[Halloween 2006] Les Masques d'Elise T. Myron, chap.1-1
- eLiZ
- Hors Ligne
Avant tout merci d'avoir pris autant de temps sur le texte. Il y a nombre de remarques pertinentes que j'aurai tôt fait de prendre en compte et qui m'aideront bien pour la suite.
Je vais essayer de reprendre points par points, bien que cela risque quand même d'être désordonné :
- la personnalité de l'héroïne
Ton analyse m'a fait pointer un défaut principal : mon manque de subtilité. A trop vouloir jouer sur la contradiction humaine, il semblerait que j'ai "trop forcé la dose". Tout ce que tu notes est assez juste ; et il semblerait que j'ai un peu trop versé dans le côté "pauvre petite fille" dans un premier temps. Pourtant, cet état de départ m'avait paru nécessaire. Car il est vrai qu'elle est aussi naïve qu'elle peut-être amère et cynique en même temps. C'est une adolescente, donc à mon sens bourrée de contradictions qui ne s'annulent pas mais se complètent, d'une certaine façon. La naïveté, à mon avis, peut tout autant engendrer la candeur que l'amertume. C'est un peu tordu comme idée, peut-être...
Elle est en lutte permanente contre elle-même. Je tombe un rien dans le cliché mais je crois que j'ai voulu la concevoir ainsi. Elle oscille en permanence entre l'envie de s'intégrer parfaitement à ce monde qui la répugne et le souhait de s'affranchir complètement de tout ça, de rentrer pour de bon dans la marginalité et d'affirmer son côté rebelle. Je pense que la suite qui va être en ligne développera encore un peu mieux cette affaire.
En somme, puisque cela aussi affecte l'ambiance, je vais probablement tâcher d'introduire des transitions entre ces brusques changements d'état.
Concernant l'absence de nom : en fait, il y a un côté symbolique à cela. Je me suis toujours demandé si c'était quand même une bonne idée. Son nom sera prononcé plus tard...
- " faire ressentir de la pitié et nous amener à haïr les autres, bref, à jouer les défenseurs de la veuve et l'orphelin... etc..."
En fait, la critique de Monthy m'avait fait très plaisir parce qu'il avait introduit ce minuscule élément que j'essayais subrepticement de faire passer : le fait que ce ne soit pas si simple... mais j'insiste peut-être un peu trop sur la vision de l'héroïne. Disons que, dans mon idée, la vision de l'héroïne n'est peut-être pas complètement "lucide"... ce qui fait que ce contraste entre elle attaquée et misérable et eux méchants et cruels accentuent son côté naïf : en somme, elle a encore beaucoup à apprendre même si elle a déjà compris pas mal de trucs.
- la première phrase :
En fait, "le visage figé" est une ironie de ma part... compréhensible en lisant la suite.
J'ai écrit au moins 15 fois cette première phrase. Un autre élément qui demanderait à être développé ? Lequel ? En tout cas je sens bien que ce texte est loin d'être définitif et que je l'écrirai encore 150 fois avant de parvenir à ce que je souhaite.
- le côté moyennâgeux ? Comment ça ?
En somme merci encore pour cette critique ! Vraiment, ce fut un plaisir de te lire et de réfléchir plus en avant sur mon texte !
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Imperator
- Hors Ligne
- Messages : 751
C'est un peu ce que j'avais compris, mais il y a manière et manière de le dire. Comme tu le notes, c'est l'absence de transition qui pose problème. Les passages où elles observe son infirmité reflètent bien le chemin à suivre, puisqu'elle passe en douceur d'un état acerbe à un état triste tout en restant la même.Car il est vrai qu'elle est aussi naïve qu'elle peut-être amère et cynique en même temps.
L'amertume ne peut exister sans une certaine connaissance des choses. La naïveté implique l'innocence.La naïveté, à mon avis, peut tout autant engendrer la candeur que l'amertume.
En fait, j'ai écris un texte entier où il n'y a en tout et pour tout qu'un seul nom, celui d'un personnage assez secondaire, et qui plus est caricatural (le vieux Mac', un surnom donc). L'ennui, c'est de ne pas lui donner un identifiant clair, quitte à répéter plus souvent l'adolescente, ou des termes proches. Bref, que son nom (même si pas le véritable) soit prononcé, même si ce doit être "l'adolescente", qu'on sache comment la qualifier.Concernant l'absence de nom : en fait, il y a un côté symbolique à cela. Je me suis toujours demandé si c'était quand même une bonne idée. Son nom sera prononcé plus tard...
je l'avais compris, mais c'est superflu, ou tout du moins ça alourdit considérablement la phrase.En fait, "le visage figé" est une ironie de ma part... compréhensible en lisant la suite.
