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Cher ami,

J'ai reçu cet après-midi une enveloppe avec ton adresse, ton écriture, ainsi qu'un de tes timbres à colombe dont tu disais être tombé à court voilà deux mois.

Elle contenait une montre à gousset en cuivre d'un diamètre mesuré de quatre point huit centimètres pour une épaisseur d'un point deux centimètre, sans remontoir ni molette de réglage.

Je n'ai pas ouvert le couvercle. je l'ai remise dans l'enveloppe que j'ai déposée dans un tiroir désormais fermé à clé. Faute d'explications je suppute un coup de tes fameux démons dont tu me rabats les oreilles, et j'ai pris le parti de ne rien toucher.

Tu me diras, dans ta prochaine lettre, ce qu'il en est et ce que tes vignes deviennent.

 

Amitiés,
Prélin

 

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Cher ami,

Comment vas-tu ? As-tu reçu mes dernières lettres ? Je m'inquiète sans doute pour rien mais, réponds-moi dès que possible.

 

Amitié,
Prélin

 

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Cher ami,

Je ne sais pas ce que tu deviens. Faute de réponse de ta part, je me retrouve à me morfondre comme en ma jeunesse. J'ai l'habitude de voir les gens partir. C'est de ne pas savoir qui me travaille.

Ton silence m'a fait céder. J'ai tourné dans mon bureau comme un animal en cage. J'avais besoin de savoir. J'ai fini par rouvrir le tiroir. J'en ai sorti la montre et je suis forcé d'admettre désormais que tes démons existent.

Si ce n'était même qu'une excuse, je t'écris cette lettre pour te demander conseil, ou pour te renseigner sur cet étrange objet.

La montre est en cuivre. Tu m'avais dit quelque chose sur le cuivre, comme quoi ça représentait la guerre ou quelque chose comme ça. Tout se rapportait toujours à la guerre avec toi, de toute façon. Je me suis rendu compte que, sur les bordures de l'anneau, le métal était oxydé. Aussi, en passant le doigt, j'ai noté des défauts, des bosses, des éraflures sur le boîtier. Il n'y a, je crois l'avoir déjà noté, pas de mécanisme. Ni remontoir ni molette. Ce que je n'avais pas noté, par contre, était l'absence de de crochet pour une chaîne.

La montre ne tiquait pas. Comme si elle était cassée. Je l'ai secouée, mais il n'y a eu aucun bruit.

Je l'ai ouverte.

C'est là que j'ai su que tes démons existent, mais revenons à mon inventaire. En ouvrant le couvercle j'ai tout de suite réalisé deux choses. La première était qu'il n'y avait pas d'aiguilles. Ni grande ni petite, ni même les coches. La surface était d'un blanc laiteux et le verre, usé et terni. La seconde chose que j'ai remarqué était que la montre n'était pas à l'heure. Elle retardait, ou retarde, de dix-sept minutes sur ma propre montre bracelet, qui est accordée sur l'heure de la météo et de la gare.

Tu connais ma diligence. J'ai fouillé l'enveloppe sans rien trouver d'autre. Alors j'ai pris sur moi de démonter la montre.

Le plus facile a été de retirer le verre, mais cela n'a servi à rien. J'a alors ouvert le boîtier à l'arrière avec un couteau et j'ai pu voir le mécanisme. De ce que je peux en dire, c'est une mécanique classique. Il y a bien des vis pour démonter plus avant, il y en a même des tas, mais je n'ai pas trouvé utile d'aller jusque-là. Surtout parce que je ne saurais pas la remonter.

Voilà.

J'ai remis la montre dans le tiroir. Tu m'as averti d'innombrables fois de ne jamais se risquer dans ces histoires, et je me dis qu'il n'est pas trop tard pour suivre ton conseil.

Il serait dommage de finir cette lettre ici, sans te parler d'autres choses plus légères. Par exemple, je suis retourné au lac ce matin. J'ai tiré ma ligne malgré l'air frais, j'ai écouté le clapotis de l'eau sur les pierres. Ça m'amuse de jouer le vieux papy à la retraite que les enfants sur leurs vélos se jurent qu'ils ne vont jamais devenir. Je n'ai rien attrapé, mais j'ai pu profiter de laisser vaquer mon esprit. Je n'avais plus pris ce loisir depuis longtemps. Dire qu'on croyait que l'âge nous donnerait le temps de vivre, loin du stress des dossiers et des appels constants. J'ai l'impression de ne pas avoir gagné au change.

Autre chose. La Suzanne, celle aux fleurs, tu sais, m'a présenté sa nièce venue l'aider pour sa vente de charité. Elle s'appelle Amandine et elle a ce petit air rêveur, derrière son sourire, qui te ferait jurer qu'elle a commis un crime. Suzanne m'a dit qu'elle cherchait surtout le grand amour, et je ne sais pas bien si c'est une manière de dire. Je te laisse juger.

Dans tous les cas, cette Amandine m'a quand même trouvé une jolie statuette en bois de frêne un peu petite que j'hésite à présent à t'envoyer. Pour le moment, elle va décorer mon salon. Olivier s'est plaint que je l'encombre ainsi, mais je n'ai aucun remords à donner à ma maison des allures plus anciennes et poussiéreuses encore qu'elle n'en a déjà l'air.

