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Lorindil

Le Défi

"L’innocence a un prix. Notre sacrifice en fut le coût..." murmura Elwan, le regard rêveur. Un sacrifice terrible, qui avait coûté la vie de presque tous ceux de sa race, voici mille ans de cela. Le monde avait vacillé dans l’horreur d’un conflit mondial, et la civilisation, à son apogée de gloire et de puissance, avait précipité sa chute en un déluge de feu et d’acier...

Il ne restait plus qu’elles, les Gardiennes, lointaines descendantes des femmes survivantes de cet âge de ténèbres. Elles n’avaient plus de pères depuis ce jour où leur Prêtresse immortelle, Maïa, avait découvert les secrets de la parthénogenèse humaine... Depuis, elles vivaient là, dans un monde semi-paradisiaque, semi-désertique, hanté par les sombres ruines de cités jadis triomphantes...

Mais Elwan dissipa rapidement cette pensée. Du haut de son arbre-lierre, elle admirait le lac s’étendre sous ses pieds. Caressant l’écorce noire du végétal, elle s’allongea nonchalamment sur l’écorce mousseuse, s’étirant de tout son corps.

Roulant ses seins nus sur la branche, elle fixa avec attention la jeune femme en contrebas, occupée à pêcher un alink. Elwan pesta. Alïn ne perdait donc pas un instant pour relever son défi ! Mais cette petite sotte n’y parviendrait pas. Elle était bien trop prétentieuse pour pouvoir pêcher un alink !

Du haut de son perchoir, Elwan ne perdait pas une miette de la scène : la jeune pêcheuse s’approchait à pas de loup, agitant nerveusement son hameçon au bout de sa ligne. L’alink était un poisson puissant, mais stupide. Si la jeune femme parvenait à lui faire avaler l’hameçon, elle pourrait d’un coup sec lui fendre les branchies, le tuant sur le champ.

Alïn se tenait désormais sur un petit rocher escarpé de roche volcanique. Nerveuse, elle observa l’alink s’approcher en louvoyant. Le poisson était au rendez-vous, bien trop absorbé à chercher sa pitance pour la remarquer... Elle retint son souffle, et lança sa ligne. Le poisson tourna la tête, et se précipita sur la pièce de métal...

Quelque chose d’inhabituel se produisit. Elwan se releva, surprise, alors que d’un coup sec, le poisson mordait à l’hameçon, plongeant dans les profondeurs du lac. Alïn fut jetée à l’eau. Prise de panique, elle se débattit violemment, lâchant sa prise. La pauvre enfant ne savait pas nager dans cette eau glaciale...

L’ alink recracha l’hameçon, et remonta comme une flèche vers la surface... Pour gober la malheureuse, sous le regard médusé d’Elwan...

L’eau du lac se calma peu à peu, ses eaux sombres plongeant au plus profond des entrailles de la Terre... Elwan s’étira à nouveau, un sourire aux lèvres... Maintenant qu’Alïn n’était plus de ce monde, qui d’autre s’opposerait à son accession au titre de Grande Chasseresse ?

Dude

... Hésitante face à ce dédale végétal de branchages enchevêtrés, Amélia progressait avec lenteur sur le tapis spongieux où ses pieds s’enfonçaient à chacun de ses pas. Déjà, les premières lueurs de l’aube filtraient à travers la frondaison, nimbant la forêt luxuriante d’un halo évanescent où se découpait la forme torturée de troncs d’arbres noueux. Amélia sentit avec délectation le souffle chaud balayer son corps dénudé telle une caresse voluptueuse qui stimulait ses sens. Prenant une profonde inspiration, la jeune femme plongea sans bruit dans les eaux cristallines qui s’étendaient paresseusement sous la voûte verdoyante, ne laissant plus qu’une onde fugitive troubler la surface polie du lac. Le cœur palpitant, battant à tout rompre, Amélia serra plus fortement encore la dague crénelée qu’elle tenait au creux de la main. L’initiation avait commencé...

Kundin l’iconoclaste

Tynyanel la Bleue.

Selon la légende, cette terre était autrefois le séjour des Déesses d’Eau, créatures aux mœurs raffinées et a la beauté si parfaite qu’elle rivalisait, dit-on, avec celle de la Déesse Mère Ywallya.

Déesse qui possédait un caractère de cochon doublé d’une jalousie maladive, surtout depuis que Loko, le dieu de la discorde, était allé foutre sa merde dans le divin ménage en prétendant que Dzakor l’Omnipotent, roi des dieux et mari d’Ywallya, en pinçait pour les Déesses d’Eau. Ce qui n’était pas totalement faux d’ailleurs. Aussi, dans un accès de colère, un soir que Dzakor était rentré bourré en sentant la cocotte a dix pas, Ywallya avait envoyé sur les déesses la Malédiction du Saucisson Infernal. Depuis, les choses avaient quelque peu changé sur Tynyanel, et les mœurs raffinées des Déesses d’Eau avaient connu un léger relâchement.

"- Eh Hyrugruiona ! Fais p’ter le gros rouge !

- Ta gueule pouffiasse t’as qu’a descendre l’chercher ca f’ra fondre ta graisse. Ca fait deux heures que t’es perchée sur ta branche a rien foutre.

- J’t’emmerde grosse truie ! Et depuis ma branche, j’te pisse a la raie ! Tiens !

- C’est qui qu’a l’saucifflard ?

- Le v’la. Attrape.

- Putain c’est tout c’qui reste ? Merde t’aurais pu en laisser pour les autres Jiearloya !

- Si t’es pas contente c’est pareil.

- Va t’faire mettre !

- Eh les filles ! Ca mord ! C’est a qui cette ligne ?

- C’est celle a Lollaeline. Elle est partie couler un bronze dans les fourrés. T’as qu’a lui prendre.

- Eh que dalle y’a pas écrit la Poste ici. J’ai aut’ chose a foutre que d’m’occuper des affaires de cette grognasse.

- ***PRRRROUUUUT***

- Ah joli cui la Wesaiulyioa !

- Merci.

- Ah putain, ca fouette un max.

- Attendez ! Attendez... ***PROUUAAAAT***

- Et moi ! Et moi ! Gnnn... ***PFFFFRREEEEEET***

- Ouh ouh oua ah ah ah ***SNORT*** AH AH AH ***SNORT*** AH AH ***SNORT***

- Ah non on peut plus l’arrêter quand elle commence !

- ***PFFAAAART***"