J'hésitais sur l'époque, il faudrait que je fouille le texte, mais là je n'ai pas vraiment le temps.- le côté moyennâgeux ? Comment ça ?
Impe.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Falc'hun
- Hors Ligne
- Messages : 402
Je ne suis pas aussi sûr que lui que les passages d'un état d'esprit à l'autre manquent autant de crédibilité qu'Impe le trouve. L'être humain est loin d'arborer en permanence continuité et douceur, il est aussi violent et spontané, on peu passer de joie à la mélancolie sans pour autant savoir pourquoi et sans transition.
Pour moi le comportement de la jeune fille est vraiment cohérent dans ses sautes d'humeurs. Ce n'est pas tant qu'elle est à la fois soumise et révoltée, mais qu'elle joue la soumission pour cacher sa révolte, révolte qui ressort parfois d'un coup comme la vapeur d'une cocotte minute pour qu'elle n'explose pas.
Le personnage en lui même ne peu être cohérent étant donné ce qu'elle ressent, ce qu'elle veut: ce qui peu paraître le plus important (la critique vis à vis des parents, la volonté d'épanouissement) mais aussi ce que reflète le regard des autres et l'image qu'il renvoie. Cette image est le mépris qui engendre ce manque de confiance mais aussi cette haîne.
De plus, il y a malgré ces sentiments négatifs, un amour de ses parents et par la même de l'admiration pour des personnes qui ont réussi. Il y a également des sentiments de dépendance, de soumission et d'admiration.
Quand on prend autant de sentiments contradictoires, qui plus est chez une adolescente qui doit se séparer de ses parents pour devenir elle même. Le personnage ne peut pas être cohérent et "continu".
Après je peux me tromper par rapport au personnage tel qu'il a été pensé par eLiZ...
En tous cas, merci beaucoup pour ce personnage ô combien interessant.
Edit: Je crois que trop de continuité dans les sentiments de l'Adolescente nous permettrait de comprendre le personnage, alors qu'elle même ne se comprend pas.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Imperator
- Hors Ligne
- Messages : 751
À moi...L'être humain est loin d'arborer en permanence continuité et douceur, il est aussi violent et spontané, on peu passer de joie à la mélancolie sans pour autant savoir pourquoi et sans transition.
Si on se réfère au texte de Zarathoustra, on remarquera certains changements rapides d'ambiance et d'humeur, voire de caractère. Moi-même j'ai des personnages qui, subitement, se mettent à faire n'importe quoi.
Néanmoins, ces changements d'états, tout à fait naturels, n'en sont pas moins motivés par une raison souvent inconsciente mais néanmoins réelle.
Ici, elle pouvait se voir poussée à la mélancolie par la rudesse du père, mais dans ce cas cette logique aurait dû perdurer tout au long du texte, or des contradictions finissent par apparaître.
Les raisons ne sont jamais les mêmes lors de ces changements qui finalement se trouvent tout à fait désordonnés. Nous n'avons pas une réelle logique, mais bel et bien une personne qui passe en une seconde d'un état farouche à un état totalement soumis et ce sans que rien ne l'explique au lecteur qui, ne l'oublions pas, reste relativement omniscient.
En effet, autant le personnage n'est pas conscient de ce qui l'affecte, autant le lecteur, qui est une tierce personne, est en mesure de se poser la question et est sensé pouvoir en trouver la réponse. Sinon, c'est que nous sommes face à une facétie de l'auteur, comme c'est parfois le cas dans ce texte.
Si tu parviens à me prouver que nous sommes à un seul moment hors de la focalisation interne, je voudrais bien envisager de te croire, mais le fait même que nous soyons en focalisation interne empêche que la fillette puisse nous le cacher, ou alors c'est qu'elle se ment à elle-même, donc que l'inconscient joue, et l'inconscient nous laisserait des indices clairs.mais qu'elle joue la soumission pour cacher sa révolte,
Chaque être humain a une personnalité qui lui est propre, même si elle est marquée par ceux qui l'entourent. Ici, nous sommes face à deux personnalités totalement opposées qui n'ont aucun sens, ce sont deux personnes différentes.Quand on prend autant de sentiments contradictoires, qui plus est chez une adolescente qui doit se séparer de ses parents pour devenir elle même. Le personnage ne peut pas être cohérent et "continu".
