Stade (le)
- Vuld Edone
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- Vuld Edone
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Normalement c'est le genre de texte fait pour le scriptorium, mais je suis en mode "voilà Zara', satisfait ?" alors j'abuse de mon statut de chevalier.
Le texte lui-même me trotte en tête depuis longtemps. Ikorion est un concept intéressant. Dans un univers où les diverses forces de la nature sont incarnées, Ikorion incarne la fameuse détermination dont les héros font preuve et qui leur permettent de surmonter n'importe quel obstacle. Ikorion voit le monde comme un champ de cendres, alors que ce devrait être un champ de flammes. Il cherche des braises à attiser.
Dans le monde des Anges, ça donne l'arène. Ikorion n'a qu'à attendre, les bêtes sont naturellement poussées à vouloir le combattre. À l'origine Ikorion se nourrit de la détermination des autres -- et en retour renforce cette détermination, dans un cercle "vertueux" -- mais dans le monde des Anges, c'est Homs (Gilles) qui distribue les pouvoirs. Ikorion déclenche juste une course à l'armement locale, jusqu'aux limites de ce que le système peut produire. Bref.
En écrivant le texte je n'avais qu'une seule idée : si je m'arrêtais, le texte était mort. Je n'ai donc réfléchi à rien et j'ai écrit la chose en environ trois heures. Le résultat est un texte squelettique, une ébauche de ce que le texte devrait être.
Il n'y a pas grand-chose à dire, ce texte sert de plan, et je ne suis pas très motivé à en parler.
Il y a, cela dit, un passage remarquable. Lorsque Phil poursuit Kaiffer pour obtenir des explications, dans un texte classique le héros resterait cloué sur son siège. De fait je voulais que Kaiffer s'explique -- notamment parce que la narration elle-même ne montrait pas graduellement l'excitation et la présence d'Ikorion. C'est donc une sorte de roue de secours pour permettre au lecteur d'avoir accès aux enjeux.
On peut aussi remarquer à quel point les combats sont vite brossés, complètement esquivés. C'est en partie parce que je ne voulais pas avoir à concevoir autant de combattants. Morgan n'est qu'un nom et j'ai inventé l'armement de Josh sur le moment. L'absence quasi-totale de description aide particulièrement, à ce titre. Mais il y a aussi l'idée que ces combats sont "infantiles", totalement irréalistes et grandiloquents. D'où cette réticence à les décrire désormais.
Enfin, et c'est l'échec du texte, Josh.
Je suis déjà déçu par Phil, notamment à la fin lorsque je n'arrive pas à retransmettre ce que lui-même vit. Mais je suis particulièrement déçu de ce que j'ai fait de Josh, parce que je n'arrive pas à montrer ce qui l'anime. Ce besoin de se battre viscéral, sans lequel il a l'impression de mourir, et qui le pousse toujours plus loin. Je n'ai pas réussi à rendre le conflit qui l'entoure.
Le personnage le plus réussi reste Kaiffer, qui s'en sort le mieux malgré la tonne de dialogues. Il réagit mieux que prévu et a vraiment cette attitude des anges, pour qui la puissance est un danger. Je pense que le lecteur peut deviner qu'il est plus qu'un Morgan créé pour les besoins de la cause.
Bref, un texte sans intérêt mais que je mets là pour le mettre là.
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- Iggy Grunnson
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Après c'est un peu squelettique, c'est vrai. On comprend bien que tu ne t'intéresses pas aux combats, c'est cohérent avec ta logique, mais comme au-delà de ça il n'y a pas grand chose à quoi se raccrocher c'est un peu juste. D'autant que les personnages sont moins nombreux et moins originaux que dans Myriade, dont c'était la principale force à mon sens. Tu mentionnes aussi l'absence de descriptions, c'est aussi préjudiciable pour quelqu'un qui n'est pas familier avec ton univers.
Je me rend compte que je suis assez négatif, pour autant j'ai lu le texte d'une traite et sans déplaisir. On retrouve ta "patte", cette approche un peu oblique du genre, où l'on a l'impression que les personnages ne sont que des déguisements derrière lesquels se trouve le véritable motif de l'histoire. Seulement, autant pour Myriade j'avais été assez séduit pour vouloir y retourner et creuser plus avant la question à l'occasion, autant là je trouve qu'il manque un peu de "gras" pour appâter le lecteur.
