quitta la place du grand chêne, aussitôt suivi par Xyrf. Les vieux gnomes ne remarquèrent même pas le départ des deux frères, occupés qu’ils étaient à imaginer des parades toutes plus farfelues les unes que les autres.

-Attends-moi ! haleta Leste-Plume.

Il avait du mal à rattraper son frère qui de son pas énergique avait déjà atteint les abords de la falaise.

-J’étais certain qu’ils ne comprendraient pas, fit Grazzt en se retournant brusquement.

Le petit scribe se retrouva assis dans la poussière du sentier. Il lui fallu quelques secondes pour réaliser qu’il venait de foncer tête la première dans la puissante poitrine de son frère avant d’être projeté en arrière. Tête-de-loup tendit le bras à son aîné, l’aida à se relever et à épousseter ses vêtements.

- Parle-moi, fit Xyrf en remettant ses verres sur son nez et après s’être assuré que ses précieuses lunettes n’avaient pas été endommagées. Dis-moi le fond de ta pensée.

- C’est fini grand frère, répondit le chasseur d’une voix qui semblait sur le point d’être submergée par les sanglots. Les Anciens refusent de voir la vérité en face mais lorsque le monstre viendra ce sera la fin de la Tribu. Nos remparts et nos flèches ne nous seront d’aucune utilité contre cette chose.

Leste-Plume sentit une peur glacée lui nouer les entrailles. Son esprit fut submergé par d’épouvantables images de mort et de destruction. Contrairement aux Anciens, il ne remettait pas une seule seconde en cause le jugement de Grazzt. Ce dernier qui avait passé sa vie à affronter la Forêt face à face connaissait mieux que quiconque l’étendue de ses effroyables pouvoirs.

- N’y a-t-il donc plus aucun espoir ? murmura Leste-Plume au bord des larmes.

Tête-de-loup se tenait à présent face au pont et semblait jauger le mystérieux édifice.

- L’espoir n’est plus permis, murmura-t-il. Mais peut-être que le temps est venu pour notre peuple d’envisager l’impensable…

Son visage avait retrouvé la sérénité mais ses yeux qui semblaient vouloir percer l’étrange horizon de brume brillaient d’une lueur ardente.

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