Alors oui, il est clair qu'il est possible d'avoir quelqu'un de perdu dans un torrent de pensées, qui ne sait plus qui croire et à qui se vouer, mais le ton resterait uniforme à son encontre. Si quelqu'un est naïf, il ne peut en aucun cas être un juge acerbe et ironique (et je parle de la naïveté la plus extrême). Une rebelle pourra être effrayée et se sentir soudainement faible et incapable de riposter, mais il restera toujours un morceau de son esprit qui sera en rebellion, ce qui n'est pas le cas ici.
De plus, l'admiration pour son bourreau est une constante pour les victimes de longue durée, une admiration souvent mêlée de dégoût, mais une admiration tout de même. C'est parfaitement normal et ça peut très bien s'intégrer un personnage sans le rendre en deux parties sans liens.
Tel que pensé par eLiZ, ce personnage doit être à peu de choses près (voire totalement) tel que tu la décris. Seulement, tel qu'il est présenté dans le texte, nous en sommes loin.Après je peux me tromper par rapport au personnage tel qu'il a été pensé par eLiZ...
Dans le texte, nous n'avons pas une personnalité complexe, nous avons deux personnalités distinctes.
De toute manière, y a pas une fille sur cette terre qui se comprenne, alors...Je crois que trop de continuité dans les sentiments de l'Adolescente nous permettrait de comprendre le personnage, alors qu'elle même ne se comprend pas.
Plus sérieusement, je parle de continuité dans l'idée d'une logique conductrice, d'un lien profond et caché mais d'un lien. Il est évident que je ne lui demande pas d'éprouver tout le temps le même sentiment, ce serait aberrant.
Mais si je dois caricaturer, voici ce que je lis:
"Elle s'approcha de la porte, la main posée sur la crosse du revolver, prête à faire feu, forte de ses années d'entraînement.
Timidement, elle déposa le bout de ses doigts sur la poignée, hésita, faillit se raviser mais, par peur de devoir revenir sur ses pas, tira à elle le battant.
Aussitôt, elle sauta au travers de l'ouverture et tira les six coups du barillets à l'aveugle, sans même savoir qu'elle avait réussi à toucher quelque chose, et s'élança dans la mêlée pour mettre à bas, en quelques coups de karaté bien placés, les deux hommes qui gardaient le prisonnier. Elle s'approcha de ce dernier, coupa ses liens et lui fit signe de se lever.
Elle se mit alors à pleurer à chaudes larmes parce qu'elle se rendait compte de s'être totalement perdue dans ces couloirs humides et hostiles qui s'étendaient à l'extrême. Elle avait peur et désirait par dessus tout la fin de ce cauchemar."
Alors oui, pour un personnage fantasque complètement barge ou possédé, ça peut jouer, mais notre adolescente, dans le cas présent, n'est pas encore folle, même si elle est clairement dans la tourmente psychologique et n'est pas possédée.
Maintenant, si je réécris mon passage:
"Elle s'approcha de la porte, la main posée sur la crosse du revolver et, forte de plusieurs années d'entraînements, décida de passer rapidement à l'action. Sa décision fut stoppée nette par un restant de peur qui lui intimait de cesser là cette folie. C'était allé trop loin, elle en était consciente et elle remarqua à peine que ses doigts, au lieu de l'empoigner, ne faisaient qu'effleurer la poignée. Elle se reprit aussitôt et, d'un geste, tira à elle le battant pour se jeter littéralement par l'ouverture désormais béante et décharger son arme dans un terrible vacarme. Ceci fait, et sans laisser le temps aux deux individus, tétanisés par cette brusque irruption, de réagir, s'élança sur eux pour les mettre hors d'état de nuire ce qu'elle fit avec brio. Avec le restant de l'adrénaline, elle parvint à se maintenir debout et couper les liens du prisonnier, mais déjà son esprit chancelait à nouveau: elle craquait. Tout ce sang, toute cette haine, cette furie qui la gudait, c'en était plus qu'elle ne pouvait supporter et, accablée par sa situation, et devant un prisonnier désormais libre mais tout à fait stupéfait par ce spectacle, elle se mit doucement à pleurer et implorer sa mère de venir la sauver de ce cauchemar qui avait le malheur de s'éterniser."
Vous voyez la différence? Dans le premier passage, aucun lien, aucune raison... Dans le second, tout s'explique, même si le personnage ne comprend pas tout.
