-" Tu es vraiment sûr de toi ?
- Ouais, te fais pas de mouron, je repasserai !
- Que Sigmar te garde, fils."
Les dernières paroles de son père avant son départ résonnaient encore dans la tête de Helm : il avait décider de partir à l’aventure au lieu de rester à la taverne familiale. Son père était tenancier, sa mère et sa sœur travaillait aussi à la taverne, lui seul avait préféré courir les risques de l’aventure et espérer trouver fortune et gloire. Evidemment, sa famille avait eu quelques réticences à le laisser partir, ce qu’il trouva plutôt curieux puisqu’il était du genre paresseux et n’avait jamais montré de véritables signes d’affection à un quelconque membre de sa famille.
Helm venait d’embarquer sur le Dolfstein, en troisième classe, ses maigres économies étaient pratiquement toutes passées dans son billet pour aller jusqu’à Nuln. Il aurait pu commencer sa carrière d’aventurier à Altdorf, sa ville natale, mais il préférait s’éloigner de sa famille.
Il se trouvait maintenant sur le pont du navire, à observer les quelques oiseaux qui volaient haut dans le ciel, pensant à ce qu’il allait bien pouvoir faire une fois à Nuln ; le voyage devait durer quatre jours, il n’en restait plus qu’un avant d’arriver a destination et il n’avait toujours pas d’idée. Tout en réfléchissant a ses futurs projets, il se mit à siffloter un air qu’il avait entendu sur le bateau le deuxième jour. Bientôt ses sifflotements furent accompagnés par le même pipeau qu’il avait entendu jouer ce jour là ; il se retourna et chercha du regard la provenance de cette musique : il n’y avait pas grand monde sur le pont et il finit par apercevoir la silhouette d’un homme accroupi, adossé a l’un des mâts. Par simple curiosité et pour engager la conversation, Helm s’approcha de lui et dit :
" - Joli morceau ! ça vient d’où ?
L’homme était drapé dans un grand manteau usé par les intempéries, son visage était dissimulé sous une capuche et en entendant la question, il releva la tête pour voir son interlocuteur.
Voyant les traits fins et réguliers du visage de l’homme, ainsi que sa chevelure blonde, Helm comprit qu’il avait affaire à un elfe ; il en avait déjà vu a la taverne de son père mais c’était la première fois qu’il voyait un elfe avec un air aussi pitoyable ; visiblement, ce dernier avait dû avoir des problèmes avec ceux de sa race et avait été banni, ou quelque chose se rapprochant, car il tenait plus du mendiant (qu’il était d’ailleurs) que du fier haut-elfe ou du joyeux elfe sylvain.
" ça ne vient de nulle part... c’est de l’improvisation répondit l’elfe d’une voie fatiguée mais toutefois mélodieuse.
- tu es ménestrel ? demanda Helm, qui savait déjà ce que l’elfe allait lui répondre
- hm ? ça dépend... je joue de la musique a mes moments perdus - qui sont nombreux - et il arrive que ça me rapporte quelques pièces dit-il tout en tendant la main vers Helm
- heu ouais, bah je suis presque dans la même situation que toi alors, la charité, tu vois, je crois que ça va pas être possible.
- tant pis, mais dis-moi, tu me semble bien jeune, et ce gourdin à ta ceinture ? tu as l’intention de faire quoi une fois à Nuln ?
A ces mots, Helm se rappela qu’il ne savait toujours pas quoi faire.
- Ben... heu.... j’en sais rien... je verrai sur place...
L’elfe éclata d’un rire clair et quelque peu moqueur
-haaa, les jeunes, de nos jours ! et il se remit à rire de plus belle
Helm supportait moyennement qu’on se moque de lui, mais pour une fois, il fallait avouer que sa situation était franchement ridicule et il se mit à rire lui aussi, se disant qu’il valait mieux ça que d’en pleurer.
- Je m’appelle Kain dit l’elfe en tendant a nouveau la main, cette fois-ci pour serrer celle de Helm.
- Et moi Helm dit-il tout en lui serrant la main.
Chapitre deux
Le Dolfstein arriva en fin d’après-midi à Nuln. Helm avait finalement persuadé Kain de tenter une carrière d’aventurier avec lui. Ils étaient à présent sur le port de Nuln.
- Tu connais la ville Kain ? demanda Helm.
- Non, par où on commence ?
- Il faudrait qu’on trouve une auberge pas trop chère.
- Une auberge ? tu as combien sur toi ?
- Heu... il doit me rester 7 couronnes d’or.
- Bon...le mieux, c’est qu’on cherche chacun de notre coté, d’accord ?
- Très bien.
A ces mots Kain partit vers les petites ruelles ; Helm chercha une auberge sur le port : il savait que plus il s’approcherait du centre, plus le prix serait élevé. Malheureusement pour lui les quelques auberges qu’il trouva n’avaient plus de chambres libres. A la dernière ou il passa il fut interpellé par un vieil homme :
- Pardonnez moi messire, mais il me semble que vous cherchez un endroit pour dormir.
- Oui, c’est la troisième auberge que je fais, vous en connaissez d’autres en bordure de la ville ?
- Bien sur ! Laissez moi vous montrer où se trouve la meilleure auberge de la bordure de Nuln.
La nuit était tomber, et Helm fut plus que réjoui que ce vieillard lui propose son aide. En sortant de l’auberge, Helm aperçut Kain en train de discuter avec un citadin :
- Hola ! Kain !
Kain se retourna, et, voyant Helm, afficha un grand sourire.
- Ah ! Helm ! je croyais que notre relation allait déjà s’achever, nous avions oublier de nous donner un point de rendez-vous.
Helm n’y avait même pas songé et voulut se frapper en réalisant quel imbécile il avait été. Mais le vieillard le coupa dans sa réflexion :
- Messeigneurs ! nous devons nous hâter, il ne fait pas bon se promener en pleine nuit dans les rues !
Les deux compères acquiescèrent et se mirent a suivre le vieil homme qui avançait d’un pas rapide et assuré à quelques pas devant eux.
Après avoir traversé quelques ruelles le vieil homme s’arrêta devant une maison et dit :
- Nous sommes arrivés, amusez vous bien et bonne soirée !
Tout en prononçant ces mots, le vieillard s’enferma à double tour dans la maison devant laquelle il se trouvait quelques instants auparavant. Au même moment, Kain vit deux hommes s’approcher d’un coté de la rue :
- Ah le gredin ! il nous a piégés !
- Merde ! y en a deux autres de l’autre coté ! s’écria Helm.
En effet deux autres hommes venaient d’arriver par l’autre coté de la rue, bloquant la retraite de Kain et Helm.
Les quatre malandrins dégainèrent leurs épées, Helm empoigna son gourdin et Kain un couteau dissimulé dans son manteau. Helm avait plus d’une fois entendu des aventurier de passage dans la taverne se vanter d’avoir fait fuir des voyous rien qu’en les menaçant. Il n’était pas sûr que ça marcherait mais voulut quand même essayer :
- Quoi ? vous voulez crever c’est ça ? ! Allez ! approchez ! on va vous tailler en pièces !
- Avec quoi ? demanda Kain. On va fuir dès qu’on en aura l’occasion !
- Donnez-nous vot’bourse et ptèt’ qu’on vous f’ra pas d’mal ! aboya l’un des voleurs.
