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Journal d’un Aventurier - ...milieu...

 

 

 

Krycek

 

Krycek releva la tête du parchemin qu’il avait trouvé au sol.

_ C’est triste pour eux... Qu’en pensez-vous ? On pourrait...

Il jeta un coup d’œil alentours et se rendit compte que son auditoire lui avait faussé compagnie et s’était engouffré dans l’entrée du temple en espérant y trouver des problèmes et gagner des points d’expérience en cassant du monstre.

_ Hé attendez moi ! Gulix ! Hé ! Iliaron ! Oho ! Kundïn !

Il s’engouffra à son tour dans la gueule béante et humide de la tête de singe qui symbolisait l’entrée du temple. Au bout d’une trentaine de mètres il ne voyait déjà pas plus loin que le bout de son nez.

Il s’arrêta tout net, entendant non loin de lui des bruits étouffés... ou était ce des orcs préparant leur embuscade... ou pire des araignées géantes tricotant des pulls pour les mêmes orcs à base d’anciens cadavres... ou encore plus pire des...

_ A..en...ion...a...ou !

Krycek se tétanisa, les sons se faisaient plus nets. Il avança lentement d’un pas et pris la décision d’appeler ses camarades. Seuls les sons lui répondirent :

_ A..an..e...a...u...oin...a...ou !

Il sentait qu’il se rapprochait des voix, leva son pied et au moment de le reposer se rendit compte que le sol n’était pas palpable sous sa semelle de cuir. Son corps suivit le mouvement et il tomba à travers une fosse une dizaine de mètres plus bas avant de s’écraser sur ce qui lui semblait être mou et dur à la foi.

_ Bah voilà ! On te l’avait dit ! Attention au trou, avance pas plus loin y’a un trou ! Mais non il n’écoute jamais !

 

Iliaron

 

" - Une chance que nous ayons pu survivre. J’avais pensé que la chute serait plus rude !"

"- Oui, Iliaron, oui..." songea Gulix. "Enfin, nous voilà tous réunis : deuxième fois que l’on échappe à une mort atroce !"

"- Pourriez me laisser me relever" rugit Kundïn.

Krycek ne put s’empêcher de laisser s’échapper un rire joyeux, qui trouait l’obscurité d’un trait de bonheur, avant de s’arrêter, dans sa gorge.

"- Mais..." se mit-il à bégayer, "Kun’, tu es... tu es tombé sur des cadavres !"

" - Comment pensiez-vous que j’ai survécu à une telle chute. Ils m’ont efficacement amorti. Un nain est robuste, mais quand même ! Tiens, d’ailleurs il y en a un qui n’est pas encore entièrement décomposé, on pourrait récupérer des objets et..." Il se tourna stupéfait vers ses trois amis qui commençaient à s’éloigner de lui. "Enfin, si vous ne voulez pas, essayons d’explorer cette..." Il jeta un regard à droite et à gauche, pour remarquer que la surface de la fosse était à peine aussi importante que la dernière taverne dans laquelle il s’était laissé allé aux... bonheurs de la beuverie. "M’enfin, on me semble coincé !"

"- Mais non, on peut toujours sortir" lança d’un ton enjoué Iliaron, "il doit bien y avoir quelque part une sortie"

Il s’approcha alors de chaque recoin de la roche, et la palpa du mieux qu’il put. Après une demi-heure passé en vain, Krycek grogna :

"- Tu voulais dire : il devrait y aller une solution"

De dépit Iliaron se renfrogna et s’affala à terre.

"- En plus il fait humide ici, je sens que je vais ét... er... nu... er !"

 

Krycek

 

_ On pourrait se faire la courte échelle pour tenter de remonter non ? proposa Krycek.

_ Bien sûr ! On attend que d’autres aventuriers arrivent et trouvent le parchemin. Avec un peu de chance ils tomberont eux aussi et on aura une chance de remonter une personne ! grogna Kundïn.

_ A vrai dire... je pense qu’une corde nous suffirait, fit Gulix en essuyant les morceaux de cadavres accrochés à son masque de carnaval.

_ Si on utilisait les vêtements des morts pour faire une corde ? proposa judicieusement Iliaron.

_ Comment ça judicieusement ( !!!) ! Et on fait comment pour accrocher la corde en haut ?

