Rire
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il y a 6 ans 10 mois #21492
par Monthy3
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il y a 6 ans 10 mois #21493
par Monthy3
Réponse de Monthy3 sur le sujet Rire
C'est un texte écrit il y a déjà un moment, en hommage à une nouvelle de Vuld qui m'avait franchement marqué. Vous devinerez laquelle !
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- San
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il y a 6 ans 9 mois #21498
par San
Réponse de San sur le sujet Rire
Ah, je n'ai pas dû lire la nouvelle de Vuld dont tu parles, en tout cas je ne retrouve pas.
J'ai vu une petite typo en passant : "les mains de Fanny quittent l'oreille" au lieu de l'oreiller (je pense).
Bon et bien sinon, c'était assez bizarre, et aussi j'aime pas les clowns
J'ai vu une petite typo en passant : "les mains de Fanny quittent l'oreille" au lieu de l'oreiller (je pense).
Bon et bien sinon, c'était assez bizarre, et aussi j'aime pas les clowns
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- Vuld Edone
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il y a 6 ans 9 mois #21507
par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Rire
Après avoir repoussé ce commentaire beaucoup trop de fois, je m'impose de l'écrire durant ma pause.
Il est évident que j'ai un point de vue particulier sur ce texte, déjà par fierté comme à chaque fois que quelqu'un s'accapare ce que je fais -- ici sur le style -- mais aussi parce que, du coup, je n'arrive à lire ce texte qu'à travers le mien, et je reste certain que ce ne peut être que Jus d'orange. Que je suis allé relire après celui-là.
Je n'ai pas passé le dixième du temps nécessaire pour décrypter Rire, mais j'apprécie déjà que le texte donne des pistes :
De fait, Rire a une approche beaucoup plus humoristique. Le symbole du chapeau est déclaré insignifiant à la fin, etc... Bien sûr c'est ce que "dit" l'amie (chaque personnage essaie d'imposer son point de vue sur la situation. Seul le clown essaie de sauver Fanny), pas ce qui est forcément, mais bon. Le clown s'agite et avec lui tout le texte part dans tous les sens. On ouvre et on ferme les fenêtres comme pour un nettoyage de printemps. Le but pouvait être une ambiance fiévreuse, agitée, mais au final elle est surtout... grandiloquente.
Ce qui me frappe, cela dit, c'est surtout la passivité du héros. Malgré toute l'agitation, le clown est forcé de jouer au clown, même lorsqu'il est conscient qu'il n'est pas vraiment là pour ça. Il réagit beaucoup, mais il n'agit pas. Dans Jus d'orange le héros était paradoxalement aux commandes, et le seul à faire évoluer l'intrigue (exception faite de la boîte à musique, le personnage caché). Tous les autres se contentent d'attendre -- et de l'informer. Personne ne lui dit "fais ça".
C'est une différence d'approche assez frappante pour moi. L'ambiance de Jus d'orange était froide et calculée. Celle de Rire est vraiment vive et émotionnelle. Le premier texte, vulpien, établit un système logique ("celui qui boit tue", etc...) tandis que le second cherche plus à jouer avec un drame, un policier fantastique.
Je dois dire qu'en relisant mon propre texte j'ai été frappé de voir à quel point les personnages étaient francs. La subtilité d'un rouleau-compresseur. Certes, on n'a aucun contexte, mais toutes les règles sont exposées et si on réduisait le texte à un exercice logique, il ne manquerait rien. Rire refuse obstinément d'expliquer jusqu'aux règles du fameux jeu, difficile de dire seulement ce qui gardait l'enfant en vie, le rire ou la fenêtre fermée.
Bref.
Rire est son propre texte, et ce que je fais, comparer les textes, n'a pas lieu d'être. On peut aller au plus simple, dire que la mère est la mort, l'amie est la vie et que le texte parle de culpabilité, pour s'en remettre et continuer. Mais en oubliant l'interprétation (elle peut varier grandement), on a surtout une comédie : des secrets, de l'angoisse mais sur un ton léger et rapide qui contraste.