A ce moment là, Helm n’avait pas du tout conscience du danger et fonça sur l’un des deux voleurs qui lui faisait face. Ce dernier n’eut aucun mal à éviter le coup maladroit qui lui était destiné et il en profita pour attaquer à son tour. Helm plongea sur le coté pour éviter la lame mortelle mais sentit quand même le métal froid pénétrer la chair de son ventre. Même si ce n’était qu’une blessure superficielle, c’était la première fois qu’il se prenait un coup d’épée et la douleur lui parut quasi insoutenable, mais il savait qu’il devait rester pour combattre, il ne devait pas abandonner Kain ! Kain ? mais au fait il est ou Kain ? c’est à ce moment qu’Helm s’aperçut que Kain était déjà loin, il avait dû profiter d’un moment d’inattention et avait pris la poudre d’escampette. Distrait par ce qu’il prit pour une trahison, Helm ne vit pas venir le coup de plat d’épée qu’il reçut sur la tête : " TONK ! Aouch ! " Helm s’écroula par terre à demi inconscient, l’un des voleurs en profita pour lui subtiliser sa bourse et les quatre s’enfuirent. Quand il se relevât, Helm était dans une colère noire, d’abord Kain qui s’enfuit, et ensuite lui qui se fait voler sa bourse, le jeune homme fonça dans la ruelle où il avait vu Kain s’enfuir, et le retrouva presque immédiatement. Kain s’appuyait contre un mur et respirait difficilement, histoire de se calmer les nerfs et de se venger de la trahison de Kain, Helm lui colla un magistral coups de poing en travers de la gueule, Kain s’effondra, et perdit conscience.
- Allez ! relève toi sale lopette ! cria Helm qui ne se contrôlait plus. Tu vas te relever oui ? !
Helm finit par se calmer et comprit que, visiblement, Kain n’allait pas très bien, il voulut le soulever et c’est là qu’il s’aperçut que le manteau de l’elfe était couvert de sang, une large blessure partait de l’épaule jusqu’au bassin, Helm s’empressa de faire un bandage avec les bras de sa chemise puis il parti en quête d’une auberge ou de n’importe quoi qui pourrait faire l’affaire en attendant le matin. La chance lui sourit enfin quand il trouva une auberge encore ouverte dans un quartier particulièrement pauvre, la bâtisse était loin d’être un quatre étoiles mais c’était justement ce qu’il cherchait. L’intérieur de l’auberge n’avait rien a envier à l’extérieur et Helm commençait à ce demander s’il ne valait pas mieux dormir dehors :
- Vous voulez une chambre ou quoi ? demanda le propriétaire .
- Ca dépend, c’est combien ?
-3 couronnes d’or, et c’est payable d’avance.
Helm regarda la maigre bourse de Kain et y trouva 5 couronnes d’or :
- Je vous prends une chambre.
- Eh ! c’est des chambres individuelles ! dit le proprio en regardant un Kain inconscient.
- Euh... c’est mon bagage à main ! rétorqua Helm.
Une chose était sure, la chambre ne valait pas 3 couronnes, a peine une pistole d’argent, et encore !
Helm avait déposé Kain sur le matelas au milieu de ce qu’un architecte myope aurait put appeler une salle " carrée ". Le jeune homme s’assit dos au mur, tenant fermement son gourdin dans les mains ; l’unique fenêtre de la pièce pouvait être cadenassée mais aucun cadenas n’avais été fourni : " ça doit être en option " s’était dit Helm, tout en sortant de son sac une fourchette dont il se servit pour remplacer le cadenas.
Il voulut veiller toute la nuit mais les forces de la nature l’obligèrent à piquer un roupillon bien mérité.
Chapitre trois
Le soleil était déjà haut dans le ciel quand Helm se réveilla, son compagnon était toujours allongé au milieu de la chambre et sa blessure avait arrêté de pisser le sang :
- Oh ! Kain, réveille toi !
- hmmgrrrblmalaucrâne grogna l’elfe mal en point.
Après quelques minutes supplémentaires de grognements, Kain daigna enfin se lever, il avait l’impression que sa tête était pressée entre les mâchoires d’un squig et que son estomac se prenait pour un danseur de guerre :
- Où sommes nous ? et qu’est ce qui m’est arrivé ? articula l’elfe avec difficulté.
- ça dépend.. tu te souviens de quoi ?
- heu... le vieillard nous a amené dans un traquenard... j’ai reçu un violent coup d’épée... et je me suis enfui...c’est tout...
- Ah booonnn ! ça explique pourquoi je t’ai trouvé effondré par terre au coin d’une rue. Au fait, tu t’es fait piquer ta bourse
- Quoi !... Oh mer... !
Kain regardât d’un air dépité l’emplacement de sa ceinture ou se trouvait, il n’y a pas si longtemps, sa bourse chérie :
- Y nous reste à peine de quoi manger pour aujourd’hui et demain. fit remarquer Helm
- Je me suis renseigné, si on cherche du travail, il faut aller a la Retzt Platz dit Kain.
Finalement, les deux aventuriers (pas vraiment expérimentés il est vrai) se rendirent a la Retzt Platz, espérant trouver un moyen de remplir leur bourse anorexique.
Pour ce genre de recherche, il est vrai que la Retzt Platz était tout a fait indiquée, de grands tableaux recouverts d’annonces en tous genres étaient plantés ça et là, mieux que l’ANPE ! mais bon, toute chose a ses défauts, et pour parvenir jusqu’au fameux tableaux, Kain dût jouer des coudes et des mains pour se frayer un chemin dans la masse grouillantes de bouseux en tous genres qui s’amassait autour dudit panneau, tout en prenant bien garde de ne pas rouvrir sa blessure fraîchement refermée.
Après une vingtaines de minutes, Kain ressortit de la marée grouillante (il y était allé seul parce qu’Helm ne savait pas lire) avec l’expression du chasseur qui revient avec des champignons dans sa besace :
- Alors ? demanda Helm, plein d’espoir
- Une proposition
- Une seule ? bah, c’est mieux que rien ... faut aller ou ?
- 4 Oldenhaller strasse, l’employeur s’appelle Oldenhaller comme la rue
- ça sent l’or ça, mon compagnon
- ça sent la concurrence surtout !
La villa Oldenhaller était, comme l’avait prévu Helm, une " grosse baraque pétée de thunes ", curieusement, ils étaient les premiers arrivés pour l’annonce et furent reçus (presque) immédiatement par Oldenhaller lui même :
- Je n’ai pas beaucoup de temps, je vous épargnerai donc un entretien de plusieurs heures. dit-il sans même se donner la peine de lever la tête pour regarder les deux nouveaux arrivants.
Je vous donne une prime de 20 couronnes d’or chacun, et une fois le travail terminé je vous en donnerais 100 chacun, ça vous va ? Bon, mon conseiller vous donnera les détails de ce que j’attends de vous. enchaîna le comte sans laisser a quiconque le temps de dire quoi que ce soit. L’homme qui avait amené Helm et Kain dans le bureau leur fit signe de venir avec lui, et les amena jusqu’à son propre bureau. Une carte de la ville se trouvait placardée au mur :
- Le comte veut que vous récupériez une pierre précieuse qu’on lui a volé il y a quelque jours ; le voleur se nomme Emilio Valentina, il est allé se réfugier à l’asile qui se trouve ici. fit le conseiller en montrant un point rouge sur la carte.
- Attendez... vous voulez qu’on aille dans un repaire de maffieux à deux massacrer tout le monde et rapporter un caillou ? c’est bien ça ? demanda Helm d’un ton inquiet
- Vous n’aurez pas a pénétrer en force, nous connaissons le mot de passe qui vous permettra de pénétrer dans la première partie de l’asile.
