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Le docteur Jean Valdes venait de la haute société, sans doute des familles de Paris qui avaient pu fuir avant la disparition de la petite ville sous les bombes. À l’époque doctorant, il avait été intégré en 2065 à Aïo, puis directement au site B pour une durée de trois ans. Quelques mois auparavant, sa famille avait voulu le revoir grâce à leur influence Jean avait été l’unique scientifique ayant travaillé là-bas, et à avoir survécu après l’assaut du site par Naem, puisqu’alors il n’y était plus.
Il pianotait sur son ordinateur en même temps que le code s’affichait sur l’écran blanc, ondulé de vagues statiques. À mesure que le code s’affichait, le professeur souriait toujours plus largement et s’extasiait.
- On peut savoir ce que vous faites ? L’interpella Kyréna.
Jean se retourna, grand sourire, et montra l’écran :
- N’est-ce pas merveilleux ?
- Oui, vous savez dactylographier, c’est fantastique.
- Non, je vous parle de structure moléculaire, de code acide désoxyribonucléique, vous devez connaître ! La composition de la vie par quatre bases pyrimidiques ? La thymine enfin, les composants sans quoi tout déraille, mais enfin colonel, vous savez bien !
- Je suis capitaine.
Et pour bien le prouver, il montra ostensiblement son grade. Cela ne réduisit en rien le zèle du scientifique.
- La vie est un système composé écrit dans chacune de vos cellules. La thymine, colonel ! C’est comme un panneau stop, ça vous dit où s’arrêter. Imaginez qu’il n’y ait pas de point, imaginez que le code s’écrive librement parce que cette simple base est absente, imaginez une lecture folle de ce code et une reproduction de cette folie au niveau du corps, à tous les degrés des divers systèmes qui vous composent, musculaire, vasculaire, nerveux, imaginez que l’absence d’une seule molécule fasse tout dérailler…
- Où est le pilote ?
- Exactement ! Et si vous regardez…
Kyréna fouilla la salle du regard. À part lui, le biochimiste et l’intrus du CRIJ, il n’y avait personne. Le troisième, à présent quatrième membre de son groupe était absent. Depuis qu’il servait la Confédération, jamais un tel laisser-aller ne s’était produit. Il lui semblait que l’institution même vacillait.
- … au centre de tout ! Colonel, vous m’écoutez ?
- Capitaine.
- Il doit nous attendre au vaisseau. Laissa entendre Immons.
- Il est au courant que je dois transmettre des ordres ?
Pour toute réponse l’homme du CRIJ haussa les épaules. Le relâchement se faisait sentir depuis peu à tous les niveaux de l’institution. Il y avait des rapports d’insubordination, des enquêtes. Il n’avait d’autre choix que de supporter cet état de fait, et d’accomplir sa mission.
- Suivez-moi.
- Où allons-nous ? Demanda Jean.
Les deux hommes quittaient déjà la salle, laissant le biochimiste derrière eux. Ce dernier se pressa de frapper quelques mots encore, puis fermant l’écran il leur courut après. Le code qui jusqu’alors était incompréhensible venait de se changer en image cohérente de la composition humaine. Un corps était représenté, une seule image fixe. L’image brusquement se dégrada, vira au rouge tandis que le corps se rabougrissait, le code réapparut en arrière-fond, ensuite l’écran tourna au noir et afficha un message d’erreur.
Ils se rendaient à la navette, un simple transporteur équipé de plaques thermiques et doublé de champs. C’était suffisant pour une inspection, c’était même excellent. Les plaques thermiques n’étaient utiles qu’au travers de l’ionosphère, quand l’activité du champ de protection rendait l’appareil repérable aux systèmes terrestres.

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