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Ce texte est (un peu) une réponse à l'idée de San.

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Des yeux se décollent un peu les poussières de lumière d'écran et ma forme s'amorce d'être regardée par vous, dans l'innocence même d'une apparition immatérielle, mot à mot, lettre à lettre, voyelles et consonnes réunies en de mêmes phrases matricielles. A mesure s'efforcent d'apparaître, en file indienne, les caractères typographiques sur le fond uni de l'ordinateur ; puis prennent sens les conglomérats derrière votre retine. Et je nais.

Que de place, ici que d'espace ! Il peut m'advenir des joues roses, et des cheveux de soie ; même des jambes de sirène sous un torse de femme humaine. Il peut m'advenir un navire au loin claquant des voiles, empétré dans la mer qui le retient, l'agace, le tangue, l'allonge, le disperse comme le vent fluide accalmit le feu des flots.

Mais il en faut peu pour qu'il cabote vers les récifs trompeurs où je me tiens, allongée, de mon torse jaillissant les paroles oubliees d'une comptine que tous savent, dans leur coeur, dans leur coeur, je vous l'assure. Croyez-moi !

Et la mer les attire, lentement, vers, moi. A moins que ce ne soit les mots de la chanson dans laquelle je les embarque. Et les uns luttent contre des chimères aquatiques à quatre têtes et huit yeux ; et les autres s'égorgent pour l'amour d'une femme qu'ils ignorent ; et les autres, encore, escaladent le mât de misaine pour y déloger des ptérodactyles agressifs.

A moins que ce ne soit ces mots en file indienne qui vous embarquent vous, dans mes récits trompeurs. Qu'il n'y ait pas plus de bâteau à l'horizon que d'écailles sur mes cuisses, et de soie dans mes cheveux. Est-ce de ma faute si vos vieilles légendes m'ont fait naître mi-homme mi-poisson ? Est-ce de ma faute si vos vieux mots en file indienne de parchemin vous ont fait croire à des marins, à leur chemise rayée, à leur oeil bandé, à leur foulard noué autour d'un crâne chauve ? Mais cherchez-les bien... Où sont-ils ? Les lettres en file indienne ne font rien sans vous consulter avant !

Ne m'en voulez pas d'être trompeuse... Je n'ai fait qu'apparaître au hasard d'une page qui se défile et se déroule (plus bas, mes amis !) sans rien vous demander que de me lire et de m'inscrire en vous.

Ne m'en voulez pas, non ! Ne me faites pas disparaître ! Que savez-vous de ce qui me suit ! Que savez-vous des merveilles que je vous réserve ! Voudriez-vous tout perdre ?

Pitié, mes amis : je n'existe qu'en file indienne, derrière votre rétine. Vous. Voulez. Que. Tout. S'arrête ? Laissez. Moi. Un. Peu. De. Vie.







Merci !


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