Qu'est-ce qu'écrire ?
- kalystah
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Du moins, c'est ce qu'affirme S. King dans son livre "Ecriture, mémoire d'un métier" avant d'expliquer son point de vue de la façon suivante :
S.King écrit: Tous les arts dépendent à un degré ou un autre de la télépathie, mais je crois que ce sont les écrivains qui en donnent l'illustration la plus limpide. J'ai peut-être un préjugé favorable, mais, même si c'est le cas, nous nous en tiendrons à l'écriture, étant donné que c'est le thème sur lequel nous avons choisi de réfléchir ici.
Je m'appelle Stephen King. J'ai rédigé la première ébauche de cette partie sur mon bureau (celui qui est sous la pente du toit) par une matinée neigeuse de décembre 1997.[...]Ce livre doit paraître, selon ce qui est prévu, en l'an 2000, à la fin de l'été ou au début de l'automne. Si les choses ce sont bien passées, vous êtes quelque part plus loin que moi dans le flot du temps...
[...]
Supposons donc que vous soyez installé dans votre lieu de réception préféré et que je sois installé dans le lieu d'où j'émets le mieux. Nous allons devoir procéder à notre numéro de transmission de pensée non seulement à distance, mais aussi dans le temps - chose qui ne pose d'ailleurs aucun problème.[...]
Regardez bien. Voici une table recouverte d'un tapis rouge avec, posée dessus, une cage de la taille d'un aquarium pour un petit poisson. Dans la cage, il y a un lapin blanc au nez rose et aux yeux bordés de rose. Il tient dans ses pattes antérieures un bout de carotte qu'il grignote avec satisfaction. Sur son dos, se détachant nettement, figure le numéro 9 écrit à l'encre bleue.
Voyons-nous la même chose ? Il faudrait nous retrouver et comparer nos notes pour en être absolument sûr, mais je crois qu'on peut répondre par l'affirmative. [...]*
Pas un instant, je n'ai ouvert la bouche, et pas un instant vous n'avez ouvert la vôtre. Nous ne sommes même pas ensemble dans la même année, encore moins dans la même pièce... Si ce n'est que nous sommes ensemble. Et proches.
Nous vivons une rencontre par l'esprit.
Le livre comporte 2 grandes parties : dans la première S. King nous livre une courte biographie, dans la seconde, il nous fait par de son point de vue sur l'écriture et nous donne quelques conseils pour bien écrire.
On apprend beaucoup de chose dans ce livre et j'en ai vraiment apprécié la lecture, mais c'est ce passage là, entre tous, qui m'a le plus marqué car il fait écho à un ressenti personnel sur lequel je n'avais jamais réussi à mettre un mot. Il résume dans ces quelques paragraphes (que j'ai tronqués afin d'en retirer les digressions) ce que je pense être une étrange réalité. Je pense comme lui. L'écriture, puis la lecture, sont les arcanes d'une magie exceptionnelle qui permet de transmettre et recevoir des idées, des images et bien d'autres choses encore. C'est à la fois ce qui me fascine et me terrifie dans cet art si particulier. Il me fascine lorsque je me plonge dans un livre et qu'un auteur parvient à me faire voyager dans son univers par le pouvoir de seulement quelques mots et il me terrifie lorsqu'il s'agit pour moi d'avoir l'audace d'écrire.
Dans ce chapitre du livre de King, il est un passage que j'ai tronqué par soucis de vous retranscrire uniquement ce qui concernait directement la télépathie. Cependant, j'aimerai vous parler, également de cette partie tronquée, cette légère digression que s'était autorisé S.King à ce moment là de son argumentation. Je voudrais vous en parler car en quelques lignes, il expose une idée que je trouve passionnante : l'idée selon laquelle l'auteur peut (doit) laisser de la marge pour l'imagination de son lecteur.
Voici donc ce que j'avais dissimulé momentanément derrière mes points de suspension marqués d'un astérisque :
S.King écrit: Il va de soi que nous constaterions des variations : pour certains, le tapis de table sera plutôt vermillon, pour d'autres plutôt carmin, ou de toute autre nuance dans la gamme des rouges. Certains l'imagineront avec une bordure dentelée, d'autres avec une bordure droite. Ceux qui ont un goût prononcé pour la décoration y ajouteront peut-être de la dentelle, pas de problème, mon tapis de table est votre tapis de table, faites-vous plaisir.
De même, le matériau dans lequel sera construite la cage laisse beaucoup de place à l'interprétation individuelle. D'autant qu'elle est décrite selon des termes d'une comparaison approximative, qui ne peut servir que si vous et moi voyons le monde et mesurons les éléments qu'il contient avec un regard semblable. On risque certes d'être négligent, lorsqu'on fait des comparaisons approximatives, mais la seule solution alternative est de porter aux détails une attention obsessionnelle qui vous enlève tout plaisir à écrire. Que dois-je dire ? Que sur la table, il y a une cage de trois pieds six pouces de long, de deux pieds de large et de quatorze pieds de haut ? Ce n'est plus de la prose, mais un manuel d'instruction. Qui ne nous dit pas, en outre, dans quel matériau elle est fabriquée. Du fil de fer ? Des tiges d'acier ? Du verre ? Mais est-ce si important ? Tous, nous comprenons que la cage est un objet au travers duquel on voit ; le reste nous est égal. Le plus intéressant, ici, n'est même pas la présence d'un lapin qui grignote une carotte, mais le numéro qu'il a sur le dos.
