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Chant des Pierres (le)- Chap. 7 : L’Ultime Route vers la Destinée
- Zarathoustra
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- Zarathoustra
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Certaines séquences sont assez anciennes, notamment celle où on découvre le Monolithe Rouge qui avait été la première écrite pour replacer le Chant des Pierres dans le Rêve d'Ether et qui me parait être un moment fort du chapitre. J'avais donc un "blanc" entre la séquence de l'incendie et celle-là. Une partie a achevé le chapitre précédent et le reste se trouve ici.
J'ai quelques interrogations en ce qui me concerne sur deux principaux points:
1- La compréhension des séquences oniriques et les impressions qu'elles provoquent dans la tête du lecteur
2- La crédibilité de l'évolution du personnage du devin
Au final, je retiens que j'ai surtout beaucoup moins peiné à l'écrire que le précédent.
Le prochain chapitre devrait être le dernier, à moins que je sois obligé de le scinder en deux pour des questions de facilité de lecture sur le net... On va dire que tout est écrit au 2/3, mais que le dernier tiers est constitué de blanc que j'ai pour l'instant mis de côté pour ne pas freiner les bonnes dispositions que j'avais pour me replonger dans cette histoire... J'espère vraiment l'achever avant la fin de l'année... Pas forcément évident car je bute assez fort sur ces "blancs" (dont une séquence "action" que je ne sens pas du tout du tout )... Je croise en tout cas les doigts pour y parvenir...
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- Vuld Edone
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C'est là où j'ai décroché.Le fou désir qui l’avait assailli au début avait totalement disparu. Un immense flot de tendresse s’était déversé en lui et il voulait le lui apporter à ses pieds
Pour être plus précis :
C'est pas possible c'est un texte de propagande à ce stade. J'ai laissé passer ça parce qu'il était à peu près clair que le Chant des Pierres est là pour glorifier la femme, et pourquoi pas. Mais là ça en devient vraiment forcé. Il y a des enfants, il y a des vieillards, mais on félicite uniquement les femmes.A bien des égards d’ailleurs, toutes ces femmes dégageaient une dignité plus grande encore dans l’adversité qui durait maintenant depuis si longtemps
C'est frustrant parce que normalement ça aurait pu passer sans problème. Comme dit, c'est un peu l'esprit du texte et ça sert de transition vers les préoccupations de Reyv'avih, aka Ilda. Mais le "à bien des égards" en fait une parenthèse plutôt qu'une transition. Une transition aurait glissé un vieillard au départ, puis une femme, une autre femme, éventuellement une petite remarque sur un enfant bien brave et encore une femme et là on passe au Devin obnubilé par Ilda. C'est autant une manière de décrire l'état d'esprit du personnage que de glorifier la femme. Dans le fond, pas de problème. Dans la forme, soupir...
Mais bon. Le Devin change encore d'émotion parce que... je ne sais pas bien mais bon. Tout va bien, on parle des absentes, tout va bien, on s'engage dans un rêve, tout va bien, encore un peu de nudité et puis le Devin change encore d'émotion. Plus de désir, seulement de la tendresse, et...
Et je n'arrive pas à suivre. Je comprends qu'il perde toute envie devant quelqu'un qui supplie, soit... mais je m'attendrais plutôt à de l'incompréhension, de la surprise ou que sais-je. Je ne sais pas comment le décrire. Ça me fait penser à un texte biblique où tel personnage soudain a la révélation de je ne sais quoi et se convertit. D'où ça vient ? Comment, pourquoi, d'où, je n'arrive pas à suivre.
Mon problème n'est même pas que sa réaction est incohérente. Elle est cohérente. Il est face au Monolithe, dans un rêve, et il a un peu traversé un maelström d'émotions jusqu'à présent. Je suis prêt à accepter qu'il se prenne un coup de poing mystique. Mais à la façon dont c'est présenté... c'est juste "et là paf tendresse, okay bye". On ne le présente pas comme un coup de poing mystique. À cet endroit du texte il aurait pu ressentir n'importe quoi. De la rage, du désespoir, de la tendresse, de l'assurance, que sais-je. Tout aurait pu passer tant c'est arbitraire.
C'est d'autant plus ennuyeux que d'une certaine manière on est là au coeur du texte. Le dialogue du Devin avec le monolithe. On touche presque à son mystère, au message... et au lieu du message on a juste "paf, tendresse". Plus la moindre chance de s'identifier avec le Devin. La déconnection est totale.
