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La porte n’était toujours pas ouverte. Enfermé dans sa cellule Kyréna faisait les cent pas et pestait. Il n’arrivait pas à rester calme, il ne supportait pas cette impuissance. Il y eut des pas dans le couloir, qui s’éloignèrent. L’oreille contre le battant, il attendit encore puis se remit à tourner. Parfois le nom de Jean perçait ses lèvres. Il n’avait rien, pas même une montre pour calculer le temps passé.
De nouveaux pas, nombreux cette fois et lourds. Il les entendit approcher, se jeta contre la porte, il les entendit tout près s’arrêter mais sa cellule ne s’ouvrit pas. Déjà Kyréna comprenait la raison de leur présence. Il pesta contre cet incapable, persuadé d’avoir été trahi. Il ne lui restait qu’à défendre chèrement sa vie.
Avant qu’il ait pu faire quoi que ce soit, une explosion souffla la cloison au fond de sa cellule. Jeté contre le mur, il se retrouva à terre tourné face au métal béant ouvert sur la flanc du Pornev. Face à lui se trouvait l’Ange Noir : un long vaisseau noir et comme transparent, armé d’une lance à mi-hauteur ancrée en déport à droite, et fourchue. Il regardait cette apparition avec des yeux d’horreur. Un Ange avait rasé la Maison Blanche ; un autre avait anéanti la flotte combinée Atlantique ; il faisait face au troisième de l’histoire.
Il l’avait vu. Il était mort.
Mais l’Ange ne tira pas, n’explosa pas, ne fit rien. Il sentit le vent froid du dehors battre dans sa cellule sans pouvoir quitter des yeux l’arme ultime d’Akdov, la merveille du RPE, la terreur planétaire. Il haletait.
La porte s’ouvrit enfin, les soldats s’élancèrent dans la pièce seulement pour découvrir le prisonnier étalé au sol et en face, inébranlable, la silhouette de l’Ange. Un seul tir de photon balaya la troupe et le couloir fut gorgé de flammes. Kyréna crut qu’il allait s’évanouir mais surmontant ses craintes, et malgré ses jambes tremblantes, il rampa en direction de la machine. Elle venait pour lui et pourtant, elle ne l’avait pas tué.
- Kyréna !
Immons et Naïa, leurs figures noircies par les incendies, venaient de surgir par la porte. Ils découvraient à leur tour le vaisseau noir translucide : Naïa eut ce geste de taire le cri naissant tandis qu’Immons, figé, serrait les dents. Ils allaient avancer quand même :
- Non !
Lança le prisonnier, toujours face à l’Ange. En même temps il leur faisait le geste de rester à distance. Il n’y comprenait rien, rien ! Mais le vaisseau était là et leur seul chance d’en réchapper vivants.
- Capitaine, revenez !
- Elle a raison, revenez ! Vous allez vous faire tuer !
Il observa ces deux compagnons comme deux étrangers, qui n’auraient pas dû être là, qui y étaient pourtant, incidents. Et il sentit son cœur battre. Malgré son envie de savoir, de comprendre, le capitaine trouva la force de courir en direction de la porte, de bondir dans le courir pour s’effondrer sur le métal brûlant. Immons le premier le releva.
- C’était l’Ange ?! Répondez, bon sang, est-ce que c’était ce que je pense que c’était ?!
- Je ne sais pas…
- On verra plus tard ! Les interpella Naïa. Prenez des armes, on n’aura pas d’autre chance !
- Après ça vous aurez tellement d’explications à me donner que vous pourrez écrire un roman !
- Je vous ferai un rapport en trois exemplaires.
Ils n’avaient pas couru bien loin dans le couloir que derrière eux une vague de photons traversa le Pornev de part en part. Un grincement terrible parcourut la structure.
Désormais Kyréna n’en doutait plus. C’était Jean, c’était forcément lui ! Il détesta de devoir sa vie au Libra mais s’ils avaient pour allié un Ange alors leur évasion en serait des plus aisées. Déjà les premiers escaliers de pont se présentaient devant eux : le bord n’avait pas pu s’organiser pour les arrêter.

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