Iggy, à chaud
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- Vuld Edone
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Phil et Josh ont été inventés pour les besoins de la cause, et j'en sais autant sur eux que ce qu'en dit le texte. Kaiffer est inspiré de Madèche, un personnage pour un autre texte abandonné des Anges, il a donc un peu plus de vécu. Morgan n'est qu'un nom et Ikorion est le seul vrai "personnage" du texte. Mais comme il se résume à "viens te battre"...
Myriade était quasiment une rencontre de "vieux" personnages. Il n'y a rien de tel dans ce texte.
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- Leagend7381
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Deux petites coquilles :
Combat. Combat. Combat. Kaiffer fit remarquer que ce le vainqueur, avec ses réacteurs
alla frappa Ikorion avant qu'Ikorion ne le frappe, et le poing énorme enflamma l'air.
Lu le texte d'une traite. Il est en soi très agréable à lire et très prenant, il y a une bonne montée en puissance de la tentions et du suspense. J'ai surtout apprécié la ferveur et la folie des combats, l'excitation qui submerge tout.
Tu dis que Phil n'est que peut travaillé, mais peut-être y gagne-il, parce qu'il s'adapte à tous les lecteurs et permet donc l'identification de tous. Or l’identification à Phil, c’est ce qui nous lie à Josh et à son sort, et peut être un élément central du récit.
D’ailleurs, en suivant cette idée-là, je pense qu’il est inutile que Phil sente la mort arriver, à la fin, voire peut-être même que la foule s’enfuie. Au contraire, c’est peut-être cela qui fait qu’à la fin « (Tu) n'arrive(s) pas à retransmettre ce que lui-même vit ». Si au contraire la foule avait continué sa clameur, son excitation, mis en perspective la douleur et l’impuissance de Phil auraient pu être décuplés.
Pour ce qui est des combats, les premiers sont peut-être insuffisamment développés, au sens où ils manquent de suspense. Le troisième, je l’ai trouvé excellent :
« Le combat traîna en longueur, par sursauts de violence, et plusieurs fois Phil eut l'intuition que son ami n'était pas mort. Qu'il allait gagner, qu'il allait nécessairement gagner. Jusqu'au dernier instant, jusqu'à la dernière passe d'armes, jusqu'à ce que l'insecte s'effondre aux pieds de la hyène sanguinolente. »
L’utilisation de la négation laisse présager le contraire, tandis que l’on reste accroché à l’idée que Josh vas nécessairement vaincre, puisque l’on nous l’a laissé présager quelques lignes avant. Mais là encore, logiquement, Josh doit survivre, au moins jusqu’à ce qu’il rencontre Morgan.
Par contre, lorsqu’il rencontrera Morgan, on ne sait pas réellement s’il va survivre. Sert toi plus de cela. Les deux premiers combats devraient être plus développé, non pour donner un suspense quant à la victoire de ces combats mêmes, mais parce que tous nous rapportent à celui qu’il fera contre Morgan. Et s’il sort de son premier combat en trainant des pieds, on se dit, mince, comme il va s’en sortir face à lui. Personnellement, le détail de ces combats m’as beaucoup moins intéressé que l’impression générale que tu en dégage.
Le dernier point est Ikorion. Je pense que le premier combat est trop expéditif pour toucher le lecteur. On a que trop peut le côté du chasseur qui joue avec la proie. On pourrait peut-être même ajouter les supplications du premier champion, pour augmenter le pathétique, et l’inquiétude pour Josh, si cela n’entre pas trop en conflit avec le portrait que tu dresses des bêtes. Quoiqu’il en soit, supplication ou non, ce combat mériterait de gagner en longueur.
Deuxième lecture :
« Un fétu de paille à présent sur lequel semblait se refermer le monde. »
Peut-être que « monde » est mal choisit. Au contraire « refermer » rapporte aux gradins, qui enferment le combattant, mais aussi au destin de la créature, scellé, donc la comparaison reste intéressante.
« Le champion s'était mis à sourire, satisfait. »
Je reste un peu sur ma faim. Il manque quelque chose de plus sur ses sentiments. Est-ce qu’il est trop aveuglé par sa ferveur, obnubilé par le gout du sang pour penser qu’il perdra. Est-ce qu’au contraire il sait qu’il va perdre, qu’il y gagne une certaine satisfaction.
