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Ce fut Immons qui, prévenant leur mort à tous, finit par faire sauter le coffre à la grenade. Le capitaine mis à l’écart attendit qu’on lui remette les documents. Autour d’eux quatre les bureaux de l’administration n’étaient plus que copeaux de bois, meubles défoncés et plancher sourd, noyés dans les débris et la poussière. Naïa surveillait le capitaine, pour le cas où celui-ci aurait quand même tenu à utiliser sa charge.
- Vous avez confiance en Immons ?
Kyréna posa la question assez directement pour prendre la pilote au dépourvu. Celle-ci repensait encore à l’histoire du biod, telle que la lui avait racontée leur biochimiste.
- Il est du CRIJ. C’est un bon point pour lui, non ?
- Peut-être.
Le lieutenant du CRIJ revint avec entre ses mains une enveloppe cartonnée, assez maigre, contenant au mieux une vingtaine de feuilles volantes.
- C’est tout ?
- Vous pouvez retourner fouiller le coffre vous-même.
Il prit des mains du lieutenant cette maigre liasse, sur laquelle lorgnait Jean revenu près d’eux. Le biochimiste avait repris son ordinateur et gardé celui-ci éteint. Ils se regardèrent, indécis. Tout le monde s’était attendu à une révélation, quelque chose d’important mais non, ils avaient juste une vingtaine de feuilles dans un seul dossier.
De nouvelles rafales les ramenèrent à la réalité. Les dernières poches de résistance étaient réduites au silence et les soldats du Nouveau Monde, désormais majoritaires, fouillaient l’installation sous-marine pièce par pièce. Naïa saisit le HC8 d’un garde et le lança au biochimiste et tous quatre armés quittèrent les bureaux. Les couloirs avaient un aspect misérable, brûlés, criblés de balles, les tuyaux fuyants le sol défoncé et il semblait que l’air se raréfiait, plein de poudre. Poussé à ses limites, le système de survie du site, ses filtres d’air, son système d’aération lâchaient. Ils notèrent enfin, avec une crainte certaine, l’eau stagner ici et là et les parois suinter.
- Allez docteur, passez devant.
- Pourquoi moi ?! Gémit Jean alors que le capitaine le poussait.
- Oui, pourquoi lui ? Vous voulez vous en servir comme bouclier humain ?
- Ne dites pas de bêtises. Il connaît mieux les lieux que nous.
Le groupe se mit en route, de plus en plus pressés par la menace du Nouveau Monde. Derrière eux les soldats investissaient les bureaux, découvraient leurs hommes à terre et le coffre vide. L’alarme du site sonna pour la seconde fois : le poste de sécurité était tombé. Ils étaient probablement les derniers survivants du projet cinq.
À cinquante mètres des quais et donc de l’abordeur du Nouveau Monde, leur chance tourna court. Les accès étaient puissamment gardés. Alors qu’ils approchaient, le capitaine vit une équipe en bout de couloir surveiller la porte et derrière eux d’autres gardes défiler. Il intima aux autres de reculer. Mais alors que ceux-ci s’approchaient de lui les lumières à nouveau devinrent intenses et cette fois durèrent, un sifflement aigu vrilla leurs crânes puis une secousse terrible fit sauter leur cœur.
Les défenseurs du projet cinq avaient déclenché les charges de démolition. Le réacteur touché de plein fouet était entré en réaction, avec lui l’alimentation avait surchauffé avant de sauter. Alors qu’au premier choc la structure se disloquait, ouverte en de multiples voies d’eau, le cœur lui-même menaçait d’exploser. Jean Valdes fut le seul à comprendre, alors que l’obscurité retombait totale cette fois.
- La tore va sauter !
Plusieurs gardes l’entendirent crier : ils braquèrent leurs armes vers le couloir, tirèrent mais Immons chargeant leur tombait dessus, suivi de Naïa et traînant le pas, de Kyréna. Les coups de feu échangés s’intensifièrent, il y eut des cris puis un bras vint saisir le biochimiste tremblant : le capitaine l’emporta dans leur course à l’abordeur.

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