Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 

Mes sens émergent doucement dans la brume de la nuit qui s'étiole. Étirant mes mollets endoloris par l'immobilité, je tâte mon oreiller à la recherche d'une zone fraîche qui renverra mes pensées au pays de Morphée. Comme je me retourne, une impression étrange accompagne mon mouvement. Ah oui... J'ai un corps d'homme. A en juger par un certain état d'excitation que je sens monter en moi comme une vague, ce doit être un de ces rêves, si familiers et pourtant toujours déroutants. J'accueille cette idée avec plaisir : autant se laisser aller à des rêves aussi agréables. Voyons un peu avec qui je le partage...

De magnifiques boucles blondes sont étalées à côté de moi. La créature endormie dans mon lit me tourne le dos, et la lumière du jour naissant révèle ses épaules délicates et la perfection de ses courbes. Tirant un peu sur le drap, je détaille plus avant la chute de ses reins et le galbe de ses fesses. Une réaction physiologique violente me signale que cette superbe créature est tout à fait à mon goût. Me rapprochant, je dépose un doux baiser sur son omoplate, et aperçois furtivement ses traits. Il s'agit de Joan, qui que ce soit, et son innocente beauté me ravit. Posant une main sur sa hanche, je goûte à la chaleur de sa peau, et esquisse des caresses plus amoureuses. Ses cuisses sont d'une douceur infinie... Je me presse contre elle. Elle gémit faiblement, et je lui fais l'amour.

Quelle délicieuse manière de commencer la journée.

 

"Alex! Alex! Le réveil... Debout!"

J'ouvre un oeil, puis l'autre. C'est très étrange de se faire appeler par un autre nom que le sien, quand on se réveille. Mais il n'y a pas de doute possible, elle est en train de me secouer en m'appelant Alex. Et j'ai toujours ce corps d'homme. Allons bon, je dois être encore en train de rêver. Je vais prendre mes affaires, me retrouver à moitié à poil dans une salle de lycée ou de mon école de primaire, et je pourrai enfin me réveiller vraiment. De mauvaise grâce, je me lève, enfile des pantoufles et me cogne les orteils dans le bois du lit. Ah oui, pas les proportions habituelles. Je la sens mal cette journée... Et j'ai mal aux orteils. Ça, c'est nouveau. Ce n'est pas normal, et je n'aime pas ce rêve.

D'autres surprises m'attendent au salon. Rien n'est vraiment à sa place, tout est différent. C'est chez moi, et chez une autre personne à la fois. Enfin ça, j'ai l'habitude, mes rêves sont toujours comme ça. Par contre mon ordinateur portable a changé de modèle, et je marque un temps d'arrêt en découvrant l'écran : "Bienvenue, agent Alex." Mon coeur manque un battement.

Là c'est bon, vous m'avez eue. Quelle que soit la plaisanterie, inutile d'aller plus loin.

"Votre mission aujourd'hui sera de sauver le monde."

Évidemment. La formulation me ferait presque sourire.

Je tâte le dossier de mon fauteuil, mais son côté tangible ne m'assure de rien. Écarquillant les yeux, je me force à continuer la lecture.

"Briefing à 8h, ne soyez pas en retard."

Je lis la signature, les coordonnées, et éclate de rire. Un rire étranger, grave et profond. Ah oui, et c'est le mien. Le fou rire redouble.

Quelques minutes après, malheureusement, mon rire s'est éteint et le message est toujours là. Et bien pourquoi pas... Je n'ai rien de mieux à faire, apparemment, alors allons-y.

Attrapant une pomme et ma veste en cuir au passage, je me dirige vers la porte de notre appartement. Elle s'ouvre dans un grincement, râclant le sol, et je la referme avec entrain. La journée promet d'être intéressante.

Allongée dans la chambre, Joan entend la porte se refermer. Elle sourit.

 

"Hé Alex, bien dormi?"

C'est l'agent Carmichael, rencontré par hasard dans le hall de l'agence, qui me sert de guide dans ces couloirs labyrinthiques. Il semble bien me connaître : "Alors, Joan ne t'a pas mis en retard, ce matin?" dit-il avec un clin d'oeil. La remarque me fait sourire, et je lui demande sur une intuition :

"Et toi, comment va ta femme?