Il est évident que j'ai un point de vue particulier sur ce texte, déjà par fierté comme à chaque fois que quelqu'un s'accapare ce que je fais -- ici sur le style -- mais aussi parce que, du coup, je n'arrive à lire ce texte qu'à travers le mien, et je reste certain que ce ne peut être que Jus d'orange. Que je suis allé relire après celui-là.
Je n'ai pas passé le dixième du temps nécessaire pour décrypter Rire, mais j'apprécie déjà que le texte donne des pistes :
Il lit entre des lignes tracées à l’encre sympathique.
Les souvenirs affluent dans sa mémoire, les souvenirs de ce rire…
Je vois le texte comme une scène de théâtre, où les différents éléments sont symboliques. Par exemple la fenêtre et le suicide, même si ça me semble réducteur. Mais là où ça saute aux yeux, c'est pour la citation ci-dessus, où le clown porte littéralement le chapeau. "Faire porter le chapeau" est un joli jeu de mots. La télévision semble plus liée aux souvenirs mais là encore... la plus grande difficulté reste de ne pas sauter aux conclusions.Il porte le chapeau.
De fait, Rire a une approche beaucoup plus humoristique. Le symbole du chapeau est déclaré insignifiant à la fin, etc... Bien sûr c'est ce que "dit" l'amie (chaque personnage essaie d'imposer son point de vue sur la situation. Seul le clown essaie de sauver Fanny), pas ce qui est forcément, mais bon. Le clown s'agite et avec lui tout le texte part dans tous les sens. On ouvre et on ferme les fenêtres comme pour un nettoyage de printemps. Le but pouvait être une ambiance fiévreuse, agitée, mais au final elle est surtout... grandiloquente.
Ce qui me frappe, cela dit, c'est surtout la passivité du héros. Malgré toute l'agitation, le clown est forcé de jouer au clown, même lorsqu'il est conscient qu'il n'est pas vraiment là pour ça. Il réagit beaucoup, mais il n'agit pas. Dans Jus d'orange le héros était paradoxalement aux commandes, et le seul à faire évoluer l'intrigue (exception faite de la boîte à musique, le personnage caché). Tous les autres se contentent d'attendre -- et de l'informer. Personne ne lui dit "fais ça".
C'est une différence d'approche assez frappante pour moi. L'ambiance de Jus d'orange était froide et calculée. Celle de Rire est vraiment vive et émotionnelle. Le premier texte, vulpien, établit un système logique ("celui qui boit tue", etc...) tandis que le second cherche plus à jouer avec un drame, un policier fantastique.
Je dois dire qu'en relisant mon propre texte j'ai été frappé de voir à quel point les personnages étaient francs. La subtilité d'un rouleau-compresseur. Certes, on n'a aucun contexte, mais toutes les règles sont exposées et si on réduisait le texte à un exercice logique, il ne manquerait rien. Rire refuse obstinément d'expliquer jusqu'aux règles du fameux jeu, difficile de dire seulement ce qui gardait l'enfant en vie, le rire ou la fenêtre fermée.
Bref.
Rire est son propre texte, et ce que je fais, comparer les textes, n'a pas lieu d'être. On peut aller au plus simple, dire que la mère est la mort, l'amie est la vie et que le texte parle de culpabilité, pour s'en remettre et continuer. Mais en oubliant l'interprétation (elle peut varier grandement), on a surtout une comédie : des secrets, de l'angoisse mais sur un ton léger et rapide qui contraste.
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- Monthy3
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il y a 6 ans 9 mois #21509
par Monthy3
Réponse de Monthy3 sur le sujet Rire
Merci pour ce long commentaire, pour un texte qui n'en méritait pas tant !
C'est bien Jus d'orange qui l'a initialement inspiré, bien sûr ; notamment ce personnage qui se débat dans un contexte qu'il ne comprend pas, selon les règles d'un jeu qu'il ne connaît pas - pour peu qu'il y en ait des règles, ce qui n'est, tu l'as raison, pas vraiment le cas ici.
