Par quels auteurs votre écriture est-elle influencée?
- Zarathoustra
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J’aimerai que notre réflexion se porte plus sur l’écriture elle-même que sur les histoires ou les univers, c’est-à-dire plus sur le style ou la manière de procéder, sur les descriptions, sur la façon de brosser un personnage etc.
Un autre point que je souhaiterai trouver ici, c'est bien entendu des échanges sur les auteurs qui seront évoqués par les uns et les autres, pas uniquement des monologues. Par exemple, que vous donniez votre ressenti pour votre travail mais aussi comment^, à la lumière de ce qui sera dit, cela modifie votre regard sur nos récits. Je trouve que cela créera une excellente alternative de discussion à nos récits. Et ici, pas besoin d'avoir de nouveaux textes à proposer, les anciens peuvent servir pour appuyer nos propos. Et ce sera une façon aussi pour mieux se connaître les uns et les autres.
Alors, vous avez certainement des modèles ? Alors voici le moment d’en discuter.
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- Zarathoustra
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J’ai envie de vous parler de deux auteurs qui ont certainement marqué le plus ma façon d’envisager une histoire. Le premier est Maurice Leblanc, avec son personnage emblématique d’Arsène Lupin. J’en ai dévoré des dizaines quand j’étais au collège. Je ne pense pas qu’il ait directement influencé mon écriture, mais je sais que j’appréciais sa façon de construire des intrigues complexes tout en gréffant dessus des romances et également des questions psychologiques. Arsène Lupin n’est pas toujours ce héros flamboyant, car face à lui, il trouve parfois sur son chemin des méchants redoutables et très crédibles (du moins dans mon souvenir) qui ont le pouvoir de le faire douter. Et puis, Maurice Leblanc cherche également à rendre unique chacune des romances qui peuplent ses histoires et cela passe par des descriptions tant physiques de ses femmes que par les raisons psychologiques qui motivent cette attirance.
Tout ceci fait qu’il a tout à fait préparé ma sensibilité pour explorer la dimension psychologique de mes personnages. J’ignore si une relecture aujourd’hui, 30 ans après, de ses ouvrages me satisferait sur ce plan précis, mais c’est quelque chose dont je n’avais pas conscience.
Le second auteur est Stendhal. Paradoxalement, je ne pense jamais à lui quand je réfléchis à ces fameux auteurs qui m’inspirent. Or là aussi, même si je n’en ai jamais vraiment eu conscience (et il faudrait là aussi que je le relise), je suis certains que la Chartreuse de Parme et le Rouge et le Noir ont marqué mon écriture et ma façon de construire mes histoires autour de la psychologie. Son impact sur mon écriture m’est apparu en écrivant les derniers chapitres du Chant des Pierres, où il se manifeste clairement un style assez classique et où les dérives psychologiques sont plus présentes et, selon moi, font, elles seules, avancer l’histoire. Là aussi, cette démarche n’a pas été consciente, mais elle s’est pourtant imposée intérieurement à moi. J’avais une sorte de référent pour me dire que j’avais atteint mon objectif, et j’ai l’impression qu’il se tient dans le style et l’approche de Stendhal. Enfin, je dis ça de manière intuitive parce que j’ai dû le lire en fin de Collège.
Je crois qu’il symbolise pour moi à la fois le roman classique du XIXeme mais aussi une approche assez moderne de la psychologie. Bon, ce n’est certainement pas le seul, et certainement qu’il y a d’autre cas qui ont dû m’influencer de cette époque, parce qu’il était de bon tons d’analyser les résistances de l’âme au sentiment amoureux, et on peut remonter à Marivaux et plein d’autres. En cela, je suis bon publique parce que je me rends compte que cela m’intéresse presque plus que l’intrigue réelle. Pour moi, c’est ce qui reste et restera quand on connait l’histoire. On peut la relire sans être surpris, mais la densité psychologique d’un personnage restera toujours pertinente. Et notre regard peut fort bien changer à son égard en fonction de notre âge et de nos expériences de la vie.
