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      Un jambon pour la 3, une choucroute et du vin pour la 5 et... heu... la brume de l’oubli s’emparait lentement de l’esprit du pauvre serveur ; arriverait-il à se souvenir de la commande de la table 8, haaarg...

la pression était trop forte, il avait beau chercher dans les moindres recoins de sa mémoire, il ne trouvait rien si ce n’est un gros trou noir heu....... un... un... ça commence par un S, j’en suis sûr ! je l’ai sur le bout de la langue ! heu... heu...

-SOUPE ! ! ! ! s’écria brusquement le serveur HAHAHA OUI ! ! UNE SOUPE AU POIREAUX POUR LA 10 !

     L’intégralité des occupants de la taverne regardait à présent cet homme avec des regards amusés par ci, et des regards incrédules par là, un seul regard rendait un sentiment de haine profonde et de ras-le-bol :

-Wagner... soupira l’homme à qui appartenait le regard hostile

-heu... pardon patron, ça m’a échappé... l’excitation du métier, vous savez ce que c’est... on ne se souvient plus d’une commande et brusquement on... le serveur n’eut pas le temps de finir sa phrase

-Wagner... répéta l’homme, tel un long soupir de lassitude

-excusez moi, je ne le referai plus, assura le serveur en se mettant quasiment au garde à vous, une expression sévère de militaire constipé sur le visage

     Le patron ne répondit pas, et le vacarme habituel de la taverne réapparut aussi vite qu’il s’était éclipsé. Wagner se remit au travail, essuyant quelques réprimandes de la part de son patron, choses dont il n’avait plus cure depuis longtemps. C’était bien la trentième fois que ce dernier le menaçait de renvoi, il savait qu’il ne risquait pas grand chose, puisque personne d’autre dans la ville n’aurait voulu d’un travail aussi pourri et mal payé que serveur dans la taverne du fruit juteux. Wagner s’en contentait pourtant sans problème, étant plutôt fragile de constitution et apeuré par à peu près tout ce qui n’était pas de forme humanoïde, il préférait cent fois sa condition de petit smicard à celle des marchands opulents de Marienburg.

     Wagner terminait toujours son service tard le soir, il n’aimait pas l’idée de rentrer la nuit chez lui, d’autant plus que les quartiers où se trouvait la taverne n’était pas des plus sûrs. Comme à l’accoutumée, le serveur rasait les murs pour retourner jusqu’à l’auberge où il s’était installé deux ans auparavant, et comme tous les soirs une voix déchira la pénombre :

-mais c’est Wagner ! un homme petit mais de forte carrure se détacha de l’ombre, bientôt suivi de quatre autres.

-et merde.... se dit le serveur

     Une heure plus tard, Wagner était enfin arrivé à l’auberge, les cinq larrons n’ayant pas reçu de tribut substantiel dû à l’absence de moyens d’en fournir du serveur se contentèrent d’une bonne raclée, histoire d’affirmer leur virilité respective. Ces cinq là, Wagner y avait droit pratiquement tous les soirs, pourtant, ce fut la première fois qu’ils en venaient aux mains : il avait la lèvre inférieure éclatée et un œil poché ainsi que de nombreux hématomes. Le serveur ne trouva rien de mieux à faire que de prier à peu près tous les dieux qu’ils connaissait espérant que cette fois-ci, l’un d’entre eux entendrait ses suppliques. Il pria donc, mais pas avec tant de ferveur que ça : Wagner avait appris à rapidement oublier ses problèmes pour se concentrer sur ce que lui amenait le présent, philosophie qu’il considérait comme le dogme de la vie. C’était principalement parce qu’il suivait constamment ce principe que tout ce qui le connaissait le voyait comme quelqu’un d’extraverti et facile à vivre. Cette façade de bonne humeur feinte contentant à peu près tout le monde sauf lui, il ne voyait pas l’intérêt d’en changer. Wagner était perdu dans ses pensées lorsqu’il entendit qu’on frappait à sa porte. Plutôt naïf par nature, il alla ouvrir directement la porte sans se demander si ca n’était pas encore un quelconque voleur ; dans l’encablure de la porte se trouvait l’aubergiste, portant un grand coffret noir rectangulaire :

-Lion Wagner, chambre 5 ? demanda l’aubergiste

-oui c’est moi, un problème ?

-un messager a déposé ça pour vous, un héritage de votre grand-père, j’ai signé à votre place, c’est un principe de la maison, ca ne vous dérange pas trop j’espère ?