Il manquerait sans doute, là aussi, très très peu de choses pour que ça passe comme une lettre à la poste. Quelques détails pour préparer ce brainwash. Mais ces détails manquent.
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- Zarathoustra
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Je suis assez surpris de ta réaction dans la mesure où tu n'as pas réagi particulièrement quand Hilda a failli se faire violer ou qu'elle ait été battue à mort. Parce que si tu réagis là pourquoi ça te dérangeais si peu avant? Te disais-tu dans les autres chapitres que tous les hommes n'étaient pas comme ceux que je décrivais ou ou tu te disais "Oh la pauvre femme!"?Mais là ça en devient vraiment forcé. Il y a des enfants, il y a des vieillards, mais on félicite uniquement les femmes..
Est-ce les hommes qui sont violés ou battus à mort autour de toi? Je ne vois pas nécessité d'être "équilibré" parce que la réalité ne l'est pas. Et ce sont les hommes qui conduisent les guerres, qui massacrent à tour de bras (dans ce texte mais dans le monde tout entier depuis la nuit des temps)... Je ne dis pas que les femmes sont toutes des saintes. Mais la majorité des femmes se sacrifient pour donner vie, pour éduquer, pour nourrir sans avoir les mêmes droits de faits... Tu te rends compte que même en France il faut une loi pour qu'il y ait un semblant d'équité et que même avec une loi, on est toujours loin du compte. Alors, non, désolé, ça ne me dérange pas de mettre autant en avant les femmes dans ce chapitre... Que ce soit un peu lourd ou maladroit, pourquoi pas, mais que tu me réclames un traitement équitable entre femmes, enfants et vieillards, je ne comprends pas vraiment où tu veux en venir en fait, d'autant qu'il y a un parti pris depuis le début de cette histoire.
.C'est d'autant plus ennuyeux que d'une certaine manière on est là au coeur du texte. Le dialogue du Devin avec le monolithe. On touche presque à son mystère, au message... et au lieu du message on a juste "paf, tendresse"
On va dire que je suis d'accord que c'est un peu too much. Seulement c'était déjà plus que patent dans le précédent chapitre. Je dirais qu'il y a là comme un résultat logique d'une équation. Ce devin en a vu de toutes les couleurs. Il n'a jamais rien compris, surtout à ce qui lui arrivait depuis le début. Il a même tout fait de travers. Accessoirement, la tendresse n'est pas l'amour. Pose-toi la question de ce qui lui arrive vraiment qui relie justement le premier grief avec celui-ci. C'est comme ça que tu résoudras véritablement le message du monolithe qui n'est pas ce réducteur "et paf, tendresse". Mais tu aussi raison.
Pour ce qui est de la forme, le rêve est bof et toute cette première séquence du début ne me parait pas très réussi, je te l'accord, je pense que c'est la partie qui est la plus faible du chapitre. Donc, en soi, tu as raison aussi. Tu as encore plus raison quand à mon traitement de la séquence avec le monolithe du rêve qui devrait être beaucoup plus évocatrice, à dire vrai, elle souffre clairement d'un manque de travail de ma part, comme si je m'y étais désintéressée. Donc c'est certainement davantage cet aspect que tu as ressenti si fort.
Par contre, la séquence juste après me parait apporter ce qui fait défaut ici, parce qu'elle m'a spontanément plus intéressé à travailler. Mais je n'ai malheureusement pas réussi à (ou eu envie de) faire la séquence d'entrée de chapitre sur le même registre.
Là, je ne suis pas d'accord. Parce que, réponds en toute honnêteté, t'es-tu identifié une seule seconde à ce devin? Ce changement me paraissait nécessaire parce que , même avec moi, il n'y avait plus de connexion avec lui depuis le chapitre 5. Cette résolution du message du Monolithe te déçoit peut-être mais moi, au contraire, ce personnage m'intéresse soudain plus parce que la révélation qu'il a résout le mantra et je trouve au contraire qu'il y a un peu plus de profondeur au contour de la vision que tu vois (sauf à me tromper). Bref, je pense (ou pensais) que ce personnage était de toute façon perdu pour le lecteur en termes d'identification. Sauf qu'ici, il refonctionne en humain, et je pense qu'on peut à nouveau le comprendre et que tout ce qu'il a déjà vécu donne une autre dimension à cette tendresse qui t'hérisse le poil, parce qu'elle vient aussi du chaos qu'à traverser ce personnage. Mais comme je l'ai dit en intro, je ne suis pas complètement satisfait de la brutalité du changement... Pourtant, je me dis qu'il ne peut être que brutal...Plus la moindre chance de s'identifier avec le Devin. La déconnection est totale.