Et puis, il y a l'attente. Je perds un peu goût à tout, à force de me poser des questions. J'attends tes lettres. Je passe et repasse par la poste demander des nouvelles. J'ai l'impression de t'avoir abandonné

 

Amitiés,
Prélin

 

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Cher ami,

J'ai attrapé un poisson avant-hier. Je ne savais même pas bien quoi en faire, alors je l'ai laissé dans mon baquet et je suis allé voir Olivier au restaurant lui demander s'il en voulait. Le temps que je revienne, le poisson n'était plus là. Il a dû réussir à sauter dans le lac. Il était petit de toute façon.

Je suis monté dans les vignes voir les frères Raymond. Ils m'ont proposé du vin, et je n'ai pas eu le coeur de dire non. Ça leur a fait plaisir d'avoir ma visite. Je m'attendais à ce qu'on se quitte en vingt minutes, vu qu'ils travaillent, mais nous avons passé la journée sur leur terrasse. Apparemment ils ont des projets immobiliers. Ils ne changeront jamais.

La nièce de la Suzanne est toujours au village. J'ai été étonné en apprenant cela.

En rentrant chez moi je me suis installé dans mon vieux canapé, je m'y suis enfoncé jusqu'à ce que mon dos rechigne à bouger, trop bien calé, et j'ai sorti ma pipe. Un jour, avant ma mort, je saurai la bourrer correctement. J'ai fait craquer une allumette, j'ai fermé les yeux un moment puis j'ai salué le démon, sans même être encore sûr qu'il soit là.

Tu vois la porte du salon qui mène au couloir, juste avant la cuisine ? La grosse porte bien épaisse, médiévale. Le démon est là, juché dessus, en équilibre sur le tranchant. Ce dont tu ne te rappelles sans doute pas, c'est qu'il n'y a qu'une trentaine de centimètres entre le haut de la porte et le plafond. J'ai mesuré, avec mon mètre-ruban. Trente-sept centimètres. Le démon fait probablement dans les un mètre trente, peut-être un peu plus. Malgré la lumière de l'après-midi, il semble dans l'ombre. Sa fourrure est d'un rouge sombre, comme une lune sanglante. Ses yeux sont ceux d'un animal. Il n'arrête pas de balancer sa queue touffue.

Tant que je ne lui parle pas, il ne me parle pas. Il est juste là et je peux l'ignorer à loisir. Si je me lève, si j'éteins ma pipe, il s'en va. Comme un phénomène naturel, contrôlable.

Ne m'en veux pas, mais je me suis mis à lui poser des questions.

À toi de me dire si quoi que ce soit de tout ça fait sens. Si tu es encore en disposition de me répondre. Il te connaît, et il m'a dit que tu ne me répondrais plus. Que je devais m'y faire. Que je ne pouvais « plus rien pour toi ». La réalité qu'ont pris tes histoires a quelque chose d'effrayant, mais il semble entendre que t'y connais assez pour échapper aux périls quetu as si longtemps sous-entendu dans notre correspondance.

Alors je lui ai demandé pour la montre. Et la première chose qu'il m'a dit était que je devais la « garder ». Il a utilisé ce terme précis, volontairement, pour un double sens qu'il m'a lui-même expliqué. Il veut que je m'en méfie et que je m'assure que la montre ne fasse rien. Mais il veut aussi que je m'en soucie et que je m'assure qu'il ne lui arrive rien. « Garde la montre », « garde la montre », c'est ce qu'il répète sans cesse.

Cette montre, apparemment, mesurerait le temps universel. Elle mesurerait le passage du temps depuis que le temps existe : à l'instant où, dans l'univers, il y a eu du temps, la montre a commencé à tourner. Elle est destinée à tourner, très précisément, jusqu'à la fin des temps.

Il m'a demandé combien de temps s'était écoulé depuis que le temps existe. J'ai supposé un nombre, treize milliards d'années et des poussières. Il a secoué la tête : c'est le début de notre univers, pas du temps. J'aurais la réponse si je regardais la montre. Mais jusqu'à présent, tu le devines bien, je me suis gardé de le faire. Et honnêtement, que nous importe de savoir quand a commencé le temps ? La question elle-même n'a pas de sens. Nous sommes aujourd'hui et maintenant : cela me suffit.

Demain, je retournerai pêcher. Le temps s'annonce mauvais. Il pleuvra peut-être. Au pire je pourrai toujours aller m'abriter à une table ou à l'intérieur du restaurant. J'ai besoin de sortir, prendre l'air. D'entendre le clapotis de l'eau sur les rochers.

Je passerai par la poste, à tout hasard…

 

Amitiés,
Prélin

 

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Cher ami,

Quelles étranges créatures que tes démons. Ils n'ont, pour nous manipuler, besoin d'aucun argument, d'aucune logique ni d'aucun artifice. Au contraire, ils nous expliquent dans quel piège nous nous enfermons.