Bref, ce ne sont pas les deux auteurs auxquels j’aurai pensé spontanément pour lancer cette rubrique mais leur impact sur mon écriture a été certainement plus profond. Je sais que j’ai plusieurs façons d’écrire, mais quand j’écris à la troisième personne, je pense que je me réfère inconsciemment à eux.
Je tacherai de revenir avec d'autres qui me touchent ou m'inspirent de manière plus actuelle. Mais libre à vous de venir dire si ces auteurs vous parlent également ou si vous en avez d'autres que vous souhaitez développer...
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- Iggy Grunnson
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Est-ce que l'inspiration dont tu parles concerne seulement des caractéristiques générales d'un œuvre (la construction de l'histoire, la psychologie des personnages, etc) ou bien est-ce que tu es allé jusqu'à t'inspirer du style formel des auteurs en questions ? Quitte à singer certaines de leurs tournures de phrases ?
Je dis ça car même si l'exercice d'imitation a ses limites, je trouve assez intéressant d'essayer de décoder en le reproduisant ce qui fait le "sel" du style d'un écrivain qu'on apprécie. C'est assez formateur pour comprendre comment il gère ses effets, et essayer ensuite de faire de même à notre niveau.
Iggy
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- Zarathoustra
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Si tu veux connaitre des auteurs qui m’ont plus directement influencé et sur lequel je reviendrais, je peux citer, Faulkner, Joyce, pour leur recherche introspective. Pour les classiques, je suppose que Balzac a beaucoup compté également. Pour le style, pour des modernes, Ellroy ou Chandler ou Fréderic Dard (avec San Antonio) ou Céline. Il y en a évidemment d’autres. Je verrais en fonction des discussions si j’y viendrais.
Pour ce qui est de la fantasy, je dois avouer que c’est un genre qui m’ennuie particulièrement quand j’en lis. Les seules exceptions de ma très maigre culture seraient Tolkien (et encore… mais il faudrait peut-être que je relise la nouvelle traduction qui a été faite) mais surtout Marion Zimmer Bradley dans les Dames du Lac. A la limite, j’ai plus apprécié la lecture d’Harry Potter que les autres trucs qu’on m’avait conseillé de lire en la matière. S’il devait y avoir une influence importante, ce serait plus le livre d’armée Warhammer des elfes noirs de la V6… Sinon, dans un registre voisin, il y a Lovecraft dont j’ai lu plusieurs livres et que j’apprécie.
Mais j’ai une culture très limité en la matière. Je n’ai pas lu le Trône de Fer ni l’Assassin alors que ce que j’en perçois, cela aurait pu m’intéresser. D’ailleurs, j’ai écrit le Rêve d’Ether en m’imaginant ce que pouvait être le Trône de Fer d’après les dires de ceux qui voulaient que je le lise. Maintenant que j’ai vu l’adaptation en série, c’est forcément très différent, mais sur certains principes, je me dis que ce n’est pas si éloigné de ce que j’avais imaginé (toute proportion gardée car évidemment, dès le départ, je ne recherchais pas la même chose).
En matière de lecture, je crois que je recherche autre chose. En matière d'écriture, je dirai que j'essaie de mettre dans la fantasy ce qui n'en fait habituellement pas partie et ce qui m'intéresse personnellement quand je lis un roman. Mais je pense aussi que je suis maintenant mûr pour écrire autre chose, voire même des histoires contemporaines. Avant, j'avais besoin de ce côté ludique que constituait pour moi la fantasy. Plus maintenant. Le travail d'écriture implique pour moi d'autres jeux, d'autres questionnements et possède d'autres moteurs que l'imaginaire.
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- Iggy Grunnson
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Je peux citer, Faulkner, Joyce, pour leur recherche introspective
Tu as droit à mon coup de chapeau en tant que lecteur ! J'ai essayé par deux fois de lire Ulysse de Joyce, j'ai été subjugué par la proce à chaque fois et pourtant j'ai fini par lâcher prise, alors que ça m'arrive très rarement... C'est d'ailleurs un regret!
