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Il était encerclé, pris au piège, percé à jour. Jean Valdes n’avait pas l’habitude de devoir agir. Il regarda encore un peu triste les deux ordinateurs loin de lui, fermés et éteints. Puis il revint à Akdov. Ce dernier lui posait une question mais comme toujours, Jean n’écoutait pas. Un soldat lui décocha un coup de poing. Jean regretta qu’ils aient taché la table de sang à cause de lui. Il ne sentait pas tout à fait la douleur, juste un picotement. La bouche d’Akdov bougeait de manière étrange, il la discernait mal, pris par ses propres maux.
Une de ses réflexions dut fâcher le général.
- Dernière chance. Où sont les documents.
- Tu bisques là tu bisques ! Et il ravale son rire : tu les as eus tout le temps sous les yeux, les documents !
Attente d’une réaction. Les gardes ne cillent pas, prêts à faire pleuvoir les coups. Le général suit le regard du docteur, jusqu’aux deux ordinateurs. Il claque des doigts, Jean se roule par terre de douleur. Il n’a rien senti. Il mime. Il ne sait pas bien pourquoi sa respiration est difficile, un peu comme quand l’abordeur prenait l’eau. Tandis qu’Immons et Naïa s’occupaient du capitaine, il avait scanné l’ensemble du document. Seulement aucune donnée n’était apparue sur l’écran. Et quand il avait cherché les documents, il n’y en avait plus. Le souffle coupé. Les documents étaient là, quelque part dans le Libra.
- Et alors, ça va pas ? Un boutonneux te fiche la honte !
Le général haussa un sourcil. Il observa le biochimiste se tortiller. Il observa le général observer.
L’écran mural s’alluma sans prévenir, le visage du commandant apparut dessus. Jean Valdes imaginait ce qu’il disait. En même temps, c’était bon de sentir les drogues. Il y repensait, à chaque fois. Akdov semblait perdre contenance. Il fixa son attention sur l’écran, ses oreilles qui bourdonnaient.
- L’Ange Noir quitte sa cale ! L’Ange Noir est dehors !
- C’est impossible ! Comment ?!
Et déjà le général soupçonnait les Libra avant d’écarquiller les yeux. Il mit la main à son nez, là où Kyréna l’avait frappé. Un geste, les soldats relevèrent Jean comme un sac de patates.
- Au travail, désactivez l’Ange.
- Impossible !
Une arme sur la tempe.
- Je ne connais pas ce mot.
- Alors je vais vous l’apprendre, chantez avec moi !
La douleur était cette fois sensible, plus forte, il pouvait sentir sa lèvre rentrer entre les dents. Ses dents allaient bien, c’était déjà cela. Il fut surpris de rester conscient. De toute manière il ne pouvait rien faire. Ceux qui avaient essayé de pirater un Ange Noir étaient morts. Ceux qui les avaient vus faire étaient morts également. Il ne restait que ceux qui en avaient entendu parler et ils n’étaient pas nombreux. L’Ange Noir les tuerait avant qu’il ait commencé.
Akdov s’en rendait compte.
- Combien de temps ?
- Normalement, une semaine mais avec la proximité de la cible, ce peut être une question de minutes !
Le commandant était affolé. Akdov ne se formalisait plus.
- Allez en cellule. Abattez Kyréna.
- Bien général.
Il se rendait parfaitement compte de son erreur. Akdov n’attendit pas plus longtemps : il quitta la salle suivi de ses gardes qui emportèrent avec eux les Libra. Le dernier soldat avant de sortir prit la peine de menotter Jean à son siège. Il haussa les épaules et resté seul, il se mit à chantonner. C’était un air d’avant les guerres quand l’humanité craignait encore les armes nucléaires et comptait le nombre de secondes qui restaient.

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