Dans mon cas, c'est tragiquement simple. Quand il est là, j'ai l'impression d'une présence familière. Je retrouve un ami, et je discute sans fin. J'ai l'impression de remplir un peu ce vide immense qui me torture ces derniers temps. Et alors même qu'il me presse de cesser ces lettres dont tout le monde me dit que plus personne ne les reçoit… cette insistance me pousse au contraire dans l'autre sens, à espérer encore.

Tu es devenu, bien malgré toi, l'appât avec lequel il se joue de moi sans peine, et je me laisse attraper désormais presque sans plus d'hésitation.

Qu'est-ce que tu avais dit, à ce sujet ? Le démon nous a piégé avant même qu'on ne le rencontre. Le piège était là avant notre naissance. Les gens qu'on rencontrerait, les expériences à vivre, tout un vaste plan pour nous façonner comme des animaux domestiques, pour nous rendre dociles et réceptifs à ses demandes. Puis le démon s'agace de nous voir ainsi dressés et fiers de porter la laisse.

Je discute avec lui sans fin de justice et de jurisprudence. Je retrouve avec lui nos disputes éternelles, tes idéaux contre mon expérience.

Amandine est venue me voir mercredi. Elle a été surprise de pouvoir causer avec moi des garçons du village. Elle n'en connaît presque aucun. En fait, je ne suis pas bien sûr qu'elle « voit les gens ». Elle a tout de suite retrouvé la statuette, et m'a souri. Et là, sur un coup de tête, je me suis décidé à lui montrer la montre.

Qu'est-ce que j'y peux ? Je suis vieux, je n'ai pas beaucoup de visite et c'est un secret assez lourd à porter. Je lui ai présenté ça comme une breloque quelconque, un petit secret de vieillard qui sent bon les histoires à rire entre amis, pour se moquer des antiquités. Je lui ai amené l'enveloppe au salon, puis j'en ai sorti la montre. Je la lui ai tendue encore fermée. Elle a été intimidée, mais elle l'a prise, et j'ai insisté pour qu'elle l'ouvre. Et là, peut-être par sagesse ou par trop de retenue, elle a préféré me la rendre.

« C'est une jolie montre, » qu'elle m'a dit. Tu sais, comme on fait avec les bébés. Je l'ai ouverte moi, et j'ai expliqué comme quoi la montre pouvait calculer le temps précis, universel, le temps absolu de l'univers. J'en ai peut-être trop fait. J'ai dû paraître ridicule. Mais à mon âge, qu'est-ce qu'on s'en soucie.

Mais elle a pris la chose au sérieux. Elle m'a demandé, avec curiosité, comment je savais que c'était le temps précis.

Et là, tu vas voir qu'elle m'a bien eu. Elle m'a dit qu'une montre pouvait être précise au millième de seconde, au millionième de seconde, autant de zéros que je voudrais. Mais au combientième de seconde fallait-il descendre pour être vraiment précis ? L'infini, probablement. Elle est allée plus loin : si cette montre est la mesure la plus précise du temps, comment savoir si elle est exacte ? Soit, c'est la plus précise, mais ça ne signifie pas pour autant qu'elle soit juste. Il peut manquer un ou deux micronième ici ou là, et personne ne s'en rendrait compte, surtout si elle sert de référence. Je suis resté tellement bête que ça a fini par de grands rires.

Elle a raison, tu sais. La mesure du temps n'est pas le temps. Cette montre n'est pas le temps, juste la mesure du temps. Une approximation, aussi précise que possible mais une approximation néanmoins.

Le démon, quand je lui ai posé la question, m'a juste dit : « garde la montre. »

Maintenant que j'y repense, quand il m'a dit ces mots, il m'a semblé… vulnérable ? Difficile à dire, pour une créature qui devrait me terroriser et qui me rassure. Je ne sais pas quoi penser, mais l'idée qu'il ait une faiblesse est un appât plus puissant encore.

 

Amitiés,
Prélin

 

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Cher ami,

Désolé de ne t'avoir pas écrit plus tôt. Même si, sans doute, cela ne fait pas grande différence. Peut-être que le temps… non, à dire vrai, peu importe ce qu'en pensent les autres, j'ai envie de continuer cette correspondance absolument. De me persuader que tu les reçois toujours, que tu les lis.

J'ai été pas mal occupé, des histoires de registre foncier, de vieux contacts à réveiller, de magouilles comme on en a l'habitude par ici. Et puis, pas mal de temps passé avec ma canne à pêche, au bord du lac, à songer à des tas de choses sans conséquence.

Le village s'est mis en tête de me faire sortir de chez moi. Un jour, ils ficheront le feu à ma maison. J'en rigole, mais je vois bien qu'ils s'inquiètent, et je m'inquiète aussi doublement.

Je m'inquiète du démon qui hante mon salon. Mais je m'inquiète aussi parce que lui-même s'ajoute aux autres voix pour me dire de sortir, de m'enfuir et de t'oublier. Il faudrait que je vive, comme si je ne l'avais pas déjà fait ces dernières décennies, il faudrait que j'aille photographier la campagne et aller manger chez les gens. Je passe mon temps, avec lui, à disputer le pour et le contre, à m'entêter et lui à se résigner, bon prince, face à mon tempérament. C'est bon de pouvoir avoir le dernier mot.