Tout le monde se tu avant que Gulix ne reprenne :

_ J’ai une potion de force dans mon sac, on peut toujours accrocher la corde à quelque chose d’assez lourd pour l’envoyer par le trou...

_ Mais pour que ça s’accroche il faudrait que le poids soit intelligent !

Le silence se fit à nouveau. Un sourire s’esquissa sur les lèvres d’Iliaron en regardant Kundïn masser son épaule endolorie. Celui ci tourna la tête en remarquant que personne ne parlait plus.

_ Pourquoi vous me regardez tous ?! Ah ! Non ! Je ne vous donne pas ma hache !

_ On a dit quelque chose de vivant, souligna Gulix.

_ Et ta hache ne l’est pas, renchérit Iliaron.

_ Quelque chose de vivant, assez petit pour passer par le trou et assez fort pour tenir la corde, continua Krycek.

Tout le monde sourit sauf le nain pour lequel l’idée cheminait petit à petit.

_ Ah non ! C’est quoi cette mode du lancer de nain ?!

_ Y’a pas de risque ! Il suffit juste de bien viser !

 

Iliaron

 

"- Et puis" ajouta avec un sourire complice Iliaron, "quand tu es tombé, j’ai entendu quelques pièces tinter. Elles ont du rester en haut."

"- Quoi ?" hurla Kundïn, horrifié. Il fouilla dans ses poches, et ne trouva rien.

Sans perdre un instant, il but une gorgée d’une fiole et s’élança contre la paroi, ses mains trouvant des prises dans les moindres aspérités. Quelques instants après, il disparut de la fosse.

"- Et bien, je n’aurais même pas besoin de gaspiller ma chère potion finalement. Bravo Iliaron." se réjouit Gulix

"- Oui..." hésita-t-il. "J’aimerais bien qu’il se saisisse de la corde quand même !"

"- Kun’" hurla Krycek, en vain. Seul un bruit de grattement ne se fit entendre.

Longtemps après, Kundïn s’approcha du trou et hurla rageur :

"- Je ne trouve pas mes pièces ! Où les as-tu entendu tomber ?" tempêta le nain.

"- Oh, en fait elles sont là" s’écria Iliaron, comme paraissant surpris. "Si tu nous remon... NON !"

"- Ahhh, mes pièces !" exulta Kundïn. Je savais que je ne vous avais pas perdu.

"- Kundïn" s’énerva alors Iliaron, "cela n’a-t-il pas traversé ton esprit qu’on devait sortir de ce trou !"

"- Pas sans mes pièces !"

"- Mais je te les aurais remonté, je te les avais prise juste avant justement pour que tu acceptes de nous remonter !"

"- Comment ?" éructa Kundïn.

"- Et bien," ajouta légèrement apeuré Iliaron, "pour que tu oublies la douleur du lancer..."

"- QUOI ?" hurla de rage Kundïn. "Mes pièces à moi que j’ai !"

"- Et bien, on n’est pas près de sortir" soupirèrent en chœur Gulix et Krycek.

 

Krycek

 

_ Chut !

Tout le monde se tut. Gulix ouvrit la bouche à ce moment pour faire remarquer que dans le couloir là haut il ne voyait rien mais qu’apparemment la grotte semblait être éclairée par quelque champignon bizarre. Iliaron leva la main à son tour : des bruits de pas leurs parvinrent au dessus de leur tête.

Une personne passa près du trou et continua sa route sans s’arrêter, sans même tomber dans le trou, ce qui devait dénoter une forte part de chance ou...

_ Waw il est pas bête le gars il est pas tombé dans le trou ! fit Krycek.

Gulix coula discrètement derrière Kundïn et lui enfila tranquillement autour de la taille la corde de vêtements des cadavres.

_ Vous avez entendu ? demanda-t-il.

Ses trois compagnons se regardèrent et firent non de la tête.

_ Il devait sûrement transporter un sacré butin.

_ Ah bon ?! Fit Kundïn.

Au fur et à mesure qu’il parlait Gulix donna un bout de corde à Iliaron et à Krycek.

_ Oui, au bruit de ses pas je pense qu’il devait porter au moins dix kilos d’or et trois d’argent.

_ Tu sais ça juste en entendant ses...