En matière d'écriture, je dirai que j'essaie de mettre dans la fantasy ce qui n'en fait habituellement pas partie et ce qui m'intéresse personnellement quand je lis un roman.
C'est une approche intéressante, en effet! De mon côté aussi, la dimension fantasy a tendance à diminuer dans mes textes... Ou plutôt ses apparitions sont plus circonscrites dans le récit : on peut avoir de long passages presque "naturalistes" (les guillemets ne sont pas là pour rien) et puis tout d'un coup un passage très "pulp", typiquement une scène d'action mettant en scène des créatures tarabiscotées.
Par contre même si j'écrivais une histoire 100% réaliste, je pense que je ne pourrais pas me départir d'une narration aux accents mythologiques, au sens où je ne m'intéresse pas forcément aux détails qui font 99% de notre quotidien (ni au côté très répétitif de la vie réelle), mais qu'au contraire ma façon de raconter les histoires me pousse à me concentrer sur l'essence profonde des choses.
Iggy
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- Zarathoustra
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Je ne comprends pas trop ce que tu veux dire... L'essence profonde des choses me semble pour ma part plus présente dans la banalité du quotidien que dans l'extraordinaire. Une vie trépidante, pleine d'action a tendance au contraire à distraire de tout cela.Par contre même si j'écrivais une histoire 100% réaliste, je pense que je ne pourrais pas me départir d'une narration aux accents mythologiques, au sens où je ne m'intéresse pas forcément aux détails qui font 99% de notre quotidien (ni au côté très répétitif de la vie réelle), mais qu'au contraire ma façon de raconter les histoires me pousse à me concentrer sur l'essence profonde des choses.
Maintenant, cela peut expliquer le certains détachement de tes personnage à l'égard des aventures qu'ils vivent... Je ne sais pas si c'est là où tu voulais en venir.
Toi, tu n'as pas des auteurs qui t'ont marqué ou qui te marquent encore?
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- Iggy Grunnson
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Je ne comprends pas trop ce que tu veux dire... L'essence profonde des choses me semble pour ma part plus présente dans la banalité du quotidien que dans l'extraordinaire. Une vie trépidante, pleine d'action a tendance au contraire à distraire de tout cela.
Et oui, c'était assez incompréhensible je dois bien le reconnaître Faute de temps j'ai voulu résumer ma pensée en trop peu de mots et voilà le résultat...
Ce que je voulais dire au final, c'est qu'au-delà du nombre d'elfes et de dragons que peut comporter une histoire, il y a une façon de raconter qui relève du merveilleux (ou du conte, ou de la mythologie) par rapport à une approche plus naturaliste.
En gros, on peut s'attacher à décrire la banalité de la vie réelle, et créer du sens à partir d'infimes variations dans le schéma d'ensemble, quelques détails par exemple qui vont faire que le personnage va considérer sa journée comme bonne ou mauvaise. Ou alors, on peut évacuer les contraintes du quotidien, au moins en partie, et se concentrer sur les passions "essentielles" qui animent les personnages. Avec cette deuxième approche on perd en réalisme, et on perd aussi la possibilité de décrire en détail les particularismes d'un mode de vie (par ex. un trader d'une grande banque, un paysan altermondialiste, ...) et par contre on touche à quelque chose d'universel, à des motifs (amour/haine, ambition...) dans lesquels tout un chacun peut se reconnaître. Le genre d'histoire qu'on obtient alors a quelque chose d'édifiant qui se rapproche du conte, dans sa façon de procéder par symbole.
Les deux approches se valent, mais en ce qui me concerne je me place clairement dans la deuxième. Et peu importe que l'histoire ait des composantes fantastiques à proprement parler ou non. Par exemple mes personnages mangent rarement (et ne se préoccupent pour ainsi dire pas de trouver ou dormir et quoi manger), ne tombent pas malades (sauf si ça apporte quelque chose sur le plan symbolique...). Je n'imagine pas Amphitryon passer une mauvaise journée parce qu'il n'arrive pas à digérer son repas du midi, alors que c'est quelque chose qui est très réel dans la vie de tous les jours.