- Oh, tu sais comme elle est. Aucun moyen de savoir ce qui la chagrine quand elle se mure dans le silence. Parfois je me demande ce que nous sommes devenus. Enfin, j'imagine que c'est ma faute. La vie d'agent spécial, ce n'est pas simple dans un couple."

L'air renfrogné, absorbé dans ses désillusions, l'agent laisse mourir la conversation. J'en profite pour observer un peu mieux le décor, du moins le peu qu'il y a à voir : beaucoup de salles vitrées, de couloirs stériles, et des bureaux anonymes, cela semble constituer l'environnement naturel de ces agents, mes collègues. Ceux que nous croisons nous accordent tout juste un regard, un hochement de tête. Ils sont grands. Et moi aussi, en fait. Je m'amuse à allonger les enjambées. Mon costume exprime son désaccord aux entournures face à ce traitement. Je ralentis juste au moment où nous arrivons dans une pièce que j'identifie comme la salle de briefing.

"Alex, parfait, nous n'attendions plus que vous."

Carmichael me fait un petit signe de la main en continuant son chemin dans le couloir, et en me soufflant "Bonne chance". Je m'avance devant une poignée d'inconnus. Le plus vieux semble être mon supérieur, et il semble surtout très pressé de continuer son exposé.

"Vous vous rappelez nos déboires avec la mafia russe l'année dernière. Nous avons une chance de tout remettre en ordre. Le richissime sac à purin Dewitt Yersailff a enfin sorti le museau de sa tanière. Et il prépare un de ses sales coups, un de ceux dont il a le secret.

Voici Peter et Lily Fischent, dit-il en désignant des photos à l'écran. Ces deux-là détiennent le sort de la Russie entre leurs mains, plus exactement dans le berceau qui les accompagne dans leur long voyage ferroviaire sur le Transsibérien. Leur nouveau-né possède en effet des clés ADN incomparables qui pourraient sceller le destin du patrimoine génétique du bloc soviétique tout entier. Évidemment cet enfant est unique en son genre et ces clés sont extrêmement précieuses. Nous tentions de le tenir secret, mais des détails ont filtré, et de puissantes forces armées veulent mettre la main dessus.

En l'occurrence, Dewitt a déjà planifié et quasiment réalisé le kidnapping de l'enfant. Toutes nos forces sur place sont débordées. Votre mission sera de prendre contact le plus vite possible, identifier les cibles et les kidnappeurs, mettre en échec leur tentative et veiller sur l'enfant jusqu'à l'arrivée des renforts.

C'est une mission difficile, et nous avons choisi des éléments de premier ordre pour vous épauler. Voici Valentin, il sera le coordinateur technique de l'opération."

Je me tourne vers l'agent dénommé Valentin, un blanc-bec installé devant une énorme station de travail high-tech.

"Hé ouais, je suis chargé de veiller sur ton charmant petit cul pendant les prochaines 24h. Autant te dire que c'est un plaisir."

Super. Un gros geek qui fait de l'humour gay. Juste ce qu'il me fallait.

"Et Jenny, elle sera votre agent de liaison avec les russes."

Une véritable bombe me tend la main. Je la serre avec un sourire désarmé. Grande, toute en cuir et jupe moulante, elle m'adresse un battement de cils et pose son autre main sur la mienne. Et bien... ça compense pour l'autre geek.

"On m'a beaucoup parlé de vous. Je suis heureuse d'avoir l'occasion de travailler avec vous, Alex, et de m'améliorer à votre contact.

- Tout le plaisir est pour moi.

- Ça va maintenant, il n'y a pas de temps à perdre, nous coupe l'agent en charge. Vous décollez immédiatement pour la Russie."

 

Ce qu'on ne dit pas, sur la Russie, c'est qu'il n'y a pas un seul être humain dans cette immense plaine glacée qui ne soit pas constamment bourré. Enfin, j'avais déjà entendu parler des statistiques de consommation de vodka, mais c'est autre chose que de voir la réalité alcoolisée en face, et de se cramponner aux sièges parce que cette réalité sert de chauffeur, de conducteur ou même de pilote. A côté de moi, Jenny est tout aussi tendue, mais affecte en toute circonstance un air de détachement très professionnel. Même quand le pilote de notre hélico évite le flanc d'une colline de quelques centimètres, elle ne bouge pas d'un cil.