Mais Gulix n’écoutait plus et fit signe aux autres de s’accrocher à la corde. Kundïn encore sous l’effet de sa potion s’élança le long de la paroi.

La corde se tendit violemment et tous se retrouvèrent compressés en bout de cordée dans le vide alors que le nain franchissait le trou et se hissait dans le couloir sombre.

_ Gulix ?

_ Oui ?

_ Tu crois qu’on passe à trois de front par le trou ?

_ Je ne sais pas pourquoi ?

_ Bah, il semble ne pas avoir l’intention de s’arrêter !

Tous trois levèrent la tête vers le trou duquel ils s’approchaient rapidement alors que le nain arpentait déjà le couloir en courant et criant.

 

Iliaron

 

Les trois bloquèrent alors Kundïn en appuyant de toutes leurs forces sur les parois rocheuses, et se tinrent ainsi durant de longues minutes. Ils s’arrêtèrent enfin lorsque le nain, épuisé et à court de potion, se laissa choir à terre.

"- Et voilà, ils nous ont échappés..." soupira-t-il.

"- Pas grave, on est sorti !"

"- Et par où se dirige-t-on ? demanda Krycek.

"- Devant" rugit Kundïn

"- Derrière" supputa Iliaron

"- Comment ?"

"- Je ne sais, mais décidemment, ce temple m’apparaît étrange. Je veux dire, les pièges sont plutôt simples à éviter, le trou était béant et simple à discerner, seuls des fous pouvaient être assez st... Enfin, je commence à craindre un évènement particulier."

"- Oh, fais pas le peureux" s’exclamèrent en chœur les trois compagnons, "rien nous prouve que l’homme est mort, qui sait, il a pu pénétrer dans ce temps il n’y a pas si longtemps que ça !"

"- Comment ça ?"

"- Arius ! Il vient d’un autre pays que nous !"

"- Cela est certes exact" songea sans voix l’elfe.

"- Parfait, alors on peut continuer" exulta Kundïn, "et retrouver l’or !"

"- Prenons tout de même garde, ne nous laissons pas emporter par notre fougue."

Kundïn se retourna, moqueur, puis s’engouffra dans le trou, rapidement suivi de ses trois compères.

 

Petimuel

 

Les quatre compagnons avançaient lentement, moins ralentis par la prudence que par les fréquents arrêts de Kundïn afin de s’assurer que les tintements de pièces qu’il entendait provenaient bien de son imagination.

Au bout que quelques minutes de marche, une silhouette humaine se profila dans de lointaines ténèbres.

"C’est lui qui est chargé d’or ?" demanda Kundïn.

"Oui, bien sûr !" répondit Gulix !

"Non ! Non non, ce n’est pas lui !" intervint rapidement Iliaron quand il vit le nain prêt à foncer vers l’inconnu.

"Il y a quelqu’un ?" Demanda une voix caverneuse et lointaine, reprise en écho par les sombres murs du temple.

"Euh... oui." Hasarda Gulix. "Qui êtes-vous ?"

"eh bien, mon nom est Songe. Voyez-vous, alors que je me promenais dans ce temple, le sol s’est dérobé sous mes pieds. J’ai immédiatement pens..."

"As-tu de l’or ?" L’interrogea vivement Kundïn.

"De l’or ? Quel or ? Si vous parlez des richesses spirituelles, alors..."

"Je parle des sous de l’argent des écus du compte en banque !"

"Ah ! Cet or là ! Eh bien ma foi non, je..."

"Très bien", le coupa le nain, avant de se tourner vers ses camarades. "Où est donc cette apparition transportant dix kilos d’or et trois d’argent ?"

"Par là !" déclara Krycek, en montrant avec enthousiasme le bout du couloir.

"On ne fait rien pour ce pauvre homme ?" demanda Gulix.

Ses trois amis continuaient leur progression dans le temple sans se soucier de son intervention. Gulix les rejoint en soupirant.

 

Iliaron

 

"- Vous vous rendez compte de ce que vous faites !"

"- Bah, il n’avait pas d’or" s’exclama Kundïn

"- Et il se prenait trop au sérieux sans posséder l’intelligence des elfes" renchérit Iliaron

"- Et..." commença Krycek

"- Et il a réussi à éviter le piège !" finit Gulix.

