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 Journal d’un Aventurier - ...et fin !

 

 

Iliaron

 

 

Krycek, Iliaron, Kundïn, Gulix et Songe - ou ce qu’il en reste après avoir enlevé les bleus - se relevèrent avec difficultés.

Face à eux une immense forêt se dressait. Des statues d’écorces élancées dressaient leurs branches dans leur direction, tandis que quelques arbustes au pied de leurs parents écartaient leurs premières feuilles. Quelques touffes herbeuses se dessinaient de-ci de-là, dans de rares carrés inondés de soleil.

Iliaron s’avança légèrement et scruta avec attention les arbres passés l’orée de la forêt. La voûte sylvestre semblait se solidifier à une certaine distance et obstruer absolument toute lumière.

- Ce n’est pas bon du tout, ça, fit-il pensif.

- Quoi ça ? demanda Songe.

Iliaron dirigea son bras en direction de la forêt.

- Mais on n’est pas obligé d’y aller ! Insista Songe.

- Deux mille pièces d’or, ça fait quand même une sacré somme !

- Sûrement, mais je n’y suis pas dedans...

- C’est pas une raison, réfuta Krycek.

- On pourrait repartir dans le temple et refaire une boule ! Lança d’un ton jovial Songe - irrécupérable visiblement, mais qui sait ? Peut-être que dans un avenir plus ou moins lointain, il aidera les quatre compagnons - on peut toujours rêver, non !

- Kundïn !

Le nain se retourna vivement. Généralement, quand un elfe l’appelait, ce n’était pas pour une bière...

- Fais-lui comprendre !

Un sourire sournois se dessina entre la barbe foisonnante, tandis que le nain retirait avec une lenteur exagérée une plume de sa botte.

- Euh... Finalement, z’avez raison ! lança un Songe apeuré. Cette forêt est plutôt sympa, que n’y allons pas de suite.

Kun’, légèrement attristé à l’idée de ranger sa plume, continua d’avancer vers Songe, mais fut stoppé par Gulix.

- Alors, on entre ? S’enquit ce dernier, impatient.

- Avant toute chose, je tiens à vous prévenir que la forêt est magique !

- Ah...

- Oh...

- Euh...

- Vrai ?

- Et mince !

- Fallait s’y attendre...

- Mais quand même !

- Pas de bol...

- Fallait pas prendre un nain avec soi !

- Tu sais ce qu’il te dit le nain ?

- STOP ! hurla Songe.

- Quoi ? Rugirent les quatre autres compagnons.

- Si l’on ne reste pas soudé, on mourra !

Le courage de Songe était plus dû à la peur d’une nouvelle séance de chatouilles ; toujours est-il que cet argument fit son effet, et les compagnons se calmèrent aussitôt.

- Allez, on y va, dit Krycek, avançant.

- Je crois que je vais aller chercher le vieillard, il avait de beaux bij... de belles capacités, je veux dire !

Et il disparut sans qu’aucun ne puisse le rattraper - même les masques lancés par Gulix !

Les quatre compagnons, sidérés par l’attitude du nain - et aussi par la vitesse de rotation de ses courtes pattes - accordèrent à ce dernier une heure. Ensuite, ils entreraient dans cette forêt, laissant la dépouille du nain dans le temps.

Un quart d’heure plus tard, ce ne fut pas un Kundïn triomphant qui revint, mais un vieillard voûté parvenant à porter on ne sait comment le nain. Ce dernier gémit :

- Vraiment bas de plafond ce temple...

- En réalité, annonça l’ancien avec un ton sarcastique, il a confondu un couloir avec un trou de souris !

- Ah, je crois que je vais bien m’entendre avec ce vieillard, se réjouit Iliaron.

- Mais qui êtes-vous vraiment ? demanda Krycek avant même de laisser le temps à Gulix de parler (embêtant ces masques, on ne sait pas où frapper pour faire taire le mode déblatérer-ON)

Un sourire énigmatique fut la seule réponse.

Alors, résignés, ils se tournèrent vers la forêt, et s’apprêtèrent à entrer.

 

Falc’hun

 

L’étrange compagnie allait entrer dans la forêt quand soudain un raclement de gorge se fit entendre derrière eux. "Qu’est ce que c’est encore ? grommela Krycek.

_ Qui ose, dit Iliaron

_ Hum, fit Gulix.

_ Ah, émit songe en bondissant.

_ ..., ne fit pas Kundïn toujours évanoui."

Le vieillard couvert de bijoux quant à lui ne dit rien. Les hommes se retournèrent, et ils virent un étrange personnage. C’était manifestement un guerrier ou un éclaireur. Il portait une armure faîte d’un métal visiblement léger et portait au côté une épée. Il n’avait rien de particulièrement spectaculaire, si ce n’est la paire d’ailes qui se déployaient dans son dos. Songe en voyant autant de plumes d’un seul coup émit juste un petit "hic" avant de s’écrouler. " Et de deux, lâcha Iliaron. C’est malin, très malin ça. Monsieur ... ?

_ Falc’hun.

_ Et il à un nom imprononçable en plus, soupira Krycek.

_ Et qu’est ce qui vous amène Monsieur Falchun ? demanda Gulix plus terre à terre.

_ Falc’hun, n’oubliez pas l’apostrophe s’il vous plaît. Bref, je viens parce que même si c’est un dieu, et qu’il a tout son temps devant lui, mon patron aimerait beaucoup que ce fichu parchemin arrive à destination. Parce que ça fait quand même 40 ans qu’un abruti s’est trompé de messager et a remis le parchemin à la mauvaise personne.