Autre élément de contexte : ce texte court est le pendant d'un texte plus long, façon novella, dont l'acmé est un crime... que personne, peut-être, n'a commis. Tous sont innocents, en somme ; alors, je voulais un texte où tous étaient coupables, ce qui est le cas de Rire, mais une culpabilité qui, en définitive, ne vaut rien : ce chapeau existe et quoi qu'il en soit, Fanny était condamnée.
NB : peut-être vous proposerai-je aussi cet autre texte, en plusieurs vagues, si cela ne fait pas trop long pour les Chroniques.
Tu as raison : on est ici dans la virevolte, dans l'extravagance des gestes et des attitudes. Le clown est dynamique, faussement parce qu'il subit plutôt qu'il n'agit, mais il essaie, il tente tout son répertoire... et lutte pied à pied avec cette télévision, qui joue ici le rôle du juke-box de Jus d'orange, ou du moins le rôle d'une présence réelle, hostile, bien qu'inhumaine - ou de ce fait. Il est en quelque sorte le dindon de la farce. C'est lui qu'on a appelé parce que son passé était connu, et son passé seyait à ce qui devait se passer, là, dans cette chambre d'hôpital. Tout le monde y concourt : la mère, car c'est elle qui porte le chapeau à l'origine, l' "amie" ou peut-être la "soeur" (à noter : je ne me souviens plus pourquoi j'ai introduit cette ambiguïté à l'origine... ) qui ouvre la fenêtre, le clown qui l'épuise et entraîne lui-même cette nécessité d'ouvrir la fenêtre.
En fin de compte, c'est le récit d'une mort inévitable, à laquelle tout le monde concours sans le vouloir, et du sacrifice aveugle d'une jeune fille innocente... plutôt une tragédie qu'une comédie, tout de même ! Car c'est le propre de la tragédie, justement, de s'agiter beaucoup pour lutter contre un destin en définitive implacable.
Avec ici, oui, un soupçon d'humour noir en plus:)
C'est bien Jus d'orange qui l'a initialement inspiré, bien sûr ; notamment ce personnage qui se débat dans un contexte qu'il ne comprend pas, selon les règles d'un jeu qu'il ne connaît pas - pour peu qu'il y en ait des règles, ce qui n'est, tu l'as raison, pas vraiment le cas ici.
Autre élément de contexte : ce texte court est le pendant d'un texte plus long, façon novella, dont l'acmé est un crime... que personne, peut-être, n'a commis. Tous sont innocents, en somme ; alors, je voulais un texte où tous étaient coupables, ce qui est le cas de Rire, mais une culpabilité qui, en définitive, ne vaut rien : ce chapeau existe et quoi qu'il en soit, Fanny était condamnée.
NB : peut-être vous proposerai-je aussi cet autre texte, en plusieurs vagues, si cela ne fait pas trop long pour les Chroniques.
Tu as raison : on est ici dans la virevolte, dans l'extravagance des gestes et des attitudes. Le clown est dynamique, faussement parce qu'il subit plutôt qu'il n'agit, mais il essaie, il tente tout son répertoire... et lutte pied à pied avec cette télévision, qui joue ici le rôle du juke-box de Jus d'orange, ou du moins le rôle d'une présence réelle, hostile, bien qu'inhumaine - ou de ce fait. Il est en quelque sorte le dindon de la farce. C'est lui qu'on a appelé parce que son passé était connu, et son passé seyait à ce qui devait se passer, là, dans cette chambre d'hôpital. Tout le monde y concourt : la mère, car c'est elle qui porte le chapeau à l'origine, l' "amie" ou peut-être la "soeur" (à noter : je ne me souviens plus pourquoi j'ai introduit cette ambiguïté à l'origine... ) qui ouvre la fenêtre, le clown qui l'épuise et entraîne lui-même cette nécessité d'ouvrir la fenêtre.
