Le médecin du bord les fit passer aux rayons. Il leur fit prendre le
sang et leur appliqua les électrodes. En même temps on pansait le nez
d’Akdov, de manière discrète. Tous les résultats des tests furent
négatifs, ni le général ni le biochimiste n’avaient la moindre trace
d’un agent étranger dans leur corps, du moins, c’était une certitude
pour le général. En face d’eux le médecin restait dubitatif :
- Comment faites-vous pour vivre avec autant de drogues dans le sang ?
Jean se prit à rire, avant de répondre :
- Comment faire sans ?
- Quoi qu’il en soit, le seul antidote dont vous auriez besoin serait un bon repas chaud.
Là-dessus le médecin retourna à ses brûlés, dont les deux hommes
entendaient les rumeurs derrière les rideaux. Akdov s’en allait déjà,
plantant là le biochimiste comme s’il n’existait pas, en direction de
ses quartiers. Jean avisa sur lui les deux ordinateurs dont un
appartenait au général, puis pris d’une fausse panique il partit en
courant le rattraper et lui emboîter le pas.
Ils se retrouvèrent à nouveau dans la grande salle des repas où Akdov
avait reçu le docteur pour lui parler. Congédiant ses gardes, le
général se fit servir un verre de vin dont il joua dans son verre,
tandis que l’écran mural donnait la situation des dernières heures. Il
semblait que mille choses s’étaient déroulées durant cette escapade et
rien n’avait changé.
À l’autre bout de la pièce Jean Valdes rouvrait l’écran d’ordinateur
pour pianoter dessus, l’air vague. La prise de sang l’avait laissé
plutôt faible. Il chercha dans ses poches, sentit qu’il n’y avait plus
rien. Fit la moue. Une manipulation le ramena à l’inexpugnable message
d’erreur rouge sur fond figé. Alors il eut le geste nerveux de se
mordre le pouce.
- Un problème ?
L’interpella froidement Akdov.
- Ce n’était pas prévu tout ça, ce n’était pas prévu ! Il continua :
c’est une comptine, elle va comme ça : il faut trouver des papiers, des
papiers, des papiers ! Pour ça il faut trouver Noé, Noé, Noé ! Pour ça
il faut trouver Naem, Naem, Naem ! Et ça c’est un problème, problème,
problème ! Parce que pour le trouver, eh bien, il faut trouver des
papiers !
Et il se remit à pianoter sur son clavier, sans regarder l’écran où le
code ne défilait plus. Ses yeux sautaient de touche en touche sans
réfléchir, comme fascinés. Akdov prit le temps de finir son verre, de
faire le point. L’écran s’éteignit, il revint au docteur. Ce dernier
ouvrait le second Libra et travaillant de l’un à l’autre en même temps
il cherchait dans toutes les archives la moindre trace des documents
tant au projet cinq qu’à Montréal.
Jean continua sa comptine mal chantée :
- Des papiers, y en a pas, des Noé, y en a pas, des Naem on en a, plus
de problème ! Les papiers ils sont là, les Noé ça viendra, les
problèmes n’attendent pas, trouvez Naem !
Akdov avait sorti son pistolet, en vérifiait le chargement puis jaugea
s’il était utile de viser la tempe. Il se contenta de garder l’arme en
main, moins théâtral.
- Je vois.
- Le grand Akdov voit ! Seulement le seul à pouvoir trouver Naem, c’est Noé, ou bien…
- Ou c’est Naem qui nous trouve.
Le biochimiste s’arrêta, pris en défaut. Il n’y avait pas pensé.
- Mais c’est qu’on est futé !
- Voilà donc pourquoi vous utilisez les Libra pour faire évader vos compagnons. Ce sont vos appâts.
Cette fois le visage du docteur se décomposa. Il jeta un œil à l’écran,
au clavier puis à Akdov. Il voulut taper entrée mais le pistolet braqué
sur lui l’en dissuada. De sa main libre, le général écarta chaque
ordinateur successivement, et les ferma tous deux. Il rengaina ensuite,
alors que sa garde personnelle entrait pour encercler le biochimiste.
Ce dernier tendit les mains en avant l’air niais mais déconfit et
presque pleurnichard.
122 - Géo, troisième fois
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- Écrit par Vuld Edone
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