Avant de me laisser tranquille, il répète : « garde la montre. Garde-la. »

Dernière trouvaille pour me faire balader, on s'est mis en tête de m'acheter un vélo. Et c'est la petite Amandine qui est venue me l'apporter. J'ai déjà dû lui céder un jour où elle irait me montrer un chemin dans les champs, avec tout ce qu'il y a de sympathique et de très joli pour remplir une discussion. J'apprends tout doucement à me faire traiter en vieux et cela tout doucement me déplaît. Mais enfin, ça leur fait plaisir et puis, ils n'ont pas si tort.

Quant à la montre… je n'ai pas pris beaucoup de temps pour y repenser. En la regardant j'ai pu convenir qu'il faisait jour, mais qu'il aurait dû faire nuit, et j'ai commencé à dérégler toutes mes horloges en conséquence. Ça amuse mes visiteurs, un peu.

Je me suis fait la réflexion que ça n'a aucune importance, que la montre soit imprécise. Elle est déjà la plus précise possible, et même si elle déviait mettons d'un milliardième de seconde. Et alors ? Tout comme on corrige l'année tous les quatre ans, on peut corriger ce décalage. On sait que, tous les milliards d'année, il faut ajouter une seconde. Et voilà. La montre est à l'heure. Bien sûr, pour opérer cette correction, il faudrait être un démon, capable d'observer une telle différence. Ton démon a concédé que c'était une solution. Il a aussi suggéré que si une telle différence était observable, sur toute la durée du temps, alors il aurait suffi de corriger le mécanisme dès le départ, de sorte qu'une telle différence ne puisse pas se produire. En fait, une telle observation rendait même, dans un sens, une telle montre complètement inutile.

« Garde la montre. » Je me demande ce qu'il entend par là.

Qu'est-ce qu'il a vraiment en tête…

 

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Cher ami,

Je suis un imbécile. J'ai retrouvé mon ancienne lettre parmi les papiers du bureau. J'aurais juré te l'avoir envoyé ! Mais non. Je t'avais oublié. Et je commence à croire que je pourrais t'oublier vraiment.

C'est devenu ma hantise. Comme si, à l'instant où je t'oublie, tu cesserais d'exister. C'est effrayant. J'ai l'impression, infantile, d'avoir ta vie dans un coin de la tête, comme une main tendue au-dessus du précipice, pour te retenir, et j'ai beau me dire que c'est absurde, il n'y a plus grand-chose d'absurde quand un démon hante ta maison.

Est-ce que c'est vrai… est-ce que les autres ont tort… Tout ce que je sais, tout ce que j'ai décidé, c'est que je ne t'abandonnerai pas.

Je continuerai de croire que tu reçois mes lettres, que tu les recevras un jour.

Nous nous sommes complètement trompés. À propos de la montre. Ou alors tu savais ? Depuis le départ ? Et tu n'as pas voulu me souffler la solution. Mais je réalise à présent ce qui aurait dû être une évidence. La montre. L'heure n'est pas la bonne. La montre est déréglée. La montre est déréglée, bon sang.

J'ai essayé d'en parler avec ton démon, mais je ne le trouve plus nulle part. Depuis que j'ai réalisé ça, c'est comme s'il avait disparu. Comme s'il n'avait été qu'un rêve. Je n'ai plus que la montre pour m'assurer que tout cela s'est bien produit un jour. Je l'ai sur le coin du bureau, je la garde dans ma poche, contre moi dans mon lit, je l'emporte partout. Je la serre dans mon poing comme on se raccroche à la mort, pour me sentir en vie, pour la chauffer avec ma paume. J'en viens à croire que j'en entends le tic-tac.

Mais enfin, si tu y réfléchis, c'était évident. Le temps est relatif. Il dépend d'où on se trouve, il dépend d'où on l'observe. Tu connais ces histoires mieux que moi mais, enfin, je sais qu'il est possible de ralentir le temps en augmentant la vitesse, ou quelque chose comme ça, et cela signifie qu'une montre ne peut pas indiquer de temps universel. Il n'y a pas de temps universel. Le temps. Est relatif.

Et pourtant, cette montre reproduit aussi précisément que possible le temps. Le temps a sa propre mécanique, relative ou non, sa propre logique, ses propres règles. Un démon, un être aussi puissant, a-t-il pu concevoir une montre capable de tenir compte de la relativité du temps ? Quel temps doit-il mesurer ? Que signifie un temps universel ? Que signifie le temps ?

Non. Non non non. En fait, toutes ces questions sont sans importance. Pour nous, au final, le bon sens suffit.

Il suffit de savoir que la montre est déréglée. Et, parce que le temps est relatif, on ne peut plus se contenter de corriger d'une seconde. Je commence à réaliser pourquoi il était nécessaire que la montre se dérègle. Elle ne fait qu'approximer, elle devait donc nécessairement, au fil du temps, produire une erreur. Et faute de pouvoir corriger, cette erreur en cause une autre. Puis une autre. Puis une autre.