En fin de compte, c'est le récit d'une mort inévitable, à laquelle tout le monde concours sans le vouloir, et du sacrifice aveugle d'une jeune fille innocente... plutôt une tragédie qu'une comédie, tout de même ! Car c'est le propre de la tragédie, justement, de s'agiter beaucoup pour lutter contre un destin en définitive implacable.
Avec ici, oui, un soupçon d'humour noir en plus:)
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- Vuld Edone
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il y a 6 ans 9 mois #21510
par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Rire
Je suis tout de même forcé de nuancer, à propos de la tragédie : c'est effectivement la lutte contre l'inévitable. Mais à mon sens il faut que les personnages soient la cause de cet inévitable, que ce soient leurs actes qui le produise.
Un bête exemple est un vieux texte des Chroniques sur une planète sur le point d'être engloutie par les tyranides. Plus personne n'y peut rien, certains essaient, d'autre pas, et on peut dire que c'est dramatique mais ce n'est pas vraiment tragique. De même sauf erreur on a un texte sur une personne enfermée dans un bateau qui coule, et là encore on regarde une personne se débattre contre l'inévitable sans qu'il y ait vraiment tragédie (au sens littéraire).
La tragédie, je pense, intervient quand un personnage sait ce qui va se produire, ne veut pas que ça se produise et malgré tout provoque les événements.
Mais bref.
Un bête exemple est un vieux texte des Chroniques sur une planète sur le point d'être engloutie par les tyranides. Plus personne n'y peut rien, certains essaient, d'autre pas, et on peut dire que c'est dramatique mais ce n'est pas vraiment tragique. De même sauf erreur on a un texte sur une personne enfermée dans un bateau qui coule, et là encore on regarde une personne se débattre contre l'inévitable sans qu'il y ait vraiment tragédie (au sens littéraire).
La tragédie, je pense, intervient quand un personnage sait ce qui va se produire, ne veut pas que ça se produise et malgré tout provoque les événements.
Mais bref.
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- Zarathoustra
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il y a 6 ans 9 mois - il y a 6 ans 9 mois #21512
par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Rire
Cela fait un bout de temps que j'ai lu ce texte.
J'avoue qu'il m'a un peu mis mal à l'aise (et que c'est sans doute voulu). J'ai été saisi par son humour noir, quasi désespéré. J'aurai du mal à en dire beaucoup plus que Vuld (même si je ne me souviens plus trop de Jus d’Orange, je pense que ça sera l'occasion de m'y replonger prochainement); en fait, je voulais le faire avant de commenter, mais j'ai pas trop le temps actuellement).
Je dirai que ce texte n'est pas plaisant. Je veux dire par là, qu'il ne cherche pas à séduire le lecteur. Au contraire, il est là pour le bousculer. On est très vite saisi par l'inconfort de la situation. On assiste à une histoire, un peu comme sans y être invité avec l’impression d'avoir loupé le début. Pour ma part, j'ai eu du mal avec les relations supposées entre les perso. On y comprend qu'il existe un lien entre eux, mais aucun ne joue vraiment le rôle qu'on attend de lui. Ni la mère, ni la sœur et ni la malade, en fait. IL se dégage ainsi un climat presque malsain.
Du coup, il n'y a guère que le clown qui joue son vrai rôle, sauf que l'ambiance du texte et l'enjeu qu'on lui demande, court-circuite totalement ses tentatives de faire rire. J'avoue avoir presque souffert à la place du clown. En tout cas, on compatit pour lui. Et en même temps, il me répugnait, comme s'il était monstrueux (et je me rends compte un peu comme San que je n'aime pas trop les clowns ou alors quand ils sont tristes).