-mon grand-père est mort ? et il me laisse quelque chose en héritage ? je croyais qu’il me détestait...

-bon bah bonne nuit, fît l’aubergiste en jetant la grande boite dans les bras du serveur et en repartant vers le rez-de-chaussée.

     Lion referma la porte (sans même fermer à clé) et examina le coffret, un grand A majuscule entouré d’un cercle de feu était dessiné sur le dessus, c’était le symbole de son grand-père, un mage qui arrivait parait-il à contrôler le feu sous toutes ses formes, rumeur non fondée et propagée par les villageois qui habitaient près de sa résidence (d’ailleurs n’importe quel individu ayant fait quelques études vous affirmera qu’il est scientifiquement impossible de contrôler un élément quelconque de façon totale). Wagner se demandait bien pourquoi ce dernier lui avait fait don de quoique ce soit puisque la seul fois où il avait eu une bribe de conversation avec lui, ça s’était résumé à :

- va te faire foutre ! fous moi la paix ! j’ai pas que ça à faire ! etc. etc. ...

     Cette conversation avait d’ailleurs eu lieu il y a trois ans seulement, et le bougre n’avait pas l’air franchement agressé par les ravages du temps. "Comment est-il mort ?" se demanda le serveur, si tant est qu’il fût mort : ça pouvait très bien être une blague puérile de ce dernier qui avait la réputation d’avoir un comportement quelque peu immature. "Enfin bref... voyons ce qu’il y a la dedans..". Wagner défit la sécurité du coffret et l’ouvrit... ce qui le fit presque tomber à la renverse : une épée ou ce qui ressemblait à une épée était placée dans le coffret, sa lame incurvée était parsemée de signes étranges écrits avec ce qui ressemblait à du sang séché, le métal dont était fait la lame étincelait comme du diamant et la garde ressemblait à une œuvre d’art, diverses créatures fantasmagoriques qui donnaient l’illusion de se ruer vers la pointe de la lame étaient sculptées dans ce qui semblait être de l’or. Le serveur essaya d’évaluer le prix que pouvait valoir une pièce pareille mais s’arrêta brusquement dans ses calculs, un parchemin qu’il n’avait pas remarqué jusqu’alors était posé à côté de l’épée, il la prit, la déplia de ses mains tremblantes et lut :

     Mon cher petit fils

     A l’heure où tu lis ces lignes je ne suis plus de ce monde. Je crois qu’on ne s’est jamais rencontrés ce qui est un peu dommage mais bon. C’est comme ca on y peut rien, j’ai entendu dire que tu étais serveur à la cité de Talabheim, il parait que c’est grand, mais que ce soit grand ou pas je ne peux pas accepter que la chair de ma chair de ma chair ait un travail aussi ingrat, j’ai voyagé toute ma vie durant, tout comme ton père et il est hors de question que toi, tu ne profites pas du vaste monde...

     Peut-être qu’en ce moment tu es heureux de la vie que tu mènes mais crois moi ! c’est le sang d’un grand voyageur qui est en toi ! ne gaspille pas ta courte vie dans la sédentarité ! heu... houla, je m’emporte, c’est ta vie fais en ce que tu veux (mais pitié ! pas serveur !). Au cas où tu déciderais de partir à l’aventure je t’offre le compagnon de route idéal, enfin je crois... je ne m’en suis jamais servi personnellement mais vous devriez vous entendre.

ALUNDRA

P.S : j’allais oublier ! son nom est Muspell

     Wagner mit quelques minutes à bien digérer tout ce qui était écrit sur la lettre, son propre grand-père ne se souvenait même pas l’avoir vu il y a trois ans, il lui demandait de tout laisser tomber pour aller risquer sa vie aux quatre coins du monde, et il parlait de l’épée comme si c’était une personne... Le serveur savait que son grand-père avait un comportement immature et irresponsable mais alors jusque là ! Il se dirigea vers le coffret le referma puis le cacha dans le fond de son armoire avec la ferme intention de revendre le tout dès le lendemain matin. Pourquoi voyager alors que la fortune est à portée de main ? il était pas logique grand-père...

 

Hé non c’est pas fini

Lion Wagner reviendra dans

UN AUTRE CHAPITRE !!

 

(vous vous attendiez à quoi ? j’invente pas les titres à l’avance comme ça :b )

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