Au lendemain de la victoire, le quatuor se donna rendez-vous dans l’auberge du Nain Barbu à quatre heures. A quatre heures précises, Hazcal, Zlik, Fungon et Thorim étaient à l’auberge.
Elle était vide à l’exception de l’aubergiste. Ils s’affalèrent sur le bar et commandèrent une bière chacun. Hazcal engagea la conversation.
" Tout le monde va bien, Zlik, ta blessure ?
_ Pour l’instant ça cicatrise. Zlik laissa paraître une profonde entaille dans le bras que lui avait fait une flèche gobeline.
_ J’ai appris qu’un régiment de gobelins conduit par un certain Gnofr avait réussi à entrer dans la cité et avait pillé une riche demeure.
Tous les regards y compris celui de l’aubergiste se tournèrent vers Thorim qui venait de prendre la parole.
_ Ils ont pris une hache runique qui aurait d’étranges pouvoirs, le proprio filerait mille pièces pour celui qui retrouvera la hache, intéressant non ?
_ Mouais, ça fait six mois sans bosser ; renchérit Zlik ; pour chacun.
_ Moi je suis pas intéressé, je pense que je vais rentrer chez moi.
_ Allez Hazcal, viens avec nous, t’es le plus fort ; supplia Fungon, on est copains.
_ Je verrai cela plus tard, demain peut-être.
_ Mais si on se magne pas…
_ Je sais. "
Soudain un nain en uniforme entra dans la taverne avec des rouleaux de papier sous le bras, il salua tout le monde, donna un rouleau à l’aubergiste et s’en alla. L’aubergiste déroula le papier commença la lecture à haute voix :
" Avis à la population.
Tous les nains qui se sont engagés dans l’armée pour repousser les infâmes gobelins avec fierté sont priés de se rendre le plus tôt possible chez le champion Trulok l’ambitieux pour une opération militaire (l’adresse figure en bas de l’affiche) Tous les nains concernés non présents seront sanctionnés. VIVE LE ROI TUEUR, VIVE UNGRIM POING DE FER !
_ Merde ! Fit Zlik, ça me fait penser à une blague, celle de l’elfe qui doit s’engager dans l’armée impériale pour…
_ Ta gueule Zlik ; coupa Fungon, tout ça sent mauvais, très mauvais ! "
L’adresse correspondait à une grande maison de luxe qui avait été pillée à en juger par l’état des portes et des vitres (brisées bien sûr). Avec grand étonnement ce fut Trulok qui les accueilli cordialement. Thorim laissa échapper un :
_ "Qu’est ce que vous foutez ici ?
_ C’est moi le champion qui suis chargé d’emmener un régiment pour retrouver la hache antique volée par les gobelins, j’ai besoin des meilleurs nains de la ville, j’ai déjà recruté un régiment de dix tueurs de troll conduit par Numgui le tueur de géant, un régiment de brise-fer conduit par Ulrik le ténébreux, dix arquebusiers triés sur le volet, et maintenant il me faut un régiment de trente hommes pour nous accompagner. Vous suivrez une série d’épreuves, je ne choisirai que les meilleurs, bonne chance. "
Sur ce, il les quitta après leur avoir indiqué une grande bâtisse. Une fois entrés, les compères furent accueillis par un autre champion, très jeune d’ailleurs. Il se présenta sous le nom de Rhur : il devait leur faire passer les tests pour le voyage. Ils traversèrent un long couloir éclairé par de petites fentes régulières dans le mur ; le champion poussa une lourde porte en bois et fit passer les héros. Ils se trouvèrent dans une salle où une cinquantaine de nains s’entraînait à l’arbalète. Hazcal put reconnaître son ami de voyage Imak s’apprêtant à tirer un carreau. Hazcal n’eut pas le temps de vérifier si son compagnon avait réussi son tir car Rhur l’appela en hurlant son nom parmi tant d’autres. Hazcal dut passer un test d’endurance, il courut sur plusieurs centaines de mètres avant de sauter divers obstacles avec succès. Rhur se contenta de grogner et de marquer des notes sur un bout de papier. Puis il dut se battre à mains nues, il étala un jeune nain, cassa le bras à un autre mais dut se plier face à un gros nain à l’air ahuri. Ensuite il passa l’épreuve du tir. Hazcal trouva en lui un don pour le tir à l’arbalète : il finit deuxième au classement du tir. Les trois épreuves finies, il alla rejoindre ses amis aussi éreintés que lui.
_ " Putain, c’est encore plus dur que de faire la guerre pour de vrai !
_ Ouais t’as raison Fungon, ce salopard de Rhur de mes c…s il nous achève ! Zlik s’étala lourdement sur le sol, Hazcal se rendit compte alors que pour la première fois aujourd’hui Zlik arrêtait de parler sans un " ta gueule " ou " la ferme ".