Le fait qu'il puisse être le coupable est intéressant, parce que, un peu comme dans Kafka, le sentiment de culpabilité est quelque chose de très ancré en nous, et encore plus dans le monde judéo-chrétien.Par contre, cela a introduit un côté qui m'a agacé. Au départ, je me suis dit qu'il y a avait une chose qui m'avait échappé ou que le texte permettrait d'expliciter cette relation avec la malade. Puis, j'ai laissé tombé, parce que j'ai eu le sentiment que le texte avait délibérément abandonné cette idée, comme s'il s'agissait d'une fausse piste ou qu'il s'agit de l'un des éléments pour créer la finalité du texte. Ah oui aussi, pendant que l'histoire progressait, j'avais cette idée dans la tête que la chute tournerait autour de l'expression "mort de rire", et quelque part, je te remercie de pas l'avoir fait.
D'après tes explications, le texte possède parfois une gratuité. Et le fait qu'il n'y ait pas de vraies règles ou que tout le monde puisse être coupable juste par principe est à la fois une force et une faiblesse. Une force parce que c'est indéniablement ce qui permet ce climat si particulier (et que je qualifierais de malsain) et en même temps une faiblesse, parce que cela donne l'impression que tu te fous un peu du lecteur. Si véritablement, il n'y a pas de règle ou rien à comprendre (ou tout ce qui revient en l’occurrence au même), je trouve que ce n'est pas une bonne chose.
Je le dis alors que je suis le premier à jouer au détriment du lecteur, voire à me moquer de lui dans mes textes. Mais généralement, cela débouche sur un enjeu entre lui et moi. C'est, en quelque sorte, lui contre moi, et s'il perçoit mon piège alors il a droit de rire. Peut-être est-ce le cas ici, mais j'avoue avoir calé. Ou que quelque chose m'échappe.
Une piste peut-être à creuser? S'il s'agit de te moquer du lecteur, tu devrais peut-être chercher à faire davantage de lui un complice plutôt qu'un spectateur qui regarde. En tout cas, le côté très théâtral pousse à regarder plutôt qu'à être actif. Au départ, j'ai voulu l'être puis j'ai laissé tomber, en me disant que le texte m'en empêchait délibérément.
Donc je retiens surtout de ce texte le climat un peu oppressant, cet humour qui joue avec notre malaise. Dommage qu'il semble se refuser à nous donner quelques clés pour y rentrer pleinement. Par contre, contrairement à Vuld, j'ai vraiment senti le tragique de ce texte (presque donc jusqu'au malaise) dans le sens où on sent l'avancée vers l'issue inexorable..
J'avoue qu'il m'a un peu mis mal à l'aise (et que c'est sans doute voulu). J'ai été saisi par son humour noir, quasi désespéré. J'aurai du mal à en dire beaucoup plus que Vuld (même si je ne me souviens plus trop de Jus d’Orange, je pense que ça sera l'occasion de m'y replonger prochainement); en fait, je voulais le faire avant de commenter, mais j'ai pas trop le temps actuellement).
Je dirai que ce texte n'est pas plaisant. Je veux dire par là, qu'il ne cherche pas à séduire le lecteur. Au contraire, il est là pour le bousculer. On est très vite saisi par l'inconfort de la situation. On assiste à une histoire, un peu comme sans y être invité avec l’impression d'avoir loupé le début. Pour ma part, j'ai eu du mal avec les relations supposées entre les perso. On y comprend qu'il existe un lien entre eux, mais aucun ne joue vraiment le rôle qu'on attend de lui. Ni la mère, ni la sœur et ni la malade, en fait. IL se dégage ainsi un climat presque malsain.
Du coup, il n'y a guère que le clown qui joue son vrai rôle, sauf que l'ambiance du texte et l'enjeu qu'on lui demande, court-circuite totalement ses tentatives de faire rire. J'avoue avoir presque souffert à la place du clown. En tout cas, on compatit pour lui. Et en même temps, il me répugnait, comme s'il était monstrueux (et je me rends compte un peu comme San que je n'aime pas trop les clowns ou alors quand ils sont tristes).