Bref, ce que tu soulignes me semble très pertinent parce que je n'étais pas franchement certain d'avoir été à la hauteur (et n'ai pas forcément cherché à l'être malheureusement). C'est certainement ce manque de travail qui fait que le fond du texte ne passe pas. Je ne pense pas le changer, mais effectivement plus à revoir comment le faire mieux passer. Parce que, pour l'heure, comme je te l'ai dit, j'ai voulu résoudre le mantra sans l'expliquer. Le changement qui s'opère dans le devin est le fruit de cette résolution.
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- Vuld Edone
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Dans ce cas-ci, parce que la tendresse vient de nulle part, je n'arrive vraiment pas à partager ce sentiment. Je ne dis même pas le ressentir, je suis plus ou moins insensible, mais... je n'arrive même pas à imaginer d'avoir ce sentiment dans ces conditions. Pas comme c'est présenté. Rationnellement j'arrive à comprendre qu'on y arrive mais... oui, pas comme c'est présenté.
Ce sont vraiment des questions de forme, et purement de forme. C'est plus l'impression d'avoir sauté deux paragraphes qu'autre chose, finalement. Tu sais, tu regardes un film et soudain on saute dix secondes sans explication et tu te rappelles que c'est un film avec des acteurs. Tu sais plus ou moins ce que devait contenir la coupure de dix secondes mais voilà... tu as décroché.
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- Zarathoustra
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Je suis d'accord, mais je ne comprends pas comment tu pouvais t'identifier à lui avant ou le comprendre. Peut-être le fait qu'il ne comprenait rien à rien et qu'on le voyait débattre dans sa folie finissait par te le rendre sympathique? Ca, j'aimerai bien le savoir parce que c'est un point qui m'intéresse.Plus nos réactions, face au texte, sont proches de celles du personnage, plus l'identification est forte. Il est possible de s'identifier à un personnage sans personnalité, ou à un personnage à la personnalité opposée à la nôtre.
Ce personnage pouvait à ce stade et à mon sens évoluer dans 2 directions:
1- La Folie: franchement, même si on aime bien faire passer la noirceur pour de la profondeur, je crois que cela aurait gini en quelque chose de trop caricatural... Encore une fois noirceur n'est pas profondeur. De toute façon, c'est un texte qui a déjà pas mal de noirceur....
2- La révélation mystique. J'ai fait le choix de cette direction pour sortir de l'impasse dans lequel allait le personnage. Je ne voulais pas de la folie. Le lecteur a toujours raison et l'auteur aussi. Je te donne mes raisons mais tu as raison de ne pas accepter cette évolution parce que c'est certainement moi qui ait mal fait le boulot pour que tu l'acceptes.
Pourtant, elle vient pas de nulle part, elle était déjà latente dans le chapitre précédent. Et, encore une fois, elle a sa logique. Pourquoi ce personnage allait si mal? Parce qu'il refusait de se comprendre. Depuis le début, c'est une constante. Dans le chapitre 4, il a déjà un rêve et il le comprend déjà de travers. Quelque part, il refuse de voir les évidences. S'il va si mal, ce n'est pas une fin en soi. Si un tel 'humain va si mal, d'après toi pourquoi? C'est son corps et son esprit qui essaient de lui dire des choses. Bref, soit il finit par les entendre, soit il disjoncte complètement, direction dépression ou folie... Bref, pour moi, il y a une logique et elle ne vient pas de nulle part.Dans ce cas-ci, parce que la tendresse vient de nulle part, je n'arrive vraiment pas à partager ce sentiment.
Encore une fois, remplace "tendresse" par "compassion" et je pense que rationnellement cela devrait mieux fonctionner.je n'arrive même pas à imaginer d'avoir ce sentiment dans ces conditions. Pas comme c'est présenté. Rationnellement j'arrive à comprendre qu'on y arrive mais... oui, pas comme c'est présenté.
On va dire qu'effectivement ma mise en scène ne permet pas de tout comprendre. L'idée, c'est que le devin.vit à travers le rêve une révélation. Cette révélation est à la fois personnelle et spirituelle, on va dire, et j'ai bien compris que c'est ce qui cloche pour toi.