Mais bon, je m'éloigne du sujet. Je trouvais quand même intéressant de rebondir sur ce que tu disais, mais promis dans un prochain post je parlerai à mon tour des auteurs qui m'ont influencé (car oui, il y en a un bon paquet...)
Iggy
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- Zarathoustra
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C'est quand même assez rare qu'on s'y attarde. Même au cinéma. Et quand cela est fait, c'est généralement qu'il y a une intention derrière. Quelque chose de cacher ou qui fait que ce moment relève d'un thème souterrain et qui est peut-être plus important que la surface qu'on voit. Moi, je trouve cette approche intéressante. J'aime dans un film découvrir un plan qui, en soi, semble totalement gratuit. Compte tenu des contrainte des films à respecter un rythme, une trame et une durée, il y a forcément derrière un peu plus qu'un plan gratuit. J'essaie de m'amuser avec ça dans certains demes portraits où j'insiste lourdement sur des choses très secondaires pour distraire le lecteur de l'essentiel, avec dans l'idée qu'il devra y revenir une seconde fois s'il veut comprendre tout ce que disait le texte.Par exemple mes personnages mangent rarement (et ne se préoccupent pour ainsi dire pas de trouver ou dormir et quoi manger), ne tombent pas malades (sauf si ça apporte quelque chose sur le plan symbolique...). Je n'imagine pas Amphitryon passer une mauvaise journée parce qu'il n'arrive pas à digérer son repas du midi, alors que c'est quelque chose qui est très réel dans la vie de tous les jours.
Mais je te rejoins. Même si je ne m'attache pas forcément sur la trépidance de la vie, j'ai beaucoup de mal à m'intéresser à une part de la réalité. Moi, ce serait justement le particularisme qui permet de faire "couleur local". Je reste flou sur beaucoup de sujet qui pourtant semble intéresser son monde. C'est vrai que je ne ferai jamais un texte où je montrerai que les allemands sont comme ça, les italiens ainsi et les ricains je ne vous en parle pas... Dans le Chant des Pierres, j'essaie de m'attarder sur quelques questions logistiques, sur le quotidien d'un peuple livré à lui-même, mais je suis dans l'effort. Je me confronte à un bloc de réalité qui m'échappe dans la vie de tous les jours et qui m'échappe d manière encore plus flagrante dans mes récits. Dans le cas présent, il y a pas mal de pages que j'ai écrites dans l'optique d'un défi pour m'y confronter davantage. D'ailleurs, l'essentiel des derniers chapitres ont pour moi cette dimension (outre le fait que je voulais terminer cette histoire coûte que coûte).
Mais bon, je m'éloigne du sujet. Je trouvais quand même intéressant de rebondir sur ce que tu disais, mais promis dans un prochain post je parlerai à mon tour des auteurs qui m'ont influencé (car oui, il y en a un bon paquet...)
OK, mais n'oublie pas, l'idée du sujet est plus de pendre notre temps de manière à ce qu'il y ait de vraies échanges et non qu'on soit assommé ou que nous passions à côté de plein de choses qui auraient mérité d'être creusées
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- Iggy Grunnson
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C'est quand même assez rare qu'on s'y attarde. Même au cinéma. Et quand cela est fait, c'est généralement qu'il y a une intention derrière. Quelque chose de cacher ou qui fait que ce moment relève d'un thème souterrain et qui est peut-être plus important que la surface qu'on voit.
Tu as raison, mais je pensais par exemple à quelqu'un comme David Lodge (tiens! voilà un auteur que j'affectionne) qui est capable de construire une histoire captivante à partir de trois fois rien du quotidien. Ce genre d'écrivain se distingue il me semble par un sens de l'observation plus développé que la moyenne, qui leur permet de saisir les petits travers de leurs contemporains. C'est quelque chose que j'admire assez, même si mes histoires sont très loin de ça.
