file L'intrusion de l'auteur dans son oeuvre : le self-insert

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il y a 18 ans 5 mois #9897 par Iggy Grunnson
Réponse de Iggy Grunnson sur le sujet Re: L'intrusion de l'auteur dans son oeuvre : le self-insert

Nous serions tous, en théorie, des égocentriques narcissiques qui nous ignorons


Tout à fait d'accord, sauf que moi je suis au courant ;)

Du reste, il me semble que chaque homme possède en lui suffisamment de personnalité pour décrire tous les autres


Là, tu soulèves vraiment un point intéressant. Je pense qu'il est possible de décrire un personnage assez éloigné de soi-même dans la mesure où l'on comprend le cheminement qui nous sépare de ce personnage. Je peux créer un méchant psychopathe mais il ne sera crédible que dans la mesure où il agit comme moi j'agirais si j'étais psychopathe, en amplifiant jusqu'à l'extrême certains traits de ma personnalité et en ignorant d'autres caractéristiques.

Etre capable d'accepter cet état de fait (on a tous une part de folie en nous) et réussir à l'investir dans son écriture, c'est à mon avis l'apanage des grands auteurs.

Le problème du self insert, c'est de l'employer à bon escient. Si on se contente de se projeter dans le héros en l'idéalisant inévitablement, le risque est d'arriver à un résultat assez creux. Plus j'y pense, et plus je me dis qu'il serait intéressant d'écrire une histoire dans laquelle l'auteur s'identifierait au méchant au lieu du gentil de l'histoire, afin de remettre en perspective les motivations de chacun.

Iggy

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il y a 18 ans 5 mois #9901 par R2miel
Mais Dvzk en est justement un certain exemple puisque le personnage de Dante HellFaith n'est pas sans rappeler certains traits de son créateur à mon sens...
;)
Quand à la projection de soi sur le méchant d'une histoire, ce pourrait effectivement être intéressant: pour ma part, le drogué dont je parlais plus avant est en soi à la fois dangereusement déséquilibré, un brin psychopathe et terriblement aristocratique, le tout mâtiné d'un égocentrisme inhérent à son sentiment d'indicible supériorité... Je me retrouve pour ma part dans chacun de ces traits, du moins jusqu'à une certaine mesure. ^^

Comme le disait notre cher Freud, nous sommes tous des névrosés qui s'ignorent ou se savent mais sans se comprendre, cela dépendant du degré de notre pathologie, ce qui n'est pas sans soulever des questions fort intéressantes également.
je pense que de croire que nous disposons en nous du potentiel pour décrire toutes les personnalités est probablement un peu exagéré: on ne peut remplacer l'expérience d'un état par une abstraction complète, et il est difficile de comprendre exactement ce qui peut motiver par exemple un psychopathe uniquement à partir de témoignages: quelque part il faut en avoir été un.

C'est du moins mon sentiment... On peut décrire une quantité non-négligeable de caractères, mais certains nous restent innaccessibles, ou du moins très difficilement abordables. (Quoique mon incapacité à vous citer un exemple m'effraie.. Mais je trouverai!^^!)

Quand au narcissiques égocentriquo-nombrilistes que nous sommes, est-il besoin de préciser que nous l'assumons avec une fierté que seule nous dispute notre naturelle arrogance?

R2miel

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il y a 18 ans 5 mois #9905 par Iggy Grunnson
Réponse de Iggy Grunnson sur le sujet Re: L'intrusion de l'auteur dans son oeuvre : le self-insert

On peut décrire une quantité non-négligeable de caractères, mais certains nous restent innaccessibles, ou du moins très difficilement abordables.


C'est sans doute vrai, mais en même temps, qui parmi les lecteurs est capable de juger?

Finalement, même s'il est difficile de créer un personnage de psychopathe réaliste à moins d'en être un soi-même, il est toujours possible de créer un personnage de psychopathe crédible. Ce que je veux dire, c'est que même si la personnalité du perso ne correspond à rien d'un strict point de vue psychiatrique(au sens clinique), l'important est de donner au lecteur l'impression d'une certaine logique dans la psychose.

En fait, on peut même aller plus loin: en créant de tout pièce une forme de psychose au lieu d'essayer de coller au plus près à la réalité, on peut permettre au lecte(u)r (:)) de comprendre à son tour le psychopathe.

je sais que tout ça est un peu confus, mais l'idée, c'est que plutôt que d'essayer de retranscrire parfaitement une réalité qui nous est étrangère, il vaut mieux en tant qu'auteurs essayer de l'adapter à notre propre tournure d'esprit, peu importe finalement si ça correspond à la réalité du moment que c'est crédible.

