La rue des Liens. Les cheminées. Il est trois heures passées.
« Coupez les cartes avec votre main gauche. »
Son débit est ultra-rapide, j’ai du mal à suivre.
« Prenez trois cartes qui ne soient pas de rang, mettez-les face contre la table, en arc de cercle. Voyons vos pensées. »
« Vous m’avez menti. Vous connaissez les cartes, vous avez déjà consulté, ça n’a rien donné, vous n’en dites rien, valet de trèfle. C’est Toussenel. C’est lui n’est-ce pas ? Il vous tient. Il vous traque. Chaque jour cette impression de danger. C’est lui ou vous. Le matin en descendant, il ne fait pas encore clair, les ruelles de chaque côté, il est dans chaque, et à chaque fois ses yeux vous saisissent. Vous avez des cauchemars. »
« Le sept, le sept, il vous poursuit. Une dispute avec votre ami. Là, c’est le verre qui se brise entre vos mains. Il veut votre mort. Il vous veut mort, Toussenel, n’est-ce pas ? Ça, c’est la fenêtre, le soir, aux lampadaires, vous hurlez. Plus pour longtemps. Et vous ne pouvez pas mentir, vous êtes piégé. Le quai, le quai sept, votre ami monte dans le train. Tournez la dernière carte. »
As de carreau.
« … »
« Le valet de trèfle, le sept de pique. C’est certain. C’est lui ou vous. Vous êtes seul, seul face à lui, vous êtes piégé. Le sept ! Il a votre clef. Encore une nuit. Encore une nuit. Encore une nuit. Pas plus. Vous savez ce qu’il vous reste à faire. »
Non.
J’ai choisi les cartes, je sais qu’elle ment. À la gare, il n’y a que six quais. Le sept, c’est la complétude, c’est quand tout est achevé. Le trèfle, c’est le faible, c’est moi qui veux la mort de mon ami. Sa canne s’agite. J’ai vu juste.
C’est pour ça que je suis allé consulter, et c’est après que j’ai croisé Toussenel. Ils sont pareils, elle et lui. Le matin, en descendant, ce ne sont pas ses yeux. Et forcément ça m’énerve. Tout le monde sait pour le verre, tout le monde sait pour la dispute. C’est pour ça que Toussenel m’en veut, à cause du piège, et ses yeux, et c’est pour ça, c’est pour ça qu’il veut ma mort, dans mes cauchemars, c’est le sept, c’est le sept, le quai sept, tout est sa faute, il a ma clé, je sais ce qu’il me reste à faire.
Crescendo - As de carreau
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- Écrit par Vuld Edone
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