Iggy
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- dude
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Je pense que le style dépend aussi du genre de récit qu'on écrit. Difficile d'avoir la même approche pour un polar et de l'heroic fantasy par exemple.
Je me rappelle qu'en lisant Tolkien, j'étais scotché par la richesse de son univers et la description minutieuse qu'il en faisait. Les chants, les poèmes, tout ça donnait une profondeur inédite au récit.
D'ailleurs, les premières histoires parues sur les Chroniques, outre leur influence « Warhammer », étaient fortement teintées par l'oeuvre de Tolkien.
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- Zarathoustra
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Tu as tout à fait raison. Et c'est pourquoi j'invite à avancer pas à pas sur le sujet. Je pense que moi aussi, en fonction du récit, je n'ai pas les mêmes références dans la tête (même si plus j'avance et plus je sens de rapprochement malgré les styles et genres différents que j'essaie de travailler).Je pense que le style dépend aussi du genre de récit qu'on écrit. Difficile d'avoir la même approche pour un polar et de l'heroic fantasy par exemple
En fait, je pense que lorsqu'on débute, le genre dicte tout. Puis, plus on écrit, et plus on est indépendant d'un genre. On y trouve des traces qui n'ont plus rien à voir avec lui parce que justement notre travail n'est plus dicté par le genre lui-même mais par celui de l'écriture dans lequel à mon sens on y trouve des choses plus personnelles. C'est bien ce dernier aspect que je souhaiterai qu'on évoque;
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- dude
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Donc, le but est de parvenir à "digérer" ses influences pour mieux s'en départir et développer un style personnel.
Du coup, je me demandais: est-il indispensable pour écrire de posséder une solide culture littéraire, au risque d'être étouffée par elle, ou au contraire, être relativement néophyte en la matière est-il plus libérateur pour la fibre créatrice?
Pour en revenir à l'intitulé du sujet, je citerai 2 auteurs auxquels je suis particulièrement attaché: Alexandre Dumas et Maurice Druon. Et plus précisément le premier pour le Comte de Monte Cristo, le second pour les Rois Maudits.
Cela ne fait pas trop avancer la discussion tel que Zarathoustra l'a engagée mais il semble que trouver un auteur dont chacun connaisse suffisamment l'oeuvre pour en débattre est compliqué
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- Zarathoustra
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Et je ne crois pas que connaitre peu d'auteurs stimule la créativité... sinon tout le monde serait créatif! La créativité tient à la personne pas à sa culture. D'autre part, c'est dommage d'inventer le fil à couper le beurre à chaque fois, surtout quand on a depuis mieux. La culture littéraire t'ouvre des portes, t'enrichit et t'ouvre l'esprit. Je pense qu'on peut mieux se connaitre également en tant qu'auteur, parce qu'on commence à comprendre qu'il y a des auteurs avec lesquels on se sent proche et d'autres pas du tout...
Mais si, c'est bien. L'idéal serait que tu nous explique pourquoi ces deux auteurs t'ont marqué. Ce qui te touche, t'attire, t'inspire etc. L'idée n'est pas forcément de débattre d'un auteur mais de se dévoiler un peu pour qu'on s connaisse mieux et qu'on puisse mieux comprendre le travail qu'on cherche.Cela ne fait pas trop avancer la discussion tel que Zarathoustra l'a engagée mais il semble que trouver un auteur dont chacun connaisse suffisamment l'oeuvre pour en débattre est compliqué
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- dude
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Alors que lorsque l'on ne connaît "rien", on tente peut être plus facilement des choses.
Après je ne suis pas contre la culture, loin de là, et effectivement, je pense qu'avoir des lectures diverses et variées ne peut qu'enrichir les qualités de l'auteur, lui ouvrir des horizons différents. Mais à condition de maîtriser ses influences plutôt qu'être dominé par elles.