Ici, il accepte enfin de vivre avec ses émotions. Il arrête de refuser de les voir ou de les vivre. Mais surtout il arrête d'être autocentré, il s'ouvre sur l'autre. Et là, d'un coup, il ne voit plus ses petits problèmes à travers sa petite personne, mais il voit large et voit tout son peuple. Et cette tendresse qu'il ressent lui donne justement accès à la compassion à son égard. Voilà comment je vois les choses. J'espère que ça t'aidera à "comprendre" ce personnage qui ne peut se comprendre.
La révélation est aussi à ce stade métaphysique en quelque sorte. C'est ce que je ne voulais pas expliciter dans la scène. Le texte essaie de résoudre le Mantra, ce qui correspond en même temps au changement du personnage. Le personnage n'est pas en mesure de "comprendre" tout ce qu'il vit, il ne peut que le ressentir..C'est au lecteur de comprendre ce que signifie "être un tout" dans le Mantra. Ta réaction montre d'ailleurs que tu as perçu la réponse mais que tu la refuses dans ta tête.
La contribution du rêve a certainement quelque chose de décevant pour le lecteur dans ce contexte précis. Mais il est possible que, remis dans le contexte du Rêve d'Ether (tel que je le conçois), cela ne fasse pas autant parachuté de nulle part, parce qu'on retrouvera d'autres tentatives du Géant d'influer le monde qu'il a rêvé pour qu'il n'aille pas à sa perte (la perte ici, signifiant qu'il en perde définitivement le contrôle avec une réflexion sur le déterminisme et la liberté en quelque sorte ainsi que sur la dualité rêve et réalité). Et cet enjeu métaphysique, je le relance juste après où tu t'es arrêté et revient au premier plan. le "Sauve-moi" du rêve y trouve ainsi une double résonance, ce qui le rend aussi moins gratuit.
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- Vuld Edone
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Tout d'abord, rappelle-toi que la littérature différencie "identification" et "sympathie". L'identification, c'est en quelque sorte la focalisation, c'est le biais par lequel le lecteur va aborder le texte. En gros, imagine que le lecteur est un acteur de théâtre qui doit jouer tous les rôles. Un personnage parle, c'est lui qui le fait parler. L'identification, c'est la facilité avec laquelle il l'interprète, indépendamment de ce qu'il pense du personnage.(Pour la mise en forme, moi pas aimer le texte gros.)
La sympathie, c'est la réaction du lecteur face au personnage (ou à toute information). En général un personnage auquel on a du mal à s'identifier va laisser indifférent, pas d'identification => pas de sympathie. Mais pas de sympathie ne signifie pas qu'on n'arrive pas à s'identifier. Imagine Kevin le chevalier qui va tuer le dragon, quand il dit à son groupe "allez on part !" tu n'as aucun mal à savoir ce qui le motive, à imaginer comment il le dit, etc... mais avoue que niveau sympathie on préfèrerait s'intéresser au tavernier.
Dans le cas du Devin, il m'est sympathique parce qu'il est victime d'une tragédie, une fois encore, au sens littéraire. Dans un cadre fantastique, on dirait qu'il est victime d'un phénomène surnaturel, et le statut de victime rend forcément sympathique. Sûr, ça le rend méchant, mais on sait pourquoi et c'est suffisant. Au-delà du cadre fantastique, on le voit prisonnier de sa propre logique (et de ses émotions) et plus ou moins emporté par des événements qu'il a déclenchés et qu'il ne contrôle plus.
Donc oui, c'est une raclure mais qui sait avoir tort, et ça ça aide.
Et comme dit, on arrive à comprendre ce qui le motive, comment il en est arrivé à faire ce qu'il fait, donc l'identification ne pose aucun problème. Jusqu'à ce qu'il se mette à éprouver de la compassion.
Alors ce n'est plus très productif d'en débattre mais il faut se remettre en situation :
Là ce passage ne demande pas de la compassion, ce passage demande de mettre des lunettes, de tamiser la lumière et de fumer la pipe en lisant des textes anciens. Là le texte pose une énigme, et tant que je n'aurai pas pu résoudre l'énigme, je ne risque pas de sentir de la compassion parce que je ne saurai toujours pas de quoi cette femme / monolithe parle. C'est un peu beaucoup difficile d'éprouver de la sympathie pour un cryptogramme.Je suis Ilda, je suis toutes les femmes que tu aimeras, je suis toutes les femmes dont tu rêveras ici et ailleurs, hier et demain, je suis le rêve d’une vie, je suis le rêve de mille vies, je suis le rêve de toutes les vies.