_ C’est un dieu qui s’occupe de cette affaire, dit Krycek.

_ Voilà pourquoi c’est autant le bordel, ajouta Iliaron.

_ Et quel est le problème ? demanda Gulix.

_ Le problème, répondit l’être ailé, c’est que quarante ans d’attente ça vous fou une prophétie en l’air. Les héros se retrouvent à la maison de retraite avant de pouvoir partir à l’aventure. Donc du coup je viens pour accélérer le pas. On pensait que vous proposer deux mille pièces d’or allait vous dégourdir mais apparemment ça marche pas..."

Falc’hun n’eu pas le temps de finir. L’ancien avait commencé à s’éloigner discrètement avec le nain sur l’épaule. Mais au mot "or", Kundïn se réveilla brusquement.

 

Krycek

 

Le vieil homme tomba sur le dos, entraîné par le mouvement brusque de Kundïn et se fracassa le crâne sur la dernière marche de l’escalier.

Kundïn se releva tout penaud, baissant les yeux comme s’il avait cassé le pot de confiture de sa grand-mère.

_ C’est bête, avança Iliaron.

_ Oui, fit Gulix, quelques centimètres à côté et il tombait sur la mousse de la forêt.

Falc’hun battit nerveusement des ailes :

_Vous en ratez pas une vous alors !!! C’est malin, vous venez de tuer le vieux sage de la pyramide, notre doyen ! Il est était en CDI ici depuis près de 2000 ans.

Tous restèrent muets.

_ Je suis désolé, avança Kundïn, mais je ne pouvais pas savoir. Et puis à cet âge là c’est pas très indiqué de continuer à travailler.

_ Oui, fit Songe, les accidents du travail ça arrive et voilà ce qui aurait pu se passer.

Falc’hun tapa du pied sur le sol.

_ En même temps, c’est arrivé, fit Krycek.

_ Bah on ne peut plus rien y faire.

_ Bien, alors il suffira qu’un d’entre vous le remplace, expliqua calmement Falc’hun.

La bande se tenait silencieuse, puis tous se mirent à parler en même temps :

_ J’ai peur du noir ! fit Songe.

_ J’ai une famille à nourrir ! Étaya Iliaron.

_ Euh... je suis pris pendant tout ce millénaire, avança Gulix.

_ C’est hors de propos pour ma part, rajouta Krycek, le climat ne convient pas à mes allergies.

Tous se tournèrent vers Kundïn qui commença :

_ Il est vrai que je devrai le faire pour réparer mon erreur mais... qu’en est-il de la rémunération ?

Falc’hun ouvrit la bouche, béa.

_ Ben oui, de l’or, des femmes, de l’argent, de la bière, des trésors, des festins... il faut bien une compensation.

Falc’hun déploya ses ailes, et entra dans une colère noire, ses yeux lançant des éclairs, le ciel se fit plus sombre, les bruits de la forêt s’amplifièrent, le vent se leva.

Quand tout revint dans l’ordre tous se turent à nouveau.

_ Bien, j’espère que vous avez compris que je ne travaille pas pour un marchand de pacotille ! clama Falc’hun.

_ Bah, mon oncle travaillait dans une épicerie et vendait une amulette qui avait les mêmes propriétés pour les jours de foire ! fit Iliaron.

Falc’hun mis la main contre son cou, cachant l’amulette en question.

_ Donnez moi ce parchemin et vous, fit-il en s’adressant à Kundïn, vous prenez le poste du vieux que vous avez occis !

_ Et pour le dédommagement vis à vis de la quête ? demanda Gulix.

_ Oui et on pourrait partager les indemnités de licenciement du vieux que l’on vous a fait économisé fit Krycek.

_ Nous on dit ça, on dit rien, fit Iliaron levant les mains comme pour se défendre. On nous doit bien ça !

 

Falc’hun

 

" Comme ça vous voulez une récompense, fit Falc’hun mielleusement, très bien. Je pense que dix mille pièces d’or à vous partager devrait vous convenir ?"

Les yeux de Kundïn s’éclairaient, Iliaron resta bouche bée, Krycek se pinça pour être sur de ne pas rêver. Songe commença à s’envoler, poussé par le vent, avant de se reprendre et le masque de Gulix failli se décrocher à cette annonce.

"Je prendrais ces réaction pour un oui. Alors donnez moi ce parchemin et je vous donne le sac"

Un sac bien rempli apparut soudain aux côtés de Falc’hun. Mut par un réflexe ancestral à la fois génétique et culturel, le nain se précipita vers l’immense bourse. Mais au moment où il plongeait dessus, le guerrier ailé claqua des doigts et le sac disparu. Kundïn emporté par son élan poursuivit son plongeon pour atterrir dans la boue. Il se releva, dégoulinant avec une touffe d’herbe sur le nez. "Mais, s’étonna-t-il, il est où ? Il est où ?

_ Bravo Kundïn dirent en cœur Iliaron et Krycek, Fachun va encore se fâcher.

_ Falc’hun ! Falc’hun ! F A L C ’ H U N, s’emporta le concerné. Et d’ailleurs tant que vous ne m’aurez pas remis le parchemin je ne ferai pas réapparaître le sac d’or.

_ Voilà t’as gagné.

_ Il devrait faire attention, dit Gulix à ses compagnons, c’est pas bon de s’énerver comme ça.