Pour en revenir à ces deux auteurs, c'est vraiment le style d'écriture, sans fioriture, toujours au service de l'histoire, De belles phrases qui coulent naturellement, c'est fluide, jamais pompeux ou pesant. Je me rappelle avoir ressenti à la lecture de ces livres la maîtrise de leurs auteurs. Plaisant d'un bout à l'autre.
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- Iggy Grunnson
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- Une première phase "instinctive", où j'écrivais de manière très spontanée. Sans avoir lu beaucoup de livres (peut-être même pour cette raison), j'avais mon idée sur ce qu'était un "bon" style et j'écrivais sans trop me poser de questions;
- Une phase de découverte, où j'ai réalisé au travers de mes lectures que les possibilités étaient quasi-infinies quant à la façon d'écrire une histoire. C'est une époque - pas complètement finie, peut-être - où j'ai fait le plein d'expériences, un peu comme un ado, en singeant les styles des différents auteurs qui m'influençaient;
- Après cette période d'ouverture, j'essaie de faire des choix, de tronquer ce qui ne me correspond pas, pour trouver parmi les différentes choses que j'aie essayées ma voie véritable.
Je suis surement entre les points 2) et 3) ; en tout cas je me considère toujours comme en apprentissage, si je lis un auteur dont le style m'impressionne je ne m'interdis pas (au contraire!) d'imiter ses tournures de phrases, je crois que même s'il ne faut pas réinventer le fil à couper le beurre c'est bien d'expérimenter les différentes techniques par soi-même...
Iggy
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- Zarathoustra
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En fait, il y a deux choses un peu distinctes ici: l'emprunt délibéré et l'influence inconsciente. Le premier s'apparente plus à une expérience, comme tu le dis, avec parfois un côté "ludique". La seconde me parait plus difficile à cerner parce qu'au final, c'est ce qui fait qu'on écrit comme on écrit. C'est pour ma part, par exemple, le rôle de Stendhal sur moi. Pas un auteur que j'aurai cité spontanément il y a quelques années et pourtant, je pense que je cherche à retrouver une partie du plaisir que j'ai pu avoir à le lire en écrivant comme si c'était un peu le style que j'entends dans ma tête (tout proportion gardée et modestie infinie pour relativiser la chose).Je suis surement entre les points 2) et 3) ; en tout cas je me considère toujours comme en apprentissage, si je lis un auteur dont le style m'impressionne je ne m'interdis pas (au contraire!) d'imiter ses tournures de phrases, je crois que même s'il ne faut pas réinventer le fil à couper le beurre c'est bien d'expérimenter les différentes techniques par soi-même...
Pour les emprunts délibéré, je sais qu'à un moment, j'avais le style de Céline (encore une fois très modestement, hein) qui me venait à l'esprit. Notamment dans mes dialogues, j'avais envie de mettre plein de points d'exclamation. J'envie chez lui ce souffle qu'il a, sa capacité à déborder et partir un peu en vrille (et soi, Frédéric DARD est un peu pareil). Aujourd'hui, je chercherai plutôt à chasser cette emphase, parce que finalement c'est quand même très casse-figure à oser. Tu fais mouche, c'est sublime. Tu te plantes, c'est consternant de prétention... et ça devient soudain très creux. Par contre, dès que j'ai un personnage qui doit faire un discours, j'ai un gros clignotant dans la tête qui me dit "Céline! Céline! Céline!". Soit je cède... soit je cède (et j'assume si je me plante)... Ce qui fait que j'ai relu des vieux textes et effectivement, j'ai parfois des dialogues qui sont... bon... on va dire perfectibles en recherchant plus de sobriété. Céline ne me susurre pas souvent de grandes choses malheureusement.
Mais c'est avec lui qu'on découvre quand même l'effet du point d'exclamation. Une fois qu'on le sait et qu'on a essayé, cela peut devenir effectivement un outil pour écrire. Enfin, je trouve effectivement intéressant de faire ce genre d'expérience. C'est juste parfois trop voyant. C'est en apprenant la mesure des choses qu'on progresse au final.