On pourrait croire ici que S.King nous invite à ne jamais décrire les choses dont nous parlons dans nos récits. Cependant, un autre passage de son livre, qu'il consacre à la description, nous permet de comprendre que ce qu'il cherche à nous faire comprendre en fait, c'est que, comme en toute chose, il faut savoir éviter les excès.
Je pense qu'à l'avenir, lorsque j'écrirai, je vais m'efforcer de garder à l'esprit cette petite phrase : "mon tapis de table est votre tapis de table, faites-vous plaisir". Afin de garder à l'esprit que les descriptions doivent avant tout servir le texte, le récit et que finalement à vouloir se montrer trop précis on prend le risque de noyer l'essentiel : l'histoire que l'on raconte.
Et vous que pensez vous de tout cela ?
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- ZikL
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J'ai eu dans mon entourage de grands fan de tolkien qui pourtant sont tous unanimes: les desription longues et trop précises faisant parfois plusieurs pages sur un brin d'herbe, sont terriblement désagréables. Et pourtant rien ne les a empêché d'être fan du livre et de l'histoire.
J'en pense qu'inversement, j'aime la description mais ces longues descriptions inutiles m'ont toujour empêché de lire Tolkien ce que je regrette...
Il est effectivement bon de décrire, parfois avec précision. A l'unique condition que cela serve le texte. Ou d'avoir une plume telle, qu'elle conquière envers et contre tout, le plus grand nombre de lecteurs.
En tous les cas, il me semble au travers de la mutlitude, qu'un texte écrit avec un "art" purement scientifique et réfléchit, sans "instinct", ce qui revient à dire qu'au lieu de vivre son histoire l'auteur ne fait qu'en relater un fait avec précision, est sans âme même pour le lecteur. Et la description n'est qu'un moyen de faire passer avec un peu plus de précision, cette image que l'on a en tête et que l'on souhaite partager.
Pour conclusion je dirais que je suis relativement d'accord avec S King que pourtant je n'ai jamais pu lire pour une obscure raison. Si je n'y vois que la magie "humaine" de l'imagination, du rêve par la parole non verbale, les mots, là où lui voit une forme de télépathie, nous restons d'accord sur le fait que c'est unee forme de magie et que nous l'apprécions ^_^
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- Vuld Edone
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D'accord, quand quelqu'un écrit qu'il y a une cage, les gens comprennent qu'il y a une cage. Et quand sur une liste de course il est écrit "sel", les gens comprennent "sel". Débarrassé désormais de l'analphabétisme, vous pourrez apprécier la lecture des panneaux stop.
Alors outre le beau mensonge, ce qu'il dit est banal.
La véritable difficulté, ce n'est pas de dire qu'il y a un lapin, c'est de motiver ce lapin. C'est, pour le lecteur, de sélectionner parmi ses connaissances celles qui lui permettront de déduire le message du texte, par exemple, que c'est un lapin de laboratoire. C'est, pour l'écrivain, de faire en sorte que le lecteur sélectionne les bonnes connaissances, en faisant le pari qu'il les a et en parlant de cage et de numéro bleu. C'est pour ça, la description.
Je veux bien lui pardonner de travestir la théorie de la pertinence, surtout quand il la rate d'aussi loin.
Alors qu'est-ce qu'écrire ? Vendre des mots gratuits comme "télépathie" et des idées rosettes à en rougir ? Il n'y a apparemment pas d'alternatives, et nos textes ne sont donc que des breloques de souk qui font plaisir. Mais s'il m'arrive un jour de comparer un soldat à une cafetière, ce ne sera par pour le quelconque de l'image.
Pour rappel, Stendhal avait comme modèle de style un manuel de droit.
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- kalystah
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Merci de l'avoir partagé.
Cependant, je te trouve très agressif mais sans comprendre pourquoi ? Ce qu'a écrit King semble t'énerver réellement et j'avoue ne pas comprendre pourquoi. En quoi le fait qu'il compare l'écriture à la télépathie, c'est à dire à la capacité de transmettre, sans avoir à parler, une pensée d'esprit à esprit, t'énerve-t-il autant ?
Comme je l'ai déjà dit, je trouve, personnellement, l'image très intéressante !
De son côté, il visualise un lapin dans une cage, prend son stylo et retranscrit, en mot, l'image qu'il a en tête. Plus tard, on lit les mots qu'il a écrit et on visualise, à notre tour, un lapin dans une cage. L'image a été transmise. Personne n'a parlé. On peut donc, en usant d'un peu d'abus de langage, parler d'une certaine forme de télépathie, non ?