Notre discussion à bord du jet a très peu porté sur les paramètres de la mission et les différents angles d'approche, tout juste assez pour se dire qu'on n'aura aucune chance de remporter la partie. Les russes sont partout, avec des renforts virtuellement infinis, le train est un cauchemar à sécuriser, et bien entendu, le couple Fischent ignore tout des enjeux du moment. L'occasion semblerait seulement propice à déserter, pour nous, si c'était notre genre. Mais ça ne l'est pas.

Ce fait établi, nous avons profité d'une conversation des plus agréables, on pourrait même dire chaleureuse dans notre profession, affalés sur les divans de la compagnie d'aviation de l'agence. Jenny est un jeune agent mais avec une longue expérience de l'agence, qu'elle a rejointe dès son adolescence dans des circonstances assez troubles. La vie ne l'a pas épargnée, et elle a puisé dans ses épreuves l'envie et l'énergie de s'attaquer à tous les problèmes de la planète. A commencer par l'enlèvement d'un bébé, une perspective qui la révulse.

Descendus du jet à Koultouk, Valentin nous a indiqué cet hélico semi furtif qui rend notre infiltration du train en plein jour possible. C'est un plan un peu désespéré, mais je me fie aux compétences de Jenny et aux miennes pour tirer le meilleur parti de la situation. Par contre, au fil des minutes je me défie de plus en plus des capacités de pilotage de notre ami, qui fait des zigzags en l'air en chantonnant une paillarde. Je me tiens dans son dos, prêt à me précipiter sur les commandes s'il fait mine de les relâcher. Pourtant nous rattrapons le train, qui apparaît maintenant en dessous de nous. Je fais signe au pilote de continuer le survol, puis de filer vers les montagnes. D'une petite courbette à l'attention de ma partenaire, je l'engage à me précéder dans le déploiement. C'est parti.

 

J'arrive dans une roulade entre deux wagons. Jenny s'est déjà glissée à bord de celui qui nous précède, l'oeil aux aguets. Le vent qui me fouette les oreilles, les mains et d'autres parties vulnérables de mon étrange anatomie est vraiment glacial. Je rejoins une ambiance plus clémente en passant la porte de la voiture. Les compartiments s'alignent devant moi, et je rejoins le second d'entre eux, où s'est dissimulée mon acolyte. Jusque là, tout se passe un peu trop bien.

"J'ai vu un garde sortir du wagon au moment où j'entrais, il ne m'a pas vue. Nous devons avancer, et vite. Il faut que nous prenions la situation en main avant la prochaine gare.

- Je vais fouiller la dernière voiture du train, ce sera vite fait. Je te rejoins ensuite pour remonter le convoi."

Elle est déjà partie dans le couloir, inspectant chaque cabine à toute vitesse avant de passer à la suivante. Le train est très utilisé, et dans chaque voiture des centaines de personnes participent à ce voyage, qui n'ont rien à voir avec notre mission. Protéger un couple et leur bébé au milieu de toute cette pagaille ne va pas être chose aisée. Je ressors dans le froid avec hâte, et c'est en arrivant devant le wagon de queue que je croise mon premier garde en train de manipuler la porte à soufflet. Surpris par mon arrivée, il n'a pas le temps d'esquisser une mise en garde, que mon pied droit lui broie déjà le larynx et le projette contre une cloison. Le passer par dessus bord est presque trop facile, et j'en profite pour savourer ma nouvelle carrure.

"Je croyais que tu devais nous avertir des gardes qui changent de wagon, Val?

- Je le ferai si tu m'en laisses le temps, la prochaine fois. Vous avez vraiment besoin d'expédier toutes les sentinelles le long des rails?

- C'est le plus simple, mais ta sensibilité me touche. Surveille Jen."

Le wagon de queue n'abrite que des petits compartiments au confort rudimentaire, et je n'espère pas vraiment trouver notre couple au milieu des paysans souffreteux et des traîne-misère. De fait, j'arrive vite au bout et repars aussi sec dans l'autre sens.