« C’était pour cela que Phil était dans les gradins, et ce champion se tenait debout après avoir remporté quatre combats »
J’aime beaucoup, parce que finalement, en tant que lecteur, nous sommes nous même dans nos « gradins », ça touche et ça renforce l’identification
« Mais Josh ne lui répondit pas, ou plutôt lui répondit d'une voix blanche que la bête entendit à peine. Son ami était écrasé dans son siège, les yeux encore écarquillés, le visage tout entier blêmi. Cela amusa Phil, de se découvrir le plus courageux des deux. »
J’aime bien cette petite touche d’ironie.
« Après quoi les deux combattants se séparèrent, chacun de leur côté, et le centaure alla ruminant disparaître par une entrée tandis que le champion, dans sa cape cinglante, s'en alla par une autre. Les marchands revinrent distribuer parmi les spectateurs leurs apéritifs et boissons. »
Je suis resté assez interloqué à ce moment-là. La tension commence à monter, on s’apprête à une charge, à des hurlements, à du sang, mais non, ils se tournent chacun le dos, et regagnent gentiment les coulisses. C’est étrange que la présence d’une créature qui représente si bien la puissance et la mort n’engendre pas directement le combat.
« Ce fut à peine un combat. »
C’est justement ce qui manque. On n’a pas le temps de comprendre que la lutte du gladiateur est désespérée, que le monstre est d’une force phénoménale que le combat est déjà fini. Ça donne un effet un peu trop « super-arme », trop de puissance pour que l’on puisse rivaliser, si bien que ça tue une part du suspense.
Rien à dire sur la soirée, qui sert plus de transition.
« Peu importe ce que son ami avait en tête. Phil décida de céder. »
Tu pourrais ajouter en fin de récit le remords de Phil, pour ajouter du pathétique et donc faire partager un peu plus ce qu’il ressent.
« Ce gringalet un peu trop grand »
Cette description diminue beaucoup la vraisemblance de ce qui suit. Ce gringalet un peu trop grand a gagné tous ces combats. Ce gringalet un peu trop grand a tué les brigands. Il faudrait peut-être changer la description, où alors plus insister sur l’idée du truquage, ce qui permettrait d’ailleurs de voir Kaiffer comme un sauveur, et Josh comme une tête brulée.
« Ce guerrier puait la mort. »
Même remarque quant à la vraisemblance. A la limite, que Morgan suivre le contact mais que Josh en profite pour le tuer donnerais du piquant.
« Rendez-moi un service. S'il ne s'arrêtait pas, courez. »
Peut-être qu’ici on s’écarte un peu trop du sujet. Cette phrase laisse penser que l’intérêt de l’histoire ne va plus se porter sur Josh et Phil, mais sur le monstre libéré au milieu d’une ville en ruine. C’est finalement plus ou moins ce qui se passe à la fin, mais ça reste secondaire, et c’est peut-être même en trop. Personnellement je m’attends plus à une histoire centrée sur Phil et Josh avec Morgan et Ikorion qui donnent le suspense, l’accord entre J. et M. restant flou et Ikorion… ben, Ikorion quoi, et Kaiffer qui redonne espoir. Tout en sachant bien que si Josh choisit Ikorion, il n’y a plus trop de questions à se poser.
« Deux jours plus tard, le train s'arrêta à nouveau et Phil en descendit, péniblement, le torse toujours bandé et les yeux à jamais rougis. On vint à sa rencontre. On le fit s'asseoir. On lui demanda où était Josh. Il se mit à sortir ses affaires, et ce fut tout. »
Comme dit précédemment, la blessure physique de Phil me semble superficielle. Tout ça gagnerais largement à être écourté : « Deux jours plus tard, le train s'arrêta à nouveau et Phil en descendit, péniblement. On vint à sa rencontre, on lui demanda où était Josh. Comme seule réponse, il se mit sortit ses affaires, et ce fut tout. »
C’est la fin du voyage. Tout est déjà dit dans le « climax » de l’histoire. Pas besoin des yeux rouges. Pas besoin de l’attention que lui portent les autres et donc qu’on le fasse s’asseoir. Josh est mort, Phil aussi, il sort ses affaires, et c’est la fin du voyage.