Mais il va falloir que tu commences à déballer des noms toi aussi! (point d'exclamation menaçant façon Céline).
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- Iggy Grunnson
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Du coup, les auteurs que je risque de citer sont tous des gens qui ont un style très affirmé. Un premier exemple : Cormac McCarthy, que j'ai découvert il y a une petite dizaine d'année et dont les histoires ont fait forte impression sur moi. D'ailleurs en ce qui le concerne, je crois qu'au-delà de son style caractéristique (notamment sa façon de remplacer les virgules par des 'et' de façon à donner à ses phrases des allures de litanies), il m'a pas mal influencé pour le côté mutique et fataliste de ses personnages, et pour la façon dont il représente la nature, comme une présence immémoriale, ni bonne, ni mauvaise, mais impitoyable aussi bien avec les hommes qu'avec les bêtes. C'est une forme très particulière d'écologie, qui consiste à rappeler à l'homme sa place finalement assez insignifiante dans l'histoire de l'univers, et dans laquelle je me retrouve bien.
Voilà une citation extraite de son roman De Si jolis chevaux et que j’affectionne particulièrement :
Il pensait que dans la beauté du monde il y avait un secret qui était caché. Il pensait que pour que batte le cœur du monde il y avait un prix terrible à payer et que la souffrance du monde et sa beauté évoluaient l’une par rapport à l’autre selon des principes de justice divergents et que dans cet abyssal déficit le sang des multitudes pourrait être le prix finalement exigé pour la vision d’une seule fleur.
Et un extrait des aventures d’Amphitryon où je singe son style :
Ils passèrent un long moment ainsi à bavarder du passé et d’autres choses et de part et d’autre d’eux défilait le décor agréable des jardins. Le feuillage des arbres se mêlait confusément au-dessus de leur têtes en une voûte de verts vifs et acidulés et sombres que le soleil incandescent allumait à la manière de vitraux. Des nénuphars bouffis barbotaient paresseusement dans le bassin ornemental dont la surface était ridée par la danse erratique des araignées d’eau. Encore en dessous, déambulaient de lourds poissons rouges dont les flancs poisseux étaient mouchetés d’argent.
Ivy déclara qu’elle était heureuse d’avoir Amphitryon tout pour elle pour un moment enfin et qu’après tout ce temps il y avait bien des choses qu’ils auraient dû être en train de se dire déjà et l’aventurier se contentait de sourire gravement.
Elle dit encore qu’il devrait lui parler de Jezabel et qu’il avait l’air bien aux côtés de cette fille et il répondit « Ce n’est pas juste une fille. » alors elle lui demanda si leur relation était sérieuse et s’il comptait vivre avec elle ses vieux jours mais à ceci il ne trouva pas de réponse, seulement que l’idée lui semblait bien en valoir une autre.
Il y a sans doute d'autres noms à citer (j'en ai au moins deux en tête), j'essaierai de trouver des exemples de passages où je me suis essayé à les imiter.
Iggy
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- Zarathoustra
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J'ai moi aussi lu De Si jolis chevaux . Et j'ai dû lire un ou deux autres de Cormac McCarthy. J'ai souvenir effectivement de cette nature que tu décris, mais aussi d'une approche très visuelle. Je ne pense pas avoir été influencé par lui parce que son approche est quand même très américaine sur le vécu de ses personnages ou justement sur me rapport avec la nature. Mais c'est un très bon auteur effectivement.
D'une manière plus global, je lis nettement moins depuis que je me suis mis à écrire plus sérieusement, alors je pourrais difficilement faire un tel parallèle entre un de mes paragraphes et l'un d'un auteur. Les films ont pris depuis que j'ai des enfants la place des livres.