Ceci dit, je n'ai pas non plus l'intention de m'imposer, vous écrivez, cela va de soi , ce que vous désirez.
Impe.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Falc'hun
- Hors Ligne
- Messages : 402
Le fait est que tous ce qu'elle peut vivre vis à vis de sa famille peut être motif à explosion. En fait le personnage se laisserai aller non pas en réaction à un comportement particulier mais à la suite de l'accumulation de plusieurs comportements différents mais successifs.Ici, elle pouvait se voir poussée à la mélancolie par la rudesse du père, mais dans ce cas cette logique aurait dû perdurer tout au long du texte, or des contradictions finissent par apparaître.
Comportement caractéristique d'une personne qui manque de confiance et qui est résignée. Elle veut s'affirmer mais dès qu'un obstacle se dresse elle retombe dans la soumission.une personne qui passe en une seconde d'un état farouche à un état totalement soumis
J'ai quelques doutes vis à vis du lecteur omniscient, mais si tel étais le cas, ne devrait-il pas mériter cette omniscience par la réflexion et non pas que tout lui soit expliqué, livré sur un plateau?ce sans que rien ne l'explique au lecteur qui, ne l'oublions pas, reste relativement omniscient
L'inconscient est bien présent, mais les indices ne sont pas toujours clairs.mais le fait même que nous soyons en focalisation interne empêche que la fillette puisse nous le cacher, ou alors c'est qu'elle se ment à elle-même, donc que l'inconscient joue, et l'inconscient nous laisserait des indices clairs.
Le soupir, que le conscient retient soit, mais qui est bien dû à une tension interne pas toujours consciente.La jeune fille se retint de lâcher un soupir agacé
Tout comme ses parents ont pu tuer sa volonté et sa joie de vivre.Austère et statique, une main experte avait tué l’éclat et la beauté qui auraient pu naître des chatoiements de ses pendants translucides.
Tout au lond du texte, pae ses actes l'Adolescente cherche à se faire toute petite. Et au moment même où elle n'était plus là, boum elle fait tomber son verre, action qui focalise inévitablement l'attention. Exemple type de ce qu'on peut appeler un "acte manqué", manifestation de l'inconscient.A cet instant, l’oubliée renversa, par inadvertance, son verre d’eau sur la table.
De plus, tu parles à la fois de focalisation interne mais également d'omniscience du lecteur. Il y aurait donc pour moi un décalage si je pouvais tout comprendre sans avoir à le deviner de par le comportement du personnage.
Qui de plus schizophrène qu'un acteur, cappable de changer de personnalité en un éclair. Et pour moi cette Adolescent joue le rôle de soumission alors qu'elle est la rebelle. Sauf qu'à l'inverse de l'acteur elle ne le joue pas par volonté mais contre elle, volonté qui ressort inévitablement.Ici, nous sommes face à deux personnalités totalement opposées qui n'ont aucun sens, ce sont deux personnes différentes.
Ne dit on pas que l'amour rend aveugle? Ou combien sont les personnes intelligentes et critiques qui se retrouvent embrigadées dans des sectes...Si quelqu'un est naïf, il ne peut en aucun cas être un juge acerbe et ironique
Alors comment veux tu que nous, pôvres hommes, puissions les comprendre un jour?De toute manière, y a pas une fille sur cette terre qui se comprenne, alors...
Le fait est que ces deux femmes sont pour moi deux personnages totalement distincts. Dans la deuxième description je vois une personne tout à fait équilibrée et en proie à des névroses minimes comme tout à chacun, une tueuse proffessionelle qui sait où elle va même si elle est en proie à des doutes ou des remords. Dans le premier j'y vois une personne perturbée profondément, complettement perdue et dépassée par la situation, et qui agit plus par instinct, au radar, que par réflexion. Sans pour autant qu'il s'agisse d'un personnage barge et possédé mais seulement déboussolé.Vous voyez la différence? Dans le premier passage, aucun lien, aucune raison... Dans le second, tout s'explique, même si le personnage ne comprend pas tout.
Personellement je trouve le débat plutôt interessant. Et puis ça permet d'évoluer.Ceci dit, je n'ai pas non plus l'intention de m'imposer, vous écrivez, cela va de soi , ce que vous désirez.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Imperator
- Hors Ligne
- Messages : 751
L'ennui c'est que ce ne sont pas des explosions, on se contente de passer de l'un à l'autre.Le fait est que tous ce qu'elle peut vivre vis à vis de sa famille peut être motif à explosion.
