La bataille Hadopi
- Imperator
- Hors Ligne
Réduire
Plus d'informations
- Messages : 751
il y a 14 ans 7 mois - il y a 14 ans 7 mois #16585
par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:La bataille Hadopi
Je viens de lire les trois articles (malheureusement pas les livres, que je trouverais difficilement le temps de parcourir en entier), et j'aimerais discourir sur un point particulier, à savoir la rétribution de l'artiste en général.
La loi Hadopi est une bêtise parce que simplement inapplicable, ça me semble relativement acquis. De même, le contrôle d'internet en général serait une perte sèche pour l'humanité à l'instar de la transformation de l'eau en une simple marchandise, pas besoin d'être un génie pour arriver à ces conclusions.
Mais la rétribution des artistes pose certaines questions auxquelles j'ai quelque mal à répondre.
- Doit-on rétribuer le travail des artistes?
- Dans quelle mesure doit-on rétribuer ce travail?
- Comment doit-on le rétribuer (si rétribution)?
Je prends la première question. L'art est un concept qui se trouve concrétisé dans des objets préhensibles ou non, mais qui ont une existence sur terre quand bien même de plus en plus ténue et sont donc susceptibles d'être assimilés à des "choses" au sens juridique du terme, c'est à dire que l'on peut potentiellement posséder et dont on peut être propriétaire.
Donc rien ne s'oppose, du point de vue technique, à ce que le transfert de propriété se fasse avec une contrepartie, quand bien même on accepterait l'idée que l'art en lui-même appartient à tout le monde.
Cependant, on doit reconnaître que la connaissance est considérée comme un bien collectif et que des efforts conséquents sont fait pour que chacun la possède. L'accès gratuit à sa concrétisation au travers des bibliothèques et du système scolaire publique laisse à réfléchir. Mais là encore, il y a rétribution des créateurs de cette concrétisation, grâce à l'intervention de l'état et donc de la communauté. On se rapproche là du système communautaire proposé dans l'un des articles.
Enfin, l'artiste travaille réellement. La création d'une oeuvre artistique, entendu par là concrétisation de l'art, demande un temps et une énergie considérables. L'écriture d'un roman, par exemple, demande un effort de planification, de réflexion et, en somme, un boulot monstre pour obtenir le résultat désiré. Même si la matière première n'a pas coûté très cher, le travail devrait se voir rémunéré.
Je passe volontairement sur la raréfaction de certaines oeuvres d'art, statues et tableaux notamment, et me concentrerais sur des oeuvres reproductibles à l'infini (ou presque) depuis l'invention de l'imprimerie et du disque, soit les livres et la musique.
On peut alors opposer à tous ces arguments pour la rémunération des artistes, et c'est dit dans l'un des articles, que la création d'oeuvre d'art, lorsqu'elle devient un métier, se voit soumise au jugement populaire qui seul paie au lieu d'avoir un objectif intellectuel. Ce quand bien même la création de véritables oeuvres dont l'intérêt dépasse les simples besoins populaires continue envers et contre tout même dans un environnement mercantile à l'extrême.
Mais mon point de vue personnel est qu'une personne qui gagne sa vie en écrivant apporte du rêve, de la vie, de l'espoir ou de la réflexion aux gens, un regard critique soit, mais, tout comme le spéculateur, n'apporte aucun bien concret et tangible à la société. En cela, je nie la valeur des oeuvres d'art qui n'ont que celle qu'on veut bien leur donner et qui ne sont pas une nécessité absolue dans la mesure où chaque être humain est un artiste en puissance capable de subvenir à ses propres besoins d'une manière ou d'une autre.
Ceci étant, ce point de vue condamne aussi toute personne qui gagne sa vie en vendant du divertissement (ah, télévision...) ou toute autre activité qui se contente de créer du vent... Avis extrême et ridicule, mais qui m'offre une vision sympathique des choses.
***
Bref, quand bien même on rémunère, il y a trois éléments extrêmement problématique:
1) il y a une bien trop grande disparité de répartition de la rémunération des artistes actuellement.
2) personne n'est compétent pour juger de la valeur d'une oeuvre d'art, ni le public au sens large (on s'en rend compte aujourd'hui), ni les meilleurs experts dont les critères seront forcément arbitraires puisqu'il n'existe pas de "science" de l'art. Et l'établissement de critères impliquerait forcément un cadrage de l'art et donc la réduction des possibilités de création qui font sa force.
3) une oeuvre d'art n'a pas de valeur intrinsèque autre que celle qu'on veut bien lui donner et des matériaux qui la compose et des heures de travail qui ont été nécessaires à son élaboration, ce qui est difficilement quantifiable.
Il serait cependant amusant de payer les artistes à l'heure avec un taux bloqué. Certains prendrait un peu le temps de réfléchir à ce qu'ils font (par exemple, avatar aurait peut-être eu droit à un scénario, une histoire et peut-être même une cohérence...).