Jenny n'a pas chômé en m'attendant. Deux voitures plus loin, je la retrouve aux prises avec un autre cerbère dans un compartiment déserté. Surgissant derrière le quart de boeuf en train de l'étrangler, je l'assomme pour le compte avec un extincteur. Elle me sourit avec gratitude, tout en empoignant un des bras pendant que je me saisis de l'autre. Nous sommes vraiment en train de laisser une traînée de gardes russes derrière nous.

Il y a quelque chose de bizarre écrit sur le biceps de celui-ci. Ça ressemble à des caractères cyrilliques. Je montre le message à Jenny, qui fait une petite moue songeuse.

"Albatros. Perte de vitesse. Cinq bougies. Je ne comprends rien à ce charabia.

- Sûrement un message codé. Bon, on continue", dis-je en poussant le gros sac de l'autre côté de la rambarde.

 

A chaque coup d'oeil dans les compartiments, les gens nous regardent d'un oeil bovin, pas inquiets le moins du monde. Peut-être qu'en fait, ils ont l'habitude de voir des agents secrets débarquer de temps en temps sur cette fameuse ligne transsibérienne. Au bout de chaque voiture, nous croisons quelques personnes cherchant un peu de chaleur autour du samovar. Des enfants regardent le paysage couvert de neige défiler le long du train, le nez collé aux vitres. Quelques gardes et quelques wagons plus loin, l'ambiance change encore un peu, alors que nous approchons de la première classe. Là, ça devient un peu plus délicat de fouiller les compartiments, parce qu'ils sont fermés, et parfois il est indiqué de ne pas déranger. Enfin, les petits panneaux s'adressent au commun des mortels, et nous ne nous sentons pas tellement concernés.

Soulevant parfois quelques murmures offusqués voire quelques cris en dérangeant des scènes assez intimes, nous progressons toujours rapidement vers l'avant du convoi.

Par contre, un wagon entier protégé par des garde-chiourme, dont une cabine avec deux vigiles en faction devant, ç'a l'air un peu plus sérieux.

Jenny s’arrête un instant pour évaluer nos options, pendant que je monte sur le toit du wagon, histoire de prendre plus de hauteur. Peut-être qu'un peu d'escalade pourrait nous épargner beaucoup de contusions, et surtout éviter de faire courir des risques démesurés aux proies.

Le toit est rouillé et glissant, mais l'allure du train si monotone devrait me permettre d'opérer une petite reconnaissance discrète. Il s'agit de ne pas faire de faux pas, ni le moindre bruit qui mettrait la puce à l'oreille des gardes. Enfin, je sais pouvoir compter sur ma partenaire pour me couvrir en cas de drame. La progression n'est pas simple, mais doucement j'arrive à la hauteur de la cabine qui semblait si lourdement surveillée. Tout près se trouve le bras d'alimentation électrique de la rame, auquel je m'assure par un cordage. A l'aide d'un petit miroir, il m'est enfin possible de jeter un oeil dans le compartiment. Ce que j'y vois ne m'enchante guère.

 

"Tu ne vas quand même pas rester enfermée là toute la sainte journée! déclame M. Fischent, à l'adresse de son épouse, alanguie sur sa couchette.

- Ne crie pas, tu vas réveiller le petit..."

Les sons sont étouffés par la vitre, mais je lis très bien sur les lèvres dans un miroir. L'homme a l'air passablement excédé d'avoir répété les mêmes mots depuis le matin, et il rassemble ses affaires, comme sur le point de sortir. Avec les gardes dans le couloir, je pressens du grabuge. Il va falloir intervenir rapidement. Dans l'oreillette, j'ai Jenny et Valentin prêts à se mettre en action.

"Jen, j'ai le couple en visuel, ils sont en pleine dispute. L'un des deux va bientôt ouvrir la cabine, et il vaudrait mieux qu'on soit là pour les protéger des russes qui campent devant la porte. Fonce!"

A peine prononcé ces mots, j'entends déjà les bruits de bagarre qui montent depuis le côté de la voiture. Jenny n'a pas son pareil pour faire de la fricassée de gardes russes. J'en profite pour ajouter ma touche personnelle au bruit ambiant en fracturant la vitre, qui m'ouvre le passage vers la cabine. Sur un des morceaux de vitre par terre, un oiseau déploie ses grandes ailes.