Nous ne sommes pas en train de parler d'une personne qui a un germe de rebellion, mais d'une personne qui a un esprit acerbe et critique plus développé que la majorité des gens (faut voir la noirceur de son ironie).Elle veut s'affirmer mais dès qu'un obstacle se dresse elle retombe dans la soumission.
Je me suis permis de fouiller le texte et il n'existe aucun détail ni aucune logique visible. Elle change d'état, point final, c'est une décision de l'auteur, et ce jusqu'à ce qu'un fil conducteur même complexe puisse être mis à jour.J'ai quelques doutes vis à vis du lecteur omniscient, mais si tel étais le cas, ne devrait-il pas mériter cette omniscience par la réflexion et non pas que tout lui soit expliqué, livré sur un plateau?
Le but de l'écriture n'est pas non plus de noyer le poisson où d'écrire un texte totalement opaque où toute interprétation deviendrait de la pure extrapolation. (ça peut se faire, mais pas dans ce genre de récit)
C'est une forte probabilité, en effet.Tout au lond du texte, pae ses actes l'Adolescente cherche à se faire toute petite. Et au moment même où elle n'était plus là, boum elle fait tomber son verre, action qui focalise inévitablement l'attention. Exemple type de ce qu'on peut appeler un "acte manqué", manifestation de l'inconscient.
La focalisation interne, c'est tout voir au travers des yeux du personnage. Seulement, il y a des choses que le personnage voit qu'il interprète à sa manière et que nous, lecteur, sommes en mesure de comprendre avec plus de recul, comme tu l'as fais pour le coup du verre d'eau. Elle pensait que c'était une maladresse et l'a décrit comme tel, mais toi, lecteur omniscient et avec du recul, tu as pu y voir un acte inconscient. Mais tu n'en as pas moins vu la scène au travers de la description qu'elle en faisait elle (même si le texte n'est pas à la première personne, encore heureux).De plus, tu parles à la fois de focalisation interne mais également d'omniscience du lecteur. Il y aurait donc pour moi un décalage si je pouvais tout comprendre sans avoir à le deviner de par le comportement du personnage.
Voilà qui résume entièrement ma pensée.Et pour moi cette Adolescent joue le rôle de soumission alors qu'elle est la rebelle. Sauf qu'à l'inverse de l'acteur elle ne le joue pas par volonté mais contre elle, volonté qui ressort inévitablement.
L'amoureux aveugle tout comme l'amoureux raisonnable sont parfaitement normaux. Entrer dans une secte demande d'abord un déboire psychologique et la recherche d'une place, ce qui peut arriver aux personnes les plus intelligentes, d'autant plus que celles-ci s'y feront aisément une place.Ne dit on pas que l'amour rend aveugle? Ou combien sont les personnes intelligentes et critiques qui se retrouvent embrigadées dans des sectes...
Il est par contre beaucoup plus rare de voir un simple d'esprit te faire un cours de psychologie, un enfant réfléchir profondément sur le non-sens de la vie, etc...
Pour porter un jugement critique, il faut d'abord être conscient de ce que l'on juge, savoir de quoi il retourne. Or une personne naïve n'a justement pas de jugement: elle croit ce qu'on lui dit.
Peine perdue. Mais ça ne nous empêche pas d'essayer.Alors comment veux tu que nous, pôvres hommes, puissions les comprendre un jour?
On peut le voir ainsi.Dans la deuxième description je vois une personne tout à fait équilibrée et en proie à des névroses minimes comme tout à chacun, une tueuse proffessionelle qui sait où elle va même si elle est en proie à des doutes ou des remords.
Attend voir... une personne déboussolée, complètement perdue penserait à songer à sa main posée sur la crosse du revolver, à sauter au travers de la porte et décharger son arme pour ensuite aller casser la gueule à plusieurs gars dans le but, ne l'oublions pas, de libérer un prisonnier? Je n'ai peut-être pas assez forcé la dose, mais je pensais avoir mis en avant le fait qu'elle était une fonceuse qui savait exactement où elle allait, loin d'être déboussolée. Le "forte de plusieurs années d'entraînement" était là aussi pour le soutenir.Dans le premier j'y vois une personne perturbée profondément, complettement perdue et dépassée par la situation, et qui agit plus par instinct, au radar, que par réflexion. Sans pour autant qu'il s'agisse d'un personnage barge et possédé mais seulement déboussolé.