- Et qui est ? demanda Kain
- Douce Anna
- D’accord, attendez, je prends note." Kain sortit un calepin et un crayon (l’outil indispensable pour tout aventurier un tant soit peu intelligent) et nota le mot de passe ainsi que le nom du voleur.
Le conseiller donna leurs primes de recrutement aux deux compères et les convia à aller faire leur boulot fissa fissa. Les 40 couronnes permirent à Helm de s’acheter enfin une arme digne de ce nom (en l’occurrence, il s’agissait d’une vieille épée d’occasion pour laquelle le forgeron aurait presque payé pour qu’on l’en débarrasse) et Kain s’acheta une deuxième dague, pas parce qu’il en faisait collection mais parce qu’il était ambidextre.
Les deux aventuriers à plein temps attendirent la tombée de la nuit pour se diriger vers l’asile que leur avait indiqué le conseiller d’Oldenhaller. L’endroit était particulièrement calme et la porte d’entrée ne semblait pas gardée. D’un pas peu assuré, Helm se dirigea vers la porte et frappa :
- Toc toc fit la porte
-... répondit le silence
- heu... " douce Anna ? " murmura Helm en se collant contre la porte
-...
- Douce Anna dit Kain, un peu plus fort
-....
-HO ! ON A DIT DOUCE ANNA ! ! ! hurla Helm
-...
Aussi incroyable que cela puisse paraître, pas même l’ombre d’un chat ne réagit au hurlement de Helm, qui avait pourtant espérer voir la porte s’ouvrir avec fracas et quelques mafiosi pas contents, mais non, rien de rien, le néant. Que faire dans ce genre de situation ? se dit Helm. Après quelques secondes d’intenses réflexions, il se décida à enfoncer la porte, prenant son élan pour donner un magistral coup d’épaule dans le pauvre amas de planches. Kain eut une autre idée et essaya d’ouvrir la porte, tout simplement ; celle-ci s’ouvrit sans protester, et Helm fonça tête baissée dans le couloir sombre qui s’ouvrait à lui. Après quelques mètres, il se rendit compte qu’il n’était plus dans la rue et, réflexe stupide, alluma une torche qu’il avait dans son sac. C’est vrai qu’il faisait noir mais bon, faut pas exagérer non plus :
- Mais ? ! éteins ça abruti ! ordonna Kain en arrivant dans le couloir.
- Pourquoi ? on va plus rien voir après ? répondit Helm avec une sincérité inquiétante.
- Si avec tout ça, on s’est pas encore fait repérer, j’y comprend plus rien.
- Bah tu vois, inutile de s’inquiéter pour la discrétion puisque c’est déjà foutu, autant penser au coté pratique de cette torche.
Même si l’argument d’Helm était stupide, il n’en était pas moins vrai ; Kain ne fit pas plus de remarques et tout deux avancèrent dans le couloir qui n’était plus sombre du tout ou presque. Ils débouchèrent bientôt sur une pièce où gisaient partout sur le sol des cadavres encore frais (car l’odeur de crevure immonde n’avait pas encore envahi l’endroit). Visiblement, il y avait eu une rixe entre les résidents de l’asile et d’autres personnes dont Kain et Helm ne savaient rien, si ce n’est qu’ils avaient pris soin de dépouiller tous les cadavres de tout ce qui aurait pu servir a quelque chose (règle n°1 du bon aventurier : toujours fouiller les cadavres) et qu’ils utilisaient des armes d’humains (règle n°2 : toujours vérifier la nature des blessures pour savoir à quoi on a affaire). Après avoir fouillé quelques autres salle, toutes emplies de cadavres, Helm et Kain arrivèrent à (roulement de tambour) un couloir sombre (coup de cymbales) du fond duquel ils entendirent comme une respiration lourde et difficile :
- Un survivant ! s’écria Helm en accourant vers le fond du couloir.
Il y vit un homme assis, adossé à une porte en bois, le corps traversé de nombreuse flèches ; vu son état, il n’en avait plus pour très longtemps :
- Haaa...heeurg gémit le futur cadavre.
- Mais encore ? demanda Helm.
- Qui...êtes vous ?
- Moi je m’appelle Helm, je viens d’Altdorf.
- Et moi Kain
- On est là pour récupérer un caillou qu’un mec d’ici a volé, y s’appelle Emilio Valentina, tu le connais ?
- C’est... Kurt Helborg qui l’a... ses hommes sont venus...nous ont tous massacrés...
- Ses hommes ? il se trouve où ce Kurt Helborg ? demanda Kain.
- Dans.....l’autre partie de l’asile
- Et quel est le mot de passe pour y entrer ?
- arg...................fît le cadavre.
- arg ? drôle de mot de passe.
Kain ignora la dernière remarque d’Helm et déplaça le corps du défunt, tout en prenant son arbalète qu’il avait laissé traîner ainsi que son carquois de carreaux à moitié plein (ou à moitié vide, c’est comme vous voulez).
Helm ouvra la porte sur laquelle l’homme s’était adossé... pour se retrouver avec une épée sous la gorge. Deux gardes pointaient leurs arbalètes vers lui et un troisième maintenait son épée au niveau de sa carotide.
- arg ?
Chapitre quatre
Visiblement, le mot de passe n’était pas " arg ". Les gardes s’apprêtèrent a faire du hachis Parmentier avec les deux intrus quand, derrière eux, retentit une voix :
- Ha ! vous v’là enfin, c’est pas trop tôt !
- Hein ? mais ce sont des... commença l’un des gardes.
- Oui oui, c’est nous ! cette bande de crétins nous ont pris pour des intrus ! s’écria Helm, sautant sur l’occasion même s’il n’avait aucune idée de quoi il parlait.
L’homme qui venait d’arriver était un gros chauve a l’air menaçant, un fouet était accroché a sa ceinture, plus pour indiquer clairement sa fonction que pour être utilisé.
- Allez bande de feignasses ! ‘vous apprendrai à être en retard, moi ! grogna le contremaître en faisant signe aux deux aventuriers de le suivre.
Kain et Helm suivirent le gros lard qui les amena jusqu’à une grande salle ou une dizaines d’ "ouvriers " s’affairaient a empaqueter diverses marchandises plus ou moins légales et à les entasser dans un coin de la salle qui ressemblait fort a un entrepôt :
- Toi le grand ! va là bas pour stocker les boites ! et toi ! le nabot ! va là bas ! aboya le contremaître.
Helm se retint avec difficulté de ne pas l’étrangler (il faut dire qu’il ne mesurait que 1m60...).
Kain alla jusqu’aux piles de boites et commença à empiler celles qu’on lui passait ; n’oubliant pas sa mission, il tenta d’engager la conversation avec l’homme qui se trouvait le plus près de lui :
- Vous travaillez depuis longtemps ici, vous ?
- ...3 mois.. répondit l’intéressé à voix basse.
- Et heu... ça va ? c’est pas trop dur ?
- Non....
Finalement, Kain laissa tomber son interrogatoire discret, il ne voyait pas comment amener discrètement le sujet sur la pierre d’Oldenhaller. Après une dizaines de minutes, Kain vit Helm s’approcher à peine discrètement de lui :
- Psst Kain, ramène tes fesses, j’ai un rendez-vous chez Holger !
Helm amena l’elfe jusqu’à une porte de l’entrepôt et avant d’ouvrir :
- Tu joues mon jeu, OK ? le garde est un abruti, il va nous laisser entrer, mais tu fais semblant d’être fan de Kurt Holger, pigé ?