Les Fischent me regardent débarquer d'un air surpris, alors que la porte derrière eux s'ouvre à la volée sur deux types plutôt antipathiques. L'un d'eux expédie un direct à Peter pendant que j'entreprends un combat assez équilibré avec l'autre, un expert en arts martiaux. Mon adversaire refuse de se laisser mettre au tapis, alors que je vois Peter tomber par terre, assommé, et l'autre garde bousculer Lily, se précipiter sur le bébé et l'emporter sans que j'y puisse rien faire.

Dans le couloir, Jenny a fait le ménage et arrive à point nommé pour écraser une bouteille de vin sur le crâne de mon solide opposant. Elle vérifie le pouls du mari, tente de rassurer la femme avec quelques mots, mais celle-ci s'évanouit. Aussi va-t-elle se joindre à moi pour la poursuite du kidnappeur, lorsqu'une autre combattante lui saute au cou. Je regarde Jenny rendre les coups, bouche bée : il s'agit de Joan, ses boucles blondes volant en tous sens, et ses grands yeux aimants, pour l'heure animés d'une fureur meurtrière ; et elle se bat plutôt bien... Après une tentative d'étranglement à l'aide d'une pièce de vêtement, elle se retrouve projetée en l'air par ma coéquipière, atterrissant dans le couloir avec une pirouette. L'affrontement en vient aux poings, et aux high kicks rageurs. Jenny fait pleuvoir les coups, c'est sa spécialité, mais elle peine à passer la garde de Joan. Passionné par le combat de ces deux créatures magnifiques aux instincts de tueuses, je n'ai pourtant pas oublié la mission et sur un signe de tête de Jen, je les laisse à leur duel pour rattraper la cible.

 

Un bon sprint me permet de combler mon retard sur le cerbère chargé de l'enfant. Le bébé s'est mis à hurler, terrorisé, et le garde n'en mène pas large lorsqu'il me voit arriver par dessus son épaule. Il se débarrasse de son fardeau en le laissant sur une banquette, ce qui me réserve juste l'ouverture voulue pour arriver au contact et lui adresser un uppercut à la mâchoire. Il essaie de se saisir de ma nuque pour en faire de la marmelade, mais les pleurs du bébé m'ennuient et à bout de patience, je lui offre un grand coup de boule, que je regretterai sûrement. Le garde s'affale en travers du couloir, et je m'empresse de récupérer l'enfant. Il se calme bien vite dans mes bras pendant que je marche vers la cabine de ses parents. Sa respiration plus régulière m'informe que l'heure de la sieste ne devrait pas tarder.

Je retrouve Jenny assise devant la porte, essoufflée et triomphante, une Joan passablement déglinguée à ses pieds. Tendant la main pour l'aider à se relever, je la congratule d'un sourire un peu contrit, ma tête commençant à me lancer. La fin du combat entre les deux furies devait être digne d'intérêt : je note mentalement de demander à Valentin les enregistrements, je parierais qu'il en a. En me penchant vers la porte, je vois des bougies dessinées sur l'encadrement. Un mystère de résolu.

A l'intérieur de la cabine, je tire les volets en travers la fenêtre béante. Les parents ne sont pas encore revenus à eux. Ah si, on dirait que Peter est en train de se réveiller douloureusement. Il faudra mettre de la glace sur cet hématome. Je dépose le bébé dans son berceau en le couvrant de couvertures, il dort déjà. Mon regard croise celui de Peter, qui me fixe étrangement pendant quelques secondes. Plus tard, il dira à sa femme : "Cet agent, il avait l'air vachement maternel..."

 

Je ressors organiser les tours de garde avec Jenny. La mission est un succès, contre toute attente. On pourra aller fêter ça autour d'un verre. Mais en attendant l'arrivée des renforts, il ne va pas falloir relâcher notre vigilance : des vies innocentes dépendent de nous.




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Portrait de Vuld Edone
Vuld Edone a répondu au sujet : #19975 il y a 9 ans 6 mois
Hi'.

J'avais prévu d'attendre d'avoir lu les deux autres textes avant de commenter, mais me connaissant ça aurait encore pris une semaine.
J'ai bien sûr reconnu un bon vieux défi d'antan, mais à dire vrai celui-ci disparaît très vite -- à mes yeux en tout cas -- et sert seulement à accepter le fonctionnement très crédible et pas du tout James Bondien des services secrets.