La seule différence entre les deux passages, c'est que j'ai rajouté des transitions dans la seconde partie qui, sans expliquer la cause de ces changements, les indique et donne au lecteur le moyen de s'imaginer quelque chose. (doutes, remords, passé complexe, etc...) Sans transition, c'est un comportement tout à fait inexpliqué digne d'une démente, de quelqu'un de carrément psychotique (qui passe d'une réalité à l'autre, et encore... )
L'ennui, c'est que la seule chose que je dénonçais, c'était le manque de transitions entre les passages d'état, pas le fait qu'elle change d'état, ce qui, en soi, me satisfait bien. Moi j'apprécie beaucoup qu'elle soit toute gentille par moment et toute méchante à d'autres, ça donne un caractère singulier que l'on aime bien. Seulement, faut que ce soit "un" caractère, pas "deux distincts".Personellement je trouve le débat plutôt interessant. Et puis ça permet d'évoluer.
Impe, en coup de vent.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- San
- Auteur du sujet
- Hors Ligne
- Messages : 1069
Enfin, l'adolescente telle que présentée ne m'a pas paru trop incohérente, juste biz z arre dans ses revirements (ses deux personnalités si on veut). Impe parle de facéties de l'auteur, mais je pense que les personnages aussi peuvent être facétieux. Qui plus est ça peut s'expliquer par la suite. Et pourquoi ne serait-elle pas schizophrène?
C'est vrai qu'on fait un peu ce qu'on veut, et finalement s'il ne s'agit que d'améliorer les transitions, il n'y a pas trop de débat non plus. Les transitions (ou leur absence) ne m'avaient pas choquée, mais on peut faire confiance à Impe
Ceci dit j'ai vu ça en passant :
Ben, on pourrait généraliser aux humains (si paradoxaux par nature), mais je vois bien le cliché dont tu parles. (ceci dit je suis une fille sans me sentir concernée D )Impe écrit: De toute manière, y a pas une fille sur cette terre qui se comprenne, alors...
Quand on lit une critique d'Impe on a trop envie de changer son texte pour pouvoir penser simplement "Mais de toute façon j'écris ce que je veux". C'est fou quand même! Chapeau bas.
Impe, c'est moi ou tu as pas voté?
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- eLiZ
- Hors Ligne
Falc'hun a bien compris ce que je souhaitais obtenir ; Impe a bien compris pourquoi ça ne fonctionnait pas complètement. Au final on est un peu tous d'accord, plus ou moins gênés par l'absence de transitions. Je pense d'ailleurs que ça rejoint un peu la critique de Zara qui parlait de la faiblesse du début : j'ai un petit problème avec ce début. En fait, il n'était pas du tout prévu à la base, ce repas de famille ; je l'ai greffé plus tard. Il est un peu encore "bâtard" vu que la focalisation interne n'est pas complètement réussie ; cette ironie un peu trop vive, c'est surtout moi, auteur qui prend de la distance avec son propre écrit pour ne pas sombrer dans le misérabilisme aigu du "pauvre petite fille toute chétive face à sa grande méchante famille". Ce n'est pas contradictoire avec le caractère de l'héroïne principale, loin de là ; mais c'est un peu trop accentué pour être naturel, héhéhé.
Par ailleurs j'en reviens à cette affaire de naïveté, qui me tient à coeur : mon héroïne est un peu naïve, comme tout être de son âge. Pour faire bête et schématique, elle a encore sa part d'enfance en elle (le côté naïf, le côté terrifié, le côté fasciné pour un rien) et sa part d'adulte qui germe (le côté rébellion, le côté acerbe, le côté amer) puisque c'est une adolescente (bien entendu c'est pas aussi simple dans ma tête). La coexistence de ces deux parts donne forcément une créature un peu hybride et instable...
Le coup du verre d'eau est effectivement un "acte manqué"...
En tout cas merci mes braves critiqueurs pour cet échange riche en idées et en inspiration pour moi...
san écrit: pourquoi ne serait-elle pas schizophrène?
Parce que c'est un peu trop à la mode.
Plus sérieusement, elle a une personnalité avec plusieurs facettes...
san écrit: Quand on lit une critique d'Impe on a trop envie de changer son texte pour pouvoir penser simplement "Mais de toute façon j'écris ce que je veux". C'est fou quand même! Chapeau bas.
Parfaitement d'accord !
C'est une perle rare ! ^D^ ^
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.