Au contraire le biod devenant plus virulent s’attaquait au système
musculaire qui, sous les décharges, était paralysé. Kyréna voyait le
corps tout près de lui, il pouvait en respirer l’odeur qui rappelait
déjà une sorte de putréfaction. C’était le sang séché en plaques qui
pourrissait à vue d’œil. Il recula vivement jusqu’au fond de la salle,
seulement contre le mur il prit la peine de se relever, le Desert
Scorps toujours en main.
Le biochimiste faisait analyser par son ordinateur l’état de l’agent, l’avancement du biod.
- Qu’est-ce que vous avez encore fait ?!
Lui hurla Kyréna, hors de lui.
- Elle est contaminée ! Elle doit rester enfermée c’est comme ça !
- Contaminée par quoi ?
- Mais le biod enfin, colonel ! Faites un effort, le biod, évidemment !
- Le biod, le biod, du diable si je sais ce qu’est votre biod.
Akdov avait fait quelques pas en direction de la porte blindée qui,
fermée, les tenait tous prisonniers. Il gardait la dignité même enfermé
comme un animal. L’odeur du sang putréfié ne le gênait pas.
- Faites-nous sortir.
Le biochimiste ne répondit pas.
- Faites-nous sortir, maintenant.
- Obéissez, Jean !
- Elle est contaminée ! Ca veut dire que nous sommes contaminés aussi !
- Vous ne pouvez pas savoir comme je m’en moque.
Cette fois-ci Jean fouilla dans sa poche, saisit un comprimé qu’il
ouvrit et avant que Kyréna ne l’en empêche, il en avala tout le contenu
d’un coup. Les effets ne se firent pas attendre. Ses pupilles se
dilatèrent, le calme lui revint peu à peu et très vite un sourire
fendit son visage, qui le détachait d’eux. Cela n’avait pas calmé ses
inquiétudes.
Akdov écrasa le corps de l’agent sous sa botte, le temps de lui
arracher le second Desert. Il s’approchait du docteur quand le colonel
lui fit signe d’être patient.
- Écoutez, Jean, cette porte s’ouvrira que vous le vouliez ou non.
Seulement si ce n’est pas nous ce seront les soldats de Naem et si Naem
a contaminé cet agent, avec ce biod ou quoi que ce soit, il
recommencera ailleurs.
- Vous n’avez aucune idée, colonel, aucune idée de ce qu’est le biod.
- Si vous m’expliquiez, aussi !
Kyréna perdait tout à fait contenance. Le général voyant cela, et jugeant qu’ils avaient assez perdu de temps, les interrompit :
- Le biodistrupteur est l’arme secrète de la CITL. C’est un mutagène développé au site B.
- Vous saviez ?
- Non. Contrairement à vous, Kyréna, je réfléchis.
Jean Vlades avait travaillé au site B, il en était pour ainsi dire le
seul survivant n’ayant pas été présent à l’assaut de Naem. Si l’agent
était envoyé par Naem, et cela ne faisait aucun doute, alors c’était ce
que son ancien colonel était allé chercher là-bas, sur la face cachée
de la Lune. Cela collait avec la profession du docteur. Enfin, quant à
ce qu’était le biod, il l’avait vu de ses propres yeux, et il avait
prêté une grande attention aux délires de Jean.
- La thymine ? Testa le colonel. C’est ce que vous vouliez dire, depuis le départ, avec votre thymine ?
- Oui ! La thymine ! La clé de tout ! La thymine, la suppression du
signal stop, le désordre, le chaos cellulaire, c’est ça ! Tout ce qui
se passe, colonel, tout est lié à la thymine, à l’absence de thymine, à
l’absence !
Ils causaient et tandis qu’ils causaient, tandis que le ton remontait
du côté de Kyréna dont le visage devenait rouge de colère, le corps de
l’agent s’était remis à se convulser, alors que le biod atteignait la
surface de l’épiderme dont il changeait l’aspect.
118 - Géo, la clé
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- Écrit par Vuld Edone
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