_ Ca doit être les plumes, avança Songe, elles doivent lui chatouiller le dos.

_ Ma maman disait toujours, ajouta Iliaron, si tu veux vivre vieux, ne pas s’énerver c’est mieux.

_ C’est bien un proverbe elfe, lâcha Kundïn, sans intérêt.

_ Moi je dis qu’il va faire de la tension, dit Krycek, moi quand je m’énerve je fais de la tension. Mon généraliste me le dit tout le temps : " Ne vous énervés pas Monsieur Krycek, vous allez faire de la tension."

_ Regardez, fit Songe, il y a une petite veine qui gonfle sur son visage.

_ Vous pouvez me donner ce parchemin ? S’il vous plaît ? "

L’être ailé parlait d’une voix calme, mais ses ailes frissonnaient, trahissant son état d’esprit. Puis Kundïn le regarda suspicieux :

"Mais au fait, y a quoi sur ce parchemin ?

_ Oui c’est vrai ça, remarqua Iliaron, depuis le temps qu’on le ballade.

_ On pourrait peut être l’ouvrir, dit Gulix songeur.

_ Vous ne devez surtout pas l’ouvrir, cria Falc’hun visiblement effrayé, ce serait une catastrophe !"

 

Krycek

 

_ Une catastrophe ? fit Kundïn en levant un sourcil.

_ Ce n’est peut-être qu’une liste de course, avança Songe.

_ Ou un sortilège invoquant un monstre méchant pas beau qui risquerait de nous donner du fil à retordre...

_ et donc de l’expérience rajouta Iliaron aux propos de Krycek.

_ A fortiori plein de filles qui se jetteraient à nos cous, rêva Gulix.

_ Non, non et non ! Tout ceci vous dépasse prévint Falc’hun... vous ouvreriez la porte à bien des problèmes en ce paisible monde ! Qui a ce parchemin ?

Tous se turent à nouveaux, réfléchissant (comme ils le pouvaient). Gulix ouvrit son sac et en sortit le parchemin scellé par une cire aux reflets colorés.

_ Donnez le moi ! ordonna Falc’hun ou laissez la colère du Dieu tout puissant s’abattre sur vos misérables vies.

Les compagnons se regardèrent les uns après les autres, se demandant s’ils pouvaient en toute légitimité oublier les dix mille pièces d’or afin de satisfaire leur curiosité.

_ Moi je ne peux pas ! annonça Kundïn, tendant la main vers le parchemin que Gulix faisait jouer entre ses mains.

_ Tu ne peux pas quoi ?

_ Ben, oublier les dix mille pièces d’or, c’est ce que vient de dire le narrateur !

_ Parfois, ses propos me dépassent, confia Iliaron à Krycek.

_ Oui, je me demande souvent ce qui se passe dans la tête d’un nain... j’ai même entendu parler d’un bibliothécaire qui avait gravit les échelons avec des subordonnés sous sa coupe, fit Krycek.

_ Une légende, tout au plus, dénia Gulix, les nains ne savent pas lire, c’est un art au delà de leur capacité. Quoiqu’il en soit, il faut nous décider quant à ce que nous allons faire de ce parchemin.

_ Dix mille pièces d’or à se partager, ça fait 2000 pièces par personne... compta Songe.

_ En fait, 2500, corrigea Kundïn, nous ne sommes que quatre dans la quête !

Falc’hun commençait à perdre patience...

_ Bon, vous vous dépêchez, j’ai encore quelques condamnés à pardonner et une naissance importante à bénir !

_ Un jour de Noël ?! demanda Iliaron suspicieux.

_ Peu importe ! Il me faut ce parchemin !!!

_ Dites nous ce qu’il renferme...

_ Non, pas possible !

_ Ou nous l’ouvrirons...

_ Pas possible non plus ! fit Falc’hun en donnant un coup d’ailes, se précipitant vers Gulix qui tapotait le parchemin contre la paume de sa main. Celui ci fut plus prompt et fit une passe à Krycek, qui passa à Iliaron quand Falc’hun plongea vers lui.

Abrégeons la suite :

Iliaron passe à Songe qui remontait les marches pour se démarquer. Songe pour Gulix, Gulix pour Iliaron, Iliaron-Krycek, Krycek à Songe et Songe à Kundïn puis...

Kundïn tout sourire ouvrit le parchemin, descellant le sceau de cire en déroulant la feuille de papier ocre. Ses yeux s’ouvrirent tous ronds en accédant au contenu de la fameuse missive.

 

Falc’hun

 

" Eh merde, jura Falc’hun.

_ Alors, y a marqué quoi ? demanda Krycek

_ Qui est ce qui va se faire engueuler maintenant ?" Falc’hun semblait à la fois furieux et désespéré. " C’est qui ? C’est bibi." Kundïn quant à lui restait silencieux, les yeux rivés sur le parchemin. "C’est surement parce qu’il n’arrive pas à lire, lâcha dédaigneusement Iliaron"

_ De toute façon je le lui avais dit en les voyant. "Les laisses pas prendre le parchemin, ils vont tout faire foirer." Mais non, personne ne m’écoute jamais de toute façon.

_ Il fait vraiment une tête bizarre, remarqua Songe en désignant le nain.

_ Je vais le lire moi." avança Gulix en prenant le parchemin des mains de Kundïn. L’homme masqué posa ses yeux sur les quelques lignes qui recouvraient le parchemin.