Kain acquiesça d’un mouvement de tête et tout deux pénétrèrent dans la pièce d’à coté. Un garde, sur lequel le qualificatif "massif " pouvait s’associer a toutes parties de son anatomie sauf son cerveau, se tenait quasiment au garde à vous devant l’unique porte de la pièce (si l’on oublie la porte par laquelle Helm et Kain étaient entrés, bien sûr) :
- Me revoilà ! allez vas-y fais nous rentrer. dit Helm.
- Bon d’accord, mais 3 minutes seulement. Répondit le garde, affichant un grand sourire affligeant de naïveté.
Les deux aventuriers entrèrent dans le bureau de Kurt Holger, qui était en fait une vaste pièce divisée en trois parties, sa chambre, sa bibliothèque et enfin son bureau derrière lequel on pouvait admirer son cadavre ; l’endroit était encore plus luxueux que le... son cadavre ? Oui, son cadavre, baignant dans une mare de sang :
- Mais c’est pas vrai ! on attire la poisse sur tous les mecs qu’on cherche ou quoi ? s’écria Helm.
- Il faut trouver la pierre, vite ! renchérit Kain.
- Je te parie 100 couronnes d’or que ce mec s’est fait buter à cause de cette pierre et que son assassin est parti par le passage derrière ce rideau et qu’il a pris la pierre avec lui.
En effet, une sorte de tunnel qui à l’origine était dissimulé par un rideau maintenant a moitié déchiré se trouvait derrière le bureau. Kain refusa de parier (ce que même un troll aurait trouvé logique), et les deux aventuriers s’engouffrèrent dans le tunnel. Au même moment le garde du bureau pénétra dans le bureau. Quelques secondes plus tard, cinq gardes très en colère étaient a la poursuite d’Helm et Kain, qui avaient maintenant atteint les égouts sur lesquels débouchait le tunnel. Outre les senteurs parfumées émanant du bourbier qui s’écoulait lentement, des traces de sang parsemées çà et là indiquaient la route à suivre pour retrouver le véritable meurtrier de Kurt Holger (enfin c’est ce que les deux compères espéraient).
Malgré ses origines elfiques et son talent inné pour la course, Kain arrivait avec peine à suivre le train d’enfer mené par Helm qui, quand les circonstances l’y obligeaient, pouvait courir très, très vite, les années d’entraînement qu’il avait passé à se perfectionner dans l’art de la fuite (il lui était souvent arrivé de voler à l’étalage, " juste pour le sport " disait-il) portaient enfin ses fruits. Même la horde de rats qui avaient élu domicile dans une fissure du mur des égouts ne put le rattraper.
Après quelques minutes de course effrénée, ils arrivèrent à ce qui ressemblait à une voie sans issue ou presque : les eaux usées des égouts allaient se perdre dans un fleuve souterrain à quelques dizaines de mètres de l’endroit ou se trouvaient Helm et Kain, un poil trop haut pour sauter sans avoir à aller plonger dans le ramassis d’immondices qui s’était accumulé dans ce point du cours d’eau et sans se rompre les os. La dernière alternative était matérialisée sous la forme d’un wagon ainsi que de rails qui se trouvaient juste en dessous et qui apparemment descendaient " en douceur " jusqu’à la terre ferme. Voyant la horde de rats qu’ils avaient distancée arriver au grand galop, les deux aventuriers sautèrent dans le wagon...dans lequel ils trouvèrent le cadavre de l’assassin de Kurt Holger. Ce dernier venait de succomber aux blessures de son affrontement avec le mafioso. Helm récupéra un petit coffret (dans lequel la pierre d’Oldenhaller avait été rangée) que le cadavre serrait encore de ses mains crispées et desserra le frein du wagon alors que Kain commençait à repousser les premiers rats qui essayaient de monter dans le wagon.
-HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa..........crièrent Helm et Kain a l’unisson.
Le wagon allait beaucoup plus vite que ce à quoi il s’était attendu et Helm serrait le frein du mieux qu’il le pouvait. Le wagon arriva bientôt a destination, une caverne creusée à même la roche dans laquelle quelques caisses en bois avaient été entreposées. Une dizaines d’hommes livrait bataille dans cette caverne, et quand le wagon daigna enfin stopper, les deux aventuriers ne savaient pas vraiment quel parti prendre. Ils possédaient la pierre, et le mieux pour eux était de sortir d’ici le plus vite possible ; deux tunnels s’offraient à eux et il valait mieux ne pas se tromper. Tandis qu’ils étaient en pleine réflexion, l’une des bandes décida de prendre la fuite.
- On les suit ! viens Kain ! s’écria Helm tout en sautant hors du wagon.
Les deux aventuriers (un poil dans la merde) suivirent la bande en fuite tout en évitant le contact avec l’autre. Ils arrivèrent bientôt jusqu’à une berge du fleuve souterrain ; suivis de près par Helm et Kain les fuyards montèrent dans un petit bateau à rames et ne firent aucune objection à ce que deux paires de bras supplémentaires les aident à prendre la poudre d’escampette. Sur la berge, un groupe d’hommes en robe, disposé en cercle, psalmodiait d’impies incantations. Au milieu du cercle se tenait un...truc qui ressemble a un humain a l’exception près que ce dernier avait la peau blanche et qu’un nuage vrombissant de grosses mouches lui tournait perpétuellement autour. Si Helm et Kain n’avaient pas eu la mort aux trousses, ils seraient sûrement rester plantés là à se demander tout ce que ce joli monde pouvait bien foutre là ! Le bateau était déjà à une bonne dizaine de mètres de la rive quand le groupe d’hommes ennemi arriva. Helm, qui ne ramait pas et qui préférait surveiller ce qui se passait sur la berge vît l’un des hommes dégainer un pistolet qu’il portait a la ceinture. Visiblement, la cible qu’il avait choisie était Kain (c’était le dernier à être monté dans le bateau et donc le plus visible) :
-KAIN COU*PAN* toi......
Une fraction de seconde après la déflagration, l’épaule gauche de l’elfe éclata en une gerbe de sang et de morceaux de chair, un hurlement de douleur retentit dans toute la caverne, puis Kain s’effondra a peine conscient.
Chapitre cinq
" y sont gentils les mafiosi ! je croyais qu’on aurait eu à tous les massacrer "
Helm avait le chic pour ne jamais voir le mauvais côté des choses, même quand le mauvais côté en question était le fait que son ami avait l’épaule en puzzle 3D, qu’il était dans le coma, qu’il ne pouvait plus marcher et que lui devait porter un elfe a moitié mort dont le sang s’écoulait joyeusement dans son dos, salopant jusqu’à ses chaussettes, ce qui l’obligerait a se refaire une nouvelle garde-robe ; non, il ne voyait rien de tout cela, pour lui, c’était sa première mission accomplie en tant qu’aventurier et le reste, il s’en contrefoutait mais alors, royalement !
il se rendait a la villa Oldenhaller pour remettre la pierre à son propriétaire et (surtout) pour toucher les 100 couronnes d’or qui lui était dues. L’affaire fut vite réglée ; maintenant Helm devait trouver un endroit ou Kain pourrait se faire soigner. Il retourna à la Retzt Platzt, où seuls les crétins étaient incapables de trouver ce qu’ils voulaient, et accosta un citadin qui passait a sa portée :
- Excusez moi, vous pouvez m’indiquer où se trouve le médecin le moins cher de cette ville ?
- Pour sûr mon garçon ! tu prends la rue là bas, tu prends le troisième tournant à gauche et c’est la maison avec l’enseigne des médecins, tu pourras pas trouver moins cher dans Nuln !