Et c'est même ça l'ironie. Elle aurait pu dire tout ça, puis lancer "tu ne sais toujours pas qui je suis !" en forme de plainte pour résoudre le problème. Soudain le texte signale "eh, oublie l'énigme, concentre-toi sur la pitié" et ce serait même une raison pour lui d'éprouver de la compassion, au-delà de sa réelle motivation : il, ou le lecteur, ne sait effectivement toujours pas qui elle est, malgré six chapitres. Il y a effectivement de quoi se plaindre et se sentir misérable.
C'est aussi pour cela que, précédemment, je proposais d'introduire la compassion comme un "coup de poing mystique" : parce que c'est mystérieux. On a mis le lecteur face à un premier mystère, et on le met soudain face à un second. D'où déduction que la compassion est un clé pour savoir qui elle est (vu que le Devin a compris) et, inversement, savoir qui elle est expliquera la compassion. Tout rentre dans l'ordre.
Imagine que tu es dans un de mes textes, en train de suivre un personnage en forêt et là, sur le bord du chemin, un de mes démons est assis à ne rien faire. Le personnage l'aborde et le démon lui dit :
"Sauve-moi. Ils vont me tuer. Ils sont en train de me tailler en pièces. Je souffre chaque jour, je n'arrive pas à crier. Ils vont me tuer, sauve-moi je t'en supplie."
Le tout sur un ton monocorde, désintéressé, assis à ne rien faire. Et là le personnage ressent brutalement de la compassion comme jamais. Pourquoi ? Tu ne peux pas le savoir si tu ne sais pas que ce personnage a passé là son enfance et que le démon parle pour la forêt.
Ton personnage y met du pathos, mais la situation est la même. Si tu n'as pas résolu l'énigme qu'elle pose, tu ne peux pas vraiment partager la compassion du personnage qui, lui, contrairement à toi, a réussi à comprendre. Et tu bloques.
Je bloque d'autant plus, dans le cas de la femme nue, qu'on est une fois encore un peu beaucoup au coeur du texte.
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- Zarathoustra
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OK. Je pensais pour ma part l'avoir un peu trop surchargé... C'est seulement quand son désir charnel se transforme en véritable amour que je me suis réinteressé à lui.Dans le cas du Devin, il m'est sympathique parce qu'il est victime d'une tragédie, une fois encore, au sens littéraire. Dans un cadre fantastique, on dirait qu'il est victime d'un phénomène surnaturel, et le statut de victime rend forcément sympathique. Sûr, ça le rend méchant, mais on sait pourquoi et c'est suffisant. Au-delà du cadre fantastique, on le voit prisonnier de sa propre logique (et de ses émotions) et plus ou moins emporté par des événements qu'il a déclenchés et qu'il ne contrôle plus.
J'ai hésité à mettre cette phrase. Elle a du sens, j'aime son côté énigmatique. Mais elle a aussi un côté esthétisant qui me dérange. En l’occurrence, elle peut effectivement tout dire et rien à la fois. Pour tout te dire, ce rêve, c'est effectivement une sorte de fusion spirituelle avec le monolithe qui se fait à travers le corps de la femme. Et dans cette trajectoire, le devin rencontre sa féminité. Il devient un tout. Et c'est cette révélation de sa part féminine qui lui donne accès à la compassion. Donc quand tu t'es agacé sur l'insistance des femmes sur cette séquence, je pense que tu l'as plus ou moins pressenti inconsciemment.
Là ce passage ne demande pas de la compassion, ce passage demande de mettre des lunettes, de tamiser la lumière et de fumer la pipe en lisant des textes anciens. Là le texte pose une énigme, et tant que je n'aurai pas pu résoudre l'énigme, je ne risque pas de sentir de la compassion parce que je ne saurai toujours pas de quoi cette femme / monolithe parle. C'est un peu beaucoup difficile d'éprouver de la sympathie pour un cryptogramme.Je suis Ilda, je suis toutes les femmes que tu aimeras, je suis toutes les femmes dont tu rêveras ici et ailleurs, hier et demain, je suis le rêve d’une vie, je suis le rêve de mille vies, je suis le rêve de toutes les vies.
Que le lecteur s'arrête au fait que le devin vit ainsi par procuration son amour me suffit.J'ai aussi conscience que j'ai mis des choses qui n'ont pas vraiment leur place si on n'a pas tout le contexte du Rêve d'Ether. Je crois que tu as déjà aussi rencontré cette difficulté.