 

Partir un jour à l’aventure

infliger des blessures

faire les gros bourrins

piller les souterrains

sauver les princesses pour les croquer

 

Partir un jour

avec une épée

découper des gobelins

sans s’faire laminer

par les araignées

...

 

Ainsi continuait l’étrange texte qui défilait sous les yeux écarquillés de Gulix. Le parchemin tourna dans un silence seulement troublé par Falc’hun.

" Et voilà, ça va encore être un gros bordel. Voilà avec leurs plans merdiques. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer ?

_ Mais c’est quoi ? demanda Songe ?

_ On dirait une chanson, avança Iliaron.

_ C’est sûr qu’en matière de chanson pourries il faut demander à l’elfe, asséna Kundïn.

_ Mais pourquoi une telle histoire pout une simple chanson toute pourrie ? demanda Krycek.

_ Songe, va lui demander, dit Gulix en désignant Falc’hun.

_ Pas question, s’emporta l’élémental, il à trop de plumes.

_ Chochotte, lâcha Kundïn, je vais m’en occuper moi."

Il se dirigea vers Falc’hun qui parlait tout seul en tournant en rond. Le nain s’approcha de lui et se mit à le secouer dans une avalanche de plumes.

"Qu’est ce que c’est que ce parchemin ? Pourquoi tant de mystère pour une chanson pourrie ?

_ Pauvres fous ! dit Falc’hun en levant la tête. N’avez vous rien remarqué ?"

Les compagnons levèrent la tête et remarquèrent que le vent soufflait dans les branches des arbres proches, et que le ciel s’emplissait rapidement de nuages noirs chargés d’éclairs.

" En décachetant ce parchemin, vous avez ouvert la porte des abîmes infernales de l’Enfer.

_ Encore ! firent les aventuriers blasés.

_ Oui, on fait ce qu’on peut, justifia Falc’hun.

_ Et comment on gagne ? demanda Gulix.

_ En renvoyant le démon dans son plan d’existence, avança Krycek.

_ En gagnant un concours d’archer, affirma Iliaron.

_ En gagnant un concours de buveur de bière, s’enthousiasma Kundïn.

_ Ils vont essayer de me chatouiller ? S’enquit Songe.

_ Non, vous ne pouvez rien. La seule façon de refermer la porte est de chanter cette chanson. C’est en fait une incantation qui doit être récitée par un groupe d’aventuriers incompétents en réalisant une danse tout aussi ridicule. Et je ne cro..."

Falc’hun leva les yeux et posa un regard étrange sur les hommes présents devant lui.

 

Krycek

 

_ En fait, vous pourriez rétablir la balance... songea Falc’hun à voix haute.

Tous se méfièrent du soudain regain d’assurance de l’ange mal plumé et accueillirent sa remarque avec des coups d’œil en coin.

_ J’ai un ami dan... magicien qui pourrait nous aider avec l’incantation et plus particulièrement la choré... la gestuelle idoine. Cet ami, Kamal Oualou, s’y connaît dans ce genre de mis en scène.

_ Mise en scène ? Tiqua Iliaron.

_ Oui, il faut beaucoup de concentration pour conjurer un sort et...

_ Que se passera-t-il si nous ne le faisons pas ? interrogea Gulix.

_ Parce que pour le moment, le ciel ne nous est pas tombé sur la tête, l’apocalypse n’est pas arrivé, Mireille Mathieu n’a pas ressuscité, les poules ont peut-être des dents qui leur ont poussé, mais je crois que l’on saura faire avec, ironisa Krycek. Rien de bon ou de mauvais n’est arrivé depuis que Kun’ a ouvert ce parchemin.

_ Hm, je ne crois pas que Mireille Mathieu soit déjà morte, fit Iliaron à l’oreille de Krycek.

_ C’est ce qu’il a dit, rien de bon n’est arrivé non plus, rugit Kundïn.

Gulix observait le parchemin et notamment les runes étoilés dans l’en-tête.

_ Ce parchemin est intitulé, Cast quelque chose Star...

_ Un Cast of Star ?! fit Songe dans un grand cri.

_ Quoi ? firent-ils tous en chœur, tu connais ?

_ Non, mais ça paraît dangereux, conclut-il tout piteux.

Iliaron regardait par dessus l’épaule de Gulix, Kundïn attendait sagement, hache à la main, prêt à déchoir l’Ange, si le verbe déchoir existait bien...

_ Regarde, des runes ont été effacées, le titre n’est pas entier... pointa Iliaron.

Gulix sortit une fiole de son sac et demanda à Krycek d’écraser une banane sur la botte de Kundïn pendant qu’il récupérait des herbes fraichement foulées.

_ Pourquoi encore moi ? Rouspéta Kundïn.

Il ravala sa colère avec le regard glacial de Gulix.

_ Pour t’embêter, ça me met de bonne humeur et ça aide pour le sort !

Kundïn obtempéra.

 

Après une bonne demi-heure d’incantations au dieu des chouettes, de danses effrénées à la queue-leu-leu et trois ou quatre tasses bues cul-sec chacun de ravioli aux framboises pilées, Gulix regarda de nouveau le parchemin qu’il embrassa.

_ Je le savais ! S’exclama-t-il. Il était crypté ! A présent les runes apparaissent toutes !

Iliaron lisait toujours par dessus son épaule :

_ Cast... Cast... Castin... Casting de... Casting de la Star Academy ?!!!!

 

Falc’hun

 

_ La Star Academy, bougonna Kundïn, qu’est ce que c’est encore que cette saloperie là, je parie que ça se boit même pas.