Si ton fichu démon était encore là, il pourrait me dire ce que tout cela signifie. Pourquoi je dois garder cette montre. Pourquoi quelqu'un s'est amusé à créer un instrument de mesure universel, aussi précis, aussi puissant, si celui-ci devait nécessairement se dérégler.

Qu'est-ce que j'ai manqué ?

Je t'en prie. Juste cette fois. Réponds-moi. Dis-moi ce que j'ai manqué.

 

Amitiés.
Prélin

 

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Amandine est venue ce matin.

Elle m'a trouvé rajeuni. Elle trouve que sortir me fait du bien.

Elle a vu ma correspondance. Ça l'a fait rire. Elle m'a demandé à qui j'écrivais. À un ami, je ne sais pas. Tout cela date.

Elle m'a demandé si j'avais toujours la montre. Je n'arrive pas à la retrouver. Je ne m'en préoccupais plus. J'étais trop occupé avec la vente des immeubles.

Pendant que je fouillais mes affaires, elle m'a dit que la montre était importante. Et que je ne devais pas oublier mon ami.

Je me suis retourné. Elle n'était plus là.

Pareille à une erreur imprévisible dans l'écoulement immuable du temps.

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Portrait de Zarathoustra
Zarathoustra a répondu au sujet : #20269 il y a 9 ans 1 semaine
Voilà un texte où on trouve certaines de tes obsessions : les démons, le jeu avec le lecteur et la construction autour d’un dialogue (sauf que tu le détourne de manière très intéressante).
Même s’il ne s’agit que d’une succession épistolaire de texte et qu’il n’y a qu’une personne qui parle, il y a comme un dialogue avec le lecteur. Tout d’abord le narrateur est un peu le lecteur qui s’interroge sur ce qui l’attend et notamment sur le où et comment sera le piège.
Donc le personnage absent autour duquel tourne le texte (autre petit lubie de ta part) et qui ne fait pourtant rien joue un rôle en crue très important ; Il s’agit d’ailleurs certainement d’un renard, mais c’est un peu accessoire.
Ensuite l’intrigue pique la curiosité de manière très habile ; J’ignore si c’est volontaire mais elle m’a beaucoup fait penser à Borges. On a donc une trame tournée vers le fantastique. C’est d’ailleurs plus le fonctionnement à la Borges (ce côté poupée russe d’une idée qu’on croit simple et qui nous fait envisager l’infinie malgré nous) que le piège lui-même qui m'a interessé. A dire vrai, je n’ai pas envie de savoir pourquoi le démon disparaît, ni ce que signifie cette montre. Pour moi, c’est une sorte de McGuffin hitchockien. On suit l’intrigue par curiosité mais, au final, je me suis plus intéressé à ton personnage (et à ceux qui l’entourent) qu’au petit jeu que tu nous tend.
Et en te lisant, je me dis que le récit à la première personne te va bien. Par ce procédé, tu introduis une certaine proximité avec tes personnages qui manquait parfois à tes textes (enfin, on se comprend, ils n’en avaient pas besoin parce que là n’était pas l’essentiel). Sauf qu’ici, tu racontes le quotidien et surtout la fin d’une vie de manière très pudique.

Un autre pont qui m’a plus, c’est que ton procédé narratif te permet d’utiliser le « tu » en t’adressant au lecteur (qui est en fait un narrateur dans les faits). Autant je trouve que ça coinçait quand tu l’as employé dans le chapitre 4 de Renard au Harnais (faudra que je te fasse également retour, mais j’ai pas trop aimé), autant ici, l’utilisation fonctionne merveilleusement. C’est vraiment très habile.
Pour revenir au fonctionnement de ce texte, il y a un vrai glissement sur ce narrateur. Il est d’abord à l’image du lecteur qui s’interroge, puis il devient à son tour narrateur car il finit par vraiment raconter son histoire. Et à la fin, il devient acteur, sauf que tout est hors-champ et que c’est au lecteur d’imaginer la vraie fin.
Voilà en gros ce que j’avais à te dire sur ce texte. Autre précision, je trouve que tu arrives vraiment à concilier le fond et la forme, ainsi que tes préoccupations intimes avec l’intérêt du lecteur. J’ignore si c’est pour toi un récit proche ou éloigné de ce qui te tient à cœur d’écrire, mais je trouve que celui-la a écrit par un renard très charmeur et qu’il est très réussi.

Voilà un peu en vrac ce que j'avais envie de te dire. J'espère en tout cas que nous pourrons en discuter ensemble;
Portrait de Vuld Edone
Vuld Edone a répondu au sujet : #20270 il y a 9 ans 1 semaine
En te répondant je me suis retrouvé à analyser mon propre texte, parce que pour être honnête je ne sais pas comment il fonctionne.
Donc je vais plutôt te répondre en disant comment il a vu le jour.