Helm partit immédiatement en direction de la rue qu’on venait de lui indiquer. Quand il arriva dans ce qui semblait être la salle d’attente il fut surpris de voir que personne n’attendait :
- C’est pour une urgence ? demanda une voix sortie de nulle part.
Helm chercha du regard d’où pouvait provenir la voix qu’il venait d’entendre lorsqu’il sentit que quelqu’un tirait sur la jambe de son pantalon. En face de lui, ou plutôt en face de ses jambes se trouvait un halfeling :
- Ici, grande andouille ! dit le halfeling.
Même si à la base c’était une insulte, Helm était tout content qu’on dise de lui qu’il était grand pour une fois :
- Vous êtes le médecin ? demanda Helm.
- Non son assistant, c’est pour une urgence ? il a l’air mal en point votre ami. Répondit le halfeling d’un ton sec.
Vu l’amabilité du réceptionniste, Helm commençait a comprendre pourquoi il n’y avait personne dans la salle d’attente.
- Mon ami a eu une blessure par balle a l’épaule, vous pourriez lui réparer ça ?
Avant même que le halfeling ait eu le temps de répondre, la porte du cabinet s’ouvrit, un vieillard aux allures de savant fou à qui il manquait une jambe et qui semblait agité de tics nerveux pénétra dans la salle d’attente :
- Hartw...Hart...Hartwing, que v..v.veulent ces messieurs ? articula difficilement le vieillard.
- C’est pour une urgence, une blessure par balle à l’épaule. répondit Hartwing.
- Heu... c’est lui le médecin ? demanda Helm d’un ton inquiet.
- Non c’est le grand théogoniste ! Bien sûr que c’est lui. répondit Hartwing.
Finalement, Helm se décida à laisser Kain se faire soigner par le savant fou (qui s’appelait en fait Erich), d’une part, parce que l’elfe ne tiendrait plus très longtemps si il ne recevait pas des soins immédiat, d’autre part, parce qu’il en avait marre de trimbaler ce fardeau qui pissait le sang sans arrêt. Entre deux hurlements d’elfe torturé, Helm réussit a trouver le sommeil dans la salle d’attente, espérant que Kain lui montrerait un peu de gratitude pour avoir tout fait pour dépenser le moins possible des 100 couronnes d’or de l’elfe.
Chapitre six
Après une bonne nuit de repos bien mérité (pour Helm), et une horrible nuit de tortures dites médicinales (pour Kain), les deux aventuriers se réveillèrent dans la salle d’attente du cabinet d’Erich, savant fou notoire, où seuls ceux qui étaient encore plus fous que lui ou qui étaient complètement ignorants osaient se faire soigner. Enfin, ça c’était ce que pensait Kain (Helm n’y voyait que la possibilité de se faire soigner à bon prix), qui avait mal supporté l’usage forcé des drogues qu’Erich lui avait administré. C’est alors qu’entra dans la salle d’attente une jeune elfe, (je ne vais pas faire une description détaillé de son physique, vous savez tous très bien a quoi ressemble une elfe) qui alla s’asseoir en face des deux mâles en rut, pardon, des deux aventuriers.
- Gh.... fit judicieusement remarquer Helm.
- ksprfz.... rétorqua Kain.
- Venez mademoiselle. dit Hartwing qui-venait-tout-juste-de-sortir-du-cabinet-d’Erich.
L’elfe se leva et suivit Hartwing. Dès que la porte fut refermée, Helm se jeta dessus et y colla son oreille. Kain resta assis sur sa chaise fixant intensivement le mur d’en face, ce qui semblait infiniment plus passionnant.
- O..oui il y..y a une pro..progression. entendit Helm.
A peine avait-il entendu cette phrase que le bruit d’une fenêtre qui éclate en tout petits morceaux se fît entendre :
-HAAAAAA LE DEMON ! ! AU SECOURS ! ! cria Erich qui pour une fois, n’avait pas bégayé.
Helm défonça la porte, histoire de soigner son entrée, puis entra dans la pièce, suivi de près par Kain. Ce qu’ils virent dans la pièce emplit leur cœur d’effroi, enfin... pas vraiment, disons que ce qu’ils virent dans la pièce, ils trouvèrent ça fort zarb’ mais pas plus : un monstre à la peau blanchâtre, dont les bras se terminaient par d’énormes pinces de crabe et à la silhouette vaguement féminine se tenait à califourchon sur la pauvre elfe désemparée (et torse nu). Le monstre grava un signe blasphématoire dans la chair de la poitrine de l’elfe et celle-ci fût prise d’horribles torsions musculaires, se transformant peu à peu en mare visqueuse et fumante. Helm, Kain ainsi que Hartwing, qui venait de prendre une masse accrochée à un mur, foncèrent sur l’impie créature, qui, voyant ses nouveaux adversaires arrivés, se redressa avec une rapidité fulgurante et leur tira la langue. Ce que Helm prit pour une provocation infantile était en fait une attaque dirigée vers lui : la langue du monstre s’allongea, et avant même que Helm ne puisse réagir, celle ci s’enroula autour de lui, l’empêchant de faire le moindre mouvement. Kain, voyant dans quelle situation était son frère d’armes, voulut couper la langue démoniaque avec ses dagues mais fut intercepté par l’une des pinces du monstre, le forçant à se concentrer sur son adversaire. Hartwing mit tout son poids dans le coup de masse qu’il allait asséner au monstre mais ce dernier para de son autre pince. Helm, voyant que le combat allait se passer sans lui, et que sans lui, les deux autres avaient peu de chance de l’emporter, eut une poussé d’adrénaline et, dans un effort surhumain...... se mit à encourager Kain et Hartwing....(il avait essayé de se dégager mais n’avait pas réussi) :
-ALLEZ LES MECS, FAITES LUI BOUFFER LE PARQUET A CETTE CHAROGNE ! ! !
-FERME TA GRANDE GUEULE ET AIDE NOUS ! ! cria Hartwing, qui essayait désespérément de percer la garde du monstre.
Le simple fait que quelqu’un ait osé lui parler sur ce ton fut une raison suffisante pour Helm pour qu’il décuple sa force et parvienne à libérer son bras d’arme (son bras droit en l’occurrence). Se retenant de décapiter Hartwing qui était à sa portée, il trancha net la saloperie de langue qui l’empêchait de se battre convenablement et put enfin aider son frère d’arme et le quart-de-portion. Face à deux dagues bien affûtées, une vieille épée rouillé et une masse maniée par un halfling fou furieux, le monstre finit par perdre le combat, s’effondrant a terre en poussant un petit gargouillis écœurant puis disparaissant comme s’il n’avait jamais été là. La seule trace visible du passage du monstre était la mare fumante et malodorante d’elfe qui salopait tout le parquet du cabinet.
Après quelques menues tâches ménagères, le cabinet avait retrouvé son aspect normal (si l’on peut qualifier de " normal " l’aspect du cabinet d’un savant fou). Helm commença à négocier la récompense qu’Erich pourrait leur faire, et malgré les protestations d’Hartwing, les deux aventuriers obtinrent la possibilité de venir se faire soigner gratuitement chez le savant fou. Kain voulut protester lui aussi sur la qualité toute relative de la récompense quand quelqu’un ouvra la porte derrière lui. Quatre hommes entrèrent dans la pièce :
-" Au nom de la guilde des médecins de Nuln, nous venons fermer cet établissement. dit l’un des hommes.
- Pourquoi ? demanda Helm.
- Ce n’est pas votre problème, sortez d’ici, on ferme. dit un autre des quatre hommes.
- Primo : on ne me donne pas d’ordres ! Deuxio : ...heu.....vous êtes de la milice ?