"- Boarf" songèrent les trois autres amis.

"- Et il ne me reste plus qu’une fiole !"

"- Euh..."

"- Et il n’y a plus de pièces alentour !"

"- Ah oui..."

"- Et la corde s’est usée lors de notre débandade !"

"- Ah quand même."

"- Tu as raison, allons aider cette âme charitable" proposa Krycek.

"- Enfin, il y a intérêt qu’elle le soit charitable !" pensa Kundïn.

"- Euh... D’où est-on venu ? Je n’avais vu cet embranchement !"

"- Bah, suffit d’être intelligent" s’exclama Iliaron, nonobstant ses trois compères.

 

Petimuel

 

"Iliaron ?"

"Oui, Krycek ?"

"Tout à l’heure, tu disais qu’il suffisait d’être intelligent pour retrouver son chemin..."

"En effet, et alors ?"

"Et alors, intelligent, tu ne l’es pas", grogna Kundïn.

"Allons, allons, les gars... on n’est perdus que depuis une demi-heure."

"Je propose que chacun parte de son côté !" déclara Gulix.

"Mais non, mais non !" protesta Iliaron. "Si on se divise, tout le monde se perdra. Le seul moyen de s’en sortir, c’est de rester groupés et de suivre mes ordres."

"Alors on est foutus."

"Plaît-il, Kundïn ?"

"Il s’excuse !" intervint Gulix.

"Alors, quel est ton plan, Iliaron ?" demanda Krycek, tout en s’efforçant de faire taire Kundïn qui disait qu’il ne s’excusait pas du tout.

"En fait, c’est simple" expliqua Iliaron. "On crie très fort, et ainsi, ce pauvre Songe devrait nous répondre... on se laissera guider à la voix !"

"Au risque d’émettre une légère objection..." observa Krycek, coupé par Iliaron qui s’empressa de mettre son plan à exécution.

"SOOO-ONGE !"

"Tu vois, Iliaron..." tenta de dire Krycek

"SONGE, OU ES-TU ?"

"Ecoute, ton idée n’est pas mauvaise, cependant..."

"SOOONGE ! C’EST NOUS ! OU ES-TU ?"

"Bon, Iliaron. Foncièrement, ton idée n’est pas mauvaise, mais il existe un problème majeur..."

"Qui est ?"

"Qui est qu’en hurlant comme des demeurés, on risque d’ameuter d’horribles monstres agressifs, inopportuns et inattendus."

"Groar", confirma un horrible monstre agressif, inopportun et inattendu.

 

Krycek

 

Le monstre toisa les 4 compagnons de ses 4 mètres de hauteur (bah oui il s’est courbé pour être dans les couloirs). Tous se mirent à crier à la fois, pressés d’augmenter leur XP en cassant du méchant-pas-beau.

_ Je vais lui lancer un sort ! cria Gulix.

_ Moi je lui balance ma hache ! fit Kundïn.

_ Et moi une flèche ! fit Iliaron.

_ Moi je lui lance, commença Krycek en attrapa Kundïn, le nain !

 

—’Arrêt sur image’—

Kundïn dans les airs sa hache à la main, regardant la flèche d’Iliaron prête à lui titiller l’arrière train.

Gulix les mains en avant balançant une énorme boule de bave de crapaud géant. Krycek qui sourit dans l’ombre. Le monstre levant sa massue hérissée de pics piquants-et-qui-font-mal.

Songe quelques détours plus loin qui crie à tue tête pour retrouver les compagnons après avoir réussi à se dépêtrer de son piège on-ne-sait-comment (hein hein suspense ! faudra le surveiller lui !).

 

Petimuel

 

Alors que la bataille battait son plein, alors que les flèches volaient, les haches moulinaient, les jurons fusaient et les ricanements ricanaient, à l’autre bout du couloir, un certain Songe criait. Il criait non par peur pour ses compagnons (il les croyait cabales de tuer un wyrm géant avec une chiquenaude), mais parce que quatre étranges individus noirs rencontrés précédemment, visiblement des prêtres, le portaient du haut de leur bras. Le pauvre était ligoté, et criait à tue-tête pour échapper à la torture à laquelle il se croyait destiné : la chatouille par plume jusqu’à suffocation. Ah non, mais non, encore, il voulait bien se faire baver dessus par un lamachouytien, être recouvert d’étrons d’élévaches, ou encore de vomi d’aciditois, mais là non, les chatouilles non, il ne pouvait pas supporthihiahouahwahahahahhihihuhu rien que d’y penser ça le faisait rigoler. Mais il n’était pas là pour ça.