Le fait qu'il puisse être le coupable est intéressant, parce que, un peu comme dans Kafka, le sentiment de culpabilité est quelque chose de très ancré en nous, et encore plus dans le monde judéo-chrétien.Par contre, cela a introduit un côté qui m'a agacé. Au départ, je me suis dit qu'il y a avait une chose qui m'avait échappé ou que le texte permettrait d'expliciter cette relation avec la malade. Puis, j'ai laissé tombé, parce que j'ai eu le sentiment que le texte avait délibérément abandonné cette idée, comme s'il s'agissait d'une fausse piste ou qu'il s'agit de l'un des éléments pour créer la finalité du texte. Ah oui aussi, pendant que l'histoire progressait, j'avais cette idée dans la tête que la chute tournerait autour de l'expression "mort de rire", et quelque part, je te remercie de pas l'avoir fait.
D'après tes explications, le texte possède parfois une gratuité. Et le fait qu'il n'y ait pas de vraies règles ou que tout le monde puisse être coupable juste par principe est à la fois une force et une faiblesse. Une force parce que c'est indéniablement ce qui permet ce climat si particulier (et que je qualifierais de malsain) et en même temps une faiblesse, parce que cela donne l'impression que tu te fous un peu du lecteur. Si véritablement, il n'y a pas de règle ou rien à comprendre (ou tout ce qui revient en l’occurrence au même), je trouve que ce n'est pas une bonne chose.
Je le dis alors que je suis le premier à jouer au détriment du lecteur, voire à me moquer de lui dans mes textes. Mais généralement, cela débouche sur un enjeu entre lui et moi. C'est, en quelque sorte, lui contre moi, et s'il perçoit mon piège alors il a droit de rire. Peut-être est-ce le cas ici, mais j'avoue avoir calé. Ou que quelque chose m'échappe.
Une piste peut-être à creuser? S'il s'agit de te moquer du lecteur, tu devrais peut-être chercher à faire davantage de lui un complice plutôt qu'un spectateur qui regarde. En tout cas, le côté très théâtral pousse à regarder plutôt qu'à être actif. Au départ, j'ai voulu l'être puis j'ai laissé tomber, en me disant que le texte m'en empêchait délibérément.
Donc je retiens surtout de ce texte le climat un peu oppressant, cet humour qui joue avec notre malaise. Dommage qu'il semble se refuser à nous donner quelques clés pour y rentrer pleinement. Par contre, contrairement à Vuld, j'ai vraiment senti le tragique de ce texte (presque donc jusqu'au malaise) dans le sens où on sent l'avancée vers l'issue inexorable..
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- Monthy3
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il y a 6 ans 8 mois #21515
par Monthy3
Réponse de Monthy3 sur le sujet Rire
Alors, si une chose est certaine, c'est que je ne cherche pas à me moquer du lecteur - de vous. C'est un texte qui a vocation à mettre en scène (l'expression est importante, on est ici vraiment dans du théâtre) une lutte contre l'inéluctable, une lutte en réalité paradoxale car les personnes qui ont fait venir le clown ont accepté cet inéluctable, c'est-à-dire la mort de Fanny.
C'est vrai qu'au fond, il n'y a pas grand-chose à comprendre. Il s'agit d'observer une noyade, en quelque sorte. Chacun lutte pourtant à sa façon : Fanny en regardant la télévision, qui la raccroche à la fiction et éloigne l'ombre de la mort ; sa sœur en lui parlant, en l'encourageant ; sa mère en essayant d'écarter le clown... et ce dernier en essayant de redonner un peu de joie de vivre à Fanny.
Mais en fait, la sœur lutte contre la mère, et inversement ; et plus le clown se débat, plus il enterre Fanny en détournant son attention de la télévision. Il n'y a pas d'issue, car les attendus sont opposés aux effets. Le tour de magie crée un pigeon, qui entraîne l'ouverture de la fenêtre, donc le filet d'air froid, et voici la mort qui s'invite.Tout le monde a joué son rôle : Fanny en appelant le clown, le clown par son tour, la mère par son chapeau qui permet le tour, la sœur qui ouvre la fenêtre. C'était écrit.