_ Merde !
_ Quoi encore, fit Hazcal, tu peux pas te taire !
_ Ma blessure, elle s’est rouverte !
_ Et alors, reprit-il.
_ J’peux pas combattre, j’me casse.
_ Ouais dégage ça nous changera, fit Thorim. "
Après la très intellectuelle et intéressante discussion, Rhur remplaça Zlik pour annoncer qu’ils étaient pris, malheureusement pour Fungon qui voulait rentrer chez lui, heureusement pour Thorim qui voulait croiser le fer. Hazcal lui s’en foutait, personne ne l’attendait chez lui. Ensuite Rhur demanda où était le dénommé Zlik. Hazcal répondit qu’une blessure au bras l’avait contraint à repartir. Après cet entretien Hazcal, Fungon et Thorim nettoyèrent leurs armes avant d’assister à un check-up de la part de Rhur et de Trulok. Hazcal et ses amis entrèrent dans une grande salle où régnait un brouhaha. Rhur se tenait sur une estrade en bois où se trouvait une table avec une chope de bière, Trulok se tenait à coté. Il y avait dans la salle une vingtaine de nains plus ou moins jeunes. Rhur se racla la gorge, cracha un gros molard, but une rasade de bière et commença :
_ " Bien, messieurs, un peu de silence !
Aussitôt dit, aussitôt fait.
_ Bien, répéta-t-il ; certains d’entre vous ne savent pas encore, donc je vais tout expliquer : bon, il y a eu une faille dans les remparts Est et un régiment de gobelin à réussi à pénétrer dans le palais et à dérober la hache du Roi-Tueur malgré les défenses, le Roi n’a pas été blessé, je vous rassure.
Il fit une pose, finit sa bière, rota bruyamment puis reprit.
_ Notre mission est de retrouver la hache, nous devons intercepter les gobelins avant qu’ils ne rejoignent une armée d’orques qui terrorise l’Empire. Le chef des gobelins se fait appeler " Gnofr ". Nous serons rejoints par un groupe de tueurs de démons commandé par le Roi-Tueur lui-même. Nous partons demain à dix heures. Ah oui j’oubliais, vous aurez une prime en fonction de la réussite de la mission. "
Après un rot aussi bruyant qu’un coup d’arquebuse, Rhur quitta la salle et l’assemblée se dispersa. Trulok, lui s’approcha des compères qui se faufilaient dans la foule en direction de la sortie. Une fois rattrapé, le petit groupe sortit et pris la direction du sud. Trulok leur indiqua un petit jardin et ils s’assirent sur une herbe fraîche et grasse.
_ " Bon, qu’est ce que vous voulez ? Demanda Fungon.
_ C’est pour la mission, je dois faire un groupe de cinq nains pour tuer Gnofr. Je pensais que cela vous intéresserait, dix pièces d’or en plus.
_ Vous en pensez quoi les gars ? fit Hazcal
_ Mouais, pourquoi pas, tu marches Fungon ?
_ Ouais, bof, d’accord.
_ Bien, alors à demain, porte Est.
_ Mais c’est qui les deux autres ? Demanda Hazcal.
_ Ben Imak celui qui nous accompagnait pour le voyage et l’autre je le cherche encore. "
Après cet entretien, le vieux nain prit congé du trio. Une fois hors de vue Fungon demanda à ses camarades s’ils pouvaient retourner au Nain Poilu et Thorim le corrigea en disant que c’était le Nain Barbu. Puis s’ensuivit tout un discours intéressant sur le nom de l’auberge ; ils finirent par se mettre d’accord au moment où Hazcal commençait à s’ennuyer : l’auberge s’appellait le Nain Barbu mais elle aurait dû s’appeler le Nain Poilu. Une fois la conversation terminée, Hazcal, Thorim et Fungon se burent une bonne bière au Nain Poilu, heu non Barbu. Le lendemain, Hazcal se leva tôt, neuf heures, prit un petit déjeuner en vitesse et rejoignit ses amis à la porte Est. Une fois arrivé, il se dirigea vers Trulok qui discutait avec deux nains, l’un était Imak et l’autre c’était Zlik. Une fois à portée de voix il dit :
_ " C’est quoi cette connerie ?
_ Bah, j’me faisais chier tout seul, et puis il vous manquait quelqu’un.
_ Ouais mais ta blessure ?
_ Elle va mieux.
_ Oh non ! Tu vas encore nous casser les couilles avec tes conneries ; rechigna Hazcal.
_ Arrête, tu te crois drôle, ben c’est raté, on part dans cinq minutes, prend tes affaires et allons-y.
_ Je ne recevrai jamais d’ordre de toi.
_ Dommage parce que c’est moi qui seconde Trulok.
_ Merde, faut que je déserte, que je me suicide, sinon je vais crever dans un fossé.