Mon autre réaction est évidemment... la fin. Ça s'interrompt "un peu brutalement", on va dire, en pleine action et sans véritablement de conclusion. Du coup oui je comprends mieux ton commentaire en CdE.

Pour le reste, et une fois qu'on a accepté le délire et les clichés, c'était assez amusant. On a des soldats très soldats, des clichés très clichés et de la description très polar' qui donne l'impression d'être tombé dans un monde bizarre et comique tellement il se prend au sérieux. Je dis ça pour la réplique qui m'a décidé à continuer quoi qu'il advienne :
"Votre mission aujourd'hui sera de sauver le monde."
Ah ben là forcément je peux plus dire non. Quand tu te réveilles et qu'au café on t'invite à sauver la planète, même Alquières arrive pas à être aussi caricaturale. À partir de là c'est un festival et on s'amuse comme un petit fou -- moi en tout cas j'ai beaucoup ri. La fille-que-le-héros-se-tape-à-la-fin qui se fait étrangler pile quand le héros revient, rien que ça...

Si je devais essayer de le lier au thème de départ, à savoir le changement de corps, je pense qu'on a la vision du machisme par une femme. Tout ce qu'un homme normal et bien constitué devrait faire au quotidien. Tu sais, la routine.
Je n'ose pas imaginer la version inverse.

De ce point de vue oui, le texte serait complet, mais en l'état comme dit le côté switch disparaît vite et la fin semble une coupure brutale. Je ne suis même pas sûr d'avoir vu juste, et c'est après coup.
Ce qui est sûr c'est qu'avec un monde aussi barge, je n'ai même pas besoin du switch pour profiter du texte.
Portrait de San
San a répondu au sujet : #19992 il y a 9 ans 6 mois
Ce qui est sûr c'est que j'ai écrit pour faire rire, et que j'ai beaucoup ri en l'écrivant aussi. Il y a beaucoup d'éléments humoristiques qui sont des clins d'oeil, mais tellement caricaturaux qu'ils fonctionnent sans avoir toutes les clés je suppose.
La fin laisse à désirer c'est évident. Je n'avais simplement rien d'autre à dire, mais il faudrait une vraie fin à ce texte... Un retour à l'agence, peut-être un débrief plein d'humour salace, et un renforcement du thème du switch, mais je ne vois simplement pas quoi dire qui soit pertinent une fois qu'on a dit que "le monde est sauf". Je vais tourner ça un peu et voir ce qu'on peut faire, mais bon, c'est comme dans les films de James Bond, je me fais toujours chier à la fin du film, une fois que la mission est bouclée.
Remarque, Alex pourrait partir en vacances dans les Caraïbes... il fait tellement chaud ici, j'ai bien envie d'écrire sur des plages et des cocotiers...
Portrait de Mr. Petch
Mr. Petch a répondu au sujet : #19999 il y a 9 ans 6 mois

Ce qui est sûr c'est que j'ai écrit pour faire rire, et que j'ai beaucoup ri en l'écrivant aussi.


Pour ça c'est réussi ! :laugh: On a tous en tête des films de gros bras espions dans ce style, avec des personnages caricaturaux, et de mon côté j'ai pensé à un mix à Total Recall pour le "switch" d'identité et les allusions salaces et aux Barbouzes pour la scène du train.
Dans tous les cas tu arrives à rendre tous les excès de ce type d'histoire, et ça c'est chouette.
Et puis j'envie ta décontraction d'écriture qui passe très bien, qui n'est pas "too much".

Maintenant, j'ai vraiment peiné avec le manque d'exploitation du switch, même si, comme dit le renard, on a une caricature de virilité par des yeux féminins. Je pense qu'il y a moyen de réutiliser le personnage de Joan (comment se fait-il qu'elle soit espionne ennemie de son petit copain qui est en fait une femme ??) pour donner un peu de consistance à l'ensemble. Par exemple terminer sur une scène d'interrogatoire entre Alex et Joan qui permettrait de donner quelques indices sur le pourquoi du comment.
Portrait de San
San a répondu au sujet : #20022 il y a 9 ans 5 mois
Ah ça c'est une bonne idée! Merci Mr Petch. Je suis sûre qu'il y a moyen de faire qqch de bien avec ça.