"Hé ! Les mecs ! Venez me chercher !" hurla il." hoho, les mecs ! C’est qu’elle n’est pas agréable, cette corde !"

"Tais-toi", lui ordonna un étrange prêtre tout de noir vêtu, alors que le petit groupe dépassait le couloir.

"De toute façon, dès qu’ils auront occis cet horrible monstre, mes amis viendront me délivrer !", cracha songe qui ne s’expliquait pas les rires de ses ravisseurs.

"Et puis, vous pourriez me descendre ! Ca ne me plaît pas, moi, d’être allongé sur un lit de mains !"

"C’est vrai qu’on pourrait le poser à terre ! Il pèse son poids, le bougre !"

"Non mais je vous en prie !" protesta Songe.

Alors, ses quatre porteurs le déposèrent à terre. Ficelé comme il était, il ne pourrait pas s’échapper.

C’était compter sans les facultés étonnantes de cet homme hors du commun ! En sautillant sur la pointe des pieds, et poussé par la peur qui donne des ailes, il s’enfuit en direction du carrefour. Arrivé là, une vision d’horreur s’offrit à lui.

Kundïn semblait blessé à mort, il se roulait par terre en hurlant les babillages incompréhensibles d’un individu aux portes de la mort.

"Crétin d’Elfe ! Espèce d’imbécile !"

"Désolé, Kundïn ! Je visais songe !"

"Et qu’est-ce que tu lui voulais, à Songe ?" demanda Gulix.

"En fait, je voulais tirer une flèche à côté de lui. La flèche se fichait dans le mur. Alors, je sautais sur le monstre, je prenais une corde, je l’accrochais à la flèche, je bondissais, et assommait les ravisseurs de Songe. Puis, je prenais ce dernier par les pieds et frappai le monstre pour l’assommer."

"Mais tu l’as raté, et c’est mon arrière-train que tu as eu !" S’exclama Kundïn, fou de rage.

"Et la deuxième flèche ?" Poursuivit Gulix.

"En fait, voyant que j’avais raté mon coup..."

"Ben voyons !"

"Merci Kundïn. Comme je disais, j’ai préféré changer de tactique. Je devais ficher la flèche dans le haut du mur, y accrocher une corde puis, par un mouvement de balancier, atterrir contre le monstre. Pousser contre lui afin de me propulser en arrière, et..."

"Et... ?"

"Et m’enfuir. Mais j’ai raté mon coup !" se lamenta l’Elfe.

"En effet, tu as eu le monstre."

"Dites", intervint Songe, "Je vous dérange ?"

 

Krycek

 

Tout le monde se tu et se tourna vers Songe, ficelé comme un vers. Kundïn en profita pour enlever discrètement la flèche qui s’était simplement plantée dans sa coque de protection en or massif.

_ Euh, qui sont tes amis derrière toi Songe ?

Celui ce retourna et poussa un cri de fillette, dressant les cheveux sur la tête de toutes les personnes présentes. Le prêtre et ses acolytes partirent en courant en sens inverse avant que l’on entende leurs cris.

_ Bah euh, ils n’étaient pas assez intelligents pour ré-éviter le trou ! Ria Iliaron. Bon, si on se remettait en route ?

_ Bé ? Kundïn ? La flèche est dans tes mains, comment tu as fait ? demanda Gulix pendant que ses compagnons déliaient Songe.

_ T’occupe ! En route ! J’ai de l’or à récupérer.

 

Plusieurs heures, couloirs et escaliers plus tard les 5 compagnons se retrouvèrent à l’air libre au sommet d’une des tours du temple. L’entrée donnait sur une vaste terrasse dominant la jungle.

_ Belle vue ! fit Iliaron, les mains protégeant ses yeux du soleil couchant.

_ ’ai foif ! fit Kundïn.

_ ’oi aussi ! firent Gulix et Krycek.

