Attiré par le vacarme venant de la place, Karl poussa la porte de la taverne, et un spectacle singulier s’offrit à ses yeux . Des nains se trouvait là, au milieu même du village. Il remarqua peu à peu que beaucoup étaient tachés de sang, certains devaient être soutenus par leurs camarades pour ne pas choir sur le sol. Les quelques chasseurs qu’il vit au milieu de cette pagaille partageaient le même état pitoyable. Karl sursauta . Un hurlement déchirant venait de lui glacer le sang, couvrant le fracas du lieu. En se dirigeant à grands pas vers le coin d’où semblait provenir l’ inhumaine plainte, il aperçu Bork . Inquiet, il accéléra sa marche. Bork tenait fermement un homme sur une table, derrière lui, le médecin, un tison incandescent dans la main adressa un signe de tête à son aide qui versa un grand saut d’eau sur le visage du patient, libérant une volute de vapeur. Bork, le visage en sueur, se retournant à l’arrivé de Karl. Il semblait épuisé, ses vêtements ensanglantés lui collaient à la peau, et Karl observa une large plaie sur son épaule. Après avoir longuement écouté le récit de son ami, Karl se rendit dans la mansarde où avaient étés acceuillits les nains. Bork lui présenta Kundinpuis retourna voir si l’homme qu’ il avait soigné quelques temps plus tôt avait choisi entre le domaine des ombres et celui des vivants.
Le soir, Karl réuni tous ses hommes de confiance, ceux à qui il avait donné le commandement d’une patrouille de chasseurs. Ce qui était maintenant son état major se rassembla autour d’une table à la taverne . Bork et , son fils étaient là, ainsi que Kundin qui avait accepté le combat aux côtés des guerriers du nord . Malkios venait d’arriver et il vint rendre compte du massacre prévu du régiment d’hallebardiers.
- Ils sont tous mort .
- Tous ?
- Tous .
Un peu après malkios, Vic arriva lui aussi. Il revenait de l’ouest de la province avec de terribles nouvelles. La waagh ! avait été lancé, et déjà plusieurs bourgs pillés . Si l’avancée continuait, les orcs serait ici dans une semaine. "Une semaine" songea Karl. Un cavalier rapide serait chez l’empereur en 4 jours, et après l’annonce de l’ annihilation de ses hommes, il lui faudrait au moins 10 jours pour être là avec des renforts suffisants, si ce n’est plus . Il consulta ses chef afin de connaître leurs possibilités réelles, et pour trouver le meilleur système de défense. Kundin ,qui au cours de sa déjà très longue vie été devenu un expert en tueries orque, fut de conseil avisé. Quelle aubaine d’être tombé sur lui ! Leur débat fut interrompu par une voix grave et inégale :
- Bork je présumes ?
Il était assez grand, plutôt maigre, et portait un large bandeau souillé sur l’oeil gauche. Sa jambe, brisée, avait été bandée et lui donnait une démarche de fossoyeur . Karl reconnu l’homme qui se trouvait sur la table lorsqu’il avait retrouvé Bork .
- C’ est exact .. IL s’était finalement décidé pour le royaume des vivants, excellent et douloureux choix.
- Si ce que l’on m’a dit est vrai, je vous doit la vie . Je tenais à vous payer une chope avant que ma jambe me lâche et que je reste sur le prochain champs de bataille .
Sa voix n’ était ni triste ni aigre, sans regrets . Il ne faisait qu’ exprimer ce que chacun ressentait, la possibilité de mourir demain sans que cela soit surprenant . Quelques uns diront simplement "tient, un tel y est resté" et on l’oubliera vite. Seule restera une impression de vide inexplicable, chaque jour plus intense .
Ainsi est la vie en temps de conflit, incertaine et confuse. Lorsqu’on le questionna sur sa vie passé, il refusa de répondre.
- Dites-nous au moins votre nom ?
- En quoi cela vous serait il utile ? Appeelez - moi donc le borgne, car l’homme que j’était est mort avec ma vue". Et il alla s’asseoir plus loin .
Quelques jours plus tard, Karl qui organisait la défense du bourg, l’appercu en compagnie d’un nain étrange à la lisière du bois. Ce nain se distinguait des autres par la crête orange qui se dressait sur sa tête, et par son corps entièrement tatoué de mystérieuses runes et symboles . Ses muscles saillants laissaient présager une force hors du commun, et bien que ne mesurant même pas plus de la moitié d’un homme, Karl le trouva impressionnant. Quand il en parla avec Kundin, celui ci sut immédiatement de qui il s’agissait. C’était un tueur nommé thror, qui les avait rejoint lors de leur passage du pas du loup. Karl avait effectivement entendu parler de la secte des tueurs, ces nains qui partent en quête d’une mort glorieuse au combat, cherchant un honneur à jamais perdu. Les exploits de ces nains téméraires, combattant sans armures, sans peur du trépas, étaient gravés dans les légendes les plus anciennes.
Le lendemain, le borgne avait la tête rasée, sauf une longue tresse teinte en orange vif avec de la graisse de sanglier.