De toute façon, j'avoue que ce qui m'intrigue le plus, parce que je ne vois pas du tout ce que tu veux dire, c'est : "travestir la théorie de la pertinence".
C'est quoi la théorie de la pertinence ? Et en quoi la rate-t-il ?
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- Vuld Edone
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À l'oral, les gens se parlent grâce à la voix. À l'écrit, les gens se parlent grâce au texte. En télépathie, les gens se parleraient par la pensée. Pour simplifier, le texte n'est que de la parole figée, tout comme on peut enregistrer la voix de quelqu'un : il parlera également à travers l'espace et le temps.
Donc opposer oral et écrit n'a aucun sens - et il le fait. Et parler de télépathie n'est pas vrai. Joli mais très, très faux.
Un peu plus grave : aucune image n'a été transmise. Quand il écrit "lapin", c'est parce qu'il a sa propre connaissance des lapins et qu'il sait que le "mot" lapin représente en général ce qu'il connaît. Quand on lit "lapin", c'est parce qu'on a notre propre connaissance des lapins, différente de la sienne, et qu'on sait que le mot "lapin" représente en général ce qu'on connaît. On crée donc notre propre image de notre côté, il n'y a eu aucune réelle transmission.
Ce mécanisme complexe et fascinant, il le passe pratiquement sous silence, et il s'extasie sur un étiquetage de la réalité, mythe qu'on s'exaspère à démolir depuis un siècle.
Le plus grave, à mes yeux, est sa conclusion de l'exercice du lapin. En effet la seule concession qu'il accorde est que nous n'aurons pas exactement le même lapin, que les détails changent. Forcément. Mais ce n'est pas la seule chose qui change. Comme le dit Zikl, si un texte n'est qu'une suite de faits, ça ne nous intéresse pas. On veut donc savoir pourquoi le lapin, ce qu'il signifie et ça, ça, ça va vraiment varier de personne à personne. C'est une titanesque difficulté qu'il passe complètement sous silence.
Et c'est là qu'intervient la théorie de la pertinence (Sperber&Wilson, 2000) qui explique comment un texte (ou de la parole) peut signifier plus qu'il n'est effectivement écrit (ou dit). Pas simplement que la cage peut être d'une matière différente mais tout ce que le lapin dans sa cage-aquarium aura évoqué au lecteur. Qu'il simplifie ça, l'évite ou le passe sous silence, alors qu'il y a là un des moteurs fondamentaux de la communication en général, et de l'écrit littéraire en particulier, ne m'a pas laissé indifférent.
Voilà peut-être dix ans que je réfléchis sur l'écriture, et une poignée d'années qu'on me fait étudier le langage - comme la littérature. Découvrir une vision aussi naïve, aussi simpliste venant d'un professionnel, quand je repense à tous les grands intellectuels des siècles passés... je lui en veux, tout simplement.
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- kalystah
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Tu enrichi ma réflexion avec ton explication.
Il semble en effet qu'il ait une vision un peu simpliste des choses. Cependant, je ne parviens pas à lui en vouloir. On peut s'étonner qu'un écrivain de son envergure (on ne peut nier son talent) ne porte pas une réflexion plus poussée sur son art. Toutefois, j'y vois la preuve qu'il n'est pas forcément nécessaire de comprendre tous les mécanismes internes de l'art de l'écriture pour parvenir à écrire.
N'a-t-il pas raison de penser qu'il suffit de comprendre que que la base de l'écriture c'est d'abord et avant tout de transmettre quelque chose à son lecteur pour commencer à écrire ?
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- ZikL
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je suis pour mdr...cela me permettrait d'y croire "un peu"
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- Vuld Edone
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Mais pour être moins cryptique, que veut dire "transmettre quelque chose" ? Rien n'est dit sur ce qui est transmis. L'histoire ? Les sentiments, l'ambiance évoquée par l'histoire ? Autre chose ? Et rien ne dit pourquoi le transmettre par l'écrit. La distance et le temps ? La facilité d'accès ? L'imagination ? Autre chose encore ? Il y a quand même toute une réflexion qui me semble éludée un peu facilement.
Et quand bien même nous y répondrions, comment transmettre ? Quelle est la meilleure manière ? Sachant que la forme dépend du fond - et le fond, au moins en partie, de la forme - cette simple question dépasse de loin la cage-aquarium. Le problème du style peut devenir une hantise.
Puis il y a simplement la fascination pour l'écriture, tout ce qu'elle permet de faire, d'exprimer, toutes les manipulations possibles, tous les procédés inexplorés. Comment faire parler les gens sans les faire parler ? Comment articuler un propos sans le moindre articulateur ? Ne serait-ce qu'au niveau de la performance, du défi, ces mécanismes méritent de s'y plonger, au-delà du rosé d'un nez.
Et ainsi de suite...