_ C’est bizarre, fit Songe attablé à une terrasse de bar, j’aurais pourtant juré que nous n’avions fait que descendre.

Gulix, Krycek et Kundïn se ruèrent sur les deux chaises restantes, bousculant au passage l’unique serveur de ce bar improvisé en plein air. La ruade se transforma en chaises musicales pour savoir qui aurait droit à une chaise.

 

Songe

 

"Rends-moi ça !"

"C’est à moi ! "

"Non, à moi !"

"Lâche ça !"

"Mais tu vas... ghnniiiii !"

"Dites, les gars" demanda Iliaron, "vous êtes sûrs que ça vaut la peine de se battre pour un fond de pichet d’eau croupie ?"

"OUI !"

"Ah bon..."

Pendant qu’Iliaron se nettoyait les ongles, que Gulix arrachait la barbe de Kundïn qui frappait Krycek qui tirait les oreilles de Gulix, Songe fit une intéressante réflexion :

"C’est haut, quand même, hein !"

"Rends-moi ça !"

"Aïe, ma barbe !"

"Crevez, vous deux !"

"Tiens, prends ça !"

"Dites, les gars..."

"NON !"

"Bon, bon..."

"Aïe !"

"Ouille !"

"Argh !"

"J’aurais jamais cru qu’on serait si haut, quand même..."

"Tiens !"

"Ouch !"

"Je l’ai !"

"NON !"

"Hey !"

"C’est impressionnant, tout de même, la hauteur à laquelle..."

"Dites, les mecs !" s’exclama Iliaron qui venait de se rendre compte que quelque chose que personne n’avait remarqué. "Et le serveur ?"

Les trois antagonistes s’arrêtèrent en plein combat.

"Ah, c’était ça, le sang !" réalisa Kundïn

"Du sang !?" hurla Songe, dont le teint pâlit à vue d’œil.

"Oui, on ne s’est pas blessés entre nous !" observa Krycek. "Enfin, pas moi, en tout cas !"

"Moi non plus."

"Moi non plus."

Rassuré, et ne comprenant pas que le sang était bel et bien là, mais qu’il n’appartenait à aucun des trois compagnons, Songe retourna à son observation. Si le sang ne vient d’aucun d’entre nous, c’est qu’il n’existe pas ! C.Q.F... et le reste

"Et il est à qui, le bras, là ?" interrogea Iliaron...

"Ce bras là ?" demande Krycek en ramassant le membre séparé de son corps au milieu d’une mare de sang. "Pas à moi, en tout cas..."

"a moi non plus !" dit Kundïn

"Non plus", observa Gulix, en hochant la tête.

"Bon, eh bien..." reprit Iliaron. "Que va-t-on dire au patron ?"

"Qu’est-ce que c’est haut, tout de même !"

 

Iliaron

 

"- Arrêtez-tous" tonna Iliaron d’une voix grave.

Les compagnons se stoppèrent aussitôt, non pas par peur, mais surpris de la voix grave de l’elfe.

"- Avec toutes vos bêtises..." il fit une pause, entendant les protestations de Kundïn, "nous sommes coincés dans un temple... Nous avons combattu des prêtres sans même se demander qui ils sont, et maintenant nous sommes sur une terrasse tout en haut du temple alors que nous n’avons fait que descendre, et nous avons amoché le serveur sans le toucher. Et il y a Songe qui est comme hypnotisé par le vide..."

Il s’arrêta, s’attendant à ce que ses compagnons prennent conscience du danger. Une minute après, Gulix bégaya :

"- Et... alors ?"

"- Alors nous sommes enchantés : il y a bien trop d’incohérences pour que tout cela soit réel. Rajoutons les prêtres qui tombent dans leurs propres pièges, Songe qui a évité le trou et dit qu’il était tombé dedans... Enfin, vous voyez ?"

"- Visiblement... non !"

"- OK, vous êtes obtus... Songe, pointe-moi l’endroit où tu aurais envie de sauter !"

"- Par là" fit-il en pointant à leur droite, tout en bas, au niveau de l’entrée du temple."

"- Nous devons donc être au dessus d’escaliers, et l’on nous ensorcelle par le bas... Enfin, j’imagine, j’espère même.

"- Mais comment en être sûr ?" interrogea avec sarcasmes Kundïn.