_ Vous ne vous rendez pas compte du danger ! s’exclama Falc’hun. Univers Sale Mouzic, le dieu du chaos veut répandre ses musiques pour pervertir nos enfants et conquérir le monde.

_ Ben voyons, fit Krycek sceptique, conquérir le monde. Il y avait longtemps qu’on nous l’avait pas faite celle là. Et avec un plan pareil en plus, on aura tout vu.

_ C’est vrai que c’est un peu léger, appuya songe.

_ En plus, insista Falc’hun, des chanteurs maléfiques reviendront à la vie comme Yvette Horner ou Fredéric François.

_ Mais ils ne sont pas mort non plus, remarqua Gulix.

_ Et puis jamais les jeunes elfes n’écouterons de telles chansons, argumenta Iliaron."

A ce moment, un groupe d’Iliaron miniatures sortit de la forêt en chantant :

" ... Partir un jour à l’aventure, avec une épée, découper des gobelins, lalalalala, lalalalalaaa..."

Ils firent quelques pas de danse sans aucun sens avant de disparaître dans les arbres. Iliaron resta un moment bouche bée avant de s’agenouiller dans l’herbe en pleurant.

" Vous voyez, dit Falc’hun, ça à déjà commencé.

_ Ah ! Ah ! fit Kundïn, il n’y a bien que les elfes pour écouter une musique pareille. Les nains vont bien se foutre d’eux."

De petits nains sortirent alors de la pyramide. Malgré leur âge, ils ne devaient pas avoir plus de quinze ans, ils avaient déjà une barbe bien fournie. Ils se répartirent dans les escaliers. Puis ils se mirent à danser en silence avant de commencer à chanter :

" Partir un jour à l’aventure..."

Quand ils disparurent dans la pyramide Kundïn se mit lui aussi à pleurer. Entre deux sanglots on put distinguer quelques paroles :

" Ils ne parlent même pas de bière ou d’or dans la chanson."

Iliaron se rapprocha de Kundïn :

" Je comprends ce que tu ressens."

Les deux hommes tombèrent dans les bras l’un de l’autre et se mirent à pleurer de plus belle.

" Là, c’est vraiment grave, remarqua Krycek.

_ Moi je les trouve mignons, dit Songe

_ Il faut faire quelque chose, fit Gulix"

 

Gulix

 

"Et t’as quoi comme idée ?" ironisa Krycek pendant que Kundïn commençait à déboucher son fût magique, sorti de la poche avant où il rangeait sa table.

"Attendez, une seconde je réfléchis" fit Gulix en grattant son masque là où aurait pu se trouver sa tempe

 

Le temps que Kundïn finisse trois fûts (quelques secondes tout au plus), l’homme ( ?) au masque avait trouvé la solution.

"KUNDIN !" interrompit-il le nain, qui s’apprêtait à sortir le quatrième "viens par ici !"

Marmonnant et sanglotant toujours dans sa barbe, le nain approcha en titubant.

"Quoi encore, j’en ai barre de servir de cobayashi..."

"T’inquiètes, c’est dans tes cordes. Assomme Songe"

Un sourire illumina le visage du nain éméché qui, avec une rapidité qu’on ne lui soupçonnait pas, mis KO Songe d’une droite bien sentie.

Laissant Kundïn triompher de sa piètre victoire, le masqué se dirigea vers le nouvel arrivant.

"Vous, là, avec les ailes, buvez-moi ça !" fit-il sur un ton impérieux en désignant une potion cireuse en provenance d’Osspohr.

"Euh, vous me donnez un ordre, là ?"

"Ouaip"

"..."

"Tu bois ça et tu nous amènes chez ton pote Ouala"

"Et je vous emmène comment ?"

"Bois, et tu sauras"

Laissant Falc’hun à ses considérations sur le fait de boire ou non la Cire Osspohr, Gulix se dirigea vers ses compagnons en leur tendant un sac de marshmallows.

"Ouais des marshmallows !" firent en cœur Iliaron et Krycek.

"Mettez-les dans vos oreilles, ils sont tellement rassis qu’ils devraient empêcher ces musiques infernales de nous atteindre."

"C’est quoi ça !" fit la voix de Falc’hun avant qu’ils ne puissent mettre leurs marshmallows.

 

Falc’hun

 

Tous se retournèrent dans la direction que pointait l’ailé. Un nuage de fumée venait d’apparaître au milieu duquel on distinguait une silhouette grande et musclée. Puis peu à peu d’étranges lumières multicolores sortirent de la fumée, une musique rythmée retentit et l’ombre du nouveau venu se mit à suivre une chorégraphie incroyable. Les pas de danse de plus en plus complexes s’enchainaient à une vitesse incroyable.

Gulix, Krycek, Iliaron et Kundïn regardaient la scène en mangeant machinalement les marshmallows. Falc’hun quant à lui semblait blasé par l’étrange événement.

" Bon ! Kamal ! Ca suffit maintenant ! On a pas que ça à faire."

Soudain tout s’arrêta, les lumières s’éteignirent et la musique se tut. Lentement la fumée se dissipa. Quelle ne fut pas la surprise des compagnons lorsqu’ils ne virent, rien.

" Merci, toi aussi. Toujours aussi rabat-joie à ce que je vois Falc’hun."

Toutes les têtes se baissèrent. Un petit gnome d’à peine quarante centimètres de haut les regardait avec un air de défi dans les yeux. Outre sa petite taille, il était affreusement moche, il avait un gros nez, une barbe mitée et deux verrues sur le front.