La question fondamentale derrière "qu'est-ce qu'écrire" est "pourquoi écrire ?" C'est la philosophie de l'écriture, dont chacun aura la réponse et pour moi chacune se vaut. Alors oui, il suffit de savoir écrire pour écrire. Mais se limiter à ça ? Il suffit de savoir taper dans un ballon pour jouer au foot'. Ce qui est, sauf erreur, ma phrase d'introduction à la méthode avancée...
Une phrase cryptique pour terminer : la réalité dépasse la fiction. Non que je tienne à ouvrir ici la réflexion, puisque je le fais déjà dans mes récits.
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- kalystah
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D'ailleurs, pour reprendre ton exemple du joueur de foot : certes il suffit de savoir taper dans un ballon pour savoir jouer au foot. Mais combien de joueurs de foot, y compris parmi les grands, comprennent tous les mécanismes mis en place lors d'un tir ? Je pense qu'ils seront bien peu.
Ton approche de l'écriture est pertinente, pensée, mesurée.
Pourquoi penses-tu qu'une approche plus instinctive est forcément une mauvaise approche ?
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- Mr. Petch
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Mais le fait que S. King parvienne à rencontrer du succès malgré son approche "naïve", tend à prouver que parfois, il n'est pas nécessaire de décrypter le moindre mot, la moindre phrase pour parvenir à bien écrire, il me semble.
Là, il y a deux choses qui m'interpellent. Tout d'abord, on ne peut pas faire de lien entre le "bien écrire" et le succès. Avoir du succès n'est pas un gage de talent, en littérature comme dans tout autre discipline. Avoir du succès dépend de très nombreux facteurs, dont le talent, mais pas uniquement : ça dépend aussi de la communication que l'on fait autour d'une oeuvre, du réseau de l'auteur ou de l'éditeur, de la mode ou de l'actualité. Avoir du succès est aussi relatif : tel auteur se contentera d'avoir des retours d'un cercle restreint d'amateurs et considérera qu'il "a du succès", non pas parce qu'il vent beaucoup de livres, mais parce que ses livres touchent le public qu'il avait visé à l'origine. Et enfin, j'ose espérer qu'avoir du succès n'est pas l'objectif premier d'un écrivain. Je ne veux pas dire par là que les écrivains à succès n'ont aucun talent ; je dis juste que l'argument d'autorité qui tendrait à dire que "parce que Stephen King vent beaucoup de livres, il écrit bien" est, à mon sens, un raccourci trop rapide.
Deuxième chose, tu parles d'approche "naïve". Je pense que l'approche de Stephen King n'a rien de naïve, bien au contraire. Elle est savamment calculée en fonction du public auquel s'adresse le livre d'où tu as tiré la citation : un public large qui est celui de Stephen King, et non un public de spécialistes. Il est tout à fait possible que Stephen King minimise volontairement sa maîtrise de la théorie littéraire et qu'il imagine cette idée de "télépathie" plus parce qu'elle est poétique que parce qu'elle est exacte. Demande-toi si King est sincère dans ses paroles, où s'il se trouve encore dans un approche séductrice d'écrivain. Tu me diras : quel intérêt aurait-il à mentir et à simplifier la présentation de son travail ? On peut imaginer une "bonne raison" (être plus pédagogue) et une mauvaise raison (masquer la réalité du métier d'écrivain : de la sueur et du sang).
Une chose à ne jamais oublier quand on cite un auteur, aussi connu soit-il : il ne s'adresse pas à lui-même mais à quelqu'un, et manipule la langue pour faire passer un message qui ne correspond pas forcément à la réalité. A plus forte raison s'il est un écrivain qui sait manipuler les mots et la rhétorique !
Mais combien de joueurs de foot, y compris parmi les grands, comprennent tous les mécanismes mis en place lors d'un tir ? Je pense qu'ils seront bien peu.
Je m'étais posé la question à propos des cinéastes. Il y a quelques années, il me semblait improbable qu'un cinéaste pense vraiment chacun des plans de son film. Il devait bien lui arriver de laisser tourner la caméra et d'attendre. Depuis, j'ai écouté des discours de réalisateurs et compris que je me trompais lourdement. Un grand joueur de foot sait, par son expérience, les mécanismes qui rentrent en ligne de compte quand il tire : mécanisme biologique (force humain), mécanisme physique ou mécanique (comment la vitesse de son tir influe sur la direction prise par la balle), mais aussi mécanisme psychologique (que pense le gardien et comment l'induire en erreur). Et il sait aussi que le football ne se limite pas à "tirer dans un ballon", mais que ce qui compte, c'est le chemin pour amener le ballon du milieu de terrain jusqu'à la surface de réparation adverse. Sur un écran, l'action va très vite et semble magique. Mais je reste persuadé que l'impression que certains joueurs ont un "instinct" de joueurs est fausse, et que leur talent est lié à un ensemble de connaissances acquises au fil d'une longue expérience. Les joueurs de football ne sont pas des imbéciles, ou alors les imbéciles ne reste pas très longtemps des champions.