Voilà pour la seconde lecture.
A savoir que mon avis pour ce texte reste très largement positif, je peux même dire qu’il m’a fait vibrer. Les critiques de la première lecture sont plus en réponse à tes questions, je ne m’en serais peut-être pas rendu compte sinon. Quant à la deuxième lecture, je l’ai voulue pointilleuse, mais bon, on est là pour ça
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- Zarathoustra
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Bon, très vite fait avant d'aller bosser sinon j'ai plus accès au site.
La première qualité de ce texte est justement d'être débarrassé d'enjeux et d'ambition. Du coup, la lecture n'est pas pesante comme elle peut l'être parfois quand on devine que le sens écrase un peu le récit (et du coup, on se sent à peine invité à te lire).
La première chose qui m'a intéressé, c'est que tu as choisi Phil comme point de focal. On est donc face à un spectateur. Plus exactement, on adopte du coup un point de vue de spectateur/voyeur. Pour moi, c'est le rôle implicite du lecteur. Donc pour moi, Phil est une sorte de double du lecteur qui lit le récit. Il n'a pas vraiment de prise sur l'action, c'est Josh qui maîtrise l'histoire. En ce sens, Josh est le double de l'auteur qui tient les fils. Cette métaphore s'arrête par contre quand surgit le combat final puisque l'auteur affronte vraiment le monstre.
Le second point est: le texte a-t-il besoin de ce qui es censé lui faire défaut, à savoir les descriptions. Je suis peut-être le très bon client de ce type de récit, car même pur mes textes, je ne suis pas hyper friand de ces descriptions. Donc pour moi, le texte fonctionne très bien ainsi. On est sur un cadre très référence (un combat de gladiateurs) donc on n'a tous nos images. Le truc, c'est juste le contexte futuriste qui parasite les images. Donc moi, j'ai mes images dans ma tête gràce au monde de cinoche donc j'ai pas forcément besoin de plus. Pour l reste, une foule dans une stade est une foule dans un stade.
Quant aux combats, moi il ne me manque pas dans la mesure où ce n'est pas vraiment là qu'elle l'enjeu. C'est: est-ce qu'il s'arrêtera après le 2eme? Est-ce qu'il tuera son adversaire? Pour ma part, ce suspense me suffit pour avoir envie de suivre l'histoire. Le reste, c'est comme une sorte de jeu vidéo, donc, bon, l'intérêt n'est pas forcément de regarder mais de jouer. Or, ici, tu joues avec le lecteur justement en escamotant les scènes attendues (notamment les combats), en donnant des enjeux inattendus (le trucage, le changement (il est vrai un peu téléphoné) sur la nature de Josh).
Bon, il y a parfois des choses qui m'ont perturbé, notamment les "boucliers" que tu ne cesses d'évoquer. J'avoue aussi ne pas trop avoir compris ce qui se passe avec le combat final, mais c'estr peut-être parce que je n'ai pas joué suffisamment aux jeux vidéo.
Un dernier point. Je trouve qu la violence est très bien traité sur toute la première moitié de l'histoire. Tu emploies des moyens très sommaires mais c'est ce qui la rend plus réaliste et donc elle m'a davantage marqué que si tu en avais fait des tonnes. D'ailleurs, le combat final ne fonctionne plus vraiment sur ce plan là parce qu'elle devient abstraite.
Pour ce qui est de la fin, il est vrai qu'elle mériterait d'être revu notamment pour renforcer l'implication du lecteur sur Phil et faire davantage vivre l'écroulement du stade.
Ah oui! Tu disais que tes personnages ne sont pas vraiment travaillé. En l’occurrence, ça ne dérange pas dans la mesure que ce n'est clairement pas l'enjeu. Phil est un peu lâche et plus lucide. Cela suffit. On n'a pas besoin de plus pour le comprendre.. A travers lui, j'ai repensé un peu au personnage kafkaïen qui n'arrive jamais à peser sur l'histoire et à éviter tout ce qui pourrait les faire rentrer de plein pieds dedans.
Voilà vite fait ce que j'avais à dire.
Je file...
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- Zarathoustra
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Tu y mets en scène la société de spectacle en y appliquant un raisonnement jusqu’au-boutiste.