" Je vous présente Kamal Oualou, dit Falc’hun.

_ Il est encore plus rase-motte que le nain, remarqua Iliaron

_ Tu sais ce qu’il te dit le nain ?

_ Rien d’intelligent je suppose.

_ Arrêtez ! " Crièrent en chœur Gulix et Krycek. " Monsieur Oualou, vous tombez bien, on allait venir vous voir.

_ Qu’est ce que tu fais là d’ailleurs ? demanda Falc’hun.

_ C’est le patron qui m’envoie. Univer Sale a envoyé son meilleur agent récupérer le parchemin. Moi seul peux la combattre.

_ Mais qui donc ? fit Krycek."

A ce moment un deuxième nuage de fumée apparut, mais il se dissipa bien vite. Laissant apparaître Milla Frail.

 

Krycek

 

Cela faisait maintenant deux heures que Kamal Ouala et Milla Frail se combattaient dans une joute verbale avec des enchaînement d’insultes bien senties que la bande de joyeux drilles ne comprenait pas. Kundïn s’était assoupi, cuvant ses trois fûts de bière, près de Songe qui n’était pas encore sorti de l’inconscience due à son coup de poing.

Iliaron et Krycek étaient ballonnés d’avoir mangé trop de marshmallows et Gulix tâtait toujours les nouveaux muscles de Falc’hun apparus après avoir ingurgité la Cire Osspohr. D’après lui c’était un élixir très puissant qui rendait fort. Personne n’avait tenté de le contredire, connaissant sa tendance à faire le maximum pour s’attirer les faveurs des filles.

Falc’hun ne bougeait pas, les muscles saillants de ses épaules bloquant sa tête dans une position plus que droite. Ses biceps empêchaient ses bras de toucher ses hanches et les muscles de ses jambes, tendus à craquer, le contraignaient à rester debout.

_ Je vous avais prévenu, marmonna-t-il à travers son corps gonflé de testostérone et d’adrénaline, à présent, le monde doit crouler sous les starlettes de la télé et les gens vont commencer à devenir fous si on ne fait rien pour les renvoyer d’où ils viennent.

_ Mais ils viennent d’où ? demanda Iliaron.

_ De l’imagination de puissants sorciers qui ont créé la télé Pouh-bel.

_ Comment fait-on pour les renvoyer ? fit Krycek à son tour.

_ Dès que je serai de nouveau capable de bouger, je vous montrerai la chorégraphie qu’il faut exécuter, Kamal Ouala la notera et scellera par la même occasion le sort...

Tous se turent, observant Kamal Oula et Milla Frail se dandiner et chanter des obscénités afin de ridiculiser son adversaire.

_ Pourquoi ce parchemin était-il alors en transit vers une autre ville ? demanda Gulix.

_ Tu ne comprends donc pas, fit Falc’hun, c’est une arme de destruction massive. Au lieu de tuer ses ennemis, les pays pouvaient ramollir leur intelligence en les assommants de programmes débiles. Il fallait à tout prix éloigner ce parchemin et le détruire. Maintenant que le sort a été lancé, il suffira d’exécuter la chorégraphie pour faire disparaître ces stupidités...

_ Combattre le mal par le mal en somme, fit une voix derrière les compagnons.

_ Oui, c’est exactem... commença Falc’hun en se retournant. Oh non ! La cerise sur le gâteau !

Falc’hun se prit le nez entre le pouce et l’index, furieux. Se faisant il se rendit compte que ses muscles commençaient à disparaître.

Un homme de toute petite taille effectua un salto vrillé au dessus des têtes ahuries de la compagnie et atterrit devant eux sur la mousse des bois, les bras écartés interrompant le duo Milla Frail et Kamal Ouala.

_ Bonswar... BONSWAAAAAAAAAR ! Ici Mikonos Alias Gaz pour une retransmission EN DIREWCT LAÏÏÏÏVE de la STAR’W’ACADEMÏ !!!

 

Falc’hun

 

_ Mais qui c’est ce clown ? demanda Gulix

_ C’est le larbin des puissants sorciers dont je vous ai parlé.

_ BEAUCOUP BEAUCOUP D’EMOTION CE SOIR. AVEC EN GUEST STAR UN BIBENDUM AVEC DES AILES.

_ Je vais me le faire, fit Falc’hun.’’

Oubliant l’état de ses muscles il tenta de se jeter sur Mikonos. Mais il ne fit qu’un pas avant de s’écrouler sur le sol à cause des ses muscles hypertrophiés. Il se mit à rouler sur le sol comme un culbuto en battant ridiculement des ailes. Sous les rires de Krycek et Iliaron pliés en deux.

Néanmoins Falc’hun continuait à se dégonfler progressivement tandis qu’à l’orée de la forêt, Milla et Kamal se battaient comme des chiffonniers. Plus précisément, la danseuse déchirait les vêtements de son adversaire tandis que ce dernier décoiffait la jeune femme avec acharnement.

Puis le regard de Krycek se posa sur Falc’hun qui avait si bien finit de se dégonfler qu’il ressemblait maintenant à une poupée gonflable crevée.

"Tout ces bodybuilder je t’avais bien dit que c’était que d’la gonflette.

_ Remarque je le trouvais un peu gonflant, répliqua Iliaron.

_ Mais c’est au moment d’agir qu’il se dégonfle.

_ Ne sois pas si dur, il a juste besoin de souffler."

Ils se remirent à rire de plus belle en se tenant les côtes.

