La colonisation de la Lune débuta dans les années deux mille. Ce ne fut
pourtant qu'en deux mille douze qu'elle prit un visage avec
l'établissement du site A, de même qu'une politique plus franche. Il
fallut attendre deux mille quarante-trois, avec la formation et la
solidification des futurs grands blocs mondiaux pour que les projets
américains gagnent en réalité. Le site B ne devait être achevé qu'au
courant de la guerre, très tardivement en deux mille soixante-cinq.
Actif l'année suivante, le site B était le plus grand laboratoire au
monde.
Il avait fallu le cacher au dos de la Lune mais les travaux retardés
sans cesse et la montée des périls avaient entre temps fait changer le
site de mains et ce fut la CITL qui, durant deux ans, occupa le
satellite. Parmi tous les produits développés là-bas, étudiés hors de
toute apesanteur, il y avait le biodistrupteur. En le volant Naem
s'était fourni une arme terrifiante mais comme toute arme chimique, il
lui fallait également l'antidote.
- Que fait-on à présent ?
- Vous le savez.
Kyréna approuva profondément. Il avait beau se tâter les paupières, il
n'avait pas l'impression d'être victime du virus. Jean s'était replongé
dans son ordinateur, toujours aussi passif et exaspérant. Ce nouveau
masque de crainte constante mêlé d'effets hallucinogènes était encore
plus désagréable au colonel.
- Vous allez détruire la ville, n'est-ce pas ?
- Votre ami n'est pas contre.
Le biochimiste releva la tête l'espace d'un instant, en se rendant
compte qu'on parlait de lui. Il retourna aussitôt à son écran. Les deux
hommes se jaugeaient devant lui, un moment, sans mot dire.
- Non, colonel. Je vais épargner Montréal, cette fois encore.
- Dans ce cas vous ne me laissez pas le choix.
En même temps il serrait son poing qu'il décocha d'un coup vif en
pleine face du général, le jetant à terre. Ce dernier se releva le nez
en sang, en même temps il tirait son pistolet et les deux hommes se
mirent en joue. Jean les voyant par-dessus son écran se mit à rire
nerveusement. Une navette se posa à l'entrée de la banque : les soldats
entrèrent en courant, pressés en ces lieux hostiles. Leurs uniformes
attiseraient à coup sûr la colère de la population. Ils devaient partir
maintenant.
- Vous allez le regretter, Kyréna.
- Capitaine Kyréna.
- Soldats, arrêtez le colonel. Nous partons.
Déjà le biochimiste embarquait, bien loin devant eux. À distance dans
la rue les gens s'attroupaient : non pas pour le vaisseau mais pour les
quelques uniformes qui passaient en coup de vent. Ils amenaient avec
eux des armes.
Les derniers hommes d'Akdov embarquèrent, avec eux le colonel mains en
l'air qui s'assit sur une banquette. La navette redécolla, prit de la
vitesse et s'éloigna rapidement. Elle se mêla de nouveau à la
circulation chaotique de Montréal et les membres d'équipage, à bord, se
permirent de souffler. Personne ne dit plus rien de tout le voyage.
La flotte les attendait rangée en trois rangs à distance de la ville.
Ils se posèrent sur le même Pornev, reconnaissable à ses hangars
démolis. De multiples transporteurs couvraient le pont supérieur pour
le ravitaillement et les équipes. À peine débarqués, le général se fit
entourer de sa garde et repartit au premier pont. Jean Valdes lui
emboîta le pas, les deux Libra aux épaules, tandis que les gardes
tiraient Kyréna vers le pont des cellules. Ils le jetèrent dans l'une
d'elle, sans ménagement. Elle était vide. L'officier n'avait aucune
idée de la distance à laquelle se trouvaient Naïa et Immons.
- Allez, Jean... tu sais quoi faire.
À une vingtaine de pas d'Akdov le suivant l'air distrait le biochimiste
se remit à rire, par à-coups. Mais déjà ils rejoignaient le bloc
médical.
121 - Géo, à faire
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- Écrit par Vuld Edone
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