Au départ, c'est une réplique trouvée dans Sword Art Online (un anime que je déconseille) qui m'a frappé. "Errors accrued in my code" ou quelque chose "les erreurs se sont empilées dans mon code", ce qui informatiquement n'a pas le moindre sens (le code ne change pas, c'est la mémoire qui fait nawak) mais qui, philosophiquement, reposait l'éternelle question du passage à l'état de conscience.
L'idée qu'une série d'erreurs dans ce qui est autrement un automate puisse être à l'origine d'une volonté m'a fasciné, et j'ai exprimé cela au travers d'un mécanisme qu'en tant que Suisse on me rabat sans cesse les oreilles avec : les montres.
Et là je on peut comprendre en quoi les démons, des créatures obnubilées par la volonté, aient expérimenté avec la mesure du temps. En fait, ils voient la montre comme ils voient un être humain. Ils sont uniquement intéressés de voir si cet objet échappera à la chaîne des causes à effets (prendre "chaîne" au sens carcéral).
On se croirait presque dans Chimiomécanique. D'autant que c'est le même univers.

Seulement pour poser mon problème philosophique, j'avais besoin d'une histoire. Notamment, et pour un récit fantastique, il me fallait l'habituel personnage scientifique décidé à tout foirer pour découvrir rien du tout. Évidemment j'ai inversé la logique et voulu un héros qui au contraire n'en aurait rien à fiche et qui ferait exactement la bonne chose : boucler la montre dans un tiroir ou la jeter à la poubelle. Ou la détruire.
Mais bien sûr, avec un tel personnage mon histoire se terminerait au premier paragraphe. Il me fallait une excuse pour le forcer à continuer. Je me suis donc inspiré de deux expériences, la correspondance et la vieillesse (pas la mienne) pour mettre en scène Prélin, inspiré de Pasquinot qui était, à l'origine, un lecteur de journal à l'arrêt de bus. Ouais.
Donc quelque part il y a du self-insert. Par exemple Prélin qui va pêcher vient de moi rêvassant au bord du lac, écoutant comme lui l'eau clapoter sur les rochers.

Le texte a alors pris une autre tournure, qui a vraiment lancé l'écriture : l'idéal. Tout comme Prélin se raccroche à l'idée que son ami va répondre, les démons se raccrochent à l'idée que la montre a une volonté. Parce que dans le cas contraire, c'est comme si on venait t'annoncer que la vie n'existe pas (et que tu es mort. Enfin pas mort, juste... t'es un caillou).
Le texte oppose ces idées à la réalité et sous-entend que c'est incompatible. Les idées sont impossibles, elles nuisent, il faut les abandonner. Ce que Prélin résume par "tes idéaux contre mon expérience". Le démon est du côté des idées, le reste du monde est du côté de la réalité et Amandine, c'est-à-dire Akkra, cherche un juste milieu.

Pour parler du personnage absent, au départ je voulais utiliser deux professeurs, l'un de mon univers et l'autre de l'Apocalypse de Petch. Celui de l'Apocalypse aurait reçu la montre et la mécanique de l'Apocalypse serait rentrée en jeu.
Je ne sais plus pourquoi j'ai abandonné cette idée. Sans doute parce que les professeurs se seraient trop conduits, justement, comme le prototype que je voulais éviter. Mais il y a toujours cette arrière-pensée, et c'est aussi pour ça -- et pour que mon personnage n'ait pas à aller travailler -- que j'ai opté pour une personne âgée.
Actuellement, et en oubliant que je veux avant tout qu'il s'agisse du lecteur, dans ma tête le personnage absent est un érudit vivant en Atasse, terre d'idéal, et qui aurait voulu mettre la montre en sécurité en l'envoyant à cet ami plus âgé au Liscord, terre beaucoup plus matérielle. Je n'ai jamais fixé la raison pour laquelle il aurait fallu protéger la montre, ni ce qui est arrivé à ce personnage.

Bref.
C'est effectivement un texte de renard, écrit sur un coup de coeur et surprenamment complet. Ce genre de texte que je peux lire d'une traite, même si je reste d'avis que l'épistolaire est grmf et que je préfèrerais la troisième personne.
Surtout, je me dis que si tu as trouvé Prélin réussi, c'est probablement qu'au-delà du possible self-insert il y a surtout que Prélin fait face à des problèmes dont je me soucie effectivement, et dont il se soucie donc par conséquence. Ce n'est pas comme "oh non. Ce personnage est mort. Oh la la." Il est en train, sans même le savoir, de participer à l'expérience de la montre.