Avant même que Krycek et Gulix ne puisse l’empêcher, Iliaron avait déjà ordonné : "Songe, saute !"

Ce dernier s’exécuta, mais au lieu de tomber à la verticale, il dégringola comme s’il glissait le long d’une pente cassée, dans une cacophonie de cris divers.

"- Normalement, il devrait surprendre les prêtres. Par précaution, préparons nos armes" Alors même qu’il avait donné ce conseil, il dégaina ses deux dagues, puis s’élança prestement dans les escaliers, avant de disparaître.

 

Krycek

 

Krycek, Kundïn et Gulix regardèrent Iliaron partir et sourirent :

_ Au moins on a une chaise chacun !

_ Dommage que l’on ait tué le serveur fit Krycek en repoussant du pied un membre par terre.

Kundïn se mit au bar et releva la tête, fier comme un paon, tenant à bout de bras des cervoises.

_ Des cervoises ? Il est bête celui là, c’est dans Astérix ça !

_ Moi ça m’ira, fit Gulix.

Tous s’assirent et trinquèrent.

_ Tu crois pas qu’on aurait du le suivre, fit Krycek en parlant d’Iliaron. Et ce pauvre Songe qui a sauté bêtement.

_ Bah en fait... commença Gulix

_ ...en fait si Iliaron a raison, Songe a bousculé les prêtres dans l’escalier et Iliaron profitera de la diversion pour les occire nous piquant au passage de l’XP.

Kundïn trempa ses lèvres dans sa bière avant de...

_ C’est pas d’la bière c’est d’la cervoise !

Il reposa alors sa chope vide sur la table.

_ Donc si Iliaron avait raison dans quelques secondes on se retrouvera au détour d’un couloir. Et s’il avait tort, on les retrouvera tous les deux à la sortie du temple quand nous aurons retrouvé l’auteur du parchemin hanté.

_ Il est pas hanté le parchemin, plutôt ensorcelé, fit Gulix qui siffla pour souligner les réflexions de Kundïn.

_ Un parchemin ensorcelé, ça me rappelle une carte à Magic the Gathering qui...

Tous trois tombèrent sur leur arrière train, assis bêtement dans de larges escaliers éclairés de torches.

_ Bah voilà qu’est ce que je disais ! fit Kundïn. Ca c’est une belle prise !

Songe et Iliaron tenaient fièrement sur leurs côtés et à bout de bras des prêtres ficelés par les pieds, la tête à l’envers.

_ Bah j’aurais dû en profiter pour boire ma bière, soupira Krycek.

_ Bravo Iliaron ! Tu as enfin remis de l’ordre dans notre aventure ! fit Songe.

 

Petimuel

 

"Boh, quoi", répondit Iliaron. "Cette histoire partait dans tous les sens... je l’ai remise à l’endroit."

"C’est le moins qu’on puisse dire..." soupira Songe, en levant les yeux au ciel.

"Dites, les gars, c’est pas pour vous déranger, mais comment ça s’est passé, avec les prêtres ? On dirait que vous êtes blessés... ils se sont défendus ? Comment ça s’est passé ? "S’enquit Krycek

"J’aurais aimé fuir", dit Iliaron, laconique.

"J’aurai aimé faire l’autruche", repris Songe.

"Hein !?"

"Ben, c’était impossible : y’a que des pavés, sur ce sol..."

"Mais, d’où sont-ils venus ? On aimerait avoir des précisions sur leur manière d’attaquer, afin de pouvoir les vaincre plus encore. Ca m’étonnerai qu’ils arrêtent là leurs fourbes actes !" déclara Gulix

"Oh, ils vont sûrement nous chatouiller jusqu’à ce que mort s’ensuive !" sanglota Songe.

"En fait", exposa Iliaron," quand je suis tombé ici, c’était déjà plein de prêtres. J’aurai pu les combattre dans de bonne conditions, mais j’étais tombé sur la tête, et la douleur était atroce."

"C’est cela !" rit Kundïn. "La bonne excuse ! Ta tête ne craint rien, elle est vide !"

"Oui... oui, mais j’avais perdu mon épée..."

"Et ton arc ?"

"Mon arc aussi..."

"M’est avis que tu étais surtout mort de trouille..."