1ère étape : les 2 protagonistes assistent au combat. En soi, la seule différence censée crée une distance avec le lecteur, c’est que tu dis que les bêtes se sentent enfin vivantes quand le combat final commence. Le texte aborde ensuite de biais l’une des questions centrales du texte qui est de projeter le lecteur dans l’arène en quelque sorte. Ici, Phil se projette sur le champion et dit qu’à la place du champion, il aurait fui. Quelque part, cela le rend tout de suite « humain », dans le sens de « vulnérable » et non comme un surhomme capable justement de se battre dans l’arène.
Dans cette étape, le spectacle existe à travers la foule. Donc on n’est pas devant un écran à regarder (ce qui en soi serait même la première dimension du spectacle) mais on fait partie du spectacle en étant membre de la foule. Donc il y a aussi un côté mise en scène du voyeurisme de l’humain (et quelque part du lecteur mais là, c’est peut-être moi qui déforme parce que j’aborde depuis quelques textes déjà cette question, avec en latence le besoin d’exhibitionniste (d’être lu si vous préférez) de l’auteur)).
Seulement, dans le combat qui suit, il n’y a pas de véritable identification. Le champion parait trop faible et Ikorion trop puissant et invulnérable pour qu’elle opère. D’autre part, à ce stade, ce sont deux inconnus dont le lecteur n’a que faire. D’ailleurs, tu esquives complètement le combat en le rendant ridiculement déséquilibré et court. Paradoxe : le comble du spectacle n’est par conséquent absolument pas spectaculaire.
2eme étape dans cette graduation du spectacle (et de l’association du lecteur) : Que se passe-t-il quand on connait l’un des combattants. Et ici, le fait d’avoir le pont de vu de Phil nous place à la fois en tant que voyeur plutôt qu’en tant qu’acteur. Et cela te permet également de développer la mise en scène du spectacle, on va dire les dessous.
Dans cette partie, il y a un moment clé : celui de l’hésitation de Phil a participé au pas aux combats. Quelque part, cela peut être l’hésitation du lecteur. Veut-il combattre ou regarder ? Et le fait est que je n’avais pas envie de voir Phil combattre. J’avais envie d’être spectateur pour savoir ce qu’il va se passer. Mais ensuite, tu glisses le récit comme si Phil avait le pouvoir d’influer le récit en restant spectateur, avec comme enjeu « Josh s’arrêtera-t-il après 2 combats comme c’était prévu ? ». Et en soi, c’est assez subtile parce que l’enjeu ne devient plus les combats en eux-mêmes mais le nombre de combats à faire (et à la limite s’il saura s’arrêter avant de se faire tuer car on sait que s’il va jusqu’au bout il mourra).
Tout est fait d’ailleurs pour réduire l’enjeu des combats. On nous explique qu’ils sont truqués dans la mesure où Josh affrontera les adversaires les plus faibles. Donc on déplace l’enjeu sur le 3eme combat qui peut (ou pas) devenir un combat cette fois-ci complètement truqué avec la participation des deux combattants, avec comme sous-enjeux latents les questions financières. Ici les questions financières raisonnent indépendamment d’affect ou de la passion de la foule. On est sur des chiffres froids de statistique (il a 50% de chance de gagner (ce qui veut dire 50% de chance de réellement mourir).
Derrière le spectacle des combats, tu associes d’ailleurs constamment de manière plus subtile que ta critique de ta société du spectacle et de sa fascination par les bêtes, une critique de la mercantilisassions du spectacle en insistant (discrètement) sur tout ce qui est vendu et la mise en scène qui pousse à cette consommation. Puis, tu ajoutes un second étage à cette dimension avec la notion des paris qui sont également en autre enjeu financier des combats. Enfin, tu rajoutes les arrangements des combats d’une manière telle qu’on a l’impression que ce sont toujours les mêmes qui gagnent et jamais totalement la foule. Et encore moins celui qui combat.
En fait, le cœur du texte est volontairement esquivé. Que deviennent les combattants qui perdent ? Ils sont morts. Mais en refusant de t’attarder dessus, tu dénonces finalement beaucoup plus la cruauté du spectacle. Ils deviennent une sorte d’ingrédient du spectacle, tout comme il faut des arènes, des boissons etc.