Pour l'anecdote, il y a une variante où un personnage demande l'omniscience, et le démon, pour lui expliquer pourquoi c'est une mauvaise idée, lui offre cette montre et lui propose de voir l'heure qu'il est.
Le personnage devient fou.
EDIT: J'oubliais, autre anecdote. Akkra va inspirer un monstre pour les Anges. Ce monstre aurait une montre et la capacité de trouver le "moment décisif", un moment où il a une chance même infime de tout faire.
Ce n'est pas un mauvais monstre parce que, d'une part, il n'a que cette montre pour lui, et du coup un peu comme Samuels il est encore forcé de réfléchir comme une simple bête et, d'autre part, il n'est véritablement un monstre que durant ce 0.01% de temps sur lequel il n'a aucun contrôle sans qu'il puisse contrôler quand ce moment se produit. En somme, il doit vraiment être "au bon endroit, au bon moment" et toute sa vie se résume à devoir trouver ces instants.
Je me demande encore comment un tel personnage pense.
Portrait de Zarathoustra
Zarathoustra a répondu au sujet : #20271 il y a 9 ans 1 semaine
Ce qui est intéressant dans ce texte, c'est que tu donnes suffisamment à manger aux lecteurs même s'il n'a pas accès à toutes tes réflexions personnelles. C'est bien en ce sens que je dis qu'il y a un côté hitchockien. On peut voit Fenêtre sue Cours comme un thriller. Mais on peut aussi voir des thèmes beaucoup plus personnels (le voyeurisme, une métaphore sexuelle du handicap de James Steward et de son immaturité vis-à-vis des femmes etc.)..
Et le fait que l'histoire soit assez ouverte et que tu aies pris soin de construire un vrai personnage avec une vraie vie le rend également attachant, tout en abordant le thème du temps de manière indirecte.
On sent à la lecture que le texte s'est bien déroulé au niveau de l'écriture, qu'il s'est imposé un peu de lui-même. Je dirais qu'on sent le plaisir que tu as eu de l'écrire (c'est bien le cas, non?). Pourtant, je suis impressionné par le travail en amont, tes intentions premières et à dire vrai même les idées que tu veux mettre en oeuvre (qui plus est dans une toile plus vaste).
Par contre, tu nous délivres souvent des textes (souvent sous formes de nouvelles) qui ont leur place dans un tout, mais tu nous montrent que des petits bouts. J'ai du mal à voir l'ensemble. Notamment les personnages qu'on croise et qui ne reviennent jamais. En fait, tu en es où dans dans tes grands récits? Ils avancent indépendamment de ce que tu nous montres?

Et il y a des points ou des problématiques que tu voudrais creuser?
Portrait de Vuld Edone
Vuld Edone a répondu au sujet : #20272 il y a 9 ans 1 semaine
Les grands récits, non, ils n'avancent pas.
Tout d'abord, précisons que l'univers de l'Atasse et celui des Anges est différent. Tout comme celui des Anges et celui des Reniants l'est également, même si là on est dans la même galaxie. Tout est réuni sous un "super-univers", si tu veux, de Merra. Mais bref.

Actuellement, quand je réfléchis à mes textes, je réfléchis aux Anges.
C'est-à-dire à Alquières.
Alquières, c'est une planète, reliquat d'une guerre intergalactique et qui en a conservé, entre autres, un canon orbital. C'est le "Puits". Ce puits sert de deus ex.
La première civilisation qui le découvre va le vénérer comme un dieu et s'en servir pour administrer la justice. Le canon est capable de tuer n'importe qui n'importe où sur le globe en un peu moins de trois secondes, et sans dégât collatéral. C'est un peu là qu'apparaît la notion "d'Ange", celui qui décide qui doit mourir.
Lorsque la civilisation évolue technologiquement, elle va se mettre à utiliser le puits pour produire de l'électricité. Le puits cesse de tuer les gens au pif et va produire en gros assez d'énergie pour subvenir aux besoin de tout le monde sur la surface du globe.
Puis on a Alquières.
Le canon orbital est également une usine, qui semble produire "à partir de rien". Les gens ne le savent pas mais découvrent que s'ils veulent quelque chose très fort, le puits va le produire. La société se réorganise alors pour entraîner des gens à créer les ressources qui vont ensuite inonder la planète.
Les Anges n'existent vraiment qu'à partir de là. Ce sont des produits du Puits, une police créée de toutes pièces de l'imaginaire de la population et chargée de prévenir les excès de cette politique.

Mais même ça ce n'est pas assez. La planète développe son propre Gilles, qui est l'ordinateur de Chimiomécanique. Gilles va en gros remplacer l'école d'Alquières et continuer à produire ce que veulent les humains. Gilles fonctionne à l'identique de sa version d'Atasse : il obéit à l'humanité, aveuglément et exclusivement à l'humanité.
Et c'est là que ça dérape. L'humanité a envie de progresser. Plus rapide, plus forte, plus intelligente, un peu plus tout. Gilles obéit et utilise le Puits pour créer une sorte d'énergie, le "chaos", qui va permettre cette évolution. Le résultat, c'est que l'humanité est réduite à l'état de bêtes. Des créatures surhumaines et à peu près dépourvues de volonté.
En deux mois, 90% de la population planétaire meurt. Les continents sont fracturés et noyés. Six ans plus tard, l'espérance de vie est d'environ 2 ans, la nouvelle génération ne sait même plus d'où elle vient et l'humanité n'existe plus. Tout ce qu'il en reste, c'est Gilles, dans la ville d'Alquières, avec son Puits, dont la dernière instruction de l'humanité est de leur fournir le "chaos". Gilles prend alors le nom d'Homs, et n'a plus qu'un but : trouver l'humanité.

C'est sur cet univers que j'ai envie actuellement d'écrire.