- Non mais...
Helm n’avait pas besoin de plus de renseignements, il dégaina son épée rouillée et chargea l’un des intrus. Kain sortit l’arbalète qu’il avait récupérée dans l’asile de mafieux la veille et Hartwing chercha où il avait bien pu ranger sa masse d’arme. A quatre contre un, Helm avait peu de chances de l’emporter, mais heureusement (et un peu involontairement) son épée était directement allée se planter dans le thorax de l’homme qu’il avait chargé. Ce dernier en profita pour mourir et coincer la lame rouillé entre deux côtes. Pendant que Helm cherchait où cet abruti avait caché son arme (il avait estimé qu’il lui faudrait plus de temps pour décoincer son épée que pour trouver celle de son adversaire) l’homme de main qui se trouvait à coté de lui dégainait son épée et s’apprêta a le décapiter, brandissant son arme et mourant d’un carreau d’arbalète qui alla se figer dans son crâne en passant par son œil droit. Helm trouva enfin l’arme de sa victime, une dague dissimulée dans l’une de ses bottes. Il se releva (Helm, pas le cadavre) et vit le troisième homme de main s’effondrer, la jambe pétée en quatre par un halfeling énervé qu’il n’aurait peut-être pas dû ignorer. Avant même qu’il ait eu une chance d’exposer une solution pacifique à l’épineux problème devant lequel il était confronté, la dague de Helm était venue s’encastrer dans sa poitrine. Voyant la situation lui échapper légèrement le quatrième intrus prit ses jambes à son cou et un carreau d’arbalète dans la colonne vertébrale. T’es mort...
- Deux chacun ! s’écria Helm en regardant le tas de cadavres a ses pieds.
- Si ces hommes travaillaient pour le comté, nous avons intérêt à... commença Kain.
- Non, il travaillait pour Sigmund Fröde. fît Hartwing.
- Et c’est qui ce Sigmund Fröde ? un ami à vous ? demanda Helm.
- C’est un homme influent de la guilde des médecins répondit Hartwing.
- I..il veut f...faire... commença Erich.
- Fermervotreétablissement merci ça on le sait déjà. Le coupa Helm.
- Ou..oui
Après quelques minutes supplémentaires de parlotes indispensables pour régler les petits détails importants de la prochaine quête des deux aventuriers (du genre : on a droit de buter le méchant ? c’est quoi la récompense ?) Helm et Kain partirent en direction de la guilde des médecins de Nuln.
Chapitre sept
Alors que les deux aventuriers allaient d’un pas décidé vers la guilde des médecins pour rendre une petite visite de courtoisie a un certain Sigmund Fröde, Kain s’arrêta net et demanda a Helm :
- Euh... maintenant que j’y pense.. tu as prévu un plan toi ?
- Ben.... j’avais pensé qu’on ferait comme les quatre mecs de tout à l’heure : on trouve Sigmund, on lui fait peur, et y fout la paix a Erich. répondit Helm.
- Non, je veux parler d’un plan de secours, au cas où ton chef d’œuvre de stratégie tombe a l’eau.
-....heu...si ça arrive on s’enfuit le plus vite possible par la première fenêtre qu’on trouve, ça te va ?
- Non.
- Tout baigne alors ! fît Helm en repartant en direction de la guilde.
Kain haussa les épaules et suivit le jeune crétin, espérant que dans le feu de l’action, il trouverait par lui-même un plan d’évasion un peu plus élaboré.
Les deux compères arrivèrent devant la guilde, un grand bâtiment de plusieurs étages planté dans le quartier riche. Des miliciens patrouillaient constamment autour comme de grosses mouches à merde. Helm chercha une entrée de service non gardée mais n’en trouva aucune, et se dit alors que le meilleur moyen de ne pas éveiller les soupçons était de rentrer directement par la grande porte. Passer par là était en effet plus discret que de taper sur des miliciens devant une dizaine de passants pour pouvoir emprunter une porte de service, mais en pénétrant dans la guilde, Kain se rendit compte que trouver un médecin au milieu de toutes ces " blouses blanches " allait être un véritable calvaire, surtout sans attirer l’attention (bonjour madame je cherche un certain Sigmund Fröde). Deux personnes en hardes avec des armes blanches en bandoulières voulant voir un médecin connu ne manqueraient pas d’attirer l’attention, c’est sûr et certain (merci, madame, au plaisir), et puis...
- Oh ! Kain, je sais où est le mec qu’on cherche, fit Helm, interrompant l’elfe dans ses pensées.
- Pardon ? Comment l’as tu trouvé ?
- J’ai demandé à l’accueil
- Ah... une fois de plus, je constate à quel point tu es doué dans l’art et la manière de rester aussi discret que possible
- Tu voyais un autre moyen ?
Kain ouvrit la bouche pour répondre, puis la referma. Il recommença une bonne dizaine de fois avant d’admettre finalement qu’il n’y avait pas d’autres moyens.
En arrivant en face de la porte du bureau où se trouvait le médecin, Kain eut le réflexe de coller son oreille à la porte pour s’assurer que leur cible était bien seule, et manqua de peu de se ramasser la gueule par terre en s’apercevant que la porte venait de s’ouvrir. Le temps de se redresser, et l’elfe entendit comme un râle d’agonie venant du bureau qui se trouvait en face de lui. Helm était rentré dans le bureau sans se préoccuper de quoi que ce soit et avait enfoncé la lame de son épée dans le thorax du médecin qui ne comprit jamais ce qu’il lui arriva ce jour là, pas plus que Kain ne comprit pourquoi son compagnon avait fait ça.
- Mais....mais.. ? fit l’elfe.
- Mais quoi ? Maintenant qu’il est mort, il embêtera plus personne ?
- Lui c’est sûr, mais est ce que tu n’as pas songé, ne serait ce qu’une fraction de seconde aux conséquences de ton acte ?
- Si, y fera plus chier personne, je viens de le dire, répondit-il d’un ton agacé.
- Tu n’as pas comme l’ombre d’un doute que nous allons être recherché dans tout le comté pour ce que tu viens de faire.
- Ben non, puisque y a pas de témoin.
-HAAAAAAAAAAAAAAAA ! ! ! ! A l’ASSASSIN ! ! ! ! ! s’écria le témoin qui venait de rentrer dans la pièce.
- D’accord Kain, je retire ce que j’ai dit, technique de la fenêtre ! s’écria Helm, tout en sautant par la fenêtre du bureau.
L’elfe hésita pendant un cours instant entre se débarrasser d’un témoin gênant ou s’enfuir directement ; un rapide calcul lui fit comprendre que plus longtemps il resterait dans cette pièce, plus il aurait de chance de se faire coincer. Kain sauta donc par la fenêtre ; voyant que les deux étages de chute risquait de lui faire un peu mal, il prit soin de bien viser le corps de Helm, qui ne s’était pas encore remis de sa chute, et atterrit avec une grâce et une précision que seul un elfe très rancunier à qui on a fait subir autant de misères pouvait faire preuve. Un magnifique " AOURGF ! ! " accompagna l’arrivée de Kain, qui s’empressa de courir en direction des petites ruelles, talonné de très près par un jeune Reiklander particulièrement énervé ainsi qu’une douzaine de miliciens alertés par les cris qui provenait de la guilde.