Falc’hun tenta bien de parler, mais seul un son assez semblable au miaulement d’un chaton sortit de sa gorge.

Gulix quant à lui examinai la fiole :

"Eh les gars, vous allez rire."

 

Gulix

 

"Y a une image qui s’est collée à la fiole."

"Et alors ?" répondirent en chœur ses compagnons

"C’était pendant nos années à l’Université, qu’on avait monté ce groupe de musique tribale, et que ce touriste avec sa boîte au démon peintre nous avait ’Peintographié’."

"Ah ouais, la bonne époque" répondit Krycek, rêveur, en regardant l’image sur laquelle Kundïn, Krycek, Gulix et Iliaron posaient avec leurs instruments étranges.

"Attendez, c’est vous, là ?" demanda Falc’hun étonné.

"Euh, ouais, pourquoi ?"

"Mais alors, c’était vrai, la prophétie !"

"La prophétie !?"

"Celle du Guinness Book, attendez, je l’ai dans mes affaires..."

L’étrange poupée dégonflée sortit un livre étrange et commença à le feuilleter.

"C’est quoi le Guinness Book ?" demanda Iliaron.

"Le Livre des Révélations dues à la Guinness..." fit gravement Kundïn, que le mot Guinness avait réveillé. "Un objet légendaire originaire d’une île septentrionale où vivent en harmonie les nains. Faites voir..."

"Là, c’est la même image." fit Falc’hun en désignant, en effet, la même image. "Par contre, je ne comprends pas la légende. Le nain, là, vous pouvez déchiffrer ?"

"Il s’agit des héros légendaires qui sauveront le monde d’une terrible menace grâce à leur savoir, qui est appelée ici la Réponse en Or Contre le Karaoké : le ROCK !"

 

Falc’hun

 

"Le rock souffla Iliaron, il doit y avoir une erreur, nous on jouait du bal musette à l’époque.

_ Du quoi ? S’étonna Falc’hun, le sourire aux lèvres.

_ Ben oui, fit Iliaron, le nain jouait de l’accordéon, Krycek de la batterie, Gulix du synthé et moi de du violon. Regardez j’ai encore le mien dans mon sac." Il sortit de son sac l’instrument de musique. Gulix et Kundïn firent de même tandis que Krycek s’installa derrière les fûts vides du nain. Ils tirèrent de leurs instruments quelques notes désaccordées.

Pendant ce temps, à court d’idées, Kamal et Milla en étaient venu à se mesurer à la bataille de pouce, le match était commenté avec passion par Mikonos.

" C’est bien ma veine, soupira Falc’hun, tomber sur une prophétie bancale. Je me plaindrai à mon syndicat.

_ Attendez ! dit Gulix. On a pas le rock, mais il nous reste le parchemin.

_ Et ?

_ En alliant la musette et la chorégraphie, on peut peut-être renverser le sort ?

_ Mais qui va danser ? releva justement Krycek.

_ J’ai ma petite idée la dessus, répondit Falc’hun avec un sourire inquiétant"

Son regard mauvais se posa sur les deux danseurs qui s’affrontaient à Pierre Feuille Ciseau et sur le commentateur qui s’agitait autour d’eux.

 

Krycek

 

Le rideau improvisé de vielles fringues se lève. Les spots que Falc’hun a fait apparaître sont baissés, les artistes dans l’ombre du feuillage de la forêt. Une cadence est lancée à la batterie, composée de 3 fûts de bières, les cheveux du batteur voilant son visage au cas où il serait visible. Le synthé commence avec une mélodie prenante, rythmée, répétitive faisant monter la pression, Gulix est aux commandes. Deux autres musiciens sont dans l’ombre.

Mikonos s’élance sur l’herbe et la mousse humide tapissant le sol de la scène et commence calmement :

_ Ce soir est une représentation spéciale... les musiciens sont prêts... le public est là...

Ce disant il écarta son bras comme bénissant la foule à ses pieds (3 lutins, 5 petits elfes, Falc’hun la main en travers le visage et un sanglier de passage la hache de Kun’ en travers la tête : "pour la collation après le spectacle !" avait-il dit. Passons...).

_ Ce soir c’est une unique représentation... la voix de Mikonos commença à monter. C’est un show de folie avec Kamal Ouala et Milla Frail pour la chorégraphie accompagnés de Songe...

La cadence faisait monter l’ambiance, le synthé s’était tu.

_ Ce soir, c’est vous qui votez ! Cria Mikonos en s’écartant rapidement.

Un long sanglot de violon couvrit la cadence de la batterie. Les spots se levèrent et éclairèrent la scène. Kamal entre en scène avec la poupée conservée au formol dans ses bras et partent dans une danse endiablée.

Puis tout s’enchaîne, Kun’ avec un accordéon presque plus haut que lui se déchaîne. Kamal lance Milla dans une chorée de folie : trois-quatre vrilles et un porté fabuleux, la musique est enivrante, le public est fasciné/consterné (rayez la mention inutile) et le show de folie ne fait que commencer !

 

Falc’hun

 

Et puis soudain, les feux d’artifice explosèrent et lancèrent des milliers d’étincelles vers le ciel étoilé. Milla et Kamal se mirent à tourner en rond en se tenant par les mains. Comme propulsé par un ventilateur Songe s’envola doucement au dessus d’eux en tourbillonnant.

Sur scène les musiciens se déchainaient. Krycek, rouge comme une pivoine tapait sur sa batterie avec acharnement. Kundïn et Iliaron avec leurs instruments respectifs tournaient autour des deux danseurs.