_ Rassemble tes affaires et dépêche toi.
_ Pourquoi c’est pas moi qui suis le second de Trulok ?
_ Parce que tu t’es évanoui avant la fin du combat et que c’est moi qui ai traîné ta vieille carcasse.
_ Merde.
_ T’as raison. Merde, pourquoi j’me suis engagé. Allez, on y va. "
D’un ordre silencieux de Trulok, les nains quittèrent la cité. Au dehors les montagnes du Bord Du Monde se dressaient comme des pics sortant des entrailles de la terre. Pour la première fois depuis qu’il quittait Zufbar, il éprouvait de la tristesse, comme si la ville le rassurait. Ils se dirigèrent vers le sud ; bizarrement, les groupes de discussions, normalement constitués de vieux nains ou de nains jeunes furent mixtes, ce qui différait du précédent voyage, celui de Trulok était constitué de Hazcal, Zlik, Fungon, Thorim, Imak et bien entendu Trulok. Dans le second groupe, il y avait tous les autres. Hazcal se demanda pourquoi les vieux et les jeunes se confondaient, finalement il en déduisit que les jeunes gravitaient autours des vieux pour apprendre une technique secrète quelconque ou autre chose du même genre. Cela voulait dire que les jeunes avaient peur et que les vieux prenaient plaisir à se faire écouter avec tant d’intérêt. Hazcal sortit sa belle hache, la fit voler autour de sa tête alors que les runes laissaient des traces d’énergie puissante. Il fit de même avec son épée runique (elle aussi), mais quand il mit la main dans une poche pour y sortir un morceau de pain ramassé dans l’auberge, il sentit un objet dur et lisse, il le sortit et fut surpris de trouver son talisman. Il était sûr de l’avoir mis dans son sac. Curieusement, Imak était le seul à pouvoir supporter l’insupportable, les blagues incessantes de Zlik. Fungon parlait de sa copine, Hazcal et Thorim l’écoutaient, Trulok marchait l’air anxieux, devant, regardait les montagnes et le ciel et une trace des tueurs nains qu’on ne voyait pas encore. La petite armée campa dans une plaine à la tombée de la nuit, Hazcal s’apprêtait à défaire ses affaires et installer son lit (improvisé) quand Trulok interpella Hazcal et les dix-huit autres et leur ordonna de le suivre aussi silencieusement que possible. Trulok s’enfonça dans la nuit, accompagné de ses nains. Soudain il s’arrêta. Il leur indiqua une petite lumière qui vacillait et d’où s’échappaient des couinements. Très vite Trulok organisa les troupes, il fit deux régiments, l’un de quinze et l’autre de cinq. Trulok commanderait le deuxième, le premier devrait charger en premier et le second ensuite. Il disposa les arquebusiers sur l’arrière de la troupe et les brises-fers sur la droite, en soutien. Hazcal s’empressa de rejoindre Trulok qui était déjà accompagné par Imak et Zlik. Un hurlement venant de l’autre coté du campement gobelin déchira la nuit ; profitant de l’occasion, Trulok chargea avec ses nains, Hazcal se mit à courir à perdre haleine. Il voyait le camp se rapprocher, très rapidement, trop au goût de Hazcal. Arrivant au corps à corps, Hazcal fut surpris par la position des gobelins : ils leur tournaient tous le dos, combattant un ou des ennemis invisibles. C’était trop beau ! Hazcal et ses amis découpèrent les gobelins complètement désorientés, les brises-fers taillaient en pièces les ennemis et les arquebusiers faisaient exploser des têtes vertes. Hazcal était au cœur de la mêlée, soudain il vit un gobelin menant les autres et il vit Trulok tentant vainement de le toucher. Le gobelin était très agile avec une superbe épée et paraît toutes les attaques, Trulok semblait faiblir sous les attaques ennemies. Le nain semblait prendre l’avantage mais le gobelin para une attaque et planta son épée dans le ventre du malheureux qui s’écroula en hurlant. Le sang de Hazcal ne fit qu’un tour, il fonça sur le gobelin, décapitant au passage un peau-verte, et lui asséna de violents coups de la hache runique, ce que l’ennemi évita facilement. Le combat commença entre les deux adversaires, attaques et parades se succédèrent, chacun prenant le dessus successivement sans pouvoir achever l’ennemi héréditaire. Après une attaque du gobelin, Hazcal recula pour éviter un coup d’épée sur le crâne, il vit alors la bestiole sortir de son sac une petite fiole avec un liquide rougeâtre à l’intérieur (je sais c’est très mal écrit), il éclata de rire puis la jeta sur Hazcal. Celui-ci évita le projectile mais pas le mur de flamme qui en sortit. Le mur brûla tout sur deux mètres, nains comme gobelins. Lorsque la fumée se dissipa, Hazcal était toujours là, au centre d’un cratère, il retira un objet de sa poche, son talisman, il brillait comme remplit de magie, le gobelin cessa de sourire et Hazcal en profita pour l’éventrer avec sa hache bien comme il fallait, quand le fracas de la bataille s’estompa. Hazcal courut vers Trulok qui avait été projeté par l’explosion. Il agonisait dans son sang, Hazcal lui pressa sa blessure, Trulok lui murmura quelques mots :
_ " Ramène-les…vivants "
Puis il sombra dans l’inconscience. Alors Hazcal se releva, retint ses larmes et se rendit compte pour la première fois que les nains étaient bizarrement une cinquantaine. Il ne reconnaissait pas la moitié des nains autours de lui, en partie parce qu’ils étaient presque tous couverts de sang vert ou rouge. Certains portaient l’arbalète. Un vieux nain vigoureux hurla :
_ " Qui est le chef de ces idiots ?