Pourquoi penses-tu qu'une approche plus instinctive est forcément une mauvaise approche ?
Je laisse Feurnard répondre à cette question, mais, comme je suis d'accord avec l'énoncé ("une approche instinctive est une mauvaise approche"), j'apporte mon avis sur la question. Ce qui est mauvais ce n'est pas "une approche instinctive" de l'écriture, c'est qu'un écrivain à succès, susceptible de toucher un large public, profite de son succès pour laisser croire que l'écriture est un phénomène "magique" et n'en profite pas, au contraire, pour enrichir son lectorat en lui enseignant les arcanes de l'écriture. Tu vas me trouver parano, mais je pense que King a intérêt à laisser croire que son talent est proche de la magie, alors que lui sait très bien que c'est faux, et qu'écrire est beaucoup plus complexe qu'il ne veut le laisser croire.
On ne peut pas reprocher à un jeune scribouillard débutant (comme nous) de soutenir une approche instinctive : nous écrivons pour le plaisir, sans grande ambition, et sans argent à la clé. En revanche, si Stephen King me dit qu'il travaille à l'instinct, je me pose des questions : s'il n'y aucun travail de réflexion derrière, qu'il ne fait pas d'effort pour y arriver, je suis déçu, et je sais qu'il me ment et, qu'en réalité, il sait qu'écrire est un acte de communication complexe demandant une attention très forte.
Mr Petch
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- Vuld Edone
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L'approche instinctive, d'accord (et pour nous), mais ce n'est pas la seule approche.
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- kalystah
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Il déclare être toujours parti d'une idée de base, souvent un "que se passerait-il si..." et n'avoir jamais eu qu'une vague idée de l'histoire qu'il voulait raconter avant d'écrire.
Cependant, il ne prétend jamais que le travail d'écrivain est un métier facile. Il dit et répète tout au long de son livre qu'écrire est un travail comme un autre qui demande rigueur et discipline, préconisant de travailler chaque jour. A un moment donné, il explique que lui-même s'est toujours imposé d'écrire au moins 2000 mots par jours et qu'il s'est toujours astreint à ne ressortir de son espace de travail qu'une fois avoir obtenu ces 2000 mots.
En ce qui concerne talent et succès, je pense que tes remarques sont très justes Mr. Petch, cependant, au delà de ces considérations, je pense qu'au bout d'une 40aines de romans qui se sont toujours bien vendus, on peu conclure qu'un écrivain a du talent. Ou bien pensez vous qu'on peut vendre autant de livre, réussir à séduire encore et toujours son public sans avoir une once de talent ?
Je comprends ton point de vue, Vuld Edone. Si effectivement tu t'échines à expliquer aux gens que la base d'un bon livre c'est un plan élaboré et construit, alors je comprends que tu ai du mal à admettre qu'il est peut-être possible d'écrire un livre qui soit vendable, voire rédigé avec talent, sans suivre une quelconque méthode autre que celle de s'installer devant un clavier, de poser un postulat de départ et de se demander "et si".
Je sais que Tolkien a passé des mois entier, voire des années, à imaginer un univers cohérent (même une langue !) avant de rédiger Bilbo puis la trilogie du seigneur des anneaux. Toutefois, je serais curieuse de savoir combien d'auteurs se sont astreints à construire un plan détaillé avant d'écrire leurs meilleurs romans. Je suis sure qu'ils sont moins nombreux que tu ne le crois.
Comme je l'ai déjà dit un peu plus haut, King ne croit pas qu'il soit possible d'obtenir du bon si on s'astreint à suivre un plan précis. Je n'adhère pas à sa façon de voir. Cependant, je ne pense pas non plus qu'un plan soit forcément indispensable.
En réalité, je pense que chaque écrivain doit trouver son propre chemin. Certains ressentirons le besoin de baser leur histoire sur un plan solide et détaillé. Tandis que d'autres se sentiront limités par un tel plan.
Maintenant, pour en revenir à la question de départ, je pense désormais, grâce à vos interventions et à notre discussion, que King effectue sans doute un abus de langage en comparant l'art d'écrire à la télépathie. Il n'empêche, je garde le sentiment qu'il y a bel et bien une part de magie dans l'écriture.
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- Ignit
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En ce qui concerne talent et succès, je pense que tes remarques sont très justes Mr. Petch, cependant, au delà de ces considérations, je pense qu'au bout d'une 40aines de romans qui se sont toujours bien vendus, on peu conclure qu'un écrivain a du talent. Ou bien pensez vous qu'on peut vendre autant de livre, réussir à séduire encore et toujours son public sans avoir une once de talent ?
D'une manière purement logique, si on considère que le succès d'un livre prend moins en compte le talent que la communication, le marketing, etc., alors il n'y a aucune raison que le succès de quarante livre prenne plus en compte le talent. Pas dans les termes ainsi donnés.