Je te reviens pour ce qui est des problématiques, plus précisément des problèmes que je rencontre (et des idées que j'ai en tête, d'histoires, sur cet univers) mais là je dois aller travailler.
Portrait de Vuld Edone
Vuld Edone a répondu au sujet : #20277 il y a 9 ans 4 jours
Les Anges sont, au départ, une réponse aux héros de textes que je n'arrête pas de croiser. Tu sais, les héros invincibles qui réussissent tout (mais se plaignent que "c'est difficile") et dont tout le monde dépend. Ces centres de gravité universels. L'origine, alimentée par mon expérience du jeu de rôle sur forum, était : "imaginons un monde rempli de ces héros".
Le résultat, d'ailleurs, est une règle du pouce consistant à dire qu'à partir d'une certaine différence en puissance (quelle qu'elle soit) le plus fort ne comprend plus le plus faible, est donc incapable d'empathie et c'est la définition d'un monstre. Comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Un problème qui se pose pour moi est que je n'aime pas les monstres. Je ne peux les voir que comme des caricatures : caricature du gentil héros qui sauve la veuve et l'orphelin, caricature du méchant qui veut faire le mal parce que... je sais pas, moi... caricature de celui qui est teeeellement au-dessus de tout ça. Ce qui ne serait pas un problème si ce n'étaient pas les personnages principaux.
J'essaie d'esquiver ce problème avec des personnages comme Madèche, qui n'est qu'une "simple bête", mais deux pages plus loin je dois introduire des monstres parce qu'il va inévitablement tomber dessus, et on retombe dans le ridicule. Je n'arrive juste pas à les traiter sérieusement.

Un autre problème serait, outre d'introduire tous ces concepts au lecteur, que ce dernier n'a aucune idée de la puissance réelle des monstres. Ce qu'il peuvent encaisser, ce qu'ils peuvent causer. Et honnêtement les monstres non plus. Il n'y a juste... pas de repère. À part la mégalomanie de ces créatures.

Et puis il y a mes préoccupations.
J'ai toujours une dent contre ces héros, mais j'ai plus ou moins réglé le problème en arrêtant de lire. Actuellement je suis beaucoup plus préoccupé par des questions de modération, de centrisme, de compromis & co. Dans un sens... aucun des mes univers n'est adapté pour traiter de ces questions.
À côté de mes univers j'ai une fanfiction assez audacieuse qui est bloquée à la vingtième page parce que... ben... elle traite d'humanisme, de modération, toutes ces question... mais si je doute moi-même de ce que j'essaie d'écrire, je ne risque pas de pouvoir l'écrire.

Bref bref bref.
Portrait de San
San a répondu au sujet : #20454 il y a 8 ans 7 mois

En somme, il doit vraiment être "au bon endroit, au bon moment" et toute sa vie se résume à devoir trouver ces instants.

J'ai souvent cette impression concernant la vie IRL, encore qu'il faudrait parler de ce qu'on appelle "bon". Etre au bon endroit au bon moment, c'est ce qu'on recherche tous. Etre là où on veut vraiment être. Etre heureux, c'est être au bon endroit au bon moment.
Enfin bref :p

Quelques remarques sur le texte.

En ouvrant le couvercle j'ai tout de suite réalisé deux choses. La première était qu'il n'y avait pas d'aiguilles. Ni grande ni petite, ni même les coches. La surface était d'un blanc laiteux et le verre, usé et terni. La seconde chose que j'ai remarqué était que la montre n'était pas à l'heure.

Il doit y avoir qqch qui m'échappe, mais je ne comprends pas comment une montre peut être ou non à l'heure, si elle n'a pas d'aiguilles. C'est une montre à écran digital?
On en apprend davantage par la suite sur cette montre et sur l'intellect du narrateur, mais cette phrase continue à me choquer.

mais il semble entendre que t'y connais assez pour échapper aux périls quetu as si longtemps sous-entendu dans notre correspondance

J'ai vu plusieurs typos / mots manquants dans le texte comme les 2 ici. Comme c'est censé être une correspondance, je ne sais pas si c'est volontaire ou pas.

Du coup, une lecture agréable. La fin est un peu trop rapide à mon goût. Ca m'a donné envie d'aller me promener dehors, et même d'essayer la pêche, alors, c'est bien :p
Portrait de Vuld Edone
Vuld Edone a répondu au sujet : #20460 il y a 8 ans 7 mois
Ah, Akkra.

Rien ne t'échappe, il est effectivement impossible de lire l'heure sans aiguilles. C'est bien une contradiction. Et le héros ne s'en aperçoit pas. En même temps, bonne chance pour lire l'heure universelle avec des aiguilles ou des chiffres.

Tant mieux si ça t'a poussé à sortir. Après tout, et comme toujours dans mes textes, j'essaie de mettre les deux camps sur un pied d'égalité. Mais la montre représente un idéal, un devoir. "Garde la montre", c'est "n'abandonne pas ton idéal". C'est facile de passer à autre chose, par manque de temps.
Je crois qu'on est tous bien placé pour connaître ça.
Portrait de San
San a répondu au sujet : #20465 il y a 8 ans 7 mois
C'est facile de passer à côté de quelque chose, même en y passant du temps. J'ai tendance à penser qu'il faut aussi un bon moment pour les idéaux.