Un dernier mot sur l'histoire du clown : en réalité, il n'a pas de lien avec les autres protagonistes. En revanche, il a bien dans mon esprit une histoire personnelle, une tragédie vécue précédemment à laquelle il aurait, d'une façon ou d'une autre, participé. Peut-être est-ce cette information qui aurait dû être davantage explicitée, mais j'aurais, je pense, perdu en cohérence et en "resserrement", en oppression dans cette salle d'hôpital.
C'est vrai qu'au fond, il n'y a pas grand-chose à comprendre. Il s'agit d'observer une noyade, en quelque sorte. Chacun lutte pourtant à sa façon : Fanny en regardant la télévision, qui la raccroche à la fiction et éloigne l'ombre de la mort ; sa sœur en lui parlant, en l'encourageant ; sa mère en essayant d'écarter le clown... et ce dernier en essayant de redonner un peu de joie de vivre à Fanny.
Mais en fait, la sœur lutte contre la mère, et inversement ; et plus le clown se débat, plus il enterre Fanny en détournant son attention de la télévision. Il n'y a pas d'issue, car les attendus sont opposés aux effets. Le tour de magie crée un pigeon, qui entraîne l'ouverture de la fenêtre, donc le filet d'air froid, et voici la mort qui s'invite.Tout le monde a joué son rôle : Fanny en appelant le clown, le clown par son tour, la mère par son chapeau qui permet le tour, la sœur qui ouvre la fenêtre. C'était écrit.
Un dernier mot sur l'histoire du clown : en réalité, il n'a pas de lien avec les autres protagonistes. En revanche, il a bien dans mon esprit une histoire personnelle, une tragédie vécue précédemment à laquelle il aurait, d'une façon ou d'une autre, participé. Peut-être est-ce cette information qui aurait dû être davantage explicitée, mais j'aurais, je pense, perdu en cohérence et en "resserrement", en oppression dans cette salle d'hôpital.
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- Vuld Edone
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il y a 6 ans 8 mois #21522
par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Rire
Oui, ça aurait compliqué les choses si tu avais introduit cette information. Ici l'histoire est simple, même si le lecteur se trompe : un drame familial, point. Si on commence à donner au clown une histoire, il faut y trouver de la pertinence, etc... ça ne ferait qu'affaiblir ton récit, toutes choses égales par ailleurs.
Je ne suis pas sûr qu'on puisse parler de lutte, cela dit. Il est clair que la soeur s'oppose à la mère, mais par contre il est difficile de voir Fanny dépendre de la télévision, et encore plus la mère véritablement penser à la fille. Quelque part cette dynamique n'est pas assez marquée, on ne voit vraiment que leur relation directe avec le clown. Ici peut-être il y aurait eu moyen de retravailler pour rendre le texte plus... mécanique.
Je maintiens mon avis sur la tragédie cela dit. Se sentir mal pour des personnages qui souffrent est normal, mais ça tient du drame. On peut comprendre pourquoi le logicien que je suis tient tant à cette séparation et réserve la tragédie à une logique froide.
Je ne suis pas sûr qu'on puisse parler de lutte, cela dit. Il est clair que la soeur s'oppose à la mère, mais par contre il est difficile de voir Fanny dépendre de la télévision, et encore plus la mère véritablement penser à la fille. Quelque part cette dynamique n'est pas assez marquée, on ne voit vraiment que leur relation directe avec le clown. Ici peut-être il y aurait eu moyen de retravailler pour rendre le texte plus... mécanique.
Je maintiens mon avis sur la tragédie cela dit. Se sentir mal pour des personnages qui souffrent est normal, mais ça tient du drame. On peut comprendre pourquoi le logicien que je suis tient tant à cette séparation et réserve la tragédie à une logique froide.
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Modérateurs: San, Kundïn, Zarathoustra