A part ça, j'ai du mal à comprendre de quoi on parle. Est-ce qu'on parle de ce qu'est l'écriture ? Est-ce qu'on parle du rapport à l'écriture, de la manière d'écrire ? Est-ce qu'on parle d'un bouquin de Stephen King ? J'ai beau lire et relire les interventions, ça me paraît un peu flou et je n'ai pas toujours l'impression que vous vous "répondez" réellement.
Bref, si la question est de savoir si l'écriture est une forme de magie, on peut prendre de jolies métaphores et dire que c'est "magique" mais l'écriture reste une forme de langages, un système de signes renvoyant à un contenu. La question est celle du contenu, de comment il est amené, etc..
Ignit.
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- ZikL
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Facile me direz vous. et pourtant.
N'en déplaise aux uns comme aux autres, chaque écrivain à SA manière d'écrire et ne pourra JAMAIS se cantonner à celle d'un autre sous peine de faire un écrit "savon" (un truc sur lequel on glisse, qui est sans intérêt aucun.)
Il n'y a donc pas une manière d'écrire mais plusieurs. De la méthode intuitive pure à la méthode "livre de droit" très précise et étudiée.
Tout dépend de ce que l'on veut faire, du publique que l'on vise...car on écrit quand même fort peu pour soit-même soyons honnêtes.
Je vais prendre plusieurs exemples pour illustrer mon propos.
Je doute que Marc Lévy (qu'on aime ou pas) écrive de la même manière que le fit Nietch.
Et pourtant l'un comme l'autre ont eu leur public, leur temps et leur renommée.
Ils avaient seulement un public différent, un message différent et une ambition différente. Marc Levy en est-il moins talentueux que Nietch? Certains diront que Nietch est u grand un majestueux philosophe qui souffre d'être comparé à un écrivain minable au marketing énorme et dont les livres sont purement papier de bonnes femmes à petit cerveau à lire sur les plages. D'autres trouveront Nietch ennuyeux à mourir dont la lecture n'a de sens que pour les intellos qui se la joue grands et qui sans doute n'en ont jamais compris le sens, mais ça fait toujours bien de dire "moi j'ai lu Nietch"...
ceci n'est pas ma pensée personnelle... j'ai lu les deux et reconnu un talent à chacun d'eux.
Je suis très mal placée pour parler me direz vous. J'écris on ne peut plus... mal. Je n'ai pas ou peu de talent, je ne suis pas éditée (ça changera peut être un jour du moins je l'espère) et suis donc loin du best seller... et même avec un ou plusieurs best seller en serais-je plus avisée à donner une leçon d'écriture qu'avant? je ne pense pas.
Quant aux propos de King, je suis à la fois contre et pour. Il parle de télépathie et en cela je suis contre. la télépathie n'a de définition que la transmission de pensée.
Hors soyons honnête en parole comme à l'écrit, si la définition est juste (on transmet une pensée après tout...)le sens n'en ai pas le bon ou du moins pas celui qu'il a prit au fil du temps.
Il parle de magie et là je suis d'accord.
N'est-ce pas la "magie" de l'être humain qui fait que nous pouvons parler et écrire?
Les singes savent parler avec les mains si ont leur apprend... mais aucun n'a jamais su écrire et ce n'est pas faute d'avoir tenter...
La magie du pouce opposable? peut etre mais pas que. Le bonobo je crois a un pouce opposable et n'a jamais su écrire. Ne l'a-t-il jamais voulu?
Put-être. Car après tout c'est depuis que l'homme a la parole ou l'écriture qu'il a du mal à se faire comprendre des siens.
Magie? Malédiction?
A mon sens le fait de savoir rêver et inventer peut être les deux. Et si l'on ne fait qu'écrire ce que l'on rêve alors c'est une magie.
Coluche, grand homme, disait "on croit que les rêves sont fait pour devenir réalité. C'est ça le problème avec les rêves; c'est fait pour être rêvé "
Donc sur le fait qu'écrire est une magie, je suis plutôt d'accord avec king. De là à dire que c'est magique d'être écrivain j'en doute.
De là à dire que la seule manière d'écrire avec classe et perfection est de faire un plan (j'extrapole) non plus.
Il faut une part de théorique, de mise en place sous peine de faire n'importe quoi. Il faut une part d'instinct, sous peine de faire un manuel sans saveur. En cela je prendrais les exemples parlants de Charlène harris qui écrivit "la communauté du sud", grand best seller encore aujourd'hui, reprit dans la série "true blood" de HBO. Lorsque l'on commence à lire, l'histoire a d'énoooooormes soucis. des choses manquantes d'autres qui se contredisent... Elle évolue avec le temps et les livres. Seuls les personnages ont dès le début une saveur imparable! A l'inverse de Tolkien dont l'histoire a dès le début des allures de manuel, tant et si bien qu'une école de langue elfique a été créée, et dont les courageux qui sont parvenus à passer les longues descriptions décrites comme "sans fin" sont ravis du résultat de l'histoire aux personnages...