Mais vu l'importance de cette séquence, j'aurais dû la bosser davantage. Mais j'aimais bien aussi qu'elle reste mystérieuse, que le lecteur soit libre aussi de voir ou ne pas voir tout ce que je voulais y mettre. Je sais pour ma part que j'aime quand tout n'est pas forcément clair, que le sens reste ouvert. Moi, ça ne me dérange pas en tant que lecteur. Par exemple, j'apprécie cet aspect des films de David Lynch. Tout n'est pas défini, ça flotte un peu dans ma tête mais j'y trouve des résonances qui me parlent. Mais je sais aussi qu'il horripile beaucoup de monde pour cette raison.
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- Vuld Edone
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"Le paysage, au détour d'un saubresaut de dune vespérale, à peine surgi aux yeux des vuldoniens fraîchement débarqués en Lisonge, sauta à la gorge de Gisère, le magicien."Au détour d’un soubresaut de dune vespérale, le paysage qui surgit devant les yeux du groupe de vuldoniens fraîchement débarqué en Lisonge sauta à la gorge de Gisère, le magicien.
Non, peu importe comment je le tourne, l'information contenue empêche de maintenir le lien entre "le paysage" et "sauta". J'ai plus souvent l'impression, malgré l'accord, que c'est le groupe de vuldoniens qui saute à la gorge de Gisère.
"Le paysage de Lisonge, au détour d'un soubresaut de dune vespérale, surgit aux yeux des vuldoniens et sauta à la gorge de Gisère, le magicien."
Mieux... mieux mais pas forcément le sens que tu voudrais. Mais mieux, en tout cas pour suivre la phrase.
J'ai une théorie là-dessus, qui serait que "paysage" et "sauter" sont trop génériques, ont trop peu d'information (d'intérêt) par rapport à toutes les autres informations alentours ("dune vespérale", bien plus détaillé, "groupe de vuldoniens" et "Lisonge", autrement plus instructif)...
Mais bref.
Le "vous" est dérangeant. Adresse au lecteur qui ne se justifie pas.Pourtant, malgré toutes ces affres, il restait là, dressé devant vous, défiant la logique des hommes par sa couleur surnaturelle
La tournure impersonnelle passe bien mieux ici. Pas mal d'explications possibles, dont la masse de "vous" mais même là, sauf volonté d'auteur, je conseillerais d'user de "qui remuait les coeurs jusqu'à dégoûter d'exister soi-même". Il faut voir qu'ici le "vous" touche moins au lecteur qu'à Gisère.Et c’était bien cette sourde résignation à toujours exister quand tout avait été mis en œuvre pour le terrasser qui vous remuait le cœur à vous dégoûter d’exister vous-même.
Oui. Oui, effectivement. Le paragraphe précédent me l'avait laissé entendre.Le magicien regardait depuis de longues minutes ce qui jadis avait été un temple.
Wow wow wow wow. Doucement.ce seul homme s’apprêteraient à les faire disparaître à jamais par sa seule volonté lorsqu’il libérerait cette vieille et terrible damnation oubliée de tous, un homme qui sentait pour l’heure en lui une effroyable appréhension grandir au fur à mesure qu’il se remémorait
Est-ce qu'il fallait vraiment continuer la phrase après "oubliée de tous" ? Ou plutôt, s'il fallait la continuer, ne pouvait-on pas faire une meilleure transition ? "... damnation oubliée de tous, plus terrible que / mais peu de choses face à l'effroyable appréhension qu'il sentait grandir pour l'heure..."
La phrase se concentre sur la damnation, qui est quand même une information importante, pourquoi brutalement revenir à l'homme ? Si c'est le but, pourquoi alors parler de l'appréhension et pas de l'homme ? Parce que c'aurait été un bon contraste, un simple homme, fétu de paille face à la puissance qu'il s'apprête à délivrer. Mais non, la phrase ne s'intéresse pas à ça.
Pensée personnelle, et ça doit se sentir dans mon brouillon d'Attalheim (ou peu importe comment j'ai appelé cette ville) mais cette foule est... monolithique.il sentait une véritable ivresse à les prononcer et à voir autour de lui tous ces visages s’ouvrir à une forme de joie encore plus belle que
Non vraiment, là il dit plus ou moins "ouais j'ai dit ça hier mais aujourd'hui j'ai changé d'avis", je ne sourirais pas exactement. Possible que la majorité veuille l'entendre, mais je m'attendrais aussi à de la résistance, ne serait-ce que pour ceux qui s'étaient convaincus que c'était nécessaire afin de supporter les souffrances. Ceux-là ne doivent pas aimer s'entendre dire qu'ils ont tort.