Vous étiez au courant vous, que les quartiers riches n’avaient pas de petites ruelles sombres pour s’échapper tranquillement ? Helm et Kain non plus. Heureusement pour nos deux compères, Hartwing, qui semblait peu convaincu de leur efficacité les avait suivis discrètement. Voyant qu’ils étaient en difficulté, le Halfling attira leur attention vers une échelle qui montait jusque sur les toits des grandes bâtisses du quartier. Les deux aventuriers sautèrent sur l’occasion (tout en marchant sur le halfling qui avait eu la mauvaise idée de rester a côté de l’échelle quand Kain et Helm arrivèrent) et grimpèrent sur les toits :
- Grouille toi quart de portion ! cria Helm, voyant que Hartwing avait quelques difficulté a monter l’échelle qui a la base était faite pour les humains.
Le jeune Reiklander eut alors une brillante idée (comme quoi tout arrive) et empoigna l’échelle sur laquelle Hartwing essayait désespérément de monter puis s’écria :
- Cramponne toi !
- pourqWAAAAAAAH ! hurla-t-il alors que Helm montait l’échelle sur le toit
Hartwing s’apprêtait a lâcher l’échelle pour se mettre sur le toit quand Helm effectua une superbe rotation a 180° pour la redéposer de l’autre côté de la maison sur laquelle ils se trouvaient :
- Allez ! on redescend ! s’écria-t-il
Les trois larrons (ou lardons, pour ceux qui aime les lardons) se retrouvèrent dans la rue d’a côté, où, miraculeusement, personne ne faisaient attention a eux, les miliciens qui les poursuivaient était bloquer de l’autre côté du bâtiment et devraient maintenant faire le tour du bloc avant d’avoir une chance de les retrouver.
- Kain ? fît Helm
- Oui ? répondit l’elfe
- La prochaine fois que tu fait exprès de me retomber dessus pour amortir une chute je te bouffe tout cru.
- Quoi ? tu ose insinuer que j’en ai fait exprès ?
- Oui
- Flûte, moi qui pensais que je l’avais fait discrètement.
- Vous avez fini ? demanda Hartwing.
Les deux compères acquiescèrent de la tête, et Hartwing les emmena jusque chez lui, en passant par les inénarrables ruelles sombres anti-miliciens. Helm s’arrangea rapidement pour que les deux compères puissent dormir chez le quart-de-portion et sa moitié, espérant que demain, les autorités aurait déjà oublier ce petit méfait de rien du tout qu’il avait commis aujourd’hui...
...Mais au plus profond des entrailles de la villa Oldenhaller, un homme s’apprête a bouleverser la vie ni calme ni paisible des deux aventuriers (ainsi que celle de milliers d’habitants mais ça je suppose que vous vous en contrefoutez complètement)
......non ?
Chapitre huit
Helm se réveilla avant tout le monde ce jour là ; le soleil commençait a peine à se lever et aucun bruit ne provenait encore de la rue. Il procéda à une rapide reconnaissance du terrain. La maison d’Hartwing avait les proportions d’une maison humaine mais tout le mobilier avait été taillé pour les Halflings, à savoir : lits minuscules et garde-manger géant. Si l’un avait posé quelques problèmes techniques au Reiklander (bien qu’il ne mesurât que 1m60), l’autre se présentait à lui comme une mânes divine toute droit descendue de la main de Sigmar lui-même ou plutôt de Ma-Hitée, la déesse de la cuisine halfling (chose dont Helm n’avait strictement rien a foutre puisqu’il était athée). Alors qu’il s’apprêtait a se taper un putain de bordel à queue de ptit déj’, Helm entendit des bruits de pas derrière lui. Il se retourna, aussi vif qu’un macaroni cuit (il venait de se lever ne l’oublions pas), et vit un elfe au teint livide et aux vêtements rapiécés s’encadrer dans l’entrée de la cuisine ; son visage était vide de toute expression et sa démarche ressemblait à celle d’une goule anémique :
- "Salut Kain, déjà levé ? demanda Helm
- Il faut s’en aller, dit l’elfe. Le jour n’est pas encore complètement levé et à cette heure-ci la garde est peu vigilante.
- Mais... j’ai faim moi ! je dois manger avant de partir !
- Prends des provisions, on est partis pour marcher pendant plusieurs jours.
- ....heu... minute, t’as l’intention d’aller où ?
- On va passer par la forêt au Sud, pour aller jusqu’à Wessburg."
Helm ne connaissait la sombre forêt de l’empire que de réputation, on la disait infestée d’Hommes-Bêtes et autres monstruosités sanguinaires, responsable de la moitié des pertes en vies humaines dans l’empire par an et maquis providentiel pour tous les adorateurs du chaos désireux de célébrer leur messes noires à l’abri des regards indiscrets. Voyager a pied dans cette forêt était considéré comme un acte de folie suicidaire...
- Je fais quoi comme sandwichs ? Jambon ou fromage ?
Et c’est ainsi que Helm, le jeune Reiklander impulsif et ultra optimiste, Kain, l’elfe cadavérique et blasé, et dix sandwichs jambon-fromage, partirent en route vers de nouvelles aventures.
L’aventure est une chose qui arrive toujours quand on s’y attend le moins... pour le commun des mortels... En ce qui concerne les aventuriers, les aventures leurs tombent dessus toutes les trente secondes en moyennes. Les deux compères furent donc peu surpris de voir que les rues de Nuln étaient étrangement calmes, et que des cadavres à moitié dévorés gisaient un peu partout. Etant donné qu’ils étaient plutôt pressés de quitter la ville, les deux aventuriers ne prêtèrent qu’un minimum d’attention à tout ce bazar. De toutes façons, ils avaient à peu près deviné ce qui se passait et pourquoi et se contentèrent de hâter le pas.
- "Quelque chose me dit que nous n’aurions pas dû donner cette pierre à Oldenhaller... fit remarquer Kain.
- Tu penses qui s’est passé quoi ? demanda Helm.
- La pierre qu’on est allé chercher chez les maffieux devait être un puissant artefact, sûrement en relation avec un dieu du chaos... Nurgle je pense.
- Neurgueule ? qui c’est ça ?
- Le dieu de la pestilence et des maladies. Les moines qui étaient sur la berge faisaient sûrement partie d’un culte voué à ce dieu. Peut-être même qu’ils travaillaient en relation avec Oldenhaller, tu en penses quoi ?
- J’en pense que tu n’as aucune preuve de ce que tu avance...
- Si, l’un des moines sur la berge était entouré de mouches, c’est un truc typique de ce dieu.
- Et juste parce que un mec attire les mouches comme une grosse bouse géante tu en conclus que nous sommes les victimes d’une conspiration dirigée par un dieu du chaos en personne...
- Heu... oui...
- Ho et puis merde ! moi j’en ai rien à foutre de cette ville ! de toute façon on s’en va !
- Exact
- Oldenhaller nous a bien eu, tant mieux pour lui !
- Exact
- C’est de ta faute si cette ville est dans cet état !
- Exa..heu... mais non !
- Si, sinon pourquoi tu m’as pas dit tout ce que tu savais au moment on est allés rendre la pierre ?
- J’étais inconscient à ce moment là...
-....
-....
- Bouarg ? fit le gros monstre tout vert de deux mètres de haut qui observait les deux aventuriers depuis cinq bonnes minutes.
-HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! ! s’écrièrent les deux compères.
Avant même que le monstre ou Kain ne réagisse, Helm piqua un sprint en direction des portes de la ville, suivi de près par Kain qui avait réagi en deuxième. Le monstre, quant à lui, décida de faire la sieste là ou il était, la vingtaine d’humains qu’il venait de s’enfiler ayant un peu de mal à passer et les deux amuse-gueules rachitiques qu’il venait de voir passer ne lui disant rien.