Il faut de tout pour faire un monde.
Les fan de Charlène Harris ne sont sans doute pas les fan de Tolkien... quoi que...
Et pour reprendre mes exemples:
Marc levy, auteur à fort succès a traversé le monde avec ses livres. Victor hugo, Nietch ont traversé les âges. LaFontaine a presque entièrement été relégué au registre enfantin alors même que ses fables avaient un tout autre but.
Mais mon fils, en 2011 (ou plus tard il est encore petit après tout XD) connaitra sans doute chacun d'eux ne serait-ce que par l'école, par moi ou par son père ou sa grand-mère j'en sais rien...mais il les connaitra.
Et ça c'est tout de même magique non?!
Alors à l'unique question qu'est-ce qu'écrire? Je répondrais que c'est partager. Partager son monde, partager sa pensée. C'est aussi donner du bon temps on l'espère, aux lecteurs. C'est créer. C'est se faire plaisir. C'est aussi et sans commune mesure me concernant, faire vivre des personnages qui hurlent dans votre tête, leur vie leurs us et coutumes, leur monde, leur histoire.
Et quelque soit ce qu'on écrit, historique ou science fiction.
Et n'y a-t-il pas une part de magie? lorsqu'on voit l'histoire du Titanic ou les inventions de Jules Vernes? peut être peut être pas. Allez savoir...
Voilà ma participation. Farfelue, affabulatoire, idiote... comme il vous plaira de la juger.
Mais écrire et lire resteront pour moi quelque chose d'aussi terre à terre que magique.
Sur ce bonne journée à tous ^_^
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- Ignit
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Nietzsche.
Pas Nietch.
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- Vuld Edone
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Derrière se cache toujours la question de ce qu'est écrire.
Et là je tiens à souligner et à souligner autant de fois que nécessaire : l'écriture n'est pas transmettre une pensée. Rien n'est transmis. Quelqu'un a écrit des mots, de ces mots vous créez votre propre connaissance de ce que le texte signifie, puis mêlant cette connaissance à une partie de vos autres connaissances vous créez votre propre pensée. La "transmission" n'est que la plus ou moins grande adéquation entre cette pensée créée et qui vous est propre, et ce que l'auteur pensait transmettre au départ.
Ce point est important. Pour "transmettre", il faut de la connaissance commune, entre l'auteur et le lecteur, quelque chose qu'ils partagent déjà à priori. Ce n'est pas seulement le code, c'est aussi dans ce que le code exprime. Par exemple le genre : on connaît les attentes d'une romance ou d'un policier. Et le genre, à ce titre, est un plan, qu'il s'agit de suivre ou d'adapter, mais qu'on ne peut pas ignorer du fait des connaissances que le lecteur emploiera à la lecture. Cela vaut d'ailleurs pour les modèles de personnages.
Il y a de toute façon un plan, un dessein, celui de pousser le lecteur à sélectionner parmi ses connaissances celles voulues par l'auteur. Et à ce titre le texte nous dit ce qu'il faut penser. C'est d'ailleurs ce qu'on attend de lui et un texte qui nous livre à nous-même n'a en général pas de "succès".
Alors oui, qu'il soit conscient ou inconscient, volontaire ou involontaire, il y a un plan. Le texte part du point A, va au point B par un trajet donné. Quand on écrit "à l'instinct", soit on sait ce qu'on va mettre plus tard (et souvent les gens me disent "mais ça viendra plus tard", preuve qu'ils ont planifié), soit on planifie à très court terme avec toujours la question "et maintenant ?"
Et attention, là encore, chacun sa manière, les deux ont leurs résultats.
Quand on écrit "régulé", on explicite simplement ce qu'on se prépare à faire et qu'on allait faire de toute manière, pour voir par avance les problèmes que cela allait causer : contradictions, impasses, faiblesses... et même une fois le plan fixé, au moment d'écrire, si on veut s'offrir un écart personne ne va nous en empêcher. De fait, avec un plan écrit, il est beaucoup plus facile (et sûr) de s'écarter du chemin du fait qu'on peut toujours y revenir.
Que King n'utilise pas de plan, grand bien lui fasse. S'il considère avoir un génie rimbaldien (et même Rimbaud, en fait...) tant mieux pour lui mais nous, ici, sommes faits de chair et de sang. Nous sommes faillibles, et toutes les aides pour écrire sont bonnes à prendre. Le jour où nous pourrons faire notre plan de tête, et où nos routines seront en place, nous aurons le luxe de dire "peuh ! Faire un plan, c'est l'échec assuré !" Et ignorer tout le travail déjà accompli.
Et toujours pour revenir sur la question de l'écrit, comprenant qu'il n'y a pas de transmission, j'aimerais qu'on s'extasie et qu'on s'émerveille pour la bonne raison. L'écriture est un pari (calculé), une série d'instructions d'où déduire un contenu explicite, lequel permet de sélectionner les bonnes connaissances (personnelles) pour accéder au contenu implicite, le pari étant que ce contenu implicite est celui voulu par l'auteur, le calcul étant d'avoir choisi les bonnes instructions. Ce pari est fait tous les jours dans toutes les communications - d'où qu'il est possible de parler avec un arbre - et il est beaucoup plus impressionnant qu'une simple télépathie.