J'ai toujours eu un peu ce problème avec les peuples qu'ils forment un et un seul personnage, plutôt que des milliers. Mais enfin bref.
Je vais sembler un peu étrange, mais vers la fin ton texte devient trop... logique.
C'est au fond la même conclusion qu'à la fin du chapitre précédent : la vaste marche d'un peuple mystique est soudain rendue concrète et cernée dans un monde plus réel, plus solide. La passion le laisse au calcul, des questions bien éloignées de celle de la destinée.
Et cela fait perdre du charme à l'histoire.
Après, ça lui donne du réalisme, et c'est tant mieux de voir des généraux capables de ne pas se laisser emporter. On sent tous les acteurs à la hauteur des défis. Ce n'est juste plus exactement le même ton, ni le même enjeu.
Et pour le reste... eh bien, c'est du Devin. Un peuple peut-être trop monolithique mais il reste suffisamment nuancé et en soi les événements sont suffisamment simples et nombreux pour convaincre.
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- Zarathoustra
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C'est marrant mais moi aussi. Quand je lis une histoire, c'est vraiment un truc qui me dérange que de voir soudain un troupeau de moutons à la place individus.J'avais l'impression cependant qu'on ressentait une identité forte de ce peuple, qu'il gagnait une sorte de dignité à être traité ainsi...J'ai toujours eu un peu ce problème avec les peuples qu'ils forment un et un seul personnage, plutôt que des milliers. Mais enfin bref.
Sur la forme, je pense que tu as raison mais, d'un autre côté, c'est également nécessaire car l'histoire bascule sur la destinée de tout un peuple. Donc j'ai essayé qu'on le sente. Donc oui, j'ai essayé d'une certaine mesure à ce que le peuple des yhlaks soit ressenti comme un personnage à part entière. Ah oui, je me rappelle que c'est aussi l'autre truc qui m'avait intéressé de faire dans ce chapitre, surtout dans la mesure où, dans la seconde moitié, les destins individuels se taisent et sont, pour ainsi dire, en place.
C'est aussi mon impression (et qui fait que je me suis un peu ennuyé à l'écrire). Le fait est aussi que je voulais montrer que ce qui arrivait était.. logique. Tout du moins crédible, alors qu'en soit, je n'avais pas visualiser que mon plan n'était pas logique. Je les voyais se rendre sur l'île sans se poser de problème, ils envahissait la ville, piquaient les bateaux et pis voilà. Donc effectivement, pour une fois, j'ai essayé de travailler le scénario, si possible en m'évitant une scène de combat fort inutile. Le fait également de réintégrer cette histoire plus cœur du Rêve d'Ether m'y a permis dans la mesure où le monde est un peu plus développé et pensé.Je vais sembler un peu étrange, mais vers la fin ton texte devient trop... logique.
Ma crainte, en fait, était justement d'écrire une histoire tirée par les cheveux et inintéressante et qu'on aurait trouvé prétexte. In fine, ça l'est un peu, mais dans le contexte plus global du Rêve d'Ether, ça l'est assez peu. J'espère en tout cas qu'on ne s'attend pas exactement à un tel déroulement.Et je n'ai pas voulu alourdir avec des faux rebondissements qui auraient rallongé inutilement la sauce (ce qui est très facile: un groupe d'individu est en désaccord et essaie de prendre d'assaut les cnons pour couler les navires etc. ce genre de trucs). Pour la part, quand je lis, je sens quand c'est rajouté exprès pour créer un pseudo suspense... qui en l'occurence est totalement étranger à la véritable histoire et à l'enjeu final.
Bon, on va aussi dire que j'ai voulu me prouver que je savais toujours scénarisé une histoire. Depuis que j'écris vraiment, je ne crois pas vraiment avoir produit des choses pour lesquelles le scénario nécessite d'être bétonné. Du coup, j'ai voulu montré que je n'étais pas que bon à faire des portraits intimistes ou des scènes de viol...
Donc je dirai que ta remarque montre qu'effectivement, j'ai fait le boulot... Maintenant, je suis d'accord avec ce que suppose ton sous-entendu, il manque un peu de surprise ou de grain de sable. Idéalement, j'aurai dû insérer une scène "intimiste" Lonstroek/Vyréhel pour relancer la dynamqiue de leur relation. Là aussi, j'ai pas voulu délayer trop et je n'ai pas été non plus inspiré.
