Le second suivit plus meurtrier. À présent les deux membres de l'équipe
étaient seuls dans les bureaux de l'administration. Autour d'eux se
trouvaient étalées toutes les affaires abandonnées sur place par le
personnel.
- Ne faites pas l'imbécile, on doit partir et maintenant !
Les couloirs s'emplirent de rafales, de cris et d'ordres sourds. Des
éclats cinglaient le long des parois. Une centaine d'hommes se
défendaient âprement et par tous les moyens, repoussés par les
lance-flammes et les drones du Nouveau Monde. Le quai était tombé entre
leurs mains, en ruines il contenait encore les épaves des deux
sous-marins. De longues vagues venaient en lécher les murs selon les
changements de pression. Les troupes qui débarquaient en files de
l'abordeur étaient couvertes d'eau et de poussière, de scories.
- Bon sang mais bougez-vous !
Jean Vlades s'était remis à écrire dans son Libra.
- Vous avez si peur que ça d'être fait prisonnière ?
- Qui vous dit qu'ils font des prisonniers ?
- Mais ça ! Ca !
Il désignait son écran avec insistance, où le code emballé s'était figé malgré tous ses efforts, sur un message d'erreur.
- La perte du site B a tout déclenché. Il fallait récupérer les
documents absolument, d'où cette inspection, parce que nous ne pouvons
pas nous permettre d'échouer !
- Mais de quoi parlez-vous, à la fin ?!
Naïa ne savait plus si elle devait tirer sur le prochain soldat qui
entrerait, et qui serait alors à coup sûr un sbire du Nouveau Monde, ou
si elle devait vider son chargeur sur le biochimiste. Ce dernier
l'effrayait.
- Je vous parle de la thymine !
- Arrêtez votre charabia, on ne tue pas des centaines de gens pour un vague nom !
Il s'offusqua :
- Mais vous ne le savez pas ? Vous ne savez pas ce qui s'est passé, au site B ?
- J'ai l'air d'être de la CRIJ ?
Le docteur resta perplexe, les yeux en l'air, avant de sourire d'un air
bête. Il fouilla d'une main tremblante dans sa poche pour en tirer un
nouveau tube de comprimés, et des tablettes. Les choses militaires,
l'administration, les hiérarchies, les questions politiques, tout cela
le dépassait. Dans son milieu, les priorités n'étaient pas les mêmes.
En deux mille soixante-trois, ils avait mis fin à la guerre.
Il avala ses comprimés d'un coup.
- Le colonel sait, lui. Ca se voit.
Puis :
- Nous ne savons même pas si c'est un réactif, ou un catalyseur ! Je
vous parle du biod, la solution volée au site B ! Oubliez les armes
nucléaires, oubliez l'Ange Noir, oubliez la Lance et les croiseurs, ce
biod est avec l'électronique la plus puissante arme de notre ère ! Et
moi, j'ai compris comment il fonctionne !
- C'est quoi, ce biod ?
Le sourire du biochimiste s'étendit démesurément. Mais de violentes
déflagrations secouant la pièce les rappela à la réalité. Les combats,
de plus en plus désespérés, reculaient inexorablement dans les impasses
de l'installation. Le site du projet cinq s'effondrait à mesure que les
troupes d'Akdov y prenaient pied.
Plusieurs soldats apparurent dans le couloir, de profil derrière la
porte. Ils tiraient par rafales, l'un d'eux tomba, ils tirèrent encore
et se replièrent, suivis par un autre groupe, puis un troisième qui fut
emporté par un jet de flammes. La chaleur jeta à terre les deux
derniers occupants des bureaux. Naïa en se relevant renversa la table
de travail et braqua son pistolet sur l'entrée. De nombreuses
silhouettes se profilèrent.
93 - Géo, catalyse
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- Écrit par Vuld Edone
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