***
Mais bon, dernière question, par quel biais rétribuer? Les gens? Nous sommes les seuls à pouvoir payer (normal, les animaux n'étant pas très riches), mais la solution directe en activité actuellement pose le problème de la capacité de jugement et de la disparité de rémunération.
L'état serait l'idéal, à ceci près qu'il lui faudrait établir pour cela un protocole qui, à nouveau, réduit les possibilités créatrices. Les politiciens, du reste, sont très bons pour gérer un pays (si si), mais sont désolants lorsqu'il s'agit de gérer l'économie, la justice ou l'art... J'exagère, mais je me comprends.
Il resterait un nombre considérable de solutions, des ONG aux fondations, mais dont l'élément le plus important semble être la nécessité de mettre en place un nombre important de juges pour avoir la possibilité de ne jamais trop restreindre les opinions et les possibilités de création, ce qui... en arrive à vouloir laisser le peuple s'en occuper.
Bref... Je conclus.
***
Aujourd'hui, on considère que tout ce qui touche au domaine de la santé doit être gratuit ou quasiment gratuit (question de relativisme). Nous n'avons obtenu ce résultat qu'en légiférant, ce que les événements aux USA ont bien montré. De même, ce n'est qu'en légiférant que l'on pourra assurer à tous l'accès à l'eau potable (encore qu'en Suisse, on soit tranquille pour un bon bout de temps).
Mais les soins coûtent cher, et l'eau potable a un coût certain aussi. L'art, lui, ne coûte rien ou presque, si l'on s'en tient aux écrits et à la musique. Leur coût est en tout cas ridicule par rapport aux soins et aux centres d'épuration pour ne citer que cela...
Dès lors, j'estime que si l'on détruisait le concept même de droit d'auteur, le monde ne s'en porterait pas plus mal et même mieux peut-être, qu'il nous suffit pour cela de légiférer et qu'ainsi, rien n'empêcherait la rémunération des artistes par n'importe quel biais sans poser un quelconque problème juridique et assurerait à tout un chacun la jouissance de l'art et de la culture sans porter préjudice aux artistes qui trouveront toujours le moyen de survivre, ce que l'histoire a maintes et maintes fois prouvé.
J'affirme cela, avec facilité puisque je sais que je ne vivrais jamais de l'art et me contenterais toute ma vie d'en profiter et de m'en amuser, mais je l'affirme toutefois.
Impe, je tenais à le dire, parce que j'y ai souvent pensé un peu...
La loi Hadopi est une bêtise parce que simplement inapplicable, ça me semble relativement acquis. De même, le contrôle d'internet en général serait une perte sèche pour l'humanité à l'instar de la transformation de l'eau en une simple marchandise, pas besoin d'être un génie pour arriver à ces conclusions.
Mais la rétribution des artistes pose certaines questions auxquelles j'ai quelque mal à répondre.
- Doit-on rétribuer le travail des artistes?
- Dans quelle mesure doit-on rétribuer ce travail?
- Comment doit-on le rétribuer (si rétribution)?
Je prends la première question. L'art est un concept qui se trouve concrétisé dans des objets préhensibles ou non, mais qui ont une existence sur terre quand bien même de plus en plus ténue et sont donc susceptibles d'être assimilés à des "choses" au sens juridique du terme, c'est à dire que l'on peut potentiellement posséder et dont on peut être propriétaire.
Donc rien ne s'oppose, du point de vue technique, à ce que le transfert de propriété se fasse avec une contrepartie, quand bien même on accepterait l'idée que l'art en lui-même appartient à tout le monde.
Cependant, on doit reconnaître que la connaissance est considérée comme un bien collectif et que des efforts conséquents sont fait pour que chacun la possède. L'accès gratuit à sa concrétisation au travers des bibliothèques et du système scolaire publique laisse à réfléchir. Mais là encore, il y a rétribution des créateurs de cette concrétisation, grâce à l'intervention de l'état et donc de la communauté. On se rapproche là du système communautaire proposé dans l'un des articles.
Enfin, l'artiste travaille réellement. La création d'une oeuvre artistique, entendu par là concrétisation de l'art, demande un temps et une énergie considérables. L'écriture d'un roman, par exemple, demande un effort de planification, de réflexion et, en somme, un boulot monstre pour obtenir le résultat désiré. Même si la matière première n'a pas coûté très cher, le travail devrait se voir rémunéré.
Je passe volontairement sur la raréfaction de certaines oeuvres d'art, statues et tableaux notamment, et me concentrerais sur des oeuvres reproductibles à l'infini (ou presque) depuis l'invention de l'imprimerie et du disque, soit les livres et la musique.