Zlik s’avança fièrement vers le nain rabat-joie et dit :
_ C’est moi, je suis Zlik, le remplaçant de Trulok.
Le vieux nain envoya un magnifique crochet du droit la tête de Zlik qui s’écroula sur ses fesses.
_ Vous êtes pas bien ou quoi ?
_ Non, je suis en colère, vous venez de massacrer des gobelins qui savaient beaucoup de choses, merde, ça fait un mois qu’on attendait une opportunité.
Tout de suite après les deux nains furent entourés par deux demi-cercles, l’un composé des nains du vieux nain et l’autre de nains de Karak-kadrin.
_ Z’êtes qui pour vous montrer au-dessus de l’ordre du Roi-tueur.
_ Joseph Bugman, LE Joseph Bugman !
_ Merde.
_ Ouais, merde. Oh, nous avons trouvé cette jolie hache dans les affaires de Gnofr.
Joseph Bugman sortit alors une hache de son sac.
_ Je l’ai trouvée sur le cadavre de Gnofr.
Venu de nul part, un jeune ranger (les nains de Bugman sont des rangers hein !) dit :
_ Chef !Chef on a trouvé un tueur enchaîné et inconscient, v’nez voir !
Le ranger emmena Bugman, Zlik, Fungon, Hazcal et quelques curieux un peu à l’écart du champ de bataille. Ils trouvèrent un tueur, déjà détaché par ses sauveteurs, en train de se réveiller avec une vilaine bosse sur le crâne. Zlik entreprit tout de suite de le questionner. Quelque peu sonné par son réveil prématuré, le tueur hésitait à répondre.
_ Tu t’appelles comment ?
_ Heu, Url, ouais, j’m’appelle Url !
_ T’en es sûr.
_ Bah, j’pense.
_ Tu étais dans le régiment de tueur qui a disparu.
_ En effet, mais il ne sont plus là.
_ Où ?
_ Morts.
_ Ah.
_ Cela fait combien de temps que t’es tueur ?
_ Deux mois.
_ Tu pourras marcher jusqu’à la ville ? Pour revenir avec des renforts.
_ Bien sûr.
_ OK, on compte sur toi.
Le tueur acquiesça, se releva et marcha d’un pas sûr en direction de Karak-Kadrin. Puis Zlik se retourna vers Hazcal et les autres pour compter les pertes. Deux Brises-Fers morts, trois blessés graves, quatre nains morts (eux aussi) et trois blessés plus ou moins graves. Les rangers eux avaient perdu seulement trois nains. Après une longue minute de réflexion, il examina la hache et appela Fungon, qui étant fils de forgeron pourrait examiner l’arme et en tirer une conclusion. Après un examen minutieux, Fungon établit les faits.
_ " C’est une très belle arme, très ancienne, avec de puissantes runes, du très bon travail. Je pense que c’est la bonne hache.
_ Ouais ! Mais on fait quoi, fit une malheureuse voix dans l’assistance, on rentre ?
_ Bah y a rien d’autre à faire, demanda Zlik, non ?
_ Non, dit Hazcal.
_ Bon, la mission est terminée, faut ensevelir les cadavres nains et plier bagage. "
Aussitôt dit, aussitôt fait, dans l’heure qui suivit tout fut remballé. Et les deux petites armées repartirent, l’une vers Karak-Kadrin, et l’autre vers les montagnes, chargées chaque jour de centaines de gobelins et autres créatures malfaisantes en plus. Une fois arrivé à destination, le groupe de nains conduit par Zlik fut acclamé en héros. Hazcal retourna chez lui et aida son père dans le commerce. Zlik devint aventurier et périt dans un combat contre un seigneur du chaos après avoir trucidé à lui tout seul vingt démons. Fungon devint forgeron à Zufbar. Imak resta soldat et Thorim fut conseiller du Roi-Tueur jusqu’à sa mort.
FIN