 

Quelque part dans les coulisses, Mikonos avançaient furtivement. Il tenait dans ses mains d’étranges petits bâtons rouges avec un fil à l’extrémité. Derrière lui, tout aussi silencieusement, Falc’hun qui avait retrouvé sa corpulence normale le suivait. "Je savais bien qu’il nous préparait un sale coup. Et puis cette manière qu’il a de jouer les terroristes avec son costume trois pièces de chez "Donjon Facile". Il m’énerve".

Le présentateur passa sous la scène où ils pouvaient se tenir debout. L’être ailé se rapprocha doucement, plutôt que de tirer sa grande épée celtique, il prit un gourdin et se glissa dans le dos de Mikonos.

 

Krycek

 

Mikonos sortit un petit briquet de pierres de sa poche et s’approcha des musiciens, dans leur dos. Falc’hun leva son gourdin au dessus de sa tête et l’abbatit sur le dos du présentateur à deux sous alors qu’il terminait d’allumer ses gros pétards. Il s’écrasa sous la force du coup, lâchant les pétards qui volèrent dans les airs et furent pris dans le tourbillon de Songe.

Celui-ci afficha une mine décrépie alors que les bâtons de poudre tournoyaient autour de lui. Milla et Kamal Ouala levaient les mains comme bénissant l’envolée de Songe. Celui ci commença à altérer ses pouvoirs d’élémental pour s’éloigner de la menace lyophilisé (en poudre... les pétards... suivez un peu !).

Les musiciens, en transe, avaient alors enchaîné sur un remake de "Smell like teen spirit" façon accordéon et batterie. Songe commença à partir en vrille alors que Gulix s’attaquait dur à son clavier, comme possédé. La batterie termina sur un long roulement de tambour à renfort de violon. Songe partait vers le fond de la forêt quand les instruments se turent. Milla et Kamal dans une étreinte passionnée, Mikonos gisant au sol, Falc’hun le pied sur le dos de sa victime posant pour la gloire, le public applaudissant à tout rompre.

Dans le lointain de formidables explosions de dynamite firent trembler les feuillages de la forêt pour 1000 ans dit-on par la suite.

 

Falc’hun

 

Sur les lieux de l’explosion, une tornade se déchainait. Au tourbillon originel se mêlaient maintenant les feuilles soufflées par l’explosion, quelques pierres arrachées à la pyramide, des plumes blanches de Falc’hun et divers instruments de musique.

Autour du tourbillon, les personnages présents s’accrochaient à ce qu’ils pouvaient pour ne pas être emportés par les airs déchaînés. Kundïn était accroché à un arbre, Gulix s’accrochait à la taille du nain et à chacune des jambes du magicien se tenaient Iliaron et Krycek. Falc’hun quand à lui se tenait à un gros rocher, Mikonos se retenait à lui.

Milla et Kamal qui avaient décidé de se tenir l’un à l’autre s’envolèrent vite, une colonne de lumière apparut au centre de la colonne quand ils furent emportés.

"Qu’est ce qui se passe ? hurla Kundïn

_ Je pense que c’est la conjuration, répondit Gulix.

_ Qu’est ce qu’ils ont dit ? demanda Krycek à son voisin accroché à l’autre jambe.

_ Je crois qu’il a dit qu’il veut manger des brugnons.

_ Regarde, on dirait que Falc’hun a des problèmes avec Mikonos."

Krycek tira sur les vêtements de Gulix qui tira sur la barbe de Kundïn. Ils tournèrent tous les deux la tête dans la direction que pointait Iliaron.

 

Falc’hun essayait tant bien que mal de décrocher Mikonos. Mais le commentateur s’accrochait comme une sangsue. Falc’hun le tapait comme un possédé avec son gourdin en hurlant. " Mais tu vas me lâcher oui !

_ Non, je veux pas repartir dans ma dimension. Les gens y savent même pas chanter !

_ La faute à qui ?"

Le commentateur marqua un temps d’arrêt. Falc’hun en profita pour asséner un impressionnant coup sur les doigts de Mikonos. Mais il rata son coup et c’est son genou qui ramassa. Il poussa un juron, le hurlement surprit tellement Mikonos qu’il lâcha prise et fut emporté par la tornade.

Quelque temps après la disparition du maléfique commentateur, la colonne de lumière devient aveuglante. Puis elle repartit vers le ciel accompagnée de la tornade. Puis des parcelles de lumières de toutes les couleurs tombèrent telles des flocons de neige sur le monde entier.

 

Dans la clairière au pied de la pyramide, nos fiers aventuriers étaient allongés dans l’herbe et regardaient tomber cette étrange neige qui recouvrait de luminosité toute les surfaces à ciel ouvert.

 

C’est le nain qui rompit le premier le silence : " Hé ! L’emplumé ! Au fait, elles sont où nos pièces d’or ?"

Une voix profonde retentit dans les esprits des personnages. " Vous croyez mériter de l’or ? Après tout ce bordel ?

_ Mais... commença Krycek.

_ D’ailleurs, Falc’hun, tu es viré !

_ NNNNOOOOOONNNN ! Je me plaindrai auprès de mon syndicat !

_ Voilà pour vous !"

 

Une pièce d’or tomba sur chacun des aventuriers, et une sixième dans l’herbe. "Pour Songe précisa, la voix." Les cinq personnages se regardèrent un moment. Puis se jetèrent sur la pièce.

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