On peut alors opposer à tous ces arguments pour la rémunération des artistes, et c'est dit dans l'un des articles, que la création d'oeuvre d'art, lorsqu'elle devient un métier, se voit soumise au jugement populaire qui seul paie au lieu d'avoir un objectif intellectuel. Ce quand bien même la création de véritables oeuvres dont l'intérêt dépasse les simples besoins populaires continue envers et contre tout même dans un environnement mercantile à l'extrême.
Mais mon point de vue personnel est qu'une personne qui gagne sa vie en écrivant apporte du rêve, de la vie, de l'espoir ou de la réflexion aux gens, un regard critique soit, mais, tout comme le spéculateur, n'apporte aucun bien concret et tangible à la société. En cela, je nie la valeur des oeuvres d'art qui n'ont que celle qu'on veut bien leur donner et qui ne sont pas une nécessité absolue dans la mesure où chaque être humain est un artiste en puissance capable de subvenir à ses propres besoins d'une manière ou d'une autre.
Ceci étant, ce point de vue condamne aussi toute personne qui gagne sa vie en vendant du divertissement (ah, télévision...) ou toute autre activité qui se contente de créer du vent... Avis extrême et ridicule, mais qui m'offre une vision sympathique des choses.
***
Bref, quand bien même on rémunère, il y a trois éléments extrêmement problématique:
1) il y a une bien trop grande disparité de répartition de la rémunération des artistes actuellement.
2) personne n'est compétent pour juger de la valeur d'une oeuvre d'art, ni le public au sens large (on s'en rend compte aujourd'hui), ni les meilleurs experts dont les critères seront forcément arbitraires puisqu'il n'existe pas de "science" de l'art. Et l'établissement de critères impliquerait forcément un cadrage de l'art et donc la réduction des possibilités de création qui font sa force.
3) une oeuvre d'art n'a pas de valeur intrinsèque autre que celle qu'on veut bien lui donner et des matériaux qui la compose et des heures de travail qui ont été nécessaires à son élaboration, ce qui est difficilement quantifiable.
Il serait cependant amusant de payer les artistes à l'heure avec un taux bloqué. Certains prendrait un peu le temps de réfléchir à ce qu'ils font (par exemple, avatar aurait peut-être eu droit à un scénario, une histoire et peut-être même une cohérence...).
***
Mais bon, dernière question, par quel biais rétribuer? Les gens? Nous sommes les seuls à pouvoir payer (normal, les animaux n'étant pas très riches), mais la solution directe en activité actuellement pose le problème de la capacité de jugement et de la disparité de rémunération.
L'état serait l'idéal, à ceci près qu'il lui faudrait établir pour cela un protocole qui, à nouveau, réduit les possibilités créatrices. Les politiciens, du reste, sont très bons pour gérer un pays (si si), mais sont désolants lorsqu'il s'agit de gérer l'économie, la justice ou l'art... J'exagère, mais je me comprends.
Il resterait un nombre considérable de solutions, des ONG aux fondations, mais dont l'élément le plus important semble être la nécessité de mettre en place un nombre important de juges pour avoir la possibilité de ne jamais trop restreindre les opinions et les possibilités de création, ce qui... en arrive à vouloir laisser le peuple s'en occuper.
Bref... Je conclus.
***
Aujourd'hui, on considère que tout ce qui touche au domaine de la santé doit être gratuit ou quasiment gratuit (question de relativisme). Nous n'avons obtenu ce résultat qu'en légiférant, ce que les événements aux USA ont bien montré. De même, ce n'est qu'en légiférant que l'on pourra assurer à tous l'accès à l'eau potable (encore qu'en Suisse, on soit tranquille pour un bon bout de temps).
Mais les soins coûtent cher, et l'eau potable a un coût certain aussi. L'art, lui, ne coûte rien ou presque, si l'on s'en tient aux écrits et à la musique. Leur coût est en tout cas ridicule par rapport aux soins et aux centres d'épuration pour ne citer que cela...
Dès lors, j'estime que si l'on détruisait le concept même de droit d'auteur, le monde ne s'en porterait pas plus mal et même mieux peut-être, qu'il nous suffit pour cela de légiférer et qu'ainsi, rien n'empêcherait la rémunération des artistes par n'importe quel biais sans poser un quelconque problème juridique et assurerait à tout un chacun la jouissance de l'art et de la culture sans porter préjudice aux artistes qui trouveront toujours le moyen de survivre, ce que l'histoire a maintes et maintes fois prouvé.
J'affirme cela, avec facilité puisque je sais que je ne vivrais jamais de l'art et me contenterais toute ma vie d'en profiter et de m'en amuser, mais je l'affirme toutefois.
Impe, je tenais à le dire, parce que j'y ai souvent pensé un peu...
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
Modérateurs: San, Kundïn, Zarathoustra