Avant même le véritable assaut il apparaissait que l'installation était perdue. La procédure consistait en premier lieu à miner le coeur du réacteur, en second lieu à sécuriser et se préparer à détruire tous les documents relatifs aux expérimentations. Enfin, la compagnie déployée dans le site sous-marin devait donner assez de temps au personnel pour évacuer à bord du sous-marin pendant que les deux premières consignes étaient appliquées.
Dans ce but le personnel convergeait vers le quai où les deux sous-marins étaient amarrés, laissant les couloirs vides derrière eux, et les portes verrouillées. Les deux membres de l'équipe traversèrent ainsi de longs corridors désert, secoués par les charges sous-marines qui ne tombaient plus que sporadiques.
- Vous savez au moins où vous allez, capitaine ?
Il n'en avait pas la moindre idée. Le capitaine Kyréna ne pensait plus qu'à atteindre les bureaux d'administration du site avant que celui-ci ne soit pillé. Il s'arrêta brusquement à un angle : une des portes, restée ouverte, était gardée par deux sentinelles. Avant qu'il ait dit quoi que ce soit, l'homme du CRIJ l'avait devancé :
- Je m'en charge.
Il tapota encore sur l'épaule du capitaine pour le rassurer puis se leva complètement pour se diriger vers les deux gardes. Ceux-ci l'alignèrent immédiatement.
- Halte !
- On se calme, je ne suis pas armé !
- Plus un geste !
Le soldat qui avait dit cela se reçut sa propre crosse dans le ventre, crosse qui servit ensuite de masse contre la tête de son compagnon. Ils s'effondrèrent aux pieds d'Immons alors que le capitaine rejoignait l'homme du CRIJ.
- Comment avez-vous fait ?
- Vous avez bien vu, non ?
- Justement non, je n'ai rien eu le temps de voir.
- Alors que ça ne sorte pas du projet cinq, capitaine.
Il lui tendit une arme des sentinelles, ramassa la sienne et tous deux équipés désormais s'engagèrent par la porte ouverte.
- Vous entendez ? Remarqua Immons. Plus d'explosions.
- Ne traînons pas.
Tous deux débouchèrent sur un vaste couloir élevé par des piliers et immédiatement au contact du fond marin. Partout l'eau gouttait jusqu'à former des gouilles à leurs pieds : il faisait bien plus froid mais aussi le métal grinçait.
La porte du fond s'ouvrit sur plusieurs personnes en blouse blanche, des paquets de feuilles plein les bras, qui lâchèrent tout en voyant les deux prisonniers armés. Aussitôt une demi-douzaine de soldats les devancèrent et ouvrirent le feu. Kyréna fut le premier à se jeter derrière une caisse pour se couvrir des tirs nourris.
- Vous avez une grenade ?
- Priez que non : ce couloir ne tiendrait pas le coup.
Devant eux se trouvaient alors deux groupes de la troisième section venue chercher les documents au stockage et évacuer le personnel des stations auxiliaires. Les bureaux se trouvaient dans leur dos, dans une toute autre direction que prenait alors leur pilote le sergent Naïa, à la recherche du biochimiste. Ce dernier suivait désormais diligemment sa protectrice, justement dans les bureaux d'administration, alors que cette dernière réunissait les documents. Elle devait encore attendre le commandant pour les clés du coffre, qui contenaient les dossiers vitaux du site.
Ne pouvant plus fuir sans se faire tirer dans le dos, incapables d'avancer face à tant de soldats, les deux hommes tiraient tour à tour pour repousser leurs assaillants, enfermés dans le couloir, dans l'attente d'un miracle qui viendrait les sauver.