Les deux compères se retrouvèrent bientôt a l’extérieur de la ville, essoufflés, et la queue entre les jambes. Au bout de quelques minutes, Kain s’était complètement remis de sa course folle et sortit une carte du vieux monde de son sac :
- "Bon, nous sommes là. dit l’elfe en montrant du doigt la ville de Nuln, et nous allons là, dit-il en traçant l’itinéraire qu’il avait prévu. Et en effet, le voyage durerait environ 15 jours, dont une dizaine de jours dans la forêt...
- Excuse moi monsieur je-sais-tout, mais saurais-tu par hasard qu’est ce que c’était que ce gros truc vert ? Non passke ça a l’air de rien là mais j’ai subi un grand choc moral.
- ...aucune idée, j’ai jamais fait de démonologie.
- QUOI ! attends ! tu veux dire que ce machin c’était un démon ?
- ...je ne vois pas ce que ça pourrait être d’autre, Oldenhaller a dû invoquer des tas de ces monstruosités avec sa pierre magique.
- Pt’in ! c’est la première fois que je vois un démon pour de vrai !
- Et le monstre dans le cabinet d’Erich ?
- C’était un démon aussi ? !
- Non c’était un gnome déguisé.
- Ah bon... tu me rassures...
Kain essaya de faire comprendre à Helm que les manifestations du chaos étaient très fréquentes dans l’empire mais le jeune Reiklander réfuta en disant qu’il n’avait jamais vu de monstre de deux mètres de haut entrer dans sa taverne et que si des mendiants avaient des malformations physiques, c’était sûrement à cause de la malnutrition (on remarquera au passage, grâce a cette réflexion, que Helm était complètement nul en médecine).
Chapitre neuf
Curieusement, tous les Elfes sylvains aiment la forêt, et chaque fois que l’un de ces Elfes retrouve la forêt qu’il a quittée il y a si longtemps (je fais ici référence au stéréotype bien connu de l’Elfe qui n’a rien d’autre à foutre que de sortir de sa cambrousse pour aider ses copains les humains) il se met à chanter et à danser de joie pendant plusieurs jours (jusqu’à ce qu’un membre du groupe prenne la bonne initiative de l’assommer et ce, avec l’approbation générale du reste de la bande). En ce qui concerne Kain, la forêt lui faisait autant d’effet que l’idée d’avoir à écouter Helm chanter : ça lui faisait froid dans le dos... bon, il est vrai que comme forêt, il y a sûrement plus accueillant, plus vert, plus enchanteur et plus pleins-de-jolis-petit-gazouillis-mignons-tout-pleins-venant-de-la-haute-cime-des-arbres que la forêt de l’Empire, qui est à peu près aussi accueillante que l’échafaud, aussi verte qu’un morceau de charbon et les jolis-petit-gazouillis-mignons-tout-pleins-venant-de-la-haute-cime-des-arbres sont remplacés par les grognements rauques et effrayants des ignobles bêtes maudites calfeutrées dans leur sombre repère et attendant leur proie sournoisement.
- "Vingt-trois pas à pied, ca uuseu, ca uUUusEU...
- La ferme...
- Vingt-quatre pas à pied, ca uuseu, CA uUUUUsEU...
- Arrête de chanter ça Helm...
- Putain, t’es chiant, j’croyais que les elfes aimaient chanter.
- Qui a dit que je n’aimais pas chanter ; c’est t’entendre toi en train de chanter que je trouve insupportable...
A ces mots, Helm commença à siffloter l’air de la chanson qu’il venait de chanter puis s’arrêta un bref moment pour demander :
- Sa seigneurie est-elle satisfaite de cette variante musicale ? dit-il avec un mauvais accent bretonnien.
- Chut ! tais toi !
- Vas-y ! tu sais k’t’es lourd comme mec toi.
- LA FERME ! ! ! ! ! il y a des bruits dans les ar..
Kain fut interrompu par une flèche qui vint se planter dans le chemin, manquant de peu sa jambe droite. Le projectile venait des branches d’un gros chêne situé à quelques pas des deux aventuriers. En un réflexe foudroyant, Kain sortit une dague dissimulée dans sa botte et la lança en direction du tireur dont il avait estimé l’emplacement, puis roula sur le coté pour se cacher derrière un autre arbre. Le bruit caractéristique de la cible touchée tuée retentit (pour les ignares, ca ressemble à : Fiuuuuuuuuuuuuuu protch ! arg ! bromf !). De son côté, Helm avait repéré un autre tireur embusqué dans un autre arbre (tiens donc ?) et avait foncé dans ce qu’il croyait être un angle mort pour le tireur : juste en dessous de la branche où il s’était caché. Helm dégaina son épée et sauta pour asséner un violent coup à la branche en question ; le tireur vacilla puis tomba de l’arbre qui vibrait de toutes ses extrémités... pour réatterir sur le jeune Reiklander qui n’avait pas jugé bon de se pousser à ce moment là...
Pris de panique, le voleur préféra s’enfuir plutôt que de chercher querelle avec un homme suffisamment fort pour faire vibrer de cette façon un gros chêne de plusieurs dizaines d’années. Mauvaise idée : Helm se releva promptement, poursuivit le fuyard et l’embrocha avec le morceau qui restait de son épée (l’autre moitié était restée encastrée dans la branche de l’arbre). Après avoir dûment dépouillé les deux cadavres de tous leurs biens, Helm et Kain reprirent leur route... et Helm se remit à chanter... Kain l’engueula de nouveau, et Helm se remit à siffloter gaiement.
Deux jours de marche plus tard, vers la fin de la journée, les deux compères arrivèrent à Werewolfburg, un petit village isolé dans la grande forêt de l’Empire. Tout le village était entouré d’une grande palissade, et la porte principale était solidement gardée (trois bouseux et un cochon, une garde exceptionnellement importante pour un petit village comme celui-ci). Les deux compères approchèrent des portes du village, le cochon se mit à couiner de façon frénétique et deux des bouse...pardon des gardes s’efforcèrent de retenir ce jambon sur patte de sauter sur les nouveaux arrivants. Le troisième garde s’avança de quelques pas et observa les deux aventuriers d’un air menaçant :
- "Kek’ vous voulez, z’aimions point les étrangers dans l’coin !
- Nous souhaitons juste passer la nuit ici et nous repartons à l’aube, dit Kain du ton le plus diplomate qu’il pouvait.
- Mouais, z’avez pas intérêt à nous apporter des misères, passke y a Sven qui pourrait bien vous corriger si vous avez une quelconque vilaine pensée.
- Sven ? c’est qui ça ? demanda Helm.
- C’est not’ protecteur, il a sa maison loin dans la forêt, et il chasse les loups pour nous. Il aime pas les étrangers non plus et vous feriez mieux de pas l’embêter passk’il est rudement costaud !
C’est alors que retentit une voix dans la pénombre :
- Doucement, je ne suis pas aussi brutal qu’il le dit...
Un homme souriant, grand et fort, la cinquantaine, se découvrit à la lumière des torches des portes du village. Helm voulut résister mais ne put s’empêcher de dire :
- Ouaaaah ! p’tain ! C’est l’apparition la plus ringarde et la plus stéréotypée qu’y m’ait été donné de voir depuis que je suis aventurier !" et à ces mots, il éclata d’un rire complètement hystérique.
A cette remarque, l’homme perdit son sourire amical et se retint de pleurer : lui qui avait tant soigné son entrée pour faire bonne impression !
Kain prit Helm par le bras et le traîna jusqu’à la seule auberge du village. Après quelques heures, le jeune Reiklander s’arrêta enfin de rire et s’endormit presque aussitôt.