"C’est possible mais c’est pas ça la question toujours est-il que, quand je suis tombé, c’était au beau milieu d’un tas de prêtres. Songe était en train de gratter le sol, je ne sais pas pour quoi en faire..."

"J’essayais de soulever une dalle pour m’enfouir la tête dans la terre en dessous ! Alors, j’ai tenté de fuir ! Mais ces crétins de prêtres me bloquaient le passage ! J’ai dû me débattre !"

"Et pendant ce temps là, ces tortionnaires tentaient de replacer la dalle..." Ajouta Songe. "Je crois bien avoir crié..."

"Ah ! C’est donc pour cela que tu as fini par en capturer deux, Iliaron !" remarqua Krycek

"Hein ?"

"Rien, continue." s’empressa de dire Gulix

"Eh bien, après, on les a ficelés. Les autres ont fui, sans doute pour trouver du renfort. J’ignore ce qu’ils comptent faire de nous..."

"Nous chatouiller !" explosa songe, avant de fondre en larmes.

"Non, ne t’inquiète pas, Songe", le rassura Gulix, "je suis sûr qu’ils ne vont pas nous chatouiller."

"Non, ils se contenteront de nous arracher les pieds", ajouta Krycek.

"Ou les mains", continua Iliaron

"Ou les ..."

"Ou plein de choses qui ne sont pas trop douloureuses !" dit hâtivement Krycek, ne laissant pas à Kundïn le temps de finir sa phrase.

"C’est... c’est vrai ?" demanda Songe, en séchant ses larmes.

"Mais oui mon gros minou !" Le consola Gulix.

"Ah, vous êtes vraiment des potes !" rigola Songe !

"Mais oui, mais oui" l’approuva Kundïn, avant d’ajouter à mi-voix à l’adresse de Gulix : "Mon gros minou ?"

"Oui, c’était le seul moyen de le calmer, lui donner un nom de peluche !"

"Bon, c’est pas tout, ça", s’inquiéta Krycek, "mais les prêtres vont bientôt revenir, il faudra qu’on se tienne prêts !"

 

Krycek

 

Ils se mirent en marche vers le bas des escaliers.

_ Tu as vu le jeu de mot avec marche et escalier ? fit Krycek.

_ Bah... j’ai faim, fit Kundïn.

_ Moi aussi fit Iliaron.

Devant eux Gulix et Songe semblaient ne pas être incommodés par leur estomac et commençaient à les distancer à mesure que le temps passait.

 

Finalement après une heure de marche à travers les sombres couloirs, Iliaron leva la main :

_ Halte !

_ Je ne crois pas qu’ils t’aient entendu.

_ Haaaaaaalte ! cria Iliaron. On a faim.

_ Bah, fit Kundïn, ils nous rejoindront quand ils verront que nous ne sommes plus derrière eux.

Il s’assit sur un tabouret et déposa sur sa table du saucisson, du pain, du fromage, un gâteau de miel au chocolat et à la banane ainsi que...

_ Bé ! Elle vient d’où ta table ? fit Krycek assis à même le sol, dévorant des tranches de bœuf séchés.

_ Tu pourrais la partager avec nous !

_ Non ! Y’a qu’une place !

La table devait faire 2 mètres de long et était encombrée par tous les plats de Kun.

_ Ben alors on va t’aider à faire de la place ! crièrent en cœur Iliaron et Krycek en se jetant sur les plats.

La hache de Kundïn siffla dans les airs et se planta dans la table, coupant au passage un ongle de Krycek tant ses mains étaient près du gâteau.

_ NON !

Ses compagnons se rassirent. Krycek inspectait ses doigts, soufflant comme une femme enceinte pour évacuer le stress.

_ Mais tu la tiens d’où ta table ?

_ Bah, de la poche avant de mon sac.

 

Gulix et Songe revinrent en courant et hélant leurs compagnons.

_ Vous croirez jamais ce qu’on a trouvé ! cria Songe. Waw ! fit-il en découvrant la table de Kun. C’est quoi tout ça ?!

_ Touschre pash ! fit Kundïn la bouche pleine, tâtant discrètement sa hache.

_ Des Amazones, fit Gulix entre deux souffles. Et en plein banquet ! Venez !

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