L'installation militaire de Thulé n'avait jamais accueilli le moindre
bâtiment de guerre de toute son histoire. Puis trois ans avant les
guerres le SUBLANT en accord avec la seconde flotte détachait le
squadron twenty dans les installations portuaires temporaires qui
devaient durer quelques mois après le déclenchement des hostilités.
Quelques mois seulement. La classe Ohio était alors vieille de huitante
ans, et complètement obsolète.
Ils remontaient si vite que malgré les champs le sang leur montait à la
tête au risque de les assommer. Le projet cinq avait disparu dans les
profondeurs, au-dessus d'eux à quelques dizaines de mètres s'étendait
la surface terne, couverte de nuages et des Pornev.
- On ne peut pas continuer un moment sous l'eau ? Demanda Immons. Là-haut ils vont nous faire notre fête.
Naïa lui répondit alors même qu'elle cherchait à conserver le contrôle
du vaisseau qui tremblait dû au franchissement des paliers.
- Croyez-moi ou non mais on sera plus en sécurité à l'air libre.
- Ah oui ? Et pourquoi ça ?
- Version courte ? L'onde de choc. Version longue, l'eau forme un étau
autour de l'abordeur. Vous n'avez pas vraiment envie qu'ils resserrent
la vis.
- Vous êtes mécano' à vos temps perdus ? C'est trop d'atouts en une personne !
- Il était temps que vous vous en rendiez compte...
Répliqua la pilote. Elle était trop occupée à maintenir son cap au
milieu de toutes les secousses pour écouter les brailleries d'Immons.
Elle aussi paniquait à l'idée de ce qui les attendait en haut mais
cette panique était relégué très loin au fin fond de ses priorités. Le
capitaine Kyréna s'acharnait sur la radio pour contacter Nuuk.
Ils émergèrent. Au lieu des masses d'ennemis auxquelles ils
s'attendaient, l'équipe eut la surprise de trouver un ciel presque
dégagé, seulement empli de nuages. La flotte de Pornev avait gagné de
l'altitude en prévision de l'explosion du réacteur. L'abordeur à peine
redressé, à l'horizontale, fila le plus loin possible des vaisseaux du
Nouveau Monde. Une onde de choc leur secoua les tripes, soudain tous
les systèmes de bord grillèrent et le vaisseau, emporté dans son
inertie, perdit de l'altitude tel un boulet de canon en direction des
flots.
- Accrochez-vous !
Elle ne termina jamais sa phrase. Avant que l'abordeur ne touche la
surface une déferlante leur tombait dessus par l'arrière, la lame
soulevée par l'explosion du réacteur. Leur appareil fut replongé à
quelques soixante mètres de profondeur, sans le moindre champ. Sur le
coup le capitaine Kyréna avait été projeté contre les commandes et n'en
bougeait plus, le crâne en sang. Le lieutenant se débattait dans un
fond d'eau pour se relever, alors au fond du cockpit, tandis que Naïa
retrouvait ses esprits, toujours sanglée à son siège.
Dans les secondes qui avaient précédé l'explosion, une onde de choc
avait fait s'effondrer le site sous-marin. La température du coeur, de
masse insuffisante, était descendue au-dessous du seuil critique.
Aussitôt l'eau était devenu combustible et la réaction en chaîne
s'était exercée jusqu'à la surface. L'oxygène dans l'eau consommé par
la réaction avait entraîné l'implosion, suivie par l'expansion du
plasma. Une ride d'eau de quelques quarante mètres de haut s'était
soulevée sur la mer du Labrador, qui avait continué de plus en plus
faible jusqu'à s'écraser contre les côtes du Groenland.
L'eau s'infiltrait désormais de tous les côtés de l'appareil. Sans
équipement approprié, ils se trouvaient également trop profondément
sous l'eau pour pouvoir sortir. Les deux membres conscients du groupe
constatèrent simplement qu'ils étaient prisonniers et que la pression
exercée sur le blindage en viendrait à bout en une poignée de minutes.
D'ici là, ils seraient noyés par les infiltrations.
- On va s'en sortir, vous allez voir.
Naïa tourna la tête étonnée par cette attitude désinvolte du
lieutenant. Dans la pénombre du cockpit, elle avait du mal à juger
jusqu'à quel point l'homme du CRIJ paniquait.
97 - Géo, explosion
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- Écrit par Vuld Edone
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