Versailles, début du règne de Louis le Quatorzième
Mon très cher ami,
Je vous écris aujourd’hui car je me sens bien las et fatigué. Mais la raison de cette lettre va vous paraître bien futile, mon cher ami. Je vieillis aujourd’hui et le service du Roi m’a beaucoup appris. J’aimerai transmettre cette connaissance, cette sagesse que vous m’avez tenté de m’enseigner dans ma jeunesse et dont je comprends aujourd’hui toute la valeur. Raoul, ce cher enfant approche de l’âge d’homme aujourd’hui, et je vous renouvelle la proposition que je vous avais faite dans son enfance. Je serai très honoré de le parrainer et de veiller sur lui comme vous le fîtes pour moi il y a si longtemps.
Vous me dites que Raoul s’est épris d’une jeune fille des environs et que la jeune Louise lui rend ses sentiments. Vous me dites également craindre que ce ne soit qu’un de ces embrasements passagers de la jeunesse. L’éloignement permettra à son cœur de savoir si ce n’était là qu’une amourette d’enfants ou si leurs sentiments sont forts et sincères.
Je pense, mon cher ami que Raoul saura honorer l’uniforme des mousquetaires comme vous le fîtes dans votre jeunesse. Et je ne me fais point de souci quant à ces compétences. Ayant été élevé par vous qui fûtes et êtes toujours un maître, il ne peut qu’exceller. D’ailleurs, les mousquetaires ont changés bien changé. Oh, ils sont toujours les plus braves soldats mais ils sont plus … disciplinés. La fougue et les excès de notre jeunesse sont bien loin. Il ne s’agit plus de duels, de coups de main, d’aventure aujourd’hui. Et même l’uniforme a changé, de noir, les mousquetaires sont devenus bleus. Je sens le ton de cet lettre s’aigrit. Sans doute que ce soir, en pensant à vous, les souvenirs de nos aventures me reviennent avec les regrets … Enfin, on ne peut changer le passé.
Je vous en prie, mon cher Athos, donnez-moi vite votre réponse ou mieux accompagnez ce cher Raoul à Versailles, nous pourrons ainsi évoquer ensemble le bon vieux temps.
Avec toute mon amitié
Charles de Batz, Chevalier d’Artagnan