Pour ma part, il y a un autre auteur qui m'a influencé sur un point très précis, il s'agit de Raymond Chandler. Vous le connaissez peut-être sans le savoir dans la mesure où il a inventé le détective privé Philip Marlow. Ce n'est pas forcément ses histoires mais l'art qu'il a de brosser un personnage en une ou deux phrases. Il arrivé à la fois à rendre le vécu, l'apparence physique et l'esprit psychologique. C'est vraiment saisissant. Et il le fait tant avec ses principaux protagonistes qu'avec ses personnages secondaires. Autant, je pense difficile de vous dire précisément quand j'ai été influencé dans un texte avec Stendhal ou quand j'ai voulu faire comme lui (encore une fois, je ne pense pas que ce soit délibéré), autant je sais que j'ai décrit certains personnage en pensant délibérément à lui. Faurait que je cherche si ça vous intéresse...
Stylistiquement, le texte l'Alchimiste a peut-être été influencé par lui dans l'emploi de mots courants et le ton un peu "baroudeur". Je le dis en y pensant rétroactivement. Cela n'a pas été volontaire, mais, en y repensant, la voix que j'entendais dans ma tête était un peu la même que celle qui accompagnait mes lectures de ses nouvelles.
J'aime sa façon de dire l'essentiel et plus sans en faire des tonnes. Son économie de moyen pourrait être aujourd'hui un modèle à suivre pour mes futurs projets, parce que je trouve que j'en fait trop parfois. Je n'arrive plus à être concis.
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- San
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Personnellement j'ai commencé ma carrière de lectrice par des classiques (Hugo, comtesse de Ségur et autres trucs assez indigestes en fait) et par de la SF (autrement plus digeste). Je pense que niveau style, je n'ai pas emprunté grand chose à ces lectures là. Puis j'ai commencé à beaucoup aimer l'humour noir et lu beaucoup de Pratchett, et j'ai écrit beaucoup de choses avec un ton décalé ou des interventions humoristiques du narrateur.
J'ai aussi dévoré le cycle de Markkale et écrit une histoire médiévale sur un ton léger après (le beau doux chevalier). L'influence est dans ce cas évidente, même si je ne sais plus trop comment était écrit le cycle du Graal de Markkale.
Je crois que mon style propre est plutôt bien installé depuis fort longtemps. On m'a dit récemment que j'avais trouvé ma voix dans un texte où il est vrai, j'avais mis pas mal de coeur et de tripailles. J'ai tendance à être influencée par mon entourage et ma propre vie plutôt que par ce que je lis, je crois '
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- Zarathoustra
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Il y a Gérard de Nerval, avec Aurélia. On est également das le romantisme, mais j'ai un excellent souvenir de cet ouvrage que j'ai dû lire au lycée.
Un autre auteur que j'aime beaucoup et que j'ai découvert tardivement est Lewis Carrom. Là aussi, il y a quelque chose d'onirique, mais j'aime aussi son non-sense. Bien sûr, je pense à Alice, mais également à l'un de ses ouvrage moins connu, Sylvie et Bruno, où l'enfant bascule dans un autre monde où il trouve refuge et dans lequel il lui arrive de drôles d'histoires. J'ai bien aimé la sensibilité, presque fleur bleue, de ce livre.
D'ailleurs, cet ouvrage m'a toujours rappelé la BD Little Nemo in Slumberland, dans laquelle on retrouve ce même rapport à l'enfance et aux rêves, avec implicitement l'idée d'une fuite de la réalité.
Bien sûr, il y a aussi le courant surréaliste. Mais je suis plus touché par la peinture ou le cinéma que les écrits. Il m'est arrivé de jouer avec l'écriture automatique. Cela n'a jamais donné quelque chose que j'ai pu présenter sous la forme d'une nouvelle, mais laisser son inconscient prendre le contrôle produit vraiment des choses surprenantes. D'une manière générale, même si je suis très analytique, j'aime bien laisser mon inconscient ou ma part intuitive me guider.
Il y a également toute la veine fantastique "classique" avec Edgard Poe, Villiers de L'Isle-Adam, Maupassant qui m'ont marqué. D'une manière générale, je n'aime pas le fantastique extraordinaire, mais bien l’ambiguïté. Mais ce sont aussi des souvenirs de première/terminal.
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