Cynath ordonna à ses guerriers fantômes de se déployer sur les hauteurs. Ils allaient tendre une embuscade à une patrouille elfe noir rentrée dans le pays des ombres. Cynath se plaça seul derrière un rocher surplombant le vallon. La nuit venait de tomber et on entendait déjà les animaux nocturnes sortir de leur cachette. Cynath attendit silencieusement que les frères maudits apparaissent mais en vain, la patrouille ne se présentait pas... Le guerrier fantôme décida de sortir de son couvert. Son intuition le prévenait que quelque chose n’allait pas.....mais quoi ?
Derrière lui, il entendit le sifflement irrité d’un serpent à deux têtes. Comme répondant à cet appel, un grand rapace poussa un cri perçant. "Mais qu’est ce qui ce passe ?" pensa Cynath, "il n’y a plus de grands rapaces ici depuis des centaines d’années ". Tout à coup, l’elfe s’aperçut de son erreur : les cris d’animaux qu’il entendait n’étaient pas ceux des animaux eux-mêmes mais un code utilisé entre chasseurs.... "Ce sont sûrement des Elfes Noirs " pensa Cynath. Il fallait qu’il regroupe ses soldats au plus vite !
Il perçut des bruits de pas derrière lui, suivis du sifflement caractéristique d’un carreau d’arbalète fendant l’air . Il se plaqua le plus vite qu’il put au sol et évita le projectile. Il rampa vite à couvert.
" Alors ce n’était qu’un piège, ces Elfes Noirs nous ont bernés ! " s’exclama Cynath. Il dégaina son épée et jeta un regard dans le vallon quand un cri de douleur résonna dans la nuit ; il reconnut la voix de son amie Landorine. Fou de rage, il courut vers l’endroit d’où provenait le cri. Il tomba nez à nez avec un éclaireur Elfe Noir. Emporté par la haine, il abattit sa lame sur l’elfe et lui trancha net la tête. Le corps sans vie tomba à terre . Cynath vit son amie étendue dans une mare de sang et courut pour la secourir mais il était trop tard, elle était morte....Il la prit dans ses bras et se mit à pleurer en la berçant tout doucement. Il n’entendit ni ne vit l’Elfe Noir qui se rapprochait de lui. Il sentit par contre le contact froid d’une lame sur sa chair et du sang, son propre sang ! couler le long de son dos. Il tomba sur le flanc et mourut.
Valek, éclaireur elfe-noir essuya son épée sur la tunique blanche du garde fantôme et observa son visage : il était crispé dans une expression intense de tristesse et de douleur. Une larme continuait de glisser doucement sur la joue de l’elfe. Valek faillit avoir pitié de cette scène mais se reprit très vite et ricana. " C’est le capitaine qui va être content " pensa-t-il en s’enfuyant dans la nuit.