3eme étape : que se passe-t-il quand le spectacle touche également les spectateurs en les impliquant dans le combat, Ce n’est pas forcément la partie que tu as le plus réussi sur le plan narratif. Cela mériterait plus de mise en scène. Et puis, le fait qu’Ikorion puisse détruire le stade tombe bizarrement dans le récit. D’ailleurs le combat que tu brosses m’a moins intéressé car, soudain, on est dans la dimension épique de ce type de scène avec surenchère d’effets spéciaux (donc avec un traitement enfin spectaculaire du combat).
Ce que tu as loupé à mon sens, c’est la destruction de l’arène. On en la vit pas, on ne la ressent pas à travers Phil. Soudain, le lecteur ne s’identifie plus vraiment parce que, pour te dire, j’ai en l’impression que cela devenait un peu n’importe quoi. Je trouve que c’est ici que tu as capitulé devant l’enjeu du texte. Comment associer le lecteur dans le vécu de Phi ? Il peut se passer n’importe quoi, à ce stade, moi, je m’en moquais. Je n’étais plus impliqué dans l’histoire.
En fait, tu racontes ici plus une histoire qui détruit l’histoire qu’une véritable histoire. Ou dis autrement, tu mets en scène un spectacle qui, pousser à l’extrême dans son raisonnement, détruit le spectacle. En impliquant le spectateur dans le combat, le spectacle finit par se détruire. Or l’enjeu ici aurait été de se sentir concerné dans le spectacle soit en y prenant part ou, mieux, en nous donnant envie de refuser d’y prendre part.
Or le moteur du texte pour le lecteur n’est pas le spectacle, mais quand Josh s’arrêtera-t-il ? Bizarrement, le fait qu’il aille au bout lui retire ses enjeux parce que dans ce combat, pour ma part, je ne suis plus intéressé par qui gagnera entre Josh et Ikorion dans la mesure où tout le texte m’a demandé de m’intéresser à Phil. Or quel rôle a Phil dans ce combat ? Aucun. On pourrait avoir, comme lui, envie que Josh survive, mais non, on s’en moque. Parce tu n’arrives pas à associer le lecteur dans le combat à mort qui se déroule dans l’arène et dans la destruction du stade qui peut entrainer la mort de Phil. Le fait que Josh sourit tout le temps pendant le combat montre que lui aussi se moque du résultat.
Je ne dis pas qu’il n’y a aucune émotion, ni aucun tragique, mais le fait est que je ne suis pas totalement touché parce que je ne sais plus où regarder ou quoi sentir. Je regarde un spectacle qui ne me concerne plus en quelque sorte. Je suis déjà ailleurs parce que je me moque un peu de l’issu dans la mesure où on comprend assez vite que Josh va mourir et que le stade va être détruit. Et étrangement, on ne ressent plus de compassion pour Phil qui pourrait également mourir.
Maintenant, on pourrait également chercher à réfléchir sur la dimension métaphorique du texte avec ses bêtes, ses tractations en coulisse, les enjeux financiers et la froideur de la finance sur les enjeux réels à savoir que l’on parle à la fin de vie ou de mort… Mais, cette partie ne m’intéresse pas parce que je trouve qu’ici, le discours est pour ainsi convenu et prévisible. Pour moi, d’un point de vue personnel, la question serait plutôt : comment faire pour qu’un tel monde n’existe pas ? Mais la question ne peut être posée dans un tel texte.
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- Vuld Edone
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Le diagnostic d'Iggy correspond au mien. Je vais juste revenir là-dessus :
De façon générale, c'est un problème récurrent avec les Anges. Les Armes et les Anges sont deux univers "différents" et je n'ai jamais su comment expliquer au lecteur comment fonctionnait le second.Tu mentionnes aussi l'absence de descriptions, c'est aussi préjudiciable pour quelqu'un qui n'est pas familier avec ton univers.
Le premier est de la fantasy, et je peux y dire "bêtes, animaux à traits humains", tandis que le second est... je ne sais pas bien quoi, et je ne peux pas y dire, "bêtes, humains à traits animaux". J'ai tenté de lancer au moins cinq sagas sur cet univers et toutes sont mortes faute de pouvoir introduire l'univers proprement.
Je vais synthétiser avec Leagend, sur deux points, en précisant juste qu'effectivement, le texte n'étant à peu près pas travaillé, il y a beaucoup de manquements de ma part. Ikorion qui attend avant de démonter le champion est un bon exemple.