Iggy, qui devrait peut-être se faire analyser :lol:

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il y a 15 ans 9 mois #15132 par Adrienne Mermet
Réponse de Adrienne Mermet sur le sujet Re: L'intrusion de l'auteur dans son oeuvre : le self-insert
Intéressant, tout ça !
J'aimerais développer deux points :
- personnages du sexe opposé : est-ce que ça change tant de choses ? Mon expérience de rôliste sur le sujet.
- le self-insert explicite : l'auteur comme personnage à part entière et autres sorties de cadre.

Personnages de sexe opposé : le problème me semble identique à celui des personnages de jeu de rôle. N'ayant jamais eu de problème avec le sexe de mes personnages, j'ai été fort surprise de rencontrer autant de réticences de la part de maîtres de jeu à laisser leurs joueurs incarner des personnages de sexe opposé.
Quoi ? Nous pourrions à volonté nous projeter dans la peau d'elfes, de hobbits, de cyborgs, mais un simple humain de notre époque, non ? Au-delà des préjugés propres au MJ, il existe des joueurs particulièrement maladroits, caricaturant à plaisir ; le macho célibataire frimeur qui se lâche sur les mœurs de sa blondasse silly-conne, ça vous refroidit. Inversement, une joueuse aura tendance à rendre son personnage masculin plus sensible que ne le fait un joueur : il sera choqué par le premier cadavre venu, attentif aux sentiments des autres,... c'est parfois simplement normal, mais le contraste en fera une chochotte.
En fait, il est très facile de se projeter dans un personnage de sexe opposé : la plupart du temps, il suffit de ne faire aucune différence. Je reprends le cas du personnage de l'adolescente et du problème de se représenter ses premières règles : finalement, cela n'a fait aucune différence. Le seul obstacle était pour l'auteur de ne pas s'en préoccuper. (Si toutefois vous souhaitez vous documenter sur la question, je vous recommande chaudement les Monologues du vagin d'Eve Ensler, ce sont des textes issus d'entretiens sur des expériences corporelles de femmes).
Quand faut-il faire une différence ? Cela dépend de votre personnage, le trait comportemental le plus souvent marqué est que les femmes sont plus attentives... et moins écoutées. Mais une femme élevée pour agir et s'affirmer pourra aussi être insensible et charismatique, tandis qu'un homme élevé dans le mépris de lui-même aura du mal à se faire entendre et laissera les autres s'exprimer.

Le self-insert : si j'ai bien compris, il s'agit souvent d'une erreur consistant à se faire mousser. Mais cela peut aussi être une technique à part entière ! L'auteur faisant apparaître le personnage... de l'auteur, je pense à Jacques Roubaud par exemple. Dans les trois livres de La belle Hortense, l'auteur (ainsi désigné) est un habitant du quartier. On le voit notamment, dans un chapitre à part, surveiller la mise en place de son dernier livre dans les librairies et se comporter assez mal, clin d'œil à l'égocentrisme présent chez tout auteur.
Le lecteur peut aussi apparaître : héros du roman Si par une nuit d'hiver un voyageur... de Calvino, interpelé épisodiquement par beaucoup d'autres. Quant à moi je le tue carrément, pour lui apprendre à fourrer son nez partout. (Où le lecteur trouve une fin tragique)
Plus généralement, je trouve intéressant tout ce qui est "sortie de cadre", et là je pense aussi à Fred, aux Monthys Pythons,... Le livre lui-même peut être un personnage.
Comment orchestrer une sortie de cadre ? Tout d'abord, je pense que le lecteur doit pouvoir s'y retrouver, il faut lui donner les moyens de comprendre ce qui arrive. Ensuite, le dedans du cadre peut devenir un peu fade, figé ou stéréotypé. L'attention suit alors plus naturellement le mouvement vers l'extérieur. Pendant la sortie, le dedans est lui-même hors du cadre. La sortie de cadre doit elle-même être cadrée, il faut décider de sa durée, de sa portée, et éviter trop de va-et-vient : y replonger et en ressortir l'action hache la scène ; cela peut être recherché mais il ne faut pas en abuser. L'idéal est selon moi d'avoir un usage précis de cet effet. Il est amusant mais a trop d'impact sur la perception que le lecteur a de l'histoire pour en user gratuitement.

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