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Ils étaient enfermés avec l’agent, la porte blindée s’était verrouillée automatiquement. Personne ne savait qu’ils se trouvaient là, au-dehors à distance de la ville même la flotte de Pornev ne les attendait pas. Akdov vérifia son bracelet comme il aurait vérifié l’heure et constata que le champ moins que le blindage brouillait tout signal.
Kyréna se relevait après le coup reçu à la jambe. Le pantalon était brûlé, à part cela la plaie saignait à peine. Il avait par contre le membre engourdi et, pour rejoindre ses compagnons au fond de la salle, il boita. L’agent les tenait en respect sans dire un mot, fière d’elle.
- Bon sang mais pourquoi avez-vous fait ça ?
La question du colonel s’adressait autant à l’agent qu’à Jean.
- J’ai mes ordres, capitaine ! Au départ je devais simplement vous exposer au fluide dans un lieu confiné. J’aurais dû attendre, cette salle aurait été parfaite.
- Ce n’était pas ma question…
- J’aurais dû ensuite vous faire prisonnier mais vous aviez mentionné les documents, il me fallait les récupérer en priorité. Évidemment, ils n’étaient pas là.
À cet instant Akdov posa son regard sur Kyréna, l’air interrogateur mais le colonel, trop occupé, ne le remarqua pas. L’agent continuait :
- Je n’ai même pas eu besoin de l’ouvrir pour le savoir, le directeur m’a renseigné abondamment. Il ne me restait plus qu’à mener ma mission à terme : vous faire prisonnier et vous retenir sur place aussi longtemps que possible.
- Cet ordre, grommela Kyréna, est aberrant.
- En quoi ? On va venir nous chercher d’ici un, deux jours au plus. J’ai de l’eau et des barres et je n’allais pas m’encombrer de vous dans la rue jusqu’à ma planque. Ici ou ailleurs, c’est aussi bien, et vous ne risquez plus de m’échapper.
Un début de crainte s’empara du visage de Kyréna. Ce fut lui cette fois qui regarda Akdov, ce dernier ne prêtant plus attention à ses comparses. Ils ne pouvaient quand même pas attendre que Naem les moissonne tranquillement ! Mais au moindre geste le Desert Scorps lui emporterait la tête.
Jean restait bouche bée de voir que personne ne remarquait les yeux rouges. La contamination était tout ce qui le préoccupait. Elle lui paraissait comme une évidence monstrueuse qui échappait à tous les autres. Mais déjà les veines du visage s’épaississaient et il jugea, très vite, que l’état de l’agent n’avait été qu’un équilibre précaire qui s’effondrait à l’instant. Les artères apparurent d’abord au cou puis gonflant aux côtés de la mâchoire, tout son visage rougissait. Enfin ses compagnons s’en rendirent compte.
Même Akdov parut étonné.
- Là ! Là, vous voyez ?! Elle est contaminée !
Un cri lui répondit, celui de l’agent qui venait de se prendre la tête. Elle s’était mise à hurler et son cri résonnait dans le coffre à les rendre sourds. Il cessa brutalement pour être remplacé par une plainte lancinante alors que l’agent se calait contre le mur pour s’y frapper.
Cela n’avait rien de spectaculaire. Le biod dans son système vasculaire s’en prenait enfin aux nerfs, remontait à l’encéphale. Elle se mit à trembler comme une furie : et lâcha son arme. Kyréna se jeta dessus, se rata à cause de sa jambe engourdie mais se traîna encore un peu et s’en saisit. Il se trouvait alors tout près de la femme.
Elle lui jeta un regard fou, ouvrit la bouche où coula du sang noir. Le colonel en resta tétanisé, comme les autres, ils n’osèrent plus bouger. Les yeux de Jean s’abaissaient vers l’écran du Libra mais aussitôt, comme captivés, ils remontaient sur le corps convulsé et alors son visage se marquait d’un sourire hallucinogène.
Combien de temps avait duré l’exposition ? Plusieurs jours peut-être. Le biochimiste nota que la peau n’avait encore subi aucune altération. On lui avait administré le biod à très faible dose, avec une seringue. Soudain il prit en pitié le corps malheureux qui en était à ses derniers soubresauts, qui étouffait, qui se figea. Elle n’était pas morte pour autant.

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