Ah, tu trouves que l'histoire avait un certain charme jusqu'à présent? J'avais toujours cru qu'elle t'agaçait parce que tu ne voyais pas les enjeux...Et cela fait perdre du charme à l'histoire.
Après, ça lui donne du réalisme, et c'est tant mieux de voir des généraux capables de ne pas se laisser emporter. On sent tous les acteurs à la hauteur des défis. Ce n'est juste plus exactement le même ton, ni le même enjeu.
Oui, d'accord également. Je dois t'avouer que ce n'est plus du tout la fin que j'avais initialement prévu. Et puis, il s'est écoulé 5 ans entre ces 2 chapitres et le chapitre 5. Je crois que je ne suis plus tout à fait le même, tant dans ma façon d'écrire et dans mes motivations pour poursuivre l'histoire. Je pense que cela se sent déjà dans le précédent chapitre.
Le seul point vraiment important ici, ce serait qu'on sente vraiment la logique de la destinée se mettre en place. Et c'est là où je pense qu'il faut commencer à visualiser les yhlaks en tant que peuple et non plus autour d'une poignée d'individus. J'aurais tout écrit avec cette fin en tête, je pense que j'aurai procédé différemment. Mais pas sûr que j'aurais réussi à trouver les scènes auxquelles je suis maintenant le plus attaché.
Ca t'est déjà arrivé d'écrire dans cet esprit, à savoir que tu avais l'impression de faire le job, mais sans ferveur particulière? Que le résultat final te laisse un peu indifférent?
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- Vuld Edone
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Je pense qu'à l'époque, j'avais l'impression d'un texte arbitraire et trop tourné sur les sentiments. Forcément, mes préférences qui parlent... L'impression qu'on n'arriverait jamais nulle part et que tout n'était qu'une excuse pour un triangle amoureux.
Les chapitres plus récents, sans même les conclusions assez techniques -- où effectivement tu fais le café -- donnent vraiment une destination, une place aux Yhlaks et une certaine activité de leur part. Les personnages n'ont plus le loisir de juste se disputer entre eux.
Mais le plus grand attrait du Devin n'est pas les personnages -- ça c'est l'Ether -- l'attrait est dans le charme des décors et des inspirations. On se laisse emporter par ce que les personnages ressentent. Le texte a ce côté contemplatif où vraiment on regarde des mosaïques d'émotions.
D'où sans doute aussi le désagrément des scènes d'action qui brisent cette ambiance. À l'époque on avait parlé de comment réussir des scènes d'action dans l'absolu -- une sorte de solution passe-partout, des techniques qui fonctionnent dans tous les textes.
Peut-être que la bonne question aurait été comment réussir des scènes d'action contemplatives. Oublier la tension de savoir si Loenstroeck va s'en sortir ou pas et juste se concentrer sur le maelstrom de ressentis. Réussir à peindre tout ce qui se passe en ces instants.
La description du temple y arrive bien -- un peu insistante, mais très expressive (et sans détours).
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- Zarathoustra
- Auteur du sujet
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- Messages : 2081
Oui, de mémoire, j'en ai un peu fait trop. Mais j'ai voulu pousser le truc le plus possible pour voir jusqu'où je pouvais aller, mais c'est aussi le moyen que j'ai trouvé pour ne pas m'appesantir sur les émotions des vuldoniens...La description du temple y arrive bien -- un peu insistante, mais très expressive (et sans détours).
En fait, j'ai bifurqué dans mon histoire aussi parce que je ne me voyais pas refaire une seconde scène d'affrontement entre Lonstroek et Reyv' qui soit à la hauteur de ce que j'avais sans doute suscité avec le premier. Disons que cela aurait été redondant et il aurait fallu trouver une mise en scène, de nouvelles situations que je n'ai pas trouvé.Le texte a ce côté contemplatif où vraiment on regarde des mosaïques d'émotions.
Et puis, depuis le début, l'histoire s'est écrite de chapitre en chapitre. J'avais une trame avec son dénouement mais j'ai eu besoin de développer mes personnages, de les confronter etc. Ca prend du temps en fait pour que les choses soient crédibles quand on passe d'une émotion à l'autre. Je pensais écrire 3 chapitres, je pense en avoir besoin de 8 sachant que le 6eme compte un peu double et que j'ai peur que le 8 soit aussi très long... D'oû peut-être un 9eme pour faciliter la lecture mais j'ai peur qu'il ne fasse qu'épilogue quant à son contenu, donc un truc un peu inutile...Je rassemble actuellement mes dernières idées (ou plutôt j'attends qu'elles viennent )
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