Mais enfin.
Premier point : Josh est secondaire.
Le véritable enjeu du stade n'est pas Josh, quand bien même le lecteur par convention est poussé à le croire. Mon but -- si le texte était travaillé -- est toujours d'inverser la logique. Le véritable enjeu est que Phil (et à travers lui le lecteur) réalise le trucage de l'univers. Dans l'univers des Anges, une "machine" permet aux hommes (aux bêtes) de dépasser les lois de la physique. Plus forts, plus rapides, plus tout ce que tu veux. C'est un trucage à l'échelle planétaire, c'est artificiel. Les humains veulent se dépasser, c'est ce qui les a réduits à l'état de bêtes. Et Ikorion pousse cette logique à l'extrême.
La seule raison d'être du stade est de révéler le trucage. Mais Phil est incapable de le comprendre, parce que le lecteur ne le comprend pas forcément, et le trucage continue. Le stade est un microcosme de l'univers des Anges.
Deuxième point : les bêtes sont... comment dire... elles ne pensent pas. Elles n'ont pas conscience de ce qui se passe. Elles se contentent de jouer des rôles comme elles ont appris que ces rôles se jouaient. Elles ne donnent plus que l'apparence d'humanité. Mais au final, le champion ne sait pas pourquoi il sourit, et Phil ne sait pas ce qu'il ressent. Une charrue rouillée abandonnée dans un champ attire la pitié. C'est humain. Mais la charrue rouillée elle-même n'est pas triste.
C'est peut-être ce qui par-dessus tout rend l'univers des Anges si difficile à exposer. L'enjeu des Anges est justement de comprendre comment fonctionne cet univers, y compris pour les bêtes elles-mêmes.
Reste Zara'.
Yup. Pour le lecteur c'est sans doute très appréciable. Pour le lecteur.La première qualité de ce texte est justement d'être débarrassé d'enjeux et d'ambition.
Et c'est probablement là où les descriptions aideraient, entre autres. La vérité est que j'aurais sans doute voulu décrire, beaucoup plus, beaucoup de choses. Pas juste parce que c'est zouli, mais parce que l'enjeu, une fois encore, est de comprendre le mensonge de l'univers. Les descriptions seraient des indices supplémentaires. Mirva serait fascinante à visiter, en ce sens, si je l'avais travaillée.Le truc, c'est juste le contexte futuriste qui parasite les images.
C'est aussi pour cela que les combats m'importent. C'est le coeur de l'univers. Les humains ont quasiment vendu leur conscience à la machine pour le pouvoir de s'auto-détruire au quotidien. Il faut juste donner au lecteur les "poids et mesures" pour comprendre le combat, et ils seraient, là aussi, des indices parfaits de ce qui se passe. Et le véritable "vécu" des bêtes.
J'ai parlé plus haut des bêtes qui jouent un rôle, et je pense que le champion s'est contenté de jouer son rôle. Mais la vérité est que les bêtes ont un "instinct" qui leur dit si leur adversaire est plus ou moins fort qu'eux. Et face à Ikorion, ce n'est même pas mesurable. Les bêtes, arrivées là, abandonnent par pur instinct de survie.Ici, Phil se projette sur le champion et dit qu’à la place du champion, il aurait fui.
La différence entre la bête et le monstre, c'est que le monstre est si puissant qu'il ne comprend plus les bêtes. Il ne sait plus vraiment ce qu'est la peur. Si le texte prenait son point de vue, il pourrait répéter mille fois "il retenait sa peur", "l'angoisse le faisait frémir" ou tout ce qu'on veut, en vérité il serait comme Josh. Juste impatient de se sentir vivre. Comme une drogue.
On en revient au problème de base. J'aurais pu me contenter d'abstraire le combat final, également, de le réduire à peu de choses et de me concentrer sur la destruction de Josh. Cela aurait collé au "manque d'ambition" du texte. Mais j'avais une toute autre ambition, pour laquelle je ne me suis pas donné les moyens.
Tu parles de société du spectacle, de consumérisme, et c'est assez vrai. Mais les Anges sont une critique beaucoup plus générale de ce que l'homme veut être. Difficile de s'identifier à une société de Supermen...
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