Écrire "à l'instinct" ou "avec des règles" revient toujours à écrire, à donner des instructions, donc faire appel à une stratégie qui dans le second cas est simplement explicitée. Plus de contrôle, plus de sécurité qui ne devrait pas rimer avec moins de spontanéité, le but étant au contraire de livrer un cadre solide dans lequel s'exprimer.
On peut écrire d'une manière, ou de l'autre, ou les deux ensemble, ce n'est pas incompatible - sauf d'après King.
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- kalystah
- Auteur du sujet
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A part ça, j'ai du mal à comprendre de quoi on parle. Est-ce qu'on parle de ce qu'est l'écriture ? Est-ce qu'on parle du rapport à l'écriture, de la manière d'écrire ? Est-ce qu'on parle d'un bouquin de Stephen King ? J'ai beau lire et relire les interventions, ça me paraît un peu flou et je n'ai pas toujours l'impression que vous vous "répondez" réellement.
Ignit.
j'ai ouvert ce sujet, parce que j'avais été séduite par le contenu d'un livre et que je voulais vous faire partager mon enthousiasme. C'était ma première intention. Mais pas la principale.
Ce que je désirais, surtout, c'était que l'on échange autours de l'écriture.
Alors certes, au début, la base de la discussion c'était la vision qu'a King (ou du moins celle qu'il nous expose dans son livre) au sujet de l'écriture. Toutefois, le débat s'est élargit et nous avons fini par aborder la question de la méthode. Le débat aurait pu évoluer sur l'art et la manière de bien décrire puisque le sujet était aussi présent dans mon post. Peu importe. Le fait est que l'on discute, que l'on débat, que l'on argumente et ceci, il me semble, en bonne intelligence.
Sachez que j'apprécie que vous preniez tous le temps de participer à cette discussion. Personnellement, j'en retire beaucoup de chose, vous m'avez aidé à aborder des points de vue différents que je n'aurais sans doute pas réussi à aborder seule.
J'apprécie particulièrement la manière dont Vuld défend son "steak". D'abord parce qu'on sent de la passion dans ses propos et aussi parce qu'il prend le temps d'argumenter (avec de solides arguments en plus). J'avoue, à un moment donné, avoir volontairement défendu le point de vue de King, plus pour pousser le débat que par conviction. Cependant, désormais, j'avoue me retrouver désarmée.
je t'en veux un peu Vuld, tu as brisé mon enthousiasme. Mais je te suis reconnaissante d'avoir su me démontrer que King avait tendance à brosser son lecteur un peu dans le sens du poil.
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- ZikL
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- ZikL
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Et là je tiens à souligner et à souligner autant de fois que nécessaire : l'écriture n'est pas transmettre une pensée.
c'est là (et uniquement là je crois) que je ne suis pas d'accord avec toi. C'est difficile mais écrire c'est ESSAYER de transmettre une pensée... tu essaie bien de nous transmettre ce que tu penses en écrivant ce poste non? Donc ton but premier est de transmettre un message ou du moins d'essayer.
Ecrire peut donc être transmettre une pensée ou plutôt essayer de transmettre...
Sinon à quoi bon écrire?
Ou alors dans la même phrase nous avons un sens différent du mot transmettre... qui est une difficulté type de la langue française.
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- Vuld Edone
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Pour revenir à ZikL, je dois reconnaître que l'écriture est forcément une transmission. Sinon je jouerais sur les mots.
J'ai juste peur qu'en disant "transmettre une pensée", les gens pensent que c'est la même pensée qui passe de l'un à l'autre, déformée par son voyage. Il s'agit bien de faire créer une pensée chez l'autre en espérant qu'elle soit similaire. Le résultat est plus ou moins le même mais le mécanisme est fondamentalement différent.
Cela n'empêche pas en effet qu'on veuille "transmettre" nos pensées, nos images, nos histoires et nos émotions.
Du point de vue "méthode d'écriture", l'important est alors de s'assurer qu'en tout point du récit le lecteur a suffisamment d'informations pour déduire notre pensée (c'est-à-dire créer une pensée similaire à la nôtre). Et cela permet de comprendre aussi ce que signifie "en dire trop peu ou trop", soit trop peu d'informations de sorte que la déduction de la pensée est trop difficile voire impossible ; soit trop d'informations de sorte que ce qui pouvait déjà être déduit sans grand effort est donné explicitement, donc inutilement - le lecteur était prêt à faire ce travail de toute manière.
Et en cela ZikL je reviens sur ce que tu dis : chacun sa manière d'écrire, chacun ses buts et ses raisons. Je continue aussi à apprendre, également de sujets comme celui